Le navire de Karish, entre l’allusion et l’obstacle
Par AlAhed
Lors des négociations avec les «Israéliens», il est impossible d’arracher un droit. C’est une règle sans exception aucune, sauf en cas d’oppression et de coercition.
En effet, les anciennes expériences ont prouvé que l’entité temporaire ne mène pas les négociations pour donner, mais plutôt pour légitimer ce qu’il avait pillé.
Ainsi, l’ennemi est passé de la règle de la terre en échange de la paix, à la paix en échange de la paix, puis à la paix en échange de la sécurité, puis à la paix en échange de l'économie. Il pourrait retourner à la première case, mais à l’envers, dans la mesure où il prendra le contrôle de ce qui reste des territoires arabes desquels il rêve, en contrepartie de ne pas nous agresser, nous laissant manger et se reproduire en paix.
De fait, le Liban n’est pas une exception à cette règle : l’entité sioniste mène des négociations avec ce pays afin de mettre la main sur ses ressources, non pour partager ces dernières avec lui. La seule et unique entrave devant la réalisation de ces ambitions, réside, en premier lieu, dans les armes de la résistance et dans l’attitude sérieuse de cette dernière. Cependant, cet obstacle ne pousse l’ennemi à renoncer à son avidité. Il tente plutôt de réaliser ses ambitions grâce aux médiateurs, comptant sur des parties internes, qui affichent leur animosité à l’égard de la résistance, de ses armes et de ses positions sérieuses. Les dernières élections au Liban étaient une chance pour ces parties pour remporter la majorité parlementaire, ce qui permettra à l’ennemi de gagner les ressources libanaises, sans problème aucun et officiellement. Toutefois, le résultat du vote a été à l’encontre des désirs de l’ennemi.
Loin de la réalité légale et technique relative aux frontières, le navire d’exploration du pétrole et du gaz est arrivé au champ de Karish, cette zone controversée. Une démarche considérée comme provocatrice, mais très normale si on prend en compte la nature de l’ennemi. Une entité hostile et avide.
Dans ce timing, on ne peut exclure la possibilité du report de la visite du président américain à l’entité, à cause de la démarche israélienne qui exacerberait les tensions dans la région, surtout si on prend en compte l’identité grecque du navire. La Grèce avait saisi un pétrolier iranien il y a une semaine, en une démarche provocatrice, alors que l’Iran a riposté par la saisie de deux navires grecs. L’ayatollah sayed Ali Khamenei a accusé les États-Unis d’avoir ordonné à la Grèce de saisir le navire iranien.
On ne peut exclure également la fausse euphorie ressentie par l'entité temporaire, dans le contexte du sort de ce qu'on a appelé la «Marche des drapeaux», ainsi que l'idée d'obtenir des promesses libanaises internes, à la suite de pressions régionales, pour exercer une pression maximale afin de ligoter les mains de la résistance de diverses manières.
Ou bien, la démarche israélienne serait une opération-test, comme une exploitation du vide gouvernemental au Liban et du clivage ascendant, de la conjoncture économique fragile, dans le but de pousser le négociateur libanais à faire des concessions majeures.
En réalité, le Hezbollah dans cet instant, comme ce fut le cas depuis la naissance du parti, évite de jouer le rôle de l’État. Un rôle auquel il renonce, estimant que c’est n’est point le sien. Mais cette approche ne signifie point que le Hezbollah est une force inactive ou passive, qui attend qu’on lui ordonne d’agir.
Ce parti est une force extrêmement efficace dans le cerveau israélien, sur le plan politique et militaire. C’est notamment cette efficacité qui dissuade l’ennemi. Mais ce dernier tente d’adopter la stratégie de la journée de la Marche des drapeaux, où il a frôlé les lignes rouges sans les franchir. Il fait deux pas en avant, puis un pas en arrière, ce qui lui assure une avancée d’un seul pas. Plus tard, il place le pas effectué en arrière sur la table du dialogue, comme étant une concession faite, réclamant une démarche en retour.
Si on fait une comparaison entre ce qu’a annoncé la chaine officielle israélienne, sur la tenue d’une réunion sécuritaire visant à évaluer la situation suite à l’arrivée du navire et sur la disposition de l’armée à sécuriser la zone par des croiseurs et sur le déploiement du Dôme de fer dans cette zone maritime, et entre les déclarations arrogantes faites avant le lancement de la Marche des drapeaux, on peut conclure que l’entité temporaire suggère la réédition du scénario de la Marche des drapeaux, dans une version libanaise.
Cependant, l’ennemi est confronté à un obstacle majeur : il agit face à une résistance bien expérimentée. Une résistance qui brille dans la patience, aussi bien que dans les frappes. Elle sait parfaitement quand la patience est aussi amère pour l'ennemi que la frappe. Elle sait comment provoquer ouvertement la douleur de l'ennemi et quand lui causer une douleur silencieuse.
Par conséquent, nous vivons dans un environnement stratégique marqué par le blocage : les États-Unis refusent de reconnaitre leur incapacité d’une part, alors que leurs ennemis sont dans un état de puissance, d’une autre part. C’est cette reconnaissance des faits qui poussera Washington à mener des négociations. Tant que ces négociations n’ont pas lieu et que les États-Unis sont dans l’incapacité de modifier les faits militairement sur le terrain, ce blocage persistera. Sur ce, on ne peut prévoir les prochaines évolutions de la situation, à la suite de la démarche israélienne provocatrice dans le champ de Karish, puisque chaque minute dans cette impasse, pourrait se transformer en un instant dramatique, qui assimilerait la région à un volcan en irruption.
Mais ce dont on est certain, sera l’heure où le Hezbollah décidera de lancer deux drones pour survoler le navire de forage, en une démarche d’avertissement. C’est ce qu’avait indiqué le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, dans son dernier discours. Nul ne peut pressentir ce qui aura lieu alors, sauf si l’entité temporaire décide de ne pas répondre aux mises en garde et d’insister sur le pillage des ressources libanaises.