Combien de morts faudra-il pour revenir au point Zéro?
Évidemment, il est impossible de revenir au point zéro ; la mobilité est la loi qui régit l'histoire. Mais ce mouvement revêt une forme spirale. Il avance puis recule et ainsi de suite. Éternellement. Dans le contexte de ce mouvement, des effondrements majeurs frappent des structures qui ne peuvent recouvrir leur état précédent. Pas d'espoir, aussi, de les ressusciter dans de nouvelles formules.
Sur ce, la députée des Yazidis au Parlement irakien, Vian Dakhil, a été franche et claire dans sa déclaration faite à la chaine satellitaire Al-Mayadine : «la seule solution pour les minorités religieuses et ethniques, réside dans l'immigration».
D'ailleurs c'est ce qu'on fait et le feront, les chrétiens, les Turkmènes et les autres composantes minoritaires irakiennes.
Vian, qui a enflammé nos émotions par son courage larmoyant, déplorant le sort de ses coreligionnaires égorgés, déplacés et de ses sœurs capturées par «Daech» (EIIL), a répondu à ceux qui condamnent l'immigration. Elle a précisé que c'est le 73ième massacre perpétré contre les Yazidis dans leur histoire ancienne et contemporaine, commençant par les guerres des Abbassides, à celles des Ottomans, arrivant aux hachémites, aux Baasistes et enfin à l'EIIL ; «nous sommes des gens pacifiques. Productifs. Nous aimons une terre qui nous rejette», a clamé Vian, cette dame blessée. Une femme qui ignore le mensonge et le verbiage contrairement à la plupart des politiciens, des experts et des analystes qui ressassent les mêmes discours démagogiques.
La vague de «Daech» expirera. Tôt ou tard. Mais tous ceux qui ont survécu à la terreur, au génocide, au viol, à la famine et à l'humiliation, dans l'ouest et le nord de l'Irak, ne seront jamais confiants que l'ère des massacres est révolue. Et qu'ils pourront reconstruire leurs villes et leur vie en toute sécurité et stabilité. Ils émigreront. Le tissu social irakien pluraliste, formé d'un long cumul historique, a été sapé, miné, depuis l'offensive américaine de 2003. A jamais. Comme on le sait, des émigrations sunnites et chiites ont eu lieu de ce pays, notamment dans les rangs des intellectuels et de la classe moyenne. Cependant, les masses populaires sunnites et chiites y demeureront, et poursuivront différentes formes de conflits civils. Perpétuels. Cette donne empêchera la formation de nouvelles élites au niveau national ou au niveau de ces deux blocs populaires.
Quel est le nombre des chrétiens qui ont émigré de la Syrie depuis le début de la guerre terroriste contre ce pays civilisé, capitale de la chrétienté levantine arabe ? Combien de chrétiens y resteront en cas de la poursuite de cette guerre ? Et après son arrêt ? Qui pourrait être rassuré, parmi les chrétiens syriens, après l'explosion de toutes ces animosités et haines ? L'immigration est peut-être le choix de ces derniers, tout comme les chrétiens de la Jordanie ; en effet, à l'exception des élites nationales et de gauche, le chrétien ordinaire, non politisé, aspire à se prémunir d'une tuerie imminente. Il la sent qui le guette au sein d'une société hostile, en opposition à sa loyauté ! Ce sentiment d'appréhension est né de souvenirs et de faits, renforcé par un soutien flagrant, outrancier, exprimé par un large public à l'égard de l'EIIL. Ce public toujours prêt à justifier les crimes barbares de ce dernier contre les chiites, les alaouites, les chrétiens, les druzes et contre les autres composantes de la société. Les instincts débridés du meurtre, du pillage et du viol, ne marquent plus les comportements d'une minorité organisée. Ils se propagent partout, prenant différentes formes et couleurs, y compris la justification et la satisfaction sournoise.
Ceux qui appelaient à accepter le fait accompli, tentaient de nous convaincre, nous, les rebelles prônant le changement, que nos régimes politiques, avec tous leurs défauts, étaient meilleurs et plus civilisés que nos sociétés ! Malheureusement, l'expérience du printemps américano-arabe, depuis l'an 2011, a montré que cette comparaison était réelle dans les conditions des structures arabes. Observez seulement, la détérioration en Lybie à la suite du renversement du régime de Mouammar Kadhafi !
La responsabilité politique, morale et pénale du spectacle arabe actuel, marqué de sabotage sanguinaire et suicidaire, incombe en premier lieu à l'impérialisme américain et à ses alliés réactionnaires dans le Golfe et en Turquie. Mais la majorité des masses populaires de la région, ainsi que les élites populaires et culturelles, constituent la matière première pour tisser les haines confessionnelles, les penchants fascistes et les organisations takfiries et ce en raison de l'échec du développement national, et puis de la marginalisation, mais aussi en raison de l'échec de la révolution culturelle arabe.
Y avait-il des efforts pour lancer une révolution culturelle arabe ? bien sûr que oui. Depuis le dernier quart du XIXe siècle. Cette révolution avait deux objectifs centraux : établir l'arabité comme référence culturelle totale à la place des religions et des confessions, et l'Etat civil moderne, libéral ou socialiste.
Ces efforts ont réussi partiellement. Mais ils ont essuyé des revers pour deux raisons : en premier lieu, parce que les pionniers de la révolution culturelle, les persévérants, les radicaux, étaient en majorité issus des chrétiens et des minorités. En second lieu, parce que la réforme religieuse libérale (illustrée par Mohammad Abdo), fut limitée à la forme. Non au fond. De ce fait, la référence religieuse s'est éternisée, puis a été renforcée par le pétrodollar et dirigée par les renseignements américains, suivant l'exemple des «aïeuls» auxquels Abou Bakr Baghdadi pourrait donner des leçons en matière de tolérance et de miséricorde ; l'EIIL reprend, avec une certaine modération, l'esprit et les instincts des guerres religieuses bédouines, encore présentes après des siècles, pour défier, lorsque l'occasion se présente, les contraintes de la civilisation et les valeurs humaines.
Bref, la catastrophe réside dans le Musulman arabe laïc, qui observe toujours le mutisme !
Artcile paru dans le quotidien libanais Al-Akhhbar, traduit par l'équipe du site
Sur ce, la députée des Yazidis au Parlement irakien, Vian Dakhil, a été franche et claire dans sa déclaration faite à la chaine satellitaire Al-Mayadine : «la seule solution pour les minorités religieuses et ethniques, réside dans l'immigration».
D'ailleurs c'est ce qu'on fait et le feront, les chrétiens, les Turkmènes et les autres composantes minoritaires irakiennes.
Vian, qui a enflammé nos émotions par son courage larmoyant, déplorant le sort de ses coreligionnaires égorgés, déplacés et de ses sœurs capturées par «Daech» (EIIL), a répondu à ceux qui condamnent l'immigration. Elle a précisé que c'est le 73ième massacre perpétré contre les Yazidis dans leur histoire ancienne et contemporaine, commençant par les guerres des Abbassides, à celles des Ottomans, arrivant aux hachémites, aux Baasistes et enfin à l'EIIL ; «nous sommes des gens pacifiques. Productifs. Nous aimons une terre qui nous rejette», a clamé Vian, cette dame blessée. Une femme qui ignore le mensonge et le verbiage contrairement à la plupart des politiciens, des experts et des analystes qui ressassent les mêmes discours démagogiques.
La vague de «Daech» expirera. Tôt ou tard. Mais tous ceux qui ont survécu à la terreur, au génocide, au viol, à la famine et à l'humiliation, dans l'ouest et le nord de l'Irak, ne seront jamais confiants que l'ère des massacres est révolue. Et qu'ils pourront reconstruire leurs villes et leur vie en toute sécurité et stabilité. Ils émigreront. Le tissu social irakien pluraliste, formé d'un long cumul historique, a été sapé, miné, depuis l'offensive américaine de 2003. A jamais. Comme on le sait, des émigrations sunnites et chiites ont eu lieu de ce pays, notamment dans les rangs des intellectuels et de la classe moyenne. Cependant, les masses populaires sunnites et chiites y demeureront, et poursuivront différentes formes de conflits civils. Perpétuels. Cette donne empêchera la formation de nouvelles élites au niveau national ou au niveau de ces deux blocs populaires.
Quel est le nombre des chrétiens qui ont émigré de la Syrie depuis le début de la guerre terroriste contre ce pays civilisé, capitale de la chrétienté levantine arabe ? Combien de chrétiens y resteront en cas de la poursuite de cette guerre ? Et après son arrêt ? Qui pourrait être rassuré, parmi les chrétiens syriens, après l'explosion de toutes ces animosités et haines ? L'immigration est peut-être le choix de ces derniers, tout comme les chrétiens de la Jordanie ; en effet, à l'exception des élites nationales et de gauche, le chrétien ordinaire, non politisé, aspire à se prémunir d'une tuerie imminente. Il la sent qui le guette au sein d'une société hostile, en opposition à sa loyauté ! Ce sentiment d'appréhension est né de souvenirs et de faits, renforcé par un soutien flagrant, outrancier, exprimé par un large public à l'égard de l'EIIL. Ce public toujours prêt à justifier les crimes barbares de ce dernier contre les chiites, les alaouites, les chrétiens, les druzes et contre les autres composantes de la société. Les instincts débridés du meurtre, du pillage et du viol, ne marquent plus les comportements d'une minorité organisée. Ils se propagent partout, prenant différentes formes et couleurs, y compris la justification et la satisfaction sournoise.
Ceux qui appelaient à accepter le fait accompli, tentaient de nous convaincre, nous, les rebelles prônant le changement, que nos régimes politiques, avec tous leurs défauts, étaient meilleurs et plus civilisés que nos sociétés ! Malheureusement, l'expérience du printemps américano-arabe, depuis l'an 2011, a montré que cette comparaison était réelle dans les conditions des structures arabes. Observez seulement, la détérioration en Lybie à la suite du renversement du régime de Mouammar Kadhafi !
La responsabilité politique, morale et pénale du spectacle arabe actuel, marqué de sabotage sanguinaire et suicidaire, incombe en premier lieu à l'impérialisme américain et à ses alliés réactionnaires dans le Golfe et en Turquie. Mais la majorité des masses populaires de la région, ainsi que les élites populaires et culturelles, constituent la matière première pour tisser les haines confessionnelles, les penchants fascistes et les organisations takfiries et ce en raison de l'échec du développement national, et puis de la marginalisation, mais aussi en raison de l'échec de la révolution culturelle arabe.
Y avait-il des efforts pour lancer une révolution culturelle arabe ? bien sûr que oui. Depuis le dernier quart du XIXe siècle. Cette révolution avait deux objectifs centraux : établir l'arabité comme référence culturelle totale à la place des religions et des confessions, et l'Etat civil moderne, libéral ou socialiste.
Ces efforts ont réussi partiellement. Mais ils ont essuyé des revers pour deux raisons : en premier lieu, parce que les pionniers de la révolution culturelle, les persévérants, les radicaux, étaient en majorité issus des chrétiens et des minorités. En second lieu, parce que la réforme religieuse libérale (illustrée par Mohammad Abdo), fut limitée à la forme. Non au fond. De ce fait, la référence religieuse s'est éternisée, puis a été renforcée par le pétrodollar et dirigée par les renseignements américains, suivant l'exemple des «aïeuls» auxquels Abou Bakr Baghdadi pourrait donner des leçons en matière de tolérance et de miséricorde ; l'EIIL reprend, avec une certaine modération, l'esprit et les instincts des guerres religieuses bédouines, encore présentes après des siècles, pour défier, lorsque l'occasion se présente, les contraintes de la civilisation et les valeurs humaines.
Bref, la catastrophe réside dans le Musulman arabe laïc, qui observe toujours le mutisme !
Artcile paru dans le quotidien libanais Al-Akhhbar, traduit par l'équipe du site