Obama adopte la théorie d’Assad… l’aidera-t-il?
Enfin. Le président Barack Obama a prononcé la formule magique, tant attendue par son adversaire, Bachar Assad. «Aucune opposition modérée n'est capable de remporter la victoire en Syrie». Si le président syrien avait voulu parler de l'opposition, il n'aurait dit mieux.
Le maître de la Maison Blanche a couronné les prises de positions sapant les rêves de ceux qui désirent renverser Assad par la force, l'argent et les médias. Les chefs militaires américains l'avaient précédé. Ces derniers, tout comme l'ex-secrétaire d'Etat, Hilary Clinton, avaient déclaré qu'Al-Qaïda a infiltré l'opposition. Ils ont été les premiers à souligner la nécessité de préserver les institutions étatiques syriennes, notamment l'armée. Eux-mêmes avaient proposé, puis exercer des pressions sur les pays de la région, pour inscrire l'EIIL et Al-Nosra, sur les listes du terrorisme.
De ce fait, Obama et ses responsables politiques et militaires auraient adopté le point de vue d'Assad. Le président syrien pourrait donc dire, dans son discours d'investiture prévu le 17 juillet, que l'occident, les Etats-Unis en premier lieu, ont adopté son point de vue à l'égard de la crise et de la guerre en Syrie.
Depuis ses premiers discours, il démentait la présence d'une opposition modérée. Le terrorisme et ceux qui le soutiennent sont le problème, affirmait-t-il.
Les propos d'Obama ne sont guère passagers. Ils résultent d'un examen minutieux de la réalité de la guerre en Syrie et en Irak.
Rappelons. Le sénateur de Virginie, Richard Plad, avait adressé fin mai un message de remerciement à Assad pour «la bravoure de l'armée syrienne dans la lutte contre les criminels». Selon des informations propres au quotidien Al-Akhbar, cette déclaration n'était pas fortuite. Elle a été précédée de tractations auxquelles ont participé des Syriens et des Américains. Un accord a permis la publication de ces déclarations. C'était le premier indice public sur un certain changement dans l'attitude des Etats-Unis. Plus tard, les signes se sont multipliés dans les journaux, mais aussi ont été lancés par l'ex-responsable du Conseil des relations étrangères ; Il a demandé la coopération avec Assad.
Un homme sensé, pourrait-il penser que la visite de la conseillère du président syrien, Boutheina Chaaban à Oslo, est une simple visite passagère ? De tels signes, surtout dans les journaux proches des décideurs comme le Washington Post, ont des objectifs. Ils pavent la voie à la modification de la politique étrangère. Des fuites de ce genre aident le président à entamer le changement de sa méthode.
Bref, on ne peut concevoir la déclaration faite par Obama comme négligeable. Tout comme on ne pouvait pas prendre à la légère l'appel lancé par John Kerry, au cœur de Beyrouth, au Hezbollah et à l'Iran, pour contribuer à la solution en Syrie.
Sommes-nous donc devant un changement sérieux ?
Observons l'état des choses actuel :
- Les Etats-Unis ont décidé de s'enrôler de nouveau dans la lutte contre le terrorisme en Irak. Comment coopèreront-ils avec l'Irak pour le protéger ainsi que la Jordanie et le Liban, sans coopérer avec l'une des plus importantes sources du terrorisme à l'heure actuelle, à savoir la Syrie ? Et s'ils décident de coopérer avec la Syrie, avec qui le feront-ils, suite à l'effondrement du concept de l'opposition armée modérée ? y-a-t-il autre que l'armée ?
-Les Nations Unies ont reconnu la remise, par la Syrie, de tout son stock d'armes chimiques. Cette question revêt une importance stratégique. Elle a prouvé un fait. La coopération avec Damas est meilleure que la confrontation. Certains appellent à suivre l'exemple de l'accord autour des armes chimiques pour rebâtir une nouvelle relation. Ceux-là disent : une des causes de l'antagonisme était la présence du mouvement Hamas et de ses combattants à Damas. Maintenant, le mouvement est adversaire de la Syrie. La coopération régionale et internationale avec Damas a aussi produit l'acheminement des aides et d'importantes réconciliations.
-Le front du Golan a été secoué dernièrement. Celui qui suit les évènements de près comprend que ce front a été récemment la scène de plusieurs évènements. Des surprises y sont possibles. Seuls, Israël, l'armée syrienne et ses alliés en connaissent les secrets. Comment les frontières seront-elles contrôlées sans discussions directes avec l'armée syrienne ?
-Au Liban, l'élection d'un président de la République est quasi impossible sans la participation de la Syrie. Celui qui a suivi les tractations des derniers mois comprend que les Américains et les Français se sont entretenus avec l'Iran pour s'enquérir de l'avis de Damas. La réponse fut : « Allez à Damas. Nous voulons finaliser le dossier nucléaire. Nous limitons nos négociations avec vous dans ce contexte ».D'ailleurs, la formation du gouvernement libanais et la mise en oeuvre du plan de sécurité a montré que l'Iran s'était concerté avec Damas pour paver la voie à ces faits, puis s'était entendu avec les Américains qui ont, à leur tour, exercer des pressions sur l'Arabie Saoudite. Une partie du prix payé pour l'Iran fut le déblocage de fonds iraniens à l'occident.
-Remarquons aussi : les Russes et les Saoudiens ont désormais entamé la phase des ententes. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont échangé deux visites dans une semaine. La Syrie ainsi que l'Irak sont à la tête de la liste des questions à discuter. La Russie veut changer l'attitude saoudienne à l'égard de la Syrie. Les autorités russes ont tenu à informer Damas du résultat des entretiens avec l'Arabie.
Cette ouverture a été accompagnée d'une campagne médiatique occidentale contre l'Arabie. Celui qui a lu, hier, le «Times» britannique, a été surpris par un appel clair à la levée de la couverture dont jouit Riyad, étant donné sa responsabilité dans le financement du terrorisme en Irak et dans l'atteinte aux intérêts britanniques et occidentaux. Il n'est point dans l'intérêt du Royaume d'être exposée à de telles accusations. Il faut changer le climat surtout si un consensus politique a lieu autour du prochain gouvernement irakien. Ce serait un des prix du changement de la position en Syrie.
- Observons aussi que des fils d'entente entre les Etats-Unis, la Russie, l'Iran, l'Arabie et la Syrie sont désormais nécessaires pour freiner l'extension du terrorisme. La marge qui permettait dans le passé à certains pays de soutenir des organisations jihadistes sous l'alibi d'exercer des pressions sur les deux régimes, irakien et syrien, est désormais très réduite. Les pays de la région doivent choisir : sont-ils dans le train de la lutte antiterroriste ou attendront-ils le courroux des pays qui veulent cette lutte ? Poursuivre l'appui du terrorisme équivaut au suicide, quel que soit le degré de la force des terroristes.
A l'heure actuelle, l'équation est transparente. Plus que jamais. Puisqu'Obama a annoncé l'inexistence d'une opposition modérée capable de trancher. Et vu que son pays, tout comme l'occident et les pays occidentaux considèrent dorénavant Daech, Al-Nosra et Al-Qaïda comme organisations terroristes qui doivent être combattus jusqu'au bout, il faut alors coopérer avec les armées locales. Cette coopération est inévitable car l'administration américaine ne veut point glisser dans une guerre terrestre directe en Irak.
Certains jugent ce fait comme une lame à double tranchant. Selon eux, Obama pourrait recourir à attaquer le régime syrien, non à l'aider, puisque ce régime est, selon lui, la cause du terrorisme. Cette éventualité était possible si un substitut fort avait été trouvé. C'était possible avant l'entente américano-iranienne. Maintenant, les substituts sont inexistants. Il est impossible de frapper le terrorisme en Irak et de s'entendre avec l'Iran, sans ouverture à la Syrie. Les moyens de la mise en scène du repositionnement sont alors requis. C'est notamment dans ce contexte que l'on comprend les propos d'Obama. Assad attend. On frappera prochainement à sa porte, après avoir échoué à la foncer. Peut-être ont-ils commencé vraiment à frapper à la porte.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Le maître de la Maison Blanche a couronné les prises de positions sapant les rêves de ceux qui désirent renverser Assad par la force, l'argent et les médias. Les chefs militaires américains l'avaient précédé. Ces derniers, tout comme l'ex-secrétaire d'Etat, Hilary Clinton, avaient déclaré qu'Al-Qaïda a infiltré l'opposition. Ils ont été les premiers à souligner la nécessité de préserver les institutions étatiques syriennes, notamment l'armée. Eux-mêmes avaient proposé, puis exercer des pressions sur les pays de la région, pour inscrire l'EIIL et Al-Nosra, sur les listes du terrorisme.
De ce fait, Obama et ses responsables politiques et militaires auraient adopté le point de vue d'Assad. Le président syrien pourrait donc dire, dans son discours d'investiture prévu le 17 juillet, que l'occident, les Etats-Unis en premier lieu, ont adopté son point de vue à l'égard de la crise et de la guerre en Syrie.
Depuis ses premiers discours, il démentait la présence d'une opposition modérée. Le terrorisme et ceux qui le soutiennent sont le problème, affirmait-t-il.
Les propos d'Obama ne sont guère passagers. Ils résultent d'un examen minutieux de la réalité de la guerre en Syrie et en Irak.
Rappelons. Le sénateur de Virginie, Richard Plad, avait adressé fin mai un message de remerciement à Assad pour «la bravoure de l'armée syrienne dans la lutte contre les criminels». Selon des informations propres au quotidien Al-Akhbar, cette déclaration n'était pas fortuite. Elle a été précédée de tractations auxquelles ont participé des Syriens et des Américains. Un accord a permis la publication de ces déclarations. C'était le premier indice public sur un certain changement dans l'attitude des Etats-Unis. Plus tard, les signes se sont multipliés dans les journaux, mais aussi ont été lancés par l'ex-responsable du Conseil des relations étrangères ; Il a demandé la coopération avec Assad.
Un homme sensé, pourrait-il penser que la visite de la conseillère du président syrien, Boutheina Chaaban à Oslo, est une simple visite passagère ? De tels signes, surtout dans les journaux proches des décideurs comme le Washington Post, ont des objectifs. Ils pavent la voie à la modification de la politique étrangère. Des fuites de ce genre aident le président à entamer le changement de sa méthode.
Bref, on ne peut concevoir la déclaration faite par Obama comme négligeable. Tout comme on ne pouvait pas prendre à la légère l'appel lancé par John Kerry, au cœur de Beyrouth, au Hezbollah et à l'Iran, pour contribuer à la solution en Syrie.
Sommes-nous donc devant un changement sérieux ?
Observons l'état des choses actuel :
- Les Etats-Unis ont décidé de s'enrôler de nouveau dans la lutte contre le terrorisme en Irak. Comment coopèreront-ils avec l'Irak pour le protéger ainsi que la Jordanie et le Liban, sans coopérer avec l'une des plus importantes sources du terrorisme à l'heure actuelle, à savoir la Syrie ? Et s'ils décident de coopérer avec la Syrie, avec qui le feront-ils, suite à l'effondrement du concept de l'opposition armée modérée ? y-a-t-il autre que l'armée ?
-Les Nations Unies ont reconnu la remise, par la Syrie, de tout son stock d'armes chimiques. Cette question revêt une importance stratégique. Elle a prouvé un fait. La coopération avec Damas est meilleure que la confrontation. Certains appellent à suivre l'exemple de l'accord autour des armes chimiques pour rebâtir une nouvelle relation. Ceux-là disent : une des causes de l'antagonisme était la présence du mouvement Hamas et de ses combattants à Damas. Maintenant, le mouvement est adversaire de la Syrie. La coopération régionale et internationale avec Damas a aussi produit l'acheminement des aides et d'importantes réconciliations.
-Le front du Golan a été secoué dernièrement. Celui qui suit les évènements de près comprend que ce front a été récemment la scène de plusieurs évènements. Des surprises y sont possibles. Seuls, Israël, l'armée syrienne et ses alliés en connaissent les secrets. Comment les frontières seront-elles contrôlées sans discussions directes avec l'armée syrienne ?
-Au Liban, l'élection d'un président de la République est quasi impossible sans la participation de la Syrie. Celui qui a suivi les tractations des derniers mois comprend que les Américains et les Français se sont entretenus avec l'Iran pour s'enquérir de l'avis de Damas. La réponse fut : « Allez à Damas. Nous voulons finaliser le dossier nucléaire. Nous limitons nos négociations avec vous dans ce contexte ».D'ailleurs, la formation du gouvernement libanais et la mise en oeuvre du plan de sécurité a montré que l'Iran s'était concerté avec Damas pour paver la voie à ces faits, puis s'était entendu avec les Américains qui ont, à leur tour, exercer des pressions sur l'Arabie Saoudite. Une partie du prix payé pour l'Iran fut le déblocage de fonds iraniens à l'occident.
-Remarquons aussi : les Russes et les Saoudiens ont désormais entamé la phase des ententes. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont échangé deux visites dans une semaine. La Syrie ainsi que l'Irak sont à la tête de la liste des questions à discuter. La Russie veut changer l'attitude saoudienne à l'égard de la Syrie. Les autorités russes ont tenu à informer Damas du résultat des entretiens avec l'Arabie.
Cette ouverture a été accompagnée d'une campagne médiatique occidentale contre l'Arabie. Celui qui a lu, hier, le «Times» britannique, a été surpris par un appel clair à la levée de la couverture dont jouit Riyad, étant donné sa responsabilité dans le financement du terrorisme en Irak et dans l'atteinte aux intérêts britanniques et occidentaux. Il n'est point dans l'intérêt du Royaume d'être exposée à de telles accusations. Il faut changer le climat surtout si un consensus politique a lieu autour du prochain gouvernement irakien. Ce serait un des prix du changement de la position en Syrie.
- Observons aussi que des fils d'entente entre les Etats-Unis, la Russie, l'Iran, l'Arabie et la Syrie sont désormais nécessaires pour freiner l'extension du terrorisme. La marge qui permettait dans le passé à certains pays de soutenir des organisations jihadistes sous l'alibi d'exercer des pressions sur les deux régimes, irakien et syrien, est désormais très réduite. Les pays de la région doivent choisir : sont-ils dans le train de la lutte antiterroriste ou attendront-ils le courroux des pays qui veulent cette lutte ? Poursuivre l'appui du terrorisme équivaut au suicide, quel que soit le degré de la force des terroristes.
A l'heure actuelle, l'équation est transparente. Plus que jamais. Puisqu'Obama a annoncé l'inexistence d'une opposition modérée capable de trancher. Et vu que son pays, tout comme l'occident et les pays occidentaux considèrent dorénavant Daech, Al-Nosra et Al-Qaïda comme organisations terroristes qui doivent être combattus jusqu'au bout, il faut alors coopérer avec les armées locales. Cette coopération est inévitable car l'administration américaine ne veut point glisser dans une guerre terrestre directe en Irak.
Certains jugent ce fait comme une lame à double tranchant. Selon eux, Obama pourrait recourir à attaquer le régime syrien, non à l'aider, puisque ce régime est, selon lui, la cause du terrorisme. Cette éventualité était possible si un substitut fort avait été trouvé. C'était possible avant l'entente américano-iranienne. Maintenant, les substituts sont inexistants. Il est impossible de frapper le terrorisme en Irak et de s'entendre avec l'Iran, sans ouverture à la Syrie. Les moyens de la mise en scène du repositionnement sont alors requis. C'est notamment dans ce contexte que l'on comprend les propos d'Obama. Assad attend. On frappera prochainement à sa porte, après avoir échoué à la foncer. Peut-être ont-ils commencé vraiment à frapper à la porte.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site