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La ligne de feu allant de Ersal, à Raqqa, à Mossoul et Gaza

La ligne de feu allant de Ersal, à Raqqa, à Mossoul et Gaza
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Depuis la première balle tirée en Syrie, la localité libanaise de Ersal était habilitée pour devenir un foyer pour les miliciens syriens et étrangers. Nul ne peut prétendre la surprise face à ce qui a eu lieu dans les derniers jours. Seuls, les soldats, enrôlés dans l'institution militaire en raison de leurs conditions de vie précaire, ne s'attendaient, peut-être pas, à l'ampleur des mutations sanguinaires dans la région. Ils ont été surpris : pris en otages et pris pour cible.

Les événements de Ersal n'y resteront pas confiné. Tous les responsables sécuritaires au Liban le savent. Certains d'entre eux n'en parlaient pas publiquement pour des considérations politiques. Ils savent tous l'existence de cellules terroristes «dormantes» au Liban. Ils possèdent tous des dossiers comprenant des noms, des lieux et des groupuscules. Certains de ces noms ont été examinés avec des émissaires occidentaux. Ces responsables réalisaient, depuis les premiers mois de la guerre syrienne, que la carte du terrorisme au Liban est posée dans le bazar de l'adversité politique et du conflit sectaire. Seuls les pauvres de l'armée sont étrangers aux complots ourdis par les politiciens les uns contre les autres. Ces pauvres se sont retrouvés plongés dans le feu de Ersal.

Au moment où toutes les parties sont désormais la cible du terrorisme takfiri, il faut rechercher des issues pour éviter le glissement du Liban dans un large conflit, pour protéger l'institution militaire de la division, interdire la création de foyers de tuerie sectaire et éviter l'arrivée de la ligne de feu de Mossoul au Liban, via la Syrie, arrivant à la Jordanie...et autres lieux.

Les constantes dans ces issues seraient les suivantes :

- Un accord entre toutes les parties, selon lequel l'armée est la dernière barricade pour protéger l'unité de la patrie. Une large couverture politique doit lui être assurée. Une couverture que confèrerait la communauté sunnite, avec conviction totale, et non dans la forme comme le font certains. Les propos du chef du PSP, Walid Joumblat, sur la contribution de tous les musulmans et chrétiens, illustrent l'ampleur du péril. Joumblat a délibérément évoqué les deux présidents Nabih Berri et Saad Harri, ainsi que sayed Hassan Nasrallah. Il aurait voulu insister sur le rôle de Hariri plus que les autres.

- Il faut considérer toute agression contre l'armée et les autres services de sécurité comme attentat terroriste par excellence. Toute justification de tels attentats accentuerait le clivage et titillerait les identités sectaires meurtrières. Elle encouragerait le terroriste à poursuivre ses actes dans des milieux populaires qu'il juge propice.

- Il faut séparer entre le terrorisme comme affaire de première importance et les autres affaires. Le jeu international et régional est bien connu dans de telles circonstances. Ce jeu tente d'exploiter de tels troubles pour avancer des demandes politiques et sécuritaires visant à cerner la résistance.

- La priorité doit être accordée aux plans de sécurité. Les forces de l'ordre libanaises, en coopération avec le Hezbollah, les services syriens et internationaux, sont supposées avoir surveillé Ersal et son jurd depuis plus de trois ans. Mais frapper avec une main de fer n'est pas suffisant. Un projet politique pour convaincre certains milieux populaires favorables au terrorisme, que la coopération avec l'Etat pour frapper le terrorisme ou l'isoler ne signifie guère de faire prévaloir une partie sur une autre, ou de consolider la force chiite aux dépens des sunnites. C'est plutôt dans le but de protéger ces milieux avant les autres. Des rencontres sérieuses, passant outre les plaies des dernières années, sont donc requises. Des rencontres pour parvenir à des compromis entre les adversaires, quelle que soit l'ampleur de la douleur ou la dureté des concessions.

Ce qui a été dit ci-dessus est seul en mesure d'empêcher l'extension du plan terroriste diabolique dans le corps libanais. Il serait naïf de traiter Ersal comme cas séparé de la ligne de feu qui s'étend de Gaza à Mossoul passant par la Syrie. La région traverse des conflits amers et sanguinaires. Certains veulent exploiter ces conflits dans l'élaboration de nouvelles alliances, opposées à la raison et à la logique. Le monde occidental semble plongé dans la confusion. Ses choix sont contradictoires. Il laisse le monde arabe s'entretuer en attendant le résultat. L'EIIL et son califat seraient en train de jeter les fondements d'une situation incontrôlée par tous les pays influents de la région. Certains profitent provisoirement de l'EIIL. Mais même ceux-là, ressentent désormais le danger. Nul pays ne peut se considérer à l'écart du péril du terrorisme.

L'armée libanaise est donc devant un test difficile. Lui garantir la couverture politique, de toutes les parties, est une question de vie ou de mort. Pour le Liban aussi. Si elle réussit à enterrer le foyer de tension à Ersal, à protéger ses habitants dont certains avaient entamé la coordination avec les forces de l'ordre depuis quelque temps, elle dissuadera des mouvements similaires dans d'autres régions libanaises.

Le commandant en chef de l'armée, est aussi devant une opportunité. La plus importante. Sa gestion de la crise en coopération avec les différentes parties politiques et en poursuivant la coordination étroite à la frontière avec le Hezbollah et la Syrie, ainsi que sa vigilance quant aux risques de la coopération internationale, en dépit de la nécessité de cette dernière, tous ces faits seraient déterminants pour l'avenir politique vers lequel se dirige le Liban, sans président de la République jusqu'au moment.

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site

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