noscript

Please Wait...

Le grand projet de Geagea

Le grand projet de Geagea
folder_openExclusivités access_time depuis 12 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Soraya Hélou

Avec un peu plus d’un an d’avance, l’ombre des élections législatives hante toutes les parties politiques et en particulier le Courant du futur qui tient absolument à éviter tout changement dans la loi électorale actuelle qui lui permet de conserver son emprise sur la communauté sunnite et sur des régions entières, confisquant ainsi le choix d’autres communautés. Après les assises chrétiennes de Bkerké, où il est clairement apparu que le patriarche maronite Mgr Béchara Raï est favorable à une loi électorale plus représentative, notamment des communautés minoritaires dans les régions dominées par une grande communauté, le Courant du Futur a commencé à paniquer.

Son chef, Saad Hariri, qui partage son temps entre l’Arabie saoudite et la France, a ainsi demandé à rencontrerLe grand projet de Geagea le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Ce dernier s’est donc rendu à Riyad ou, entre des entretiens discrets avec des responsables saoudiens, il a pu voir longuement cheikh Saad. La discussion a tourné sur les prochaines législatives et Cheikh Saad a clairement demandé à Geagea de s’opposer au projet du patriarche et à celui du ministre de l’Intérieur, gagnant ainsi du temps au maximum pour empêcher l’adoption d’une loi électorale.

Le calcul de cheikh Saad est simple: tout changement de loi – et en particulier le système proportionnel-entraînerait la fin de son quasi monopole des sièges sunnites et l’accession au Parlement des groupes et personnalités sunnites membres de la majorité actuelle. Si les dernières élections ont montré que ces groupes et personnalités représentent entre 25 et 30% des voix sunnites, ils peuvent donc espérer obtenir des sièges à Beyrouth, à Tripoli, à Saïda et même au Akkar. Ce qui signifierait un quasi-naufrage pour le Courant du Futur qui tire sa grande force de sa représentativité presque totale des sunnites au Parlement. Geagea, qui est en fait le principal allié chrétien du Courant du Futur a bien compris l’importance de l’enjeu et, selon les informations parvenues au site, il aurait franchement réclamé en contrepartie de ses manœuvres pour maintenir la loi actuelle, d’être traité par le Courant du futur « comme le Hezbollah traite le général Aoun ».

Autrement dit, Geagea exige d’avoir un bloc parlementaire d’au moins dix députés, qui regrouperait les députés chrétiens de Beyrouth, de Zahlé, du Chouf, de Aley entre autres. Exit donc « les chrétiens indépendants » du 14 mars, Geagea veut remplacer Nayla Tuéni, Serge Torsarkissian, Atef Majdalani et d’autres, n’acceptant de garder que Nadim Gemayel et Michel Pharaon, en raison de leurs moyens propres et du symbolisme de leur élection. Mais il compte sur son allié pour faire de lui le véritable chef des chrétiens du 14 Mars… en prélude à sa candidature à la présidence de la République en 2014. Dans son argumentation, Geagea a expliqué que si on veut qu’il s’oppose à Aoun et surtout à Bkerké de façon efficace, il faut lui en donner les moyens et c’est seulement avec un bloc parlementaire consistant qu’il peut le faire.

En somme, Geagea a un projet à longue haleine et il sait très bien comment utiliser ses alliés pour servir ses ambitions. On comprend un peu mieux sa soudaine campagne contre le patriarche maronite sous couvert de lui reprocher son prétendu appui au régime d’Assad. Une campagne en cache ainsi une autre et le report soudain de la réunion des assises chrétiennes à Bkerké, chargées de préparer un projet de loi électorale devient un élément dans un plan global pour bloquer tout changement dans la loi. Chez le chef des Forces libanaises, rien n’est gratuit et si ce qui est à lui doit le rester, il cherche à grignoter la part des autres. Cela ne ressemble-t-il pas à un comportement de milice?

Comments

//