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La guerre à Ersal et le Califat à Tripoli?

La guerre à Ersal et le Califat à Tripoli?
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Nul n'a encore compris pourquoi Imad Jomaa est passé à un barrage de l'armée, où il a été arrêté, pour que Ersal s'enflamme.

Un homme dangereux, accusé, prévenu et poursuivi par la justice. Il passait par le barrage tout en étant sûr et certain de ne pas être arrêté, où il l'aurait fait intentionnellement pour y être arrêté. Ou bien ceux qui fermaient les yeux dans le passé, ont décidé de l'arrêter dans un moment charnier, après qu'il a prêté allégeance à l'EIIL.

Un point non encore clarifié entache cette affaire.
Si ce point n'est pas clarifié, nul ne saura si l'EIIL était derrière le conflit provoqué à Ersal ou si une partie tierce en est responsable. Ceci n'a lieu qu'au Liban.
Nul n'a de même compris pourquoi la délégation du comité des Oulémas musulmans a regroupé des personnalités, que les adversaires jugent proches du Front Al-Nosra et les estiment aussi dangereuses que l'EIIL. Des personnalités qui seraient surveillées, ou poursuivies par l'armée. Parmi ces figures, par exemple, cheikh Salem Rafei, qui porte l'étendard de la guerre contre le Hezbollah et l'Iran, qui appelle au «Jihad» en Syrie et qui considère que les attentats au Liban étaient dus à l'intervention du Hezbollah en Syrie. La médiation de Rafei est-elle survenue en raison de concessions faites par la partie adverse à la suite de la surprise préparée par l'EIIL, ou dans le but de sauver les vies des militaires, des éléments des FSI et de civils de Ersal ? Ou bien un autre point obscur réside dans cette question, ayant aussi des sources régionales ? Ces faits aussi ne se produisent qu'au Liban. Heureusement, la médiation de Rafei a réussi en une certaine mesure.

En outre, nul n'a compris comment le chef du Front de la Lutte nationale, Walid Joumblat- qui a provoqué un changement politique majeur en réfutant l'argument selon lequel la participation du Hezbollah aux combats en Syrie aurait attiré Daech sur la scène libanaise- est le même Walid Joumblat, qui a décerné la médaille de Kamal Joumblat à l'ambassadeur saoudien au Liban au terme de sa mission diplomatique. En d'autres termes, le diplomate dont le pays souligne que le Hezbollah est la cause du problème en Syrie et au Liban. En plus, une médaille au nom de Kamal Joumblat, parait vraiment déconcertante, si on révise l'attitude de l'ancien commandant martyr du Mouvement national à l'égard du Royaume. Ceci aussi ne se produit qu'au Liban.

Mais Joumblat a bien agi dans sa position émanant d'une prise de conscience quant à la dangerosité de cette période à l'ombre de Daech, et à la nécessité du rapprochement avec le Hezbollah, de la protection de l'armée et du secours à la présidence libanaise.

Lorsque Joumblat s'est entretenu avec le général Michel Aoun autour de cette dernière, le leader druze a dit : «Sayed Nasrallah nous a informés que vous êtes son unique choix. Je ne vous demande pas de commenter ces propos. Mais je crois que le problème réside dans le refus d'une partie des sunnites. Il faut convaincre ces derniers».
Joumblat veut-il vraiment qu'Aoun réussisse de les convaincre ? Et s'il y arrive, aurait-il besoin de l'approbation de Joumblat ? Ceci n'a lieu qu'au Liban.
Le général Aoun n'a point réagi.

En quatrième lieu, nul n'a compris comment l'Arabie Saoudite s'est empressée d'aider l'armée libanaise par un milliard de Dollars. L'ancien Premier ministre, Saad Hariri, a lui-même annoncé ce don. Etrange ! Les alliés de Riyad et de Hariri, attribuaient depuis peu, la responsabilité à l'armée de la distinction dans son attitude à l'égard du Hezbollah, des Sunnites et de la Syrie. Ce fait aussi ne se produit qu'au Liban.

Mais, le royaume a bien agi, surtout qu'il ressent la menace de Daech. Ce dernier le menacerait plus dans l'avenir. C'est pourquoi il l'a inscrit à la liste du terrorisme. Le Califat ne supporte ni rois, ni trônes. L'occident et l'OTAN n'acceptent plus les solutions tronquées : avec ou contre le terrorisme. Les pays membres de l'OTAN ont changé de positions. Contraints, puisque les terroristes sont revenus dans les lieux d'où ils les ont envoyés.

Nul ne comprend, enfin, pourquoi l'Etat libanais a accepté de mettre en place un commissariat pour les réfugiés, comme un mini-état au sein de l'Etat. Le quart de la population, ou peut-être sa moitié, est formé de réfugiés. Le statut de réfugié ne s'applique pas à un grand nombre de ces derniers. Et s'il s'y appliquait, ceci signifie qu'il serait impossible de les rapatrier sans qu'ils ne soient « honorés » dans leur pays, conformément au droit de l'asile.

L'Etat libanais ne possède pas de registres sur le nombre des réfugiés. Le commissariat des refugiés a intérêt à hausser le nombre de ces derniers dans le laboratoire libanais. Mais quel est l'intérêt du Liban à long terme. Est-il acceptable qu'un émissaire étranger se rende dans une école et lorsque le ministre de l'Education tente de communiquer par téléphone avec l'ambassadeur de ce pays pour s'enquérir de la raison de cette visite, non convenue avec le ministère, qu'on coupe la communication ?

Il faut accueillir tout refugié fuyant la guerre. Il faut sauvegarder la dignité de tout frère syrien. Mais qui empêchera la transformation de certains camps de réfugiés ou régions en foyers de tensions et de terrorisme ? y-a-t-il de coordination ? De surveillance ? Suit-on sérieusement le travail du Haut comité pour les réfugiés (HCR) ? Ceci ne se produit que dans un pays incontrôlé tel le Liban. Pourquoi une telle organisation onusienne ne l'envahirait-t-elle pas et le nombre des refugiés ne constituerait-t-il pas la moitié de sa population ? C'est un cas sans précédent dans l'histoire.
Qu'en est-il de Ersal et de Tripoli ?

La bataille de Ersal est périlleuse. Elle ne se calmera point. On ne l'a pas provoqué pour qu'elle se clame. C'est un foyer de tension qui s'enflammera et s'éteindra. Pas de solution radicale quelles que soient les bonnes intentions. En dépit de ce fait, ce foyer de tension n'est pas le plus dangereux. L'entourage syrien de Ersal est désormais plus solide. Certains Syriens affirment même que ce qui a eu lieu dans cette localité syrienne est le résultat des frappes douloureuses assénées à l'EIIL et aux organisations armées dernièrement dans le Qalamoun. De surcroit, le voisinage libanais de Ersal est aussi solide, grâce à la présence du Hezbollah. Et de son milieu populaire. En d'autres termes, si la décision de l'option militaire est prise, ce serait possible, même si les pertes seraient plus graves que celles de la bataille de Qosseir et de Yabroud. En effet, l'armée syrienne et le Hezbollah sont désormais un besoin international pour frapper le terrorisme. Ce besoin grandira d'avantage.

Quoique la bataille de Ersal fut dangereuse, l'objectif en est Tripoli. La capitale du Nord est convoitée par Al-Nosra, encore plus par l'EIIL. Selon la tournure des faits dans la région, cette ville du Liban s'attend au pire. C'est le sort de Tripoli dont les axes de combat reflètent, par excellence, les guerres entre les axes régionaux et internationaux.

C'est le sort de ses habitants dont les souffrances se renouvèlent toujours à cause de l'étranger. Puis ce dernier intervient pour instaurer le calme. Cette fois-ci, cet étranger a besoin de faire de compromis difficiles, notamment entre la Syrie et l'occident, l'Iran et l'Arabie Saoudite.
L'environnement propice à Tripoli est le plus attractif pour l'EIIL, en dépit de la majorité tripolitaine muette ou qui refuse toutes ces guerres. Certains à Tripoli se considèrent les plus habilités à former un milieu hostile au Hezbollah, à L'Iran et au régime syrien. La rivalité politique entre les notables de cette ville contribue à la plonger dans l'inconnu. Ceux qui aspirent à s'y installer à l'heure actuelle, savent que le Hezbollah n'ira pas y combattre. Ils savent aussi que l'armée syrienne ne sera pas prête à y intervenir. Cette armée le sera lorsque son intervention sera un besoin international, régional et libanais. Mais une telle intervention est difficile en ce moment, puisque l'armée syrienne est occupée sur la scène syrienne.

De fait, Tripoli serait le foyer de tension qui suscite, le plus, l'inquiétude de l'Etat libanais, de l'armée et des forces de l'ordre. Les ministres sunnites et les figures de la ville sont les plus capables à connaitre les moyens d'éviter le glissement de leur ville dans la guerre. Ceci nécessite l'élaboration rapide d'un plan sécuritaire, politique, social, et socio-économique. Un plan qui convainc les Sunnites du Nord que l'Etat agit en leur faveur, comme il le fait en faveur des autres. Les Tripolitains doivent réaliser que leur intérêt consiste à fermer leurs portes devant les rafales de l'extérieur.

Certains pourraient bénéficier du climat tendu de Ersal pour adopter à nouveau la logique appelant à la fermeture de la frontière avec la Syrie et l'application de la résolution 1701. Ceci coïncide avec des appels internationaux et arabes pour démilitariser la résistance de Gaza et d'y installer un nouveau leadership. Mais la logique qui prévaut au Conseil de sécurité de l'ONU, à l'ombre du différend russo-occidental, et les évènements régionaux, ne permettent guère de recourir au Conseil de sécurité, après ou durant les affrontements de Ersal. Là où se déroule le conflit entre les puissances, le devoir des parties faibles et marginales, tel Liban, serait de se prémunir des répercussions. Non de croire que le monde entier en dépend.
Si cela n'a lieu rapidement, que nul ne soit surpris de voir arriver le Califat à Tripoli. Plus rapidement que ne le croient certains.

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site

 

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