Voici comment la Turquie a vendu le pétrole du Kurdistan à «Israël»!
Le journal turc « Hurriyet » a révélé dans un éditorial écrit par son ancien rédacteur en chef, Ertugrul Özkök, l’histoire complète de la vente, par la Turquie, du pétrole du Kurdistan irakien à «Israël».
L’histoire débute dans le port turc «Ceyhan», le 22 mai dernier.
Dans la nuit de ce jour vers 10h53, le pétrolier «SCF-United Leadership», portant le drapeau des iles Marshals, se préparait à prendre le large. La destination, selon les données des autorités portuaires, était le port italien de la Sicile. Dans le même moment, un diplomate se rendait dans le bâtiment du ministre italien des Affaires étrangères à Rome. C’était l’ambassadeur irakien en Italie. Il a remis un message clair au ministère italien: «le pétrole en provenance du port Ceyhan, est une propriété de l’Etat irakien…si vous l’importiez, vous commettriez une infraction internationale».
Avant son arrivée aux côtes de l’Adriatique, le pétrolier a changé sa destination. Il transportait du pétrole brut produit au Kurdistan irakien, sans la permission du gouvernement central. Le pétrolier n’a pas réussi à jeter l’ancre en Italie. Il a alors entamé une aventure rare en son genre dans l’histoire.
Le pétrolier a été repéré plus tard dans l’isthme de Gibraltar. Selon les données, il se dirigeait vers le golfe du Mexique.
Mais un évènement inattendu a eu lieu. Avant son arrivée à l’océan atlantique, le gouvernement mexicain a informé la partie concernée de son refus d’acheter la cargaison de pétrole, et ce suite à l’intervention du gouvernement américain.
Sur ce, le pétrolier est revenu dans la Méditerranée. Il a décidé de se rendre au Maroc, notamment au port Mohammedia. A son approche de ce port, le Maroc l’a informé, dans les dernières minutes, de son refus d’acheter le pétrole. Le navire s’est arrêté au large des eaux territoriales, à 30 Miles des côtes marocaines.
Nul ne voulait s’approprier le pétrole de la région du Kurdistan. Sur ce, le projet turco-kurde a été avorté.
Mais à ce moment, un développement imprévu s’est produit. C’était le 11 juin. Le pétrolier sillonnait la mer depuis 20 jours. Dans ce jour, les combattants de l’«EIIL» ont envahi Mossoul. La donne a changé. L’Irak est divisé. Les risques de la hausse des prix du pétrole augmentaient.
Dans le contexte de cet évènement, le ministre israélien de l’Energie a annoncé sa disposition à acheter ce pétrole mais à une seule condition: que son prix soit réduit à la moitié des prix internationaux. Le pétrolier décide de se rendre en «Israël».
Mais qui a pris la décision de vendre le pétrole en question à «Israël»? Est-ce Ankara ou Erbil? La réponse est peu importante, puisque ce pétrole est sorti d’un port turc.
Selon l’accord, la marchandise devait arriver au port d’«Ashkelon», le 20 juin et d’y décharger sa cargaison d’un million de barils de pétrole brut.
Mais un détail intéressant a attiré l’attention. A son arrivée au port israélien, le pétrolier portait un nom différend. SCF-ALTAI. Il battait pavillon libérien.
Que s’est-il passé entre le 11 et le 20 juin?
Le 11 juin, une opération mystérieuse s’est produite au large des côtes de Malte. Le pétrolier qui portait le premier nom, se rapprochait des côtes de l’ile. Un peu plus tard, un autre navire l’a rejoint. Le premier a déchargé la cargaison du pétrole dans le second qui s’est dirigé vers les ports israéliens.
Une question se pose: pourquoi le pétrole a-t-il été transféré dans les cuves d’un autre navire?
En fait, la Turquie s’était mis d’accord avec «Israël» sur l’envoi de ce pétrole, mais un problème psychologique a entravé l’accord. Depuis des années, la Turquie adopte un discours tendu contre «Israël». Comment ce pays, dont le Premier ministre Erdogan, s’était opposé à «Israël» à Davos, pourrait-il justifier ce commerce soupçonneux?
A ce stade, il fallait recourir à «la ruse orientale»: La Turquie ne vend pas le pétrole à «Israël». Le pétrolier qui est sorti du port de Ceyhan, était autre que celui accosté en «Israël». La compagnie ayant vendu le pétrole à «Israël», est autre que celle qui a transporté le pétrole du port turc.
Un autre secret planait sur cette affaire.
L’agence Reuters a indiqué le 9 juin qu’un autre pétrolier est entré dans le port de Ceyhan. Il a été rempli de pétrole et puis a pris le large. Ce navire portait le nom d’United Emblem. Il était chargé d’un million de barils de pétrole brut. Mais sa destination était encore inconnue. Et si le premier sillonnait la Méditerranée en vain, pourquoi un autre tanker suivrait cet exemple?
Deux réponses sont possibles à cette question:
En premier lieu, le nord de l’Irak pompe quotidiennement quelques 100,000 barils de pétrole vers le port de Ceyhan. Les réservoirs du port se seraient remplis de deux millions 800,000 barils. Cette quantité devait être déchargée, les réservoirs étant remplis. Ou bien la Turquie était au courant, au préalable, de l’offensive de l’«EIIL» en Irak et aurait décidé de vendre le pétrole du Kurdistan.
La seconde possibilité est toutefois improbable puisqu’elle nécessite une demande de compte aux responsables, pour ne pas avoir évacué le consulat turc à Mossoul avant l’offensive de l’«EIIL».
Le 23 juin, le ministre turc de l’Energie a été interrogé: «avez-vous vendu le pétrole à Israël? Il a répondu: «une somme de 93 millions de dollars est entrée dans le Trésor (banque du peuple)…ce n’est pas le problème de la Turquie».
Aujourd’hui, la question qui devait être adressée au ministre turc est la suivante: «nous sommes le 22 juillet 2014. Il y a un mois, le pétrolier a été amarré en Israël. Le pétrole utilisé par l’armée israélienne dans son offensive contre Gaza, est-il celui du nord de l’Irak, déchargé dans le port d’Ashkelon, le 20 juin dernier?»
Le pétrolier est entré dans le port israélien le 20 juin. «Israël» a ajouté à ses stocks de pétrole, quelque un million de barils en provenance de la Turquie, trois semaines avant l’offensive de Gaza. Ce pétrole a été vendu à des prix très bas.
La journaliste Ertugrul Özkök a conclu son article en disant: «Maintenant, dites-moi: qui peut encore prétendre que la relation entre la Turquie et Israël est mauvaise?»
Article paru dans le quotidien libanais As-Safir, traduit par l'équipe du site
L’histoire débute dans le port turc «Ceyhan», le 22 mai dernier.
Dans la nuit de ce jour vers 10h53, le pétrolier «SCF-United Leadership», portant le drapeau des iles Marshals, se préparait à prendre le large. La destination, selon les données des autorités portuaires, était le port italien de la Sicile. Dans le même moment, un diplomate se rendait dans le bâtiment du ministre italien des Affaires étrangères à Rome. C’était l’ambassadeur irakien en Italie. Il a remis un message clair au ministère italien: «le pétrole en provenance du port Ceyhan, est une propriété de l’Etat irakien…si vous l’importiez, vous commettriez une infraction internationale».
Avant son arrivée aux côtes de l’Adriatique, le pétrolier a changé sa destination. Il transportait du pétrole brut produit au Kurdistan irakien, sans la permission du gouvernement central. Le pétrolier n’a pas réussi à jeter l’ancre en Italie. Il a alors entamé une aventure rare en son genre dans l’histoire.
Le pétrolier a été repéré plus tard dans l’isthme de Gibraltar. Selon les données, il se dirigeait vers le golfe du Mexique.
Mais un évènement inattendu a eu lieu. Avant son arrivée à l’océan atlantique, le gouvernement mexicain a informé la partie concernée de son refus d’acheter la cargaison de pétrole, et ce suite à l’intervention du gouvernement américain.
Sur ce, le pétrolier est revenu dans la Méditerranée. Il a décidé de se rendre au Maroc, notamment au port Mohammedia. A son approche de ce port, le Maroc l’a informé, dans les dernières minutes, de son refus d’acheter le pétrole. Le navire s’est arrêté au large des eaux territoriales, à 30 Miles des côtes marocaines.
Nul ne voulait s’approprier le pétrole de la région du Kurdistan. Sur ce, le projet turco-kurde a été avorté.
Mais à ce moment, un développement imprévu s’est produit. C’était le 11 juin. Le pétrolier sillonnait la mer depuis 20 jours. Dans ce jour, les combattants de l’«EIIL» ont envahi Mossoul. La donne a changé. L’Irak est divisé. Les risques de la hausse des prix du pétrole augmentaient.
Dans le contexte de cet évènement, le ministre israélien de l’Energie a annoncé sa disposition à acheter ce pétrole mais à une seule condition: que son prix soit réduit à la moitié des prix internationaux. Le pétrolier décide de se rendre en «Israël».
Mais qui a pris la décision de vendre le pétrole en question à «Israël»? Est-ce Ankara ou Erbil? La réponse est peu importante, puisque ce pétrole est sorti d’un port turc.
Selon l’accord, la marchandise devait arriver au port d’«Ashkelon», le 20 juin et d’y décharger sa cargaison d’un million de barils de pétrole brut.
Mais un détail intéressant a attiré l’attention. A son arrivée au port israélien, le pétrolier portait un nom différend. SCF-ALTAI. Il battait pavillon libérien.
Que s’est-il passé entre le 11 et le 20 juin?
Le 11 juin, une opération mystérieuse s’est produite au large des côtes de Malte. Le pétrolier qui portait le premier nom, se rapprochait des côtes de l’ile. Un peu plus tard, un autre navire l’a rejoint. Le premier a déchargé la cargaison du pétrole dans le second qui s’est dirigé vers les ports israéliens.
Une question se pose: pourquoi le pétrole a-t-il été transféré dans les cuves d’un autre navire?
En fait, la Turquie s’était mis d’accord avec «Israël» sur l’envoi de ce pétrole, mais un problème psychologique a entravé l’accord. Depuis des années, la Turquie adopte un discours tendu contre «Israël». Comment ce pays, dont le Premier ministre Erdogan, s’était opposé à «Israël» à Davos, pourrait-il justifier ce commerce soupçonneux?
A ce stade, il fallait recourir à «la ruse orientale»: La Turquie ne vend pas le pétrole à «Israël». Le pétrolier qui est sorti du port de Ceyhan, était autre que celui accosté en «Israël». La compagnie ayant vendu le pétrole à «Israël», est autre que celle qui a transporté le pétrole du port turc.
Un autre secret planait sur cette affaire.
L’agence Reuters a indiqué le 9 juin qu’un autre pétrolier est entré dans le port de Ceyhan. Il a été rempli de pétrole et puis a pris le large. Ce navire portait le nom d’United Emblem. Il était chargé d’un million de barils de pétrole brut. Mais sa destination était encore inconnue. Et si le premier sillonnait la Méditerranée en vain, pourquoi un autre tanker suivrait cet exemple?
Deux réponses sont possibles à cette question:
En premier lieu, le nord de l’Irak pompe quotidiennement quelques 100,000 barils de pétrole vers le port de Ceyhan. Les réservoirs du port se seraient remplis de deux millions 800,000 barils. Cette quantité devait être déchargée, les réservoirs étant remplis. Ou bien la Turquie était au courant, au préalable, de l’offensive de l’«EIIL» en Irak et aurait décidé de vendre le pétrole du Kurdistan.
La seconde possibilité est toutefois improbable puisqu’elle nécessite une demande de compte aux responsables, pour ne pas avoir évacué le consulat turc à Mossoul avant l’offensive de l’«EIIL».
Le 23 juin, le ministre turc de l’Energie a été interrogé: «avez-vous vendu le pétrole à Israël? Il a répondu: «une somme de 93 millions de dollars est entrée dans le Trésor (banque du peuple)…ce n’est pas le problème de la Turquie».
Aujourd’hui, la question qui devait être adressée au ministre turc est la suivante: «nous sommes le 22 juillet 2014. Il y a un mois, le pétrolier a été amarré en Israël. Le pétrole utilisé par l’armée israélienne dans son offensive contre Gaza, est-il celui du nord de l’Irak, déchargé dans le port d’Ashkelon, le 20 juin dernier?»
Le pétrolier est entré dans le port israélien le 20 juin. «Israël» a ajouté à ses stocks de pétrole, quelque un million de barils en provenance de la Turquie, trois semaines avant l’offensive de Gaza. Ce pétrole a été vendu à des prix très bas.
La journaliste Ertugrul Özkök a conclu son article en disant: «Maintenant, dites-moi: qui peut encore prétendre que la relation entre la Turquie et Israël est mauvaise?»
Article paru dans le quotidien libanais As-Safir, traduit par l'équipe du site