Les drones du Hezbollah: une grande variété et efficacité
L’importante diversité en matière de drones que possède la Résistance islamique au Liban n’est plus un secret.
Il est vrai que l'ennemi parle de données qu'il a collectées, tout comme le font les services de renseignement occidentaux et même certains services de renseignement arabes. Cependant, la Résistance reste attachée à une stratégie «d’ambiguïté constructive», ne communiquant que ce qui est conforme à ses plans.
Dans ce contexte, un chef de la Force aérienne de la Résistance islamique a déclaré : «Nous disposons de différents types de drones. Chaque catégorie a sa propre nature et sa propre fonction. En termes de missions, il y a les drones qui collectent les données relatives à la bataille. Ce sont des drones qui ont opéré précédemment dans la zone frontalière. Mais leur portée d'action s'est élargie. Ils sont déjà parvenus jusqu'à Tibériade (le drone Al-Hassan 2022), ainsi que jusqu'à la région d'’Ashdod’ (au sud de Tel-Aviv), sans compter ce qui a été annoncé concernant le drone Ayoub en 2012.
Pendant la guerre en Syrie, le commandement nous a autorisés à pénétrer à plusieurs reprises dans l'espace aérien du Golan. Nous avons ajusté nos méthodes de travail. Lorsque le secrétaire général du Hezbollah nous a demandé d'élargir notre sphère d'action, nous l'avons fait.
En temps de paix, nous menions des missions de renseignement, mais dans une certaine limite. Après le Déluge d’Al-Aqsa, nous sommes allés jusqu'au-delà de Haïfa, tout en restant dans les limites de ce qui pouvait être divulgué. Nous parlons ici de l'effort de renseignement, qui se déroule jour et nuit. Nous captions des images et des vidéos».
Le chef jihadiste a ajouté que la Résistance dispose de drones qui ont pour mission de détourner l’attention de l’ennemi. Ils peuvent être soudainement transformés en drones d'attaque ou de renseignement. Leur simple présence dans le ciel est importante. Nous les utilisons pour d'autres types d'opérations, d'autant que l'ennemi est extrêmement vigilant. Il a compris que nous envoyons des drones dans le but d'activer ses systèmes de défense.
Cependant, à cause de la tension dans laquelle l’ennemi est plongé, il ne sait pas comment réagir face à tout drone qu'il voit. Il ne sait pas non plus comment justifier ses erreurs. Par exemple, lorsque nous avons ciblé un rassemblement de forces ennemies près de la colonie d’«Elkosh», l'ennemi a donné des explications ridicules et honteuses en tant qu'armée. Il a prétendu que le Hezbollah avait pénétré et paralysé le système de détection de la base de Meron. Il nous a attribué un exploit, juste pour justifier son échec.
Ainsi, le public ne le croit plus. Le journal «Yedioth Ahronoth» a écrit qu'il était temps d'arrêter les justifications concernant l'échec de la défense aérienne.
De plus, le chef jihadiste a expliqué qu'il y a des drones qui participent à des opérations complexes comme ce qui s'est passé dans l'opération de Arab al-Aramshe. «Il y avait un bâtiment appartenant à la municipalité, offert à l'armée qui l'a utilisé comme alternative aux casernes et à d'autres positions qu'elle a évacuées. Après surveillance, la décision a été prise d'utiliser deux missiles de type «Almas» équipés d'une caméra. Le plan était que lorsque les soldats ennemis se rassembleraient pour examiner les dommages, deux drones fondraient, l'un sur la cible elle-même touchée par le missile, et l'autre sur le point où on estimait que les soldats se rassembleraient. L'opération s'est appuyée sur un très gros effort de renseignement, et l'exécution a été très précise. Nous prenons en compte que c'est un village et que le Hezbollah a toujours été prudent et évite de cibler les civils. Tout le monde sait que nous avions des occasions de frapper des soldats, mais en raison de leur présence près des civils, nous ne l'avons pas fait. Nous avons mené la même opération à Elkosh et à Al-Manara».
Ce chef au sein de l’armée de l'air de la Résistance, a fait référence aux types drones de diversion, d'assaut et offensifs, mais aussi aux drones logistiques (transport, largage de tracts, transport de fournitures pour les combattants).
«Parfois, nous utilisons plus d'un drone pour une seule mission, comme un drone d'assaut avec un autre drone chargé de capter des images en même temps.
Il y a aussi le drone offensif qui tire des projectiles sur une cible spécifique. L'ennemi sait qu'il y a des missiles plus légers, plus petits et de grande précision.
On possède également le drone Sajjil qui a ses propres caractéristiques. Quant à la portée, ne vous en faites pas. Sayyed Nasrallah a fait état de la zone allant de ‘Kiryat Shmona’ à ‘Eilat’, et nous exécutons ses ordres. Prenons comme exemple ce que font nos frères d'Ansarullah, qui sont allés jusqu'à ‘Eilat’, ‘Tel-Aviv’ et Haïfa. Nous disons que l'ennemi doit imaginer ce que nous possédons, compte tenu que les forces yéménites ont entamé leurs efforts depuis 2015, alors que le Hezbollah a commencé ses travaux avant eux».
Le chef jihadiste a expliqué qu'il existe «un type de drones appelés "multi-copters", que nous fabriquons avec différents types de moteurs. Ils peuvent effectuer toutes sortes de missions. Ces drones peuvent être actionnés sur des dizaines de kilomètres, mais ils se distinguent par leur grande efficacité dans l'engagement direct avec les forces terrestres. Nous ne les avons pas encore utilisés. Un combattant peut les piloter et les contrôler. De plus, leur coût de production est modique. Ils peuvent être produits très près du champ de bataille. Ils sont considérés comme des armes tactiques, et l'ennemi les redoute en cas de guerre ouverte, car leur efficacité contre l'infanterie est énorme».
Selon le chef jihadiste, l'ennemi possède «une armée de ceux qui étudient le mieux leur ennemi et en tirent les leçons. Elle est rapide à agir. Chaque fois qu'un de ses sites est ciblé, il se précipite pour prendre les mesures nécessaires. Au début de la guerre, il a retiré ses troupes des positions avancées. Il ne reste que très peu de soldats dans certains endroits. Il a choisi de nouveaux emplacements dans tout le Nord pour déployer les troupes qu'il a amenées. Il a utilisé les zones ouvertes comme les plaines (20 ou 30 véhicules de transport de troupes et blindés avec des soldats déployés dans un vaste champ). Après notre première opération, il est revenu et a réparti les soldats sous les arbres. À chaque fois, il choisit un nouvel emplacement. Parfois, nous effectuons une reconnaissance pour une cible spécifique, et quand nous revenons pour la frapper, nous trouvons qu'il l'a changée, ayant perçu le danger. C'est un processus épuisant pour les soldats, en particulier pour les réservistes.»
Le responsable de la force aérienne de la Résistance a poursuivi que chaque mission a des «objectifs clairs (en ligne)», c'est-à-dire que nous leur avons assigné une mission spécifique. Il y a aussi des objectifs «non résolus (hors ligne)», ce qui signifie que la mission a un objectif spécifique, mais au cours de son exécution, elle découvre un objectif qui peut être ajouté. Ainsi, nous mettons à jour nos objectifs. Même l'idée de mener une attaque pendant la mission est possible. Tout le monde peut imaginer nos potentiels, y compris entrer en collision avec des avions ennemis.
L'ennemi classe nos avions comme «furtifs». Cela signifie qu'ils peuvent s'infiltrer et se cacher des radars, et mener leur mission sans être détectés ou avant d'être détectés. Même le processus de détection n'est pas facile. Le défi ne se limite pas aux radars. Par exemple, nous avons des drones avec une faible signature visuelle, mais une forte signature thermique et un bruit élevé, et leur taille les rend plus visibles. Mais l'ennemi ne les a pas détectés, en raison du mélange d'efforts visuels, thermiques et physiques qui entravent la mission de l'ennemi. C'est pourquoi l'armée d'occupation implique tout le monde dans la mission. Sur la ligne de front, l'armée a distribué aux colons des numéros de téléphone à appeler simplement en entendant un bruit supposé être d'un drone. Mais nous avons recouru à une tactique particulière et l'opération a été un grand succès».
En ce qui concerne les poids des bombes de guerre, le chef militaire a affirmé qu’ils sont variés. Ils commencent à quelques kilogrammes et peuvent être augmentés à volonté. Nous ne parlons pas de tonnes, mais nos drones ont maintenant la capacité de transporter des charges explosives de poids élevés. Par conséquent, l'ennemi sait très bien, d'après l'expérience des neuf derniers mois, que nous avons différentes armes qui nous ont permis d'atteindre nos cibles. Il sait ce que cela signifie que nos drones soient capables de transporter des missiles. Et l'ennemi sait que la question n'est pas liée au poids, car nous avons mené des opérations avec des poids faibles et obtenu des résultats élevés...
En ce qui concerne le contrôle, l'ennemi dit que nos drones sont équipés d'une tête de guidage visuelle qui permet de les piloter à distance. Eh bien, et alors ? La question suivante se pose : qu'avez-vous fait pour relever ce défi ?»
Article paru dans le quotidien libanais AlAkhbar, traduit par AlAhed