Le Liban de l’élite occidentalisée ni souverain, ni indépendant
Par Samer Zoughaib
Dans ses différentes interventions publiques ces dernières années, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ignorait les attaques lancées contre la Résistance et ses partisans par certaines forces ou personnalités politiques libanaises, remettant en question leur patriotisme, leur appartenance nationale et leur allégeance à la patrie.
Lors de son dernier discours à l’occasion du quarantième de l’Imam Hussein, le 17 septembre, le chef du Hezbollah, contrairement à son habitude, a sévèrement répondu à ces critiques : «A ceux qui disent qu’ils ne nous ressemblent pas et que ‘votre Liban est différent du nôtre’, nous répondons que nous remercions Dieu que nous ne vous ressemblons pas ! Je dis à ceux qui ont commis le massacre de Sabra et Chatila que c’est là une partie de votre Liban et de ce que vos mains ont perpétré. C’est votre vraie image. A chaque occasion, ils évoquent la culture de la vie et celle de la mort. Ceux qui ont fait Sabra et Chatila (représentent) la culture de la mort. Ceux qui ont libéré la bande frontalière (de l’occupation israélienne) sans tuer une poule et sans se venger de personne (incarnent) la culture de la vie».
Ces propos ne sont pas le résultat d’une colère incontrôlée ou d’une attitude impulsive. Il s’agit d’une mise au point bien réfléchie adressée en même temps aux auteurs de ce discours rabaissant qu’aux partisans de la Résistance, lassés par ces paroles dégradantes laissées trop longtemps sans réponse.
La Résistance admet les différences et prône le dialogue
Ceux qui menacent de «divorce» le Hezbollah et les centaines de milliers de Libanais qui s’identifient à son combat sont le contraire de ce qu’ils prétendent être. Ils ne sont ni tolérants, ni démocrates, ni compréhensifs. La Résistance, elle, peut se targuer d’être tout ça et davantage encore : elle admet l’autre avec ses différences ; elle prône le dialogue et plaide pour des gouvernements inclusifs d’entente nationale, où toutes les forces seraient représentées ; elle accepte d’être sous-représentée au Parlement (son poids populaire lui permet d’avoir davantage de sièges qu’elle n’en brigue à chaque échéance) et au pouvoir exécutif ; elle ne lorgne pas des postes au sein de l’administration et de la justice ; elle appelle au calme et à la retenue à chaque fois que ses partisans sont tués ou agressés (incidents de Khaldé et de Tayyouné).
La Résistance fait preuve d’un grand sens de la responsabilité en faisant primer l’intérêt supérieur du pays sur ses considérations immédiates, refuse l’approche sectaire et partisane au profit d’une attitude nationale, et garde les yeux rivés sur la cause principale, celle de la défense du Liban contre les ambitions dévorantes de l’ennemi «israélien».
Rien ne fait dévier la Résistance de son objectif. C’est pour cette raison qu’elle évite les polémiques stériles avec les partis libanais qui déploient leurs ressources et leurs énergies pour la rabaisser et ternir son image, quitte à s’engager pleinement pour servir des agendas étrangers, sans doute contre une aide matérielle et financière extérieure.
Le «divorce» signifie partition ou mise du Liban sous tutelle
Ces forces sont donc le contraire de ce qu’elles prétendent être. Elles sont ségrégationnistes, discriminatoires, appellent ouvertement à l’exclusion d’une importante frange de la population du processus de construction nationale. Et si elles ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs, elles plaident pour le «divorce» au prétexte qu’elles ne peuvent «plus vivre dans cette ambiance». «Divorce» est un terme élastique qui peut signifier fédéralisme, partition, ou mise du Liban sous tutelle étrangère.
Ces partis et ces personnalités transcendent les communautés. Chrétiens ou musulmans, ils constituent une élite occidentalisée qui pense que le Liban doit naturellement s’aligner sur les politiques occidentales, même si celles-ci placent en priorité (et ce n’est un secret pour personne), l’intérêt d’«Israël».
Cette élite rejette tout ce qui ne vient pas de l’Occident : le fuel gratuit iranien, la livraison à des prix symboliques de munitions et de dix Mig russes en 2007, des offres chinoises, iraniennes et russes de construire des centrales électriques etc…
Elle ne réagit pas au blocus financier non-déclaré imposé par les Etats-Unis et ses alliés, ne bronche pas face aux promesses américaines non tenues de fournir au Liban du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne, et, bien entendu, reste silencieuse devant les dizaines de violations aériennes, navales et terrestres de l’intégrité territoriale du pays par «Israël».
Les représentants de cette élite avalent leur langue devant les ingérences honteuses des ambassadeurs des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite dans les affaires internes libanaises et s’indignent comme une vierge effarouchée devant un mot ou une phrase d’un responsable iranien ou syrien.
Cette élite couvre par son silence complice le crime perpétré contre le Liban par l’Occident qui a encouragé l’afflux de plus d’un million de déplacés syriens et empêche leur retour sous divers prétexte.
La force du Liban réside dans sa Résistance
Ces personnalités et ces partis s’affublent de titres comme «souverainistes» ou «indépendantistes» mais sont, paradoxalement, des partisans du slogan «la force du Liban réside dans sa faiblesse». Une formule qui n’a pas été capable de protéger le Liban des agressions et des invasions «israéliennes» ces dernières décennies, alors que la Résistance a libéré la terre et le peuple.
Ils menacent de recourir à la violence contre des parties libanaises (comme à Tayyouné) et veulent priver le pays de son principal atout face à «Israël», la Résistance, dont ils exigent le désarmement.
Même si ces personnalités et ces partis disposent d’une capacité de nuisance ils sont incapables de modifier les rapports de force et les équations imposées à l’ennemi par le sang des martyrs. Il est bon, malgré tout, de leur rappeler, de temps à autre, que le Liban réellement libre, souverain et indépendant, est à l’opposé de celui qu’ils prétendent prôner, et de leur indiquer le chemin à suivre pour y arriver.