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Les points faibles dans le projet de «l’Etat d’Israël»

Les points faibles dans le projet de «l’Etat d’Israël»
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Il va de soi qu'une génération arabe complète assume une grande responsabilité dans la série des catastrophes qui nous ont frappés, pour avoir réduit les périls du projet sioniste ou pour avoir exagéré dans l'évaluation des préparatifs arabes dans le but d'affronter le projet de l'état juif (Rappelons Riyad Soloh et autres leaders arabes qui évoquaient un plan secret pour vaincre l'ennemi).

Il est aussi normal de confirmer que le fait de minimiser l'ampleur des périls et de la force de l'ennemi fut une des raisons de la défaite cuisante de 1967. Peut-être Jamal Abdul Nasser fut le plus raisonnable dans l'évaluation de la force de l'ennemi. Ce président répétait qu'il avait besoin de temps pour préparer la force militaire. Il a lutté jusqu'en 1967 contre les pressions exercées par les baasistes en Syrie et le régime hachémite en Jordanie.

En effet, toute évaluation scientifique des points de force ou de faiblesse de l'entité ennemi s'avère assez délicate : si on exagère le calcul de cette force, on contribuera à augmenter l'état de désespoir et à la soumission à la tyrannie d'«Israël». D'ailleurs, cette approche a facilité la mission du président égyptien Sadat. Ce dernier a recouru à la propagande afin de démoraliser le public égyptien.

Par contre, d'autres ont minimisé l'ampleur des périls ou de la force de l'ennemi, comme ce fut le cas de plusieurs leaders arabes à l'instar de Chukri Kowatli. Ce responsable syrien avait rassuré une délégation palestinienne l'ayant visité avant Al-Nakba, lui affirmant qu'un forgeron habile dans un ancien quartier de Damas avait réussi à créer une bombe atomique. Une telle approche paverait certainement la voie au cumul des défaites successives.

Bref, un équilibre délicat dans l'évaluation des points forts et des points faibles de l'ennemi est requis, sans exagération aucune. Bien sûr une telle question ne doit être examinée par de simples individus, mais doit être suivie par une commission d'experts afin de parvenir à une estimation scientifique, basée sur les calculs scientifiques dans différents domaines. Cependant, une contribution, même individuelle dans cette question, s'avère toujours nécessaire.

L'opinion publique arabe est versatile quant à la dimension du danger israélien. L'image de l'ennemi a changé. Elle n'est plus comme elle a été dans le passé. Mais l'ennemi tente de prévenir les dangers et les répercussions de ce changement, par une coopération étroite avec les gouvernements du Golfe, notamment avec les medias de l'Arabie Saoudite. (La chaîne satellitaire Al-Arabia publie désormais les noms des morts de l'armée ennemie. Cette chaîne suit aussi l'exemple des journaux occidentaux en publiant des titres sur «la mort de Palestiniens» à Gaza, sans évoquer l'identité du meurtrier, ainsi que des titres selon lesquels «Le Hamas» «liquide» des soldats de l'ennemi, puisque le terme «liquider» connote la barbarie.

Cependant, il existe plusieurs points faibles chez l'ennemi. Des points que la propagande sioniste n'est point en mesure de masquer.

1- Le facteur démographique. Il est connu que le facteur démographique est inquiétant pour l'élite au pouvoir, avant même la création de l'entité sioniste. Cette inquiétude s'est amplifiée dans les années 50. En d'autres termes, les craintes concernent l'attitude à adopter à l'égard de la majorité arabe, transformée par la répression militaire et l'expulsion en minorité. Mais cette question revêt plusieurs aspects : au moment où la minorité arabe en Palestine est en croissance (les jeunes âgés de moins de 19 constituent le quart de de la population qui constitue à son tour le 1/5 de l'ensemble des habitants). Cette croissance s'oppose à un taux élevé de vieillesse parmi les Juifs. De fait, le taux de croissance parmi les Arabes est estimé à plus de 2% et à moins de ce chiffre parmi les Juifs. Un autre facteur marque cette question : beaucoup d'Israéliens juifs (environ 6 millions), vivent hors des frontières de la Palestine historique occupée. Plus d'un demi-million portant l'identité israélienne, vivent hors de l'entité ennemie, aux Etats-Unis, ainsi que plusieurs milliers dans d'autres pays du monde. Les experts dans le racisme israélien, dont l'historien Michael Orne, indiquent en évoquant sept dangers existentialistes, que les Juifs ne pourraient préserver l'équilibre entre ce qu'ils considèrent comme «démocratie d'Israël» et la judaïsation de l'Etat, sauf si le taux des Juifs demeure à 75%. C'est ce qui explique l'insistance de l'Etat ennemi à obtenir la reconnaissance officielle arabe de l'Etat juif, puisqu'il veut institutionnaliser l'identité juive de l'Etat même si ce fait s'opposait à la réalité démographique. «Israël» veut se réserver le droit d'expulser les enfants arabes dont le nombre dépasse le taux voulu par l'ennemi. Les Juifs tentent de prévenir les périls du changement démographique par plusieurs ruses, y compris la demande aux pays occidentaux d'encourager l'implantation des Palestiniens sur leurs territoires, et l'exode forcé. Mais que fera l'ennemi après 20, 30 ou 40 ans ? Il est devant un danger imminent. Pas d'échappatoire.

2- Désormais, une force est capable de vaincre l'ennemi dit «invincible». Le soldat israélien n'est plus cet épouvantail sur lequel ont été tissées des légendes dans les medias ennemis et arabes. Avant même la date de la création de l'entité, l'ennemi tenait volontairement à susciter la terreur dans les rangs des arabes par la tyrannie et la dureté de ses soldats. C'était le seul moyen, à côté de l'exode forcé, pour vider la Palestine de son peuple. Fut alors perpétré le massacre de Deir Yassine, à dimension terroriste. L'ennemi a intentionnellement diffusé les informations relatives à cette tuerie parmi les arabes. De même, l'ennemi a voulu susciter la terreur dans les rangs des soldats arabes. Bien que la guerre de 1973, (clôturée par la défaite des armées syrienne et égyptienne) ait représenté un début pour briser la légende du «soldat israélien invincible», cette dernière a demeuré pour être illustrée dans la barbarie de l'invasion de 1982 et l'effondrement de l'OLP dans le Liban sud. Toutefois, la guerre de 2006 et les offensives menées plus tard contre Gaza ont contribué plus que jamais à détruire l'image du soldat israélien invincible.
En effet, l'humiliation des forces spéciales de l'ennemi par la résistance au Liban et à Gaza a constitué un sujet de raillerie dans les medias sociaux par les jeunes arabes. Cet aspect de la question ne peut être dissimulé par aucune propagande financée par le pétrodollar.

3- Le décalage entre l'ampleur de l'appui à «Israël» chez la société américaine, entre les jeunes, les hommes de couleurs et les blancs. Selon un sondage récent effectué par l'institut Galop, le taux du soutien à «Israël» augmente avec l'âge et parmi les blancs. Mais le taux de l'appui à l'entité ennemie diminue parmi les noirs, les Asiatiques et les originaires de l'Amérique latine. D'après les études officielles, les blancs seront une minorité dans trente ans. La sympathie avec l'Etat ennemi diminue parmi les jeunes Juifs, plus qu'elle ne l'a été dans les rangs de leurs pères et grands-pères. De ce fait, le nombre des migrants vers l'entité ennemie et des recrues dans son armée terroriste, diminuera progressivement. Cet aspect de la question revêt une grande importance, puisque le soutien populaire à l'ennemi est la base sur laquelle compte le lobby israélien afin de maintenir la politique du soutien total du Congrès américain.

4- Le changement de l'image du Mossad. Ce dernier a terrorisé les Arabes tout au long de décennies. Cette organisation terroriste a réussi dans le domaine des Relations publiques et de la propagande, plus qu'elle ne l'a fait dans le domaine de l'action sur le terrain. Les Arabes croyaient que l'Israélien était au courant de toutes leurs affaires ; Que les experts du Mossad nous connaissaient plus qu'on se connait nous-mêmes. Le Mossad a réalisé des exploits contre les factions de l'OLP au Liban et ce en raison de l'indulgence de Yasser Arafat avec le phénomène de l'espionnage ennemi et en raison de l'environnement propice au Liban qui a produit, malheureusement, un nombre record d'espions.
Pourtant, l'expérience du Hezbollah au Liban fut pionnière dans la suprématie sur le Mossad et dans la découverte de ses réseaux d'espionnage (...). C'est ce qu'est en train de faire la résistance à Gaza ces jours-ci. En dépit des acrobaties du chef de la police de Dubaï dans les dernières années, transformé en marionnette dans les mains des fils de Zayed, alliés aux sionistes, les déclarations de cet homme sur la méthode de l'assassinat du leader du Hamas Mahmoud Mabhouh en 2010, et la publication dans les medias des photos des agents du Mossad, ces faits ont constitué une frappe morale à ce service, surtout que l'opération est survenue à la suite de plusieurs défaites essuyées par l'ennemi, notamment durant l'offensive de 2006.
Les arabes n'enveloppent plus le Mossad par cette auréole légendaire créée par les services sionistes et les medias de la dynastie Al-Saoud.

5- Le facteur économique. L'économie israélienne compte dans l'armement sur le financement assuré par le gouvernement américain qui finance environ le quart (23%) du budget militaire israélien, en plus d'une partie du budget de la recherche et du développement américain pour des affaires relatives à la sécurité de l'état d'occupation. Ce facteur est toujours en vigueur, mais pas pour toujours. Il est toutefois difficile de prévoir le changement rapide de ces politiques à l'ombre de l'hégémonie du lobby israélien sur la prise de la décision au Congrès. En revanche, tout effondrement économique inopiné, à l'ombre de la croissance de l'aile libérale au sein du parti Républicain, affectera cet énorme budget.

6- La croissance des mouvements de boycott. L'ennemi israélien et ses alliés arabes, dont les badauds dans les cafés Starbucks qui soutiennent l'occupation sioniste, tentent de réduire l''ampleur du boycott. Mais certains responsables américains et israéliens (comme John Kerry et Yair Lappid) reconnaissent désormais les dangers de cette position. Le mouvement de boycott s'accroit sur le plan international et envahit même l'Etat américain, dernier bastion du soutien populaire à l'entité ennemie. Le boycott officiel de l'ennemi par la Ligue arabe coutait dans le passé des milliards de dollars selon des études du Congrès. Pour cette raison, le gouvernement américain a reçu la garantie des pays du Golfe et de l'Egypte en 1990 pour annuler le boycott arabe officiel, surtout au moment de la guerre américaine contre l'Irak.

7- L'accentuation de l'hostilité contre Israël dans les quatre coins du monde. Selon les sondages, un Américain sur trois sympathise avec l'ennemi israélien. Mais ce soutien n'équivaut pas celui affiché dans les autres pays occidentaux. Au contraire, le taux de la sympathie avec l'ennemi en Europe diminue sans cesse.
Au moment où quelques 57% d'Américains estiment justifiée l'offensive israélienne contre Gaza, l'image est différente dans les pays occidentaux. Ce fait constitue un grand changement dans ces pays par rapport aux années 1950, 1960 et 1970, lorsque l'image d'Israël a commencé à se modifier dans des pays ayant assuré un appui financier et militaire à Israël dans le but de remédier aux péchés de l'holocauste contre les juifs. Seuls 27% des Américains retiennent une image négative d'Israël, alors que 44% des britanniques, 62% des Allemands, 65 % des Français et 66 % des Chinois. Ces taux s'accroissent parmi les Asiatiques et dans l'Amérique latine. S'ajoute à ce facteur la possibilité ou la certitude de la montée en puissance de pays non occidentaux dans les relations internationales, dans le contrôle du Conseil de sécurité et dans les institutions internationales. Ces données inquiètent «Israël» qui s'emploie à maintenir la suprématie américaine.

8- L'effondrement du système arabe. Bien que l'ennemi ait réorganisé ses intérêts en Egypte en coopération avec les Etats-Unis et avec la participation suspecte de Nassériens et de pro- gauche, le système arabe créé par les Américains et le régime saoudien dans les années 70, comptant essentiellement sur le régime de Hosni Moubarak, s'est désintégré. Il n'a guère été restructuré. Les Etats-Unis tentent en vain de réhabiliter le système arabe fissuré, tantôt à l'aide des fonds saoudiens et tantôt par les armes. Mais ces régimes se sont éteints et ne peuvent renaitre des cendres. La période politique en cours est transitoire. Ses traits ne sont pas encore clairs. L'entité sioniste, pour réussir son projet, éprouve le besoin de la création de régimes collaborateurs dans son entourage et plus loin. Au contraire, une résistance existe au Liban ainsi qu'une guerre violente en Syrie et un régime hachémite servile en Jordanie. Un régime que les Etats-Unis sont déterminés à préserver à tout prix, dans l'intérêt de l'ennemi. Dans ce contexte, les mutations pourraient paver la voie à des gouvernements dotés de projets de libération et de lutte. Ce fait n'a pas encore eu lieu mais les mouvements politiques sont encore à leur début. Le changement au sein du monde arabe pourrait prendre des années voire des décennies et l'ennemi ignore à quoi il s'attend.

9- L'effet étincelant des mouvements de la résistance. On ne peut négliger la réussite de la provocation confessionnelle financée par le pétrodollar dans le but de saper la popularité des mouvements de la résistance au Liban et en Palestine. Le soutien du Hezbollah est désormais faible dans le monde arabe et islamique. (Le commandement du Hezbollah est-il au courant du rapport publié par l'organisation «PIU» et qui montre une image négative du Hezbollah dans l'opinion publique arabe et musulmane). Le courant du Conseil de la coopération des pays du Golfe a attribué le caractère confessionnel aux mouvements de la résistance armée. Mais ce facteur pourrait changer lors de toute confrontation avec l'ennemi. Le Mouvement Hamas fut la victime d'une guerre menée par la majorité des pays arabes pro- saoudiens. Toutefois, l'image du Hamas a changé avec la première roquette tirée vers l'état ennemi. Ce facteur pourrait aussi rétablir l'image du Hezbollah dans toute prochaine confrontation. En fait, le projet de la résistance armée qui a été déstabilisée à cause de la mauvaise gestion de Yasser Arafat et de certains comportements qui ont rebuté l'opinion publique arabe, a ressuscité de nouveau depuis la guerre de juillet et ses affrontements héroïques. Ce projet renait aussi à Gaza. De fait, l'existence de mouvements de résistance bien entrainés et équipés a des impacts sur l'image de l'ennemi et sa capacité à intimider ou à semer la terreur.

10- L'exacerbation du conflit intérieur. Le conflit intérieur en «Israël» autour des affaires propres à cette entité, telle la laïcité, les droits des juifs et les privilèges des religieux, est en train de s'exacerber, sans qu'il n'y ait de différends sur la politique étrangère ou de la défense, puisque la position est unanime quant au projet fasciste du Likoud. Ce facteur pourrait affecter le potentiel de l'état en matière de défense à cause de l'augmentation des exonérations en faveur des pratiquants.

11- L'effondrement du monopole israélien quant à la narration des crimes de l'entité sioniste. En effet, le lancement des médias sociaux comme moyen de propagande contre l'ennemi n'était pas prévu par les fondateurs de cette entité. Ainsi ce n'est plus l'occupant qui détient la possibilité de narrer le conflit selon son point de vue. «Israël» annonce que ces nouveaux moyens de communication sont ses ennemis, comme il a été prouvé dans l'offensive de Gaza.
Tout ce qui précède ne constitue point un appel pour observer le laxisme en attendant la chute de l'entité. Mahmoud Abbas est connu par sa théorie depuis les années 60. Il appelait à la cessation de la lutte armée et à un accord autour d'un compromis humiliant avec l'ennemi. Pour cet homme qui se présente comme un expert dans les affaires israéliennes (uniquement à ses yeux), l'état juif s'effondrera pour des raisons qui lui sont propres. Selon lui, les Arabes n'ont que le choix d'attendre et d'égrener leurs chapelets.
En effet, sombrer dans la méditation des points faibles pourrait aboutir à banaliser les points forts de l'ennemi, dont, la suprématie militaire, le soutien militaire , économique et diplomatique total des Etats-Unis, la cohésion à la doctrine sioniste parmi les juifs et la rivalité entre les doctrines des arabes, le contrôle total sur le commandement palestinien influent à Ramallah, l'alliance entre l'état ennemi et le régime officiel arabe, le recours à l'agression dans le but d'imposer les agendas de l'occupation, et enfin la couverture occidentale des crimes de cette entité.
Cependant, le projet sioniste n'est point habilité à survivre et compte pour sa survie sur des facteurs non permanents.
La persévérance dans la lutte contre l'existence de cette entité doit demeurer le titre de tous les projets, dans l'intérêt de la cause palestinienne.
De fait, la mise en place de commissions de travail pour la période qui suivra la libération de la Palestine n'est plus un acte utopique. C'est désormais du pur rationalisme politique. Consolidé par les roquettes.

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site

 

 

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