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Demeurer auprès des gens

Demeurer auprès des gens
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Par Ibrahim Al-Amine*

Un pays autant divisé comme le Liban ne peut interpréter ses événements qu'à travers les propres objectifs de ses citoyens.

Ceux qui haïssent la Résistance et ses dirigeants, et qui se réjouiraient de la mort de sayyed Hassan Nasrallah, trouveront dans les dictionnaires de la haine tout ce dont ils ont besoin pour minimiser l'importance de l'événement du dimanche. Il serait vain pour les partisans de la Résistance, qui sont choqués par le martyre de sayyed Hassan, de chercher à convaincre les autres que la Résistance va bien.

La question concerne simplement les gens. Ceux qui ont défié un système mondial qui ne voulait pas que ce qui s'est passé dimanche se produise. Ce public sait bien que dans le pays, les autorités ne se soucient ni de leurs affaires, ni de leurs conditions de vie, ni de leurs aspirations en tant que citoyens, et surtout, ils ne se soucient même pas de leurs sentiments, traitant les funérailles de la personnalité la plus importante que le Liban ait connue comme une affaire partisane.

Ceux qui détiennent le pouvoir au Liban aujourd'hui savent que les émotions ne sont pas seulement un acte humain, mais un acte politique par excellence. Celui qui craint de participer aux funérailles ou qui recourt à un protocole insignifiant pour masquer sa position politique ne se souciera pas des conditions du peuple de la Résistance. Ceux qui préfèrent écouter les Américains, les Européens et leurs homologues arabes plutôt que d'écouter la voix de leur propre peuple ne seront pas utiles pour construire un pays, ou tenter de le construire.

Ces dirigeants doivent comprendre que ceux qui ignorent les gens ne font pas partie d'eux. Ils savent déjà qu'ils n'ont pas accédé à leurs postes grâce à leur relation avec ce peuple. C'est pourquoi ils ont traité l'événement d'hier en fonction de leurs engagements envers ceux qui les ont amenés au pouvoir.

En revanche, la Résistance a entendu son peuple lui dire qu'il était là, non seulement pour dire adieu à celui qui leur était cher, mais aussi pour renouveler leur engagement, en toute conscience et raison, envers cette voie. C'est ce à quoi la Résistance doit prêter attention, même si elle décide de passer à une nouvelle phase de travail politique au Liban ou à une nouvelle stratégie dans son action résistante.

À ce stade, la Résistance ne doit pas se sentir offensée ou fâchée parce que le reste de la population s'est comporté de manière ingrate envers un leader qui était plus libanais que quiconque, qui était plus national et courageux que tout autre dirigeant, et qui s'est engagé à défendre le Liban, quel qu'en soit le coût pour lui-même, sa famille ou son parti. Au contraire, la Résistance doit comprendre, d'après la leçon du dimanche, qu'il y a un public représentant une majorité libanaise claire, un public qui dépasse le nombre de ceux qui étaient dans les rues, surtout que nous savons tous l'ampleur des intimidations exercées sur des citoyens ordinaires, au Liban et à l'étranger, pour les avertir que participer aux funérailles de sayyed Nasrallah aurait des conséquences sur leurs moyens de subsistance et ceux de leurs familles.

Lorsque la Résistance se concentre sur son peuple et son public, elle doit le faire en comprenant qu'elle représente quelque chose qui dépasse son environnement confessionnel. Cela l'oblige à entrer dans sa nouvelle phase de travail partisan et politique avec un cadre de réflexion, de politiques et d'outils qui permettent un contact permanent avec les préoccupations de ces gens. Tous les combats à venir, qu'il s'agisse de continuer à libérer les terres occupées, de libérer les prisonniers détenus par l'ennemi, de poursuivre la reconstruction, ou de faire pression pour établir des mécanismes efficaces de gestion de l'État et de ses relations, doivent être au cœur de cette démarche.

L'engagement du Hezbollah dans la politique interne et sa présence au sein du pouvoir ne devraient pas l'empêcher d'agir sur la base que son peuple était sa source de force, de protection et de pérennité.

C’est un cadre dans lequel le Hezbollah peut aujourd'hui s'engager, en quittant toutes les anciennes positions, et en prenant l'initiative de renoncer à des alliances fallacieuses et à des relations opportunistes qui se sont révélées catastrophiques ces deux dernières années. Il doit se débarrasser de la poussière des compromis amers et chercher des alliés prêts à assumer des responsabilités sans contrepartie, qui soient prêts à s'engager dans un combat, en acceptant de supporter les coûts, peu importe leur ampleur.

Le Hezbollah doit être réaliste dans la compréhension des réalités du pays, mais il doit également être clair dans son approche du changement réel dont le Liban a besoin, non seulement pour protéger la Résistance et la souveraineté, mais aussi pour protéger ceux qui restent parmi les habitants du Liban, face à un ennemi qui leur prépare une série de troubles et des jours difficiles d'extorsion de leurs moyens de subsistance.

Le Liban a une caractéristique unique par rapport à tous les autres pays du monde : si vous êtes présent au cœur du gouvernement ou du parlement, cela ne vous empêche pas d'être également présent dans la rue. Il n'y a rien qui oblige un groupe à accepter les règles que les nouveaux dirigeants essaieront d'imposer au nom de la solidarité, de l'harmonie et de la cohérence. Au contraire, les forces ayant une représentation populaire doivent agir en permanence en sachant qu'elles disposent de leur arme la plus puissante, qui est le peuple, capable de jouer un rôle majeur pour renforcer la position de ceux qui les représentent dans la gestion du pays.

Dimanche, le peuple de la Résistance a accompagné les personnes les plus nobles et a pleuré la grande perte. Mais les gens ont scandé des slogans représentant l'essence de la cause nationale que la Résistance incarne en tant que choix. Ils ont dit qu'ils ne se lasseront pas de la Résistance et qu'ils ne cesseront pas de jouer leur rôle direct dans la protection de ce pays. Il est utile que les autres sachent que le public de la Résistance attend de sa direction qu'elle prenne des initiatives et des mesures qui ne ressemblent en rien à ce que la direction de Hezbollah a décidé actuellement.

Il est également bon que les adversaires de la Résistance, au Liban et à l'étranger, sachent que le commandement de la Résistance n'a pas besoin d'un grand effort pour mobiliser son peuple s’il décide de prendre une mesure quelconque, dans le cadre d'une récupération de la souveraineté totale sur le territoire.

Les adversaires internes de la Résistance refusent de reconnaître les réalités solides confirmées par l'événement des funérailles. C’est précisément ce que l'ennemi admet. «Israël» comprend mieux que quiconque ce que signifie qu'une force ayant subi une guerre sévère puisse organiser un rassemblement de cette ampleur et gérer un processus politique que même des États ne peuvent pas réaliser. L'ennemi sait qu'il est confronté à une force qu'il a supposée vaincue et anéantie, mais il observe de près comment cette force travaille sans relâche pour préserver la dignité de son peuple.

L'ennemi sait également que la Résistance est capable, dans un délai relativement court, de reconstruire les villages frontaliers et de faciliter le retour des gens dans leurs villages, maisons et champs, que l'État libanais décide de jouer son rôle ou refuse en prétextant des excuses ou en imposant des conditions qui ressemblent aux demandes de l'ennemi.

Les gens sont à l'origine de l'histoire, et nous n'avons d'autre choix que de rester près d'eux, de leur expliquer ce qui s'est passé, de discuter avec eux des étapes à venir, et de leur faire sentir que le slogan «Nous sommes fidèles à notre engagement» est un programme de travail qui sera en vigueur, peu importe les nouveaux outils de pensée et d'action nécessaires. En dehors de cela, il n'y a pas grand-chose à espérer vis-à-vis des autres, ceux qui étaient perplexes et hésitants hier, avant de se demander à nouveau ce que feront «Israël» et les États-Unis pour eux. C'est une réalité dure, mais les partisans de la Résistance vivent dans un pays où il y a ceux qui souhaitent leur malheur, ni plus ni moins!

Article publié lundi 24 février dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par Al-Ahed

 

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