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Le Hezbollah…quarante dimensions de singularité: contextes locaux et régionaux (1/3)

Le Hezbollah…quarante dimensions de singularité: contextes locaux et régionaux (1/3)
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Le Hezbollah…quarante dimensions de singularité: contextes locaux et régionaux

Le Hezbollah, un cas réussi dans l’histoire des mouvements de libération nationale notamment au niveau régional

 

 

Le Hezbollah a constitué un cas réussi dans l’histoire des mouvements de libération nationale notamment au niveau régional. Ce triomphe est illustré dans ses capacités militaires exceptionnelles en face de l’entité israélienne ennemie, en matière de libération et de dissuasion et dans son influence régionale douce ou ferme, dans sa capacité à s’adapter politiquement au sein du système libanais.

En effet, cette réussite a des causes et des circonstances, auxquelles s’ajoutent des facteurs métaphysiques et religieux, liés à son identité religieuse.

Cependant, évoquer la réussite de ce modèle dans son itinéraire historique ne signifie pas qu’il est exempt de problèmes, de points faibles ou d’échecs, comme est le cas de tout acteur politique dans les plus grands empires aux plus petites formations politiques. Le Hezbollah est une petite organisation engagée dans le combat contre «Israël» en tant qu’entité et projet régional jouissant d’un soutien international ouvert. Pour cette raison, le parti avait besoin de potentialités matérielles, financières, de cadres humains, de milieu populaire propice, de structure logistique, d’un commandement dynamique et charismatique, d’une profondeur stratégique géographique et politique (nationale et plus). Comment le Hezbollah a-t-il réalisé toutes ces conditions ?

De fait, la dimension de cette réussite et ses circonstances historiques sont étroitement liées. Elle nécessite un certain tri pour en faciliter l’explication et l’interprétation.

De même, se concentrer sur les facteurs de réussite et d’exemplarité, n’annule pas le fait que ces facteurs subissent des obstacles, des défis et des changements auxquels il faut faire face.

Braquer l’éclairage sur ces facteurs contribue à renforcer la compréhension de leur importance et de leur rôle dans l’itinéraire du Hezbollah, et encourage une interaction visant à établir des reformes et des rectifications. Par conséquent, ces facteurs n’ont pas été exposés par arrogance ou vanité.

  1. Le cumul des expériences de la génération des fondateurs : la première génération du Hezbollah a bâti des expériences et profité des expertises au sein de mouvements politiques et militaires libanais et palestiniens, lors de moments difficiles de la guerre civile et des affrontements avec l’ennemi israélien. Ces hommes ont relevé des défis et des problèmes, et subi des échecs qui ont renforcé leur volonté et leur besoin de travailler d’une manière différente et leur ont permis de profiter de ressources, de compétences nécessaires et de bâtir des réseaux de relations personnelles influentes. En effet, un certain nombre des cadres de la première génération ont vécu des expériences riches au sein de grands partis, comme le mouvement Amal, des mouvements islamiques locaux et des groupes religieux, alors que d’autres ont obtenu les expériences au sein de forces islamiques ou du mouvement Fatah. Cette première génération a expérimenté les idées communistes et nationalistes, les a discutées, y a répondu et a rivalisé souvent devant le même public ou milieu social.

Cette même génération a souffert des déboires de la défaite du projet nassérien, de l’enlèvement de l’imam Moussa Sadr et de l’assassinat de sayed Mohammad Bakr Sadr en Irak, des offensives israéliennes récurrentes, de la sortie forcée de l’OLP de la Jordanie puis du Liban. Tous ces évènements ont incité la génération des fondateurs à chercher des méthodes d’action différentes. Par exemple, du point de vue militaire, les expériences cumulées de la première génération ont contribué à la planification et la mise en œuvre des opérations militaires et sécuritaires les plus dangereuses durant les années 80. Des opérations qui ont jeté les bases solides du mythe du Hezbollah.

  1. Inspiration et intégration avec la Révolution islamique

De fait, la victoire de la Révolution islamique en Iran a représenté un large tournant dans le monde islamique en général, et auprès des Chiites en particulier, qui ont trouvé dans cette victoire une chance historique pour en finir avec l’état de vulnérabilité.

Les Chiites libanais ont été les premiers à entretenir les liens avec la Révolution sortie victorieuse, surtout que certains de ces cadres avaient bâti des relations personnelles étroites avec des cadres iraniens opposants du régime du Shah, en plus des relations religieuses avec des figures iraniennes grâce aux échanges dans les écoles religieuses de Najaf et de Qom. Ainsi, les fruits de la Révolution ont été récoltés rapidement au Liban, dont notamment la venue de groupes envoyés par les Gardiens de la Révolution iraniens au Liban pour des missions d’entrainement, selon les ordres de l’imam Khomeiny, qui se sont installés dans la Békaa à la suite de l’invasion israélienne de 1982. Pour poursuivre son action et grandir, la Résistance a éprouvé le besoin de cadres organisationnels qui ont été mis en place progressivement, arrivant à la naissance de la structure du Hezbollah.

De surcroit, la présence de ce soutien régional à la Résistance est nécessaire à l’ombre des déséquilibres de la force. Ainsi, le soutien politique régional iranien tout comme les ressources iraniennes dont l’armement, l’entrainement et les fonds, a permis au Hezbollah de se concentrer sur le conflit avec l’ennemi israélien tout au long des dernières décennies, sans avoir besoin de rechercher le soutien ou des compromis avec des forces régionales pour assurer la protection. De surcroit, les liens religieux/idéologiques entre le parti et wilayat al-Fakih ont contribué à l’organisation des relations entre le parti et l’Iran, facilitant l’entente bilatérale, ce qui a poussé Téhéran à regarder le parti sous plusieurs angles à la fois, à savoir sous celui de la Révolution islamique, hostile au système d'hégémonie américain dans le domaine islamique (en particulier la résistance au Liban et en Palestine), sous l’angle de la sécurité nationale iranienne et de la préservation du Chiisme.

3-Confirmer le cadre historique résistant des Chiites libanais

Le Hezbollah a effectué une relecture pour confirmer et reproduire l’histoire des Chiites libanais, du point de vue de leur rôle dans la lutte contre les Ottomans, les Français et les Sionistes.

La Fatwa émise par l’Imam Khomeiny en présence de la délégation des neuf membres (noyau du Hezbollah), sur l’obligation de la résistance face à l’occupation israélienne comptant sur les sur les potentialités disponibles, quelle qu’en soit leur humilité, a joué un rôle décisif dans la revitalisation du projet de la résistance, ce dernier étant un devoir religieux en premier lieu.

Selon cette approche, le Hezbollah a constitué une extension naturelle, une poursuite et une consolidation des expériences des révolutionnaires chiites du début du XXe siècle, ainsi que les prises de position de leurs oulémas, tels que sayed Abdel Hussein Charafeddine et l’imam Moussa Sadr, ces figures ayant une présence profonde dans l’esprit et la mémoire collective de la communauté chiite, notamment l’imam Sadr (créateur du mouvement Amal), en raison du cours délai entre son expérience et la naissance du Hezbollah.

Ainsi, la loyauté à la Résistance n’est plus une loyauté au Hezbollah, mais plutôt au rôle glorieux de la communauté chiite dans la défense de l’unité territoriale de la Syrie naturelle et dans la confrontation de l’occupation israélienne depuis son offensive en Palestine occupée.

4-Instaurer la force et la confiance au sein d’une communauté vulnérable 

Les injustices historiques subies par la communauté chiite et la marginalisation structurelle de ces Libanais notamment à la suite de la défaite de leur révolution en 1920, ainsi que leur soif de changer leur réalité et la présence d'une grande volonté révolutionnaire alimentée par la reprise des pratiques révolutionnaires des imams de Ahl el-Beit; Dans ce contexte, le Hezbollah a présenté un projet de résistance sous le thème de la confrontation de l’occupation et de l’hégémonie (auxquelles est attaché le système confessionnel). Un fait qui fera sortir la communauté de la marginalisation et de la vulnérabilité. Le parti a été aidé par la présence permanente de ce récit dans les discours des gens, fils de la génération du milieu du XXe siècle.

Cette marginalisation est présente dans la conscience du Hezbollah, aux côtés de la marginalisation, par les autorités, des zones éloignées de la capitale, dans le nord, la Békaa et le Liban sud, ces régions habitées par une majorité de Musulmans. Ce fait a facilité au parti de communiquer avec des factions nationales diverses, dans le but d’affronter la privation et la marginalisation. Sur ce, la réussite du Hezbollah dans la résistance s’est accrue, puisqu’elle a remédié à l’orgueil dissipé tout au long de 200 ans.

5- Remplir le vide à l’ombre d’un État défaillant

La guerre civile et le compromis qui l’a suivie a abouti à un État faible, dans l’incapacité d’assumer plusieurs de ses missions souveraines ou de ses services. Ce fait a permis au Hezbollah, aux côtés de la résistance, de réaliser des projets sociaux et développementaux. Cependant, l’État n’a pas toujours été en conciliation avec le projet de la résistance, mais parfois hostile, comme fut le cas durant le mandat de Amin Gemayel et plus tard lors du gouvernement incomplet de Fouad Siniora. Mais cet État était assez faible pour pouvoir affronter la résistance, même lorsqu’il a joui de soutien étranger pour le faire.

Ce déficit étatique chronique, qui a produit la privation et la mise à découvert de la souveraineté, a consolidé la légitimité populaire de la Résistance et contraint le parti à assumer des responsabilités qui n’étaient pas au cœur de son projet, notamment avec la détérioration de la situation économique dans les deux dernières années.

6- Bénéficier des avantages du chiisme libanais, qui testa les courants nationalistes, gauchistes, patriotiques et islamiques et produisit un grand nombre de symboles intellectuels et religieux comme cheikh Mohammad Jawad Moghnieh, sayed Mohammad Hussein Fadlallah et cheikh Mohammad Mahdi Chamseddine. Ce chiisme marqué tout au long de l’histoire par une tendance modérée née des spécificités de la réalité libanaise pluraliste et très compliquée et plus tard en raison des vagues d’immigration vers l’Afrique et l’occident.

La communauté chiite a connu également une vague de déplacement vers les villes (Beyrouth, Sahel du Metn du sud et Tyr), pour s’intégrer dans les secteurs des entrepreneurs et du commerce, ce qui a eu des effets sur leur prise de conscience politique et sociale, relative notamment aux classes sociales.

Le Hezbollah devait travailler et grandir au sein de ce type complexe de chiisme. Pour cette raison, ses relations avec le milieu chiite sont basées sur une combinaison de loyauté et de négociation à la fois. Un fait qui le contraint à faire preuve de flexibilité sociale et de communiquer avec toutes les mailles de ses environnements sociaux, dotés chacun de spécificités culturelles, sociales et régionales, selon la composition de la communauté chiite.

Le parti a réussi à attirer progressivement des cadres de toutes ces mailles, ce qui lui a conféré une vitalité organisationnelle interne l’aidant à comprendre les complications du spectacle chiite pour mieux agir et comprendre ses susceptibilités internes diverses.

7- Les manœuvres au sein du système libanais compliqué, provenant des interventions intensives confessionnelles et de sa découverte devant les immixtions étrangères aux côtés de son modèle économique-financier et commercial très centralisé. Ces faits ont imposé au Hezbollah de maintenir une distance à l’égard de ce système, se positionnant sur son bord extérieur, ne s’y approchant pas que lors du besoin de protéger la Résistance des acteurs locaux ayant des liens extérieurs avec les États-Unis et ses alliés. Ces complications ont imposé au Hezbollah de tisser de larges relations politiques horizontales (il devait ainsi développer sa pensée politique et ses initiatives pour édifier un réseau d’alliances nationales trans-confessionnelles), en plus de relations verticales limitées au sein du système politique. Cependant, la détérioration du système politique et de ses pôles, arrivant au danger de la désintégration de l’État, ont plongé le parti dans une impasse historique, dans la mesure où il doit agir à l’intérieur de ce même système afin d’éviter l’effondrement de l’État, cette éventualité étant une appréhension croissante dans la conscience du parti, après le sabotage qui a frappé la Syrie et l’Irak, dans un contexte de désintégration de la structure de ces États. Ces inquiétudes sont accompagnées de craintes de s’engager dans des projets de changement ou de réformes du système, ce qui pourrait provoquer une guerre civile soutenue par l’étranger.

Depuis le début, le Hezbollah en particulier devait réaliser l’ampleur des interventions étrangères au Liban et leurs canaux, leurs limites, leurs objectifs, ces interventions ayant constitué un danger imminent pour lui.

Ainsi, des options politiques locales du parti auraient renforcé les tensions ou établi l’accalmie avec des forces locales et internationales. Le Hezbollah n’était pas en mesure d’évaluer les orientations des politiques des forces extérieures comme les États-Unis, l’Arabie saoudite et la France, pour la scène locale ou les moyens de les aborder indépendamment des deux situations internationales et régionales. Par la suite, le Hezbollah a développé des mécanismes compliqués pour la prise de la décision, à partir de son expérience croissante en matière de politique libanaise. Des mécanismes desquels il peut profiter dans d’autres domaines, liés à la Résistance et à son rôle régional.

8- Le positionnement diligent dans l’arène politique libanaise bondée de concurrents, puisque le Hezbollah est sorti sur scène en présence intensive de forces politiques, armées et non-armées, dont une majorité ayant des liens extérieurs. Il devait alors élargir son pouvoir et influence sur cette arène malgré la concurrence. De fait, dès sa mise en place, le parti a subi plusieurs expériences sur le terrain et de vives compétitions politiques avec les principales forces libanaises ancrées localement et avec des forces à portée régionale. Puis il fut la cible d’attaques politiques virulentes de la part des forces hostiles à la Résistance, surtout après 2004. La charge de cette concurrence s’est accrue, après que le parti a dirigé la coalition nationale connue sous le nom du 8 mars aux côtés du Courant patriotique libre.

De surcroît, les adversaires du Hezbollah reçoivent un large soutien extérieur et se caractérisent par une présence dans plusieurs secteurs culturels, médiatiques et politiques sous forme de partis, d’élites, de plateformes, en plus d’un secteur privé, d’organisations non-gouvernementales et d’entités, tous intégrés dans des réseaux financiers et politiques régionaux et internationaux hostiles à la Résistance. Certains de ces adversaires jouent des rôles sécuritaires qui les rendent encore plus dangereux. Cette réalité produit des pressions permanentes sur le parti et le contraint à transférer une partie de ses ressources et capacités aux exigences de la politique locale et à cumuler des compétences, des cadres et des normes pour gérer la compétition politique afin de garantir la stabilité locale et nationale nécessaire pour éviter des conflits intestins ouverts qui le détourneraient de sa mission principale.

9- La rivalité intellectuelle dans une sphère publique complexe et ouverte résultant de la richesse de la vie politique et intellectuelle libanaise, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des pays arabes

Le Hezbollah pose sa thèse islamique dans un marché intellectuel hautement concurrentiel où les courants gauchistes, libéraux et nationalistes ont des racines profondes et des penseurs éminents dans la région. C’est ce que le Hezbollah a tôt réalisé en ses débuts, le poussant à faire une remise en question sur l’État islamique et la Révolution islamique. Le parti fait face toujours à des arguments politiques et culturels qui critiquent son projet politique et culturel (outre une guerre de renseignement acharnée). Ce fait a poussé ses élites et institutions à s’engager dans ce «marché», enracinant les idées du parti sur des questions telles que Wilayat al-Faqih, la patrie, le système libanais, les identités multiples, la légitimité des armes de la résistance, l'hégémonie américaine et la justice sociale.

En conséquence, malgré l'intense préoccupation du parti pour la question de la résistance et ses exigences dont le discours culturel de mobilisation, il se trouve obligé d'engager de nombreuses discussions et de développer ses institutions et ses cadres intellectuels et scientifiques, en un défi toujours présent devant lui.

10- La capacité à attirer l’environnement populaire selon son site géographique

La proximité géographique des milieux chiites du Liban avec la Palestine occupée notamment au Liban sud et dans la Békaa ouest a exposé cet environnement populaire aux offensives et menaces israéliennes permanentes. Par la suite, le Hezbollah a acquis un énorme pouvoir au sein de ses communautés grâce à la réussite de son expérience dans la résistance, arrivant à la libération et à la dissuasion. Cette proximité et la réussite du parti ont produit ledit «milieu propice», ce facteur le plus important dans la réussite des expériences de la résistance. Le parti a réussi à fondre totalement dans ce milieu populaire, duquel proviennent ses combattants, ses cadres, ses leaders, ses électeurs, ses partisans et ceux qui le soutiennent. Cette proximité a règlement produit une prise de conscience chiite historique à l’égard de la cause palestinienne, résultant des liens personnels, commerciaux et historiques entre les deux sociétés, chiite et palestinienne et de l’engagement chiite avec les organisations palestiniennes et les habitants des camps palestiniens à la suite de la Nakba de 1948.

D’autre part, la proximité précitée avec l’hostilité israélienne a eu de profonds effets sur les citoyens et les expatriés chiites, puisque les zones occupées ont connu un large mouvement d’immigration vers l’Afrique et l’Amérique du nord, aux côtés de l’exode vers les villes côtières, surtout Beyrouth et Tyr. Cette migration a été un facteur déterminant dans la montée sociale et politiques des chiites, conférant au Hezbollah des milieux populaires propices dans plusieurs régions vitales, tout en lui assurant des ressources humaines et matérielles nécessaires.

11- Le caractère participatif de la relation avec l'Iran, dans la mesure où les deux parties ont agi sur la base selon laquelle le rôle de l’Iran consiste à soutenir les décisions prises par le Hezbollah sur la base des données libanaises, surtout que l’État iranien était plongé dans de grands défis internes et extérieurs.

Pour cette raison, le commandement religieux (Al-Wali Al-Fakih) donne la légitimité à l’action, tandis que le parti prend les décisions nécessaires. Plus tard, et grâce aux réussites et au rôle de son secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, le Hezbollah a été en mesure de se transformer en partenaire dans l’élaboration de la décision iranienne régionale, notamment dans les dossiers liés au projet de la résistance. Ce partenariat est consolidé par l’influence des Gardiens de la Révolution au sein de l’institution de la sécurité nationale iranienne. En outre, le large respect du peuple iranien à l’expérience du parti, constitue un levier pour ce partenariat. Les Iraniens tenaient depuis le début à assister le Hezbollah, pour cette raison ils ont envoyé des experts militaires pour l’entrainement au lieu de combattants, à la suite de l’invasion israélienne.

Cette indépendance a été consolidée grâce à la théorie de Wilayat Al-Fakih qui reconnait les spécificités locales et nationales. Bien que l’ayatollah ait le pouvoir dans les toutes affaires exécutives, mais grâce à sa sagesse, intégrité et capacités à comprendre les intérêts et les circonstances du temps, il réalise parfaitement que toute société nationale et locale a des spécificités profondes. Pour cette raison, le wali al-Fakih laisse au parti le soin de déterminer l’intérêt, après en avoir délimité les conditions.

Ce partenariat a eu des effets directs sur l’influence régionale du Hezbollah, puisque les Iraniens réalisent que l’identité arabe du parti, ainsi que ses exploits ancrés dans la mémoire arabe collective, l’habilitent à être un acteur efficace et essentiel dans la gestion du projet de la résistance.

12- L’excellente gestion liée à l’institutionnalisation iranienne

Le Hezbollah a bénéficié de ses liens étroits avec les institutions iraniennes, dont les Gardiens de la Révolution, les institutions civiles et même l’école religieuse de Qom, pour s’inspirer de l’expérience de l’édification des institutions et de l’organisation de l’administration qui marquent l’expérience historique iranienne.

Plusieurs institutions de la Révolution iranienne ont ouvert des branches au Liban, qui ont été dirigées plus tard par le parti, ou ont transmis leur expérience au parti, qui l'a reproduite avec une saveur et des particularités locales.

Des experts iraniens en gestion et en ressources humaines ont transféré des connaissances, des compétences et des systèmes administratifs aux cadres du parti qui ont travaillé pour construire et développer des institutions civiles actives et efficaces dans les domaines de l'éducation, du développement, de l'organisation du parti, de la santé, des services et de l'administration locale.

Les institutions du parti précitées, dans la capitale et la périphérie, ont attiré des milliers de jeunes hommes et femmes diplômés des universités qui ont choisi ces spécialisations ou qui ont été incités par le parti à les étudier pour bénéficier des sciences modernes en gestion et ressources humaines.

Cet élan institutionnel contribue à l'efficacité des activités du parti et à sa capacité à répondre à ses besoins, à conserver et à transférer l'expérience, à se développer, à attirer les ressources humaines et à s'adapter aux transformations, d'autant plus que l'ennemi israélien a pris à plusieurs reprises pour cible ces institutions.

13- Construire des intérêts stratégiques avec la Syrie après des années d'inquiétude mutuelle. La relation entre le parti et la Syrie a été caractérisée par la méfiance et la suspicion à ses débuts, jusqu'à ce qu'elle atteigne plusieurs accrochages sur le terrain entre les deux parties, ce qui a renforcé la méfiance mutuelle. Damas aspirait à acquérir la position régulatrice de la réalité libanaise avec une reconnaissance internationale et régionale, et à l'employer dans la stabilité interne de la Syrie, son influence régionale et son équilibre avec l'ennemi israélien. Certains responsables du gouvernement syrien craignaient que l'agenda, l'identité et les relations du parti avec l'Iran ne perturbent leur projet libanais.

Mais avec la guerre contre l'Irak, après l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, l'échec du projet de compromis israélo-arabe, la fin de la guerre irako-iranienne et la fermeté du Hezbollah face à l'ennemi israélien lors de l'agression de 1993, une nouvelle voie a été lancée, dont le début était avec l’initiative du président Hafez al-Assad, à interdire l’utilisation de l’armée libanais dans un conflit avec la résistance en 1993, une décision soutenue également par le commandant en chef de l’armée à l’époque, Emile Lahoud.

Depuis cette date, la communication a été entamée entre le Hezbollah et le président Assad, indépendante du dit système sécuritaire libano-syrien. Une relation consolidée plus tard lors de l’offensive israélienne de 1996, où la Syrie a joué un rôle essentiel dans la naissance de l’entente d’avril.

Les relations entre les deux parties se sont renforcées après l'invasion américaine de l'Irak et la résolution 1559, alors que la Syrie a pris conscience de son besoin du parti et de sa nécessité au niveau régional et au Liban. La Syrie est également devenue une profondeur stratégique vitale pour le parti avec l'élargissement de l'arène de confrontation, après 2011, ce qui a été prouvé par l'entrée du parti dans la guerre en Syrie en 2013.

Le parti a réussi à comprendre les préoccupations syriennes au Liban et à respecter ses intérêts vitaux en ne se heurtant pas au régime de l'après-Taïf, et lui a révélé son poids dans le conflit avec l'ennemi israélien, grâce au partenariat stratégique qui s'est développé dans le temps entre la Syrie et l'Iran.

14- Prise de conscience des Chiites arabes marginalisés

Le Hezbollah et sa montée en puissance l’a placé dans la conscience et le cœur des Chiites dans le monde arabe. Ces Chiites ayant souffert de décennies d’exclusion et d’abus, tout comme est le cas des Zaidis au Yémen. Ces derniers ont jugé que les exploits du Hezbollah «chiite» paveraient la voie à une reconnaissance islamique et nationale de leurs communautés. De fait, cet affaiblissement des chiites arabes a servi d'amplificateur aux réalisations du Hezbollah et de catalyseur pour s'identifier à lui et s'en inspirer.

Ainsi, l'influence régionale du Hezbollah est avant tout le produit de son sa force douce, un pouvoir caractérisé par des résultats à long terme et des coûts acceptables, et c'est une influence pleinement légitime.

Le parti soutient le choix de ces chiites dans la lutte pacifique, encourage les climats de dialogue avec leurs partenaires et les gouvernements de leurs pays, met l'accent sur l'unité islamique, respecte leurs spécificités nationales, les aide dans les médias à faire entendre leur voix pour exiger des droits, et exhorte à la participation politique, médiatique et populaire pour soutenir le projet de résistance dans la région.

15- Guérir la défaite psychologique arabe par la victoire sur l'ennemi israélien et le soutien au projet de résistance croissante en Palestine

Une grande partie des sociétés arabes était fière de la résistance du Hezbollah, interagissant avec lui et s'en rapprochant, car elles y trouvaient une réponse à des décennies de déceptions et de défaites. Le Hezbollah a tenu à mettre en avant son identité arabe dans son discours politique, culturel et médiatique et dans ses productions artistiques (chants) et a renforcé ses institutions soucieuses de communiquer et de dialoguer avec les élites, partis et groupes arabes. Cette fascination arabe pour l'expérience du parti dans la lutte contre l'ennemi israélien a constitué un facteur de provocation pour les régimes officiels arabes qui ont émergé du conflit avec l'ennemi, car les succès du parti ont pratiquement sapé les discours de complaisance et la légitimité de ses partisans. C'est ce qui explique l'insistance d'un certain nombre de régimes de la région à créer des tensions sectaires qui ont eu des répercussions négatives sur les relations du parti avec une partie des milieux arabes qui le soutiennent. Mais le déclin de la vague sectaire alors que le parti continue à diriger les efforts de résistance arabe contre l'entité de l'ennemi israélien pourrait créer des atmosphères conciliantes avec ces milieux populaires sur la base de la compréhension et du dialogue, organisant les différences loin du projet de la résistance.

16- Inspiration et transfert de l’expérience

Le Hezbollah dispose de ressources matérielles, humaines et financières limitées, et par conséquent, sa construction de partenariats et d'alliances au niveau régional dans le cadre du projet de résistance devait être basée sur ses atouts les plus importants, à savoir sa capacité à inspirer et à transférer son expérience et les leçons apprises à ses pairs au sein des mouvements et des forces qui pratiquent l'acte de résistance. Ce qui a rendu cela possible, c'est que les victoires du parti ont ravivé l'esprit de résistance dans les sphères arabe et islamique (par exemple, la comparaison entre sayyed Nasrallah et le président Abdel Nasser) et a ainsi stimulé le désir de nombreux groupes et élites de comprendre et de bénéficier de l'expérience du parti, et c'est ce qui a montré les résultats les plus marquants en Palestine occupée, en particulier lors de la deuxième intifada.

Par conséquent, le Hezbollah était intéressé à transférer son expérience de la résistance, de l'administration, des médias et de l'organisation à un large réseau d'acteurs politiques non gouvernementaux arabes et islamiques impliqués, militairement ou politiquement, dans la confrontation au système d'hégémonie américain.

Le transfert d'expérience comprend naturellement le transfert de valeurs, d'idées, de comportements et de culture pratique, ainsi que l'établissement de réseaux de liens et de relations avec les cadres de ces mouvements et partis. Ainsi, au fil du temps, des groupes supplémentaires ont rejoint les équations de la force et de la dissuasion pour le projet de résistance, de sorte que les sionistes ont commencé à parler de plusieurs cercles de l'axe de la résistance, jusqu'à l'Irak et le Yémen.

*Article écrit par Dr. Houssam Matar, paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar

 

 

 

 

 

 

 

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