noscript

Please Wait...

Diaboliser l’islam, le vrai plan des Américains

Diaboliser l’islam, le vrai plan des Américains
folder_openAnalyses access_time depuis 4 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Soraya Hélou

Avec l’approche des élections municipales en France, la polémique autour de l’Islam enfle. Comme à chaque échéance, certaines parties profitent de ces périodes de campagne électorale pour relancer l’islamophobie occidentale.

C’est donc un peu ce qui se passe aujourd’hui autour de la candidature de l’ancienne ministre de la Justice, membre du parti des Républicains et musulmane Rachida Dati. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Mme Dati est au cœur d’une polémique, mais aujourd’hui c’est parce qu’elle est candidate à la Mairie de Paris, pour l’un de ses arrondissements. Très vite, sur les réseaux sociaux, les commentaires se sont multipliés dénonçant une tentative d’islamiser la capitale de la France.

Sans vouloir entrer dans les détails de la politique interne française, ce qui attire l’attention ce sont les commentaires de personnalités libanaises sur cette question. L’ancien ministre et responsable au sein du parti Kataëb Sejaan Kazzi a ainsi applaudi à un commentaire dénonçant une volonté d’islamiser Paris en disant que ce commentaire exprime tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. M. Kazzi s’est empressé d’effacer ensuite son tweet, mais le mal était déjà fait.

Dans ce monde en crise, une crise des valeurs concrétisées par la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis qui ne croit qu’en un seul Dieu, le dollar, de plus en plus de parties utilisent l’islamophobie comme fonds de commerce pour combler leur absence d’idées et le manque de plan pour combler les fossés entre les différentes classes sociales, créé par l’ultralibéralisme sauvage.

L’islam est donc un «ennemi» tout trouvé pour détourner l’attention des populations occidentales des vrais problèmes. Ceux qui utilisent ce procédé cherchent donc à jouer sur les peurs et les émotions en faisant de l’islam «une religion qui rejette les autres et qui cherche à les annuler». Le plus curieux dans cette affaire, c’est que ce sont les Occidentaux eux-mêmes, et en particulier les administrations américaines qui se sont succédé à la Maison Blanche qui ont créé ce monstre qu’ils dénoncent aujourd’hui.

Un petit retour en arrière s’impose. Ce n’est plus un secret pour personne et des livres ont été écrits sur le sujet que ce sont les Etats-Unis qui sont à l’origine de la création d’«Al-Qaëda» en Afghanistan pour combattre à travers elle la présence soviétique dans ce pays. Après avoir échoué dans leurs précédentes tentatives de réduire l’influence soviétique dans le monde, les stratèges ont eu l’idée d’utiliser la fibre religieuse et la radicalisation de l’islam en particulier pour combattre l’URSS, d’abord en Afghanistan puis dans les différentes républiques qui gravitent dans l’orbite soviétique.

Le procédé a d’ailleurs fonctionné à merveille et il a abouti à terme à la chute de l’empire soviétique. Mais ce que les stratèges n’avaient pas prévu, c’est qu’une fois au pouvoir, «Al-Qaëda» s’est retournée contre ses parrains américains.

Malgré tout, pour les stratèges américains, la situation est restée gérable et ils ont repris la même méthode en 2003 en Irak, pour faire chuter Saddam Hussein en Irak et prendre le contrôle de ce pays riche en pétrole et à la position stratégique face à la puissance grandissante de la République islamique d’Iran.

Mais une fois de plus, les Américains ont raté leur pari car les groupes extrémistes qu’ils ont appuyés pour imposer des changements stratégiques au Moyen-Orient se sont retournés contre eux et l’Irak a réclamé le départ des Américains de son territoire.

C’est à ce moment qu’est arrivé au pouvoir aux Etats-Unis Barack Obama qui a préféré utiliser une méthode douce de lutte, en appuyant un plan de changement des régimes dans le monde arabe qui a été appelé «le printemps arabe» et qui de l’aveu de son successeur Donald Trump prévoyait de donner le pouvoir aux Frères musulmans.

Le projet n’a pas fait long feu et Obama, toujours selon Trump, n’a plus eu d’autre choix que de recourir à la bonne vieille méthode de créer des groupes extrémistes terroristes pour affaiblir les régimes, diviser les populations et se présenter ensuite en uniques sauveurs. C’est ainsi qu’est née «Daech», en Irak, puis en Syrie et dans la plupart des pays arabo-musulmans. Après des années d’une violence atroce, «Daech» a été vaincue en Irak et en Syrie, mais les Américains espèrent toujours l’utiliser à la fois pour maintenir leur présence dans la région, mais surtout pour garder cette épée de Damoclès contre les régimes et les populations partout dans le monde où il y a un mélange religieux. Jouer sur les peurs, c’est leur stratégie et malheureusement elle fonctionne bien.

Cet «islam violent» d’«Al-Qaëda», de «Daech», de «Nosra» et de bien d’autres, c’est leur création et il ne ressemble pas aux préceptes musulmans ni à cette religion qui privilégie les valeurs humaines. Mais faire peur de l’islam pour maintenir leur influence et pour affaiblir l’Iran qui ose les défier, c’est la stratégie des Etats-Unis et il est bien malheureux de constater que des intellectuels du monde arabe ou des personnalités ou encore des partis politiques et des régimes tombent dans le piège qui leur a été dressé. Non, l’Islam n’est pas une religion de violence comme la préconise «Daech» et ses sœurs qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec cette religion.

Il ne s’agit pas ici de défendre Mme Rachida Dati ou de critiquer M. Sejaan Kazzé, mais d’alerter sur les plans américains de diaboliser l’Islam qui se répandent partout dans le monde alors que les terroristes sont la création des Américains eux-mêmes. Ce serait utile qu’avant de commenter à tort ou à raison les tweets des uns et des autres, ceux qui côtoient l’autre islam, le véritable islam, dans leur pays et dans leur vie quotidienne pensent à tout cela.

Comments

//