noscript

Please Wait...

La faillite morale de l’Occident

La faillite morale de l’Occident
folder_openAnalyses access_time depuis 2 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Samer Zoughaib

Au-delà des enjeux géopolitiques et économiques, la crise ukrainienne dévoile la faillite morale de l’Occident qui détruit les valeurs qu’il prétend apporter à l’Humanité.

L’hystérie qui caractérise les mots et les actes des pays occidentaux depuis le début de la guerre en Ukraine est en train de plonger inexorablement le monde dans une crise multiforme sans précédent depuis la Deuxième Guerre Mondiale: montée des tensions militaires et crainte d’un glissement du conflit vers une confrontation nucléaire ; envolée des prix des hydrocarbures, des céréales et de leurs dérivés alimentaires (pain, huile etc…) et, par conséquent, risques de pénuries majeures.

La hausse des prix des carburants aura un effet inflationniste sur presque tous les produits de consommation et sur de nombreux secteurs économiques, dont celui des services. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu, le 5 mars, que les sanctions tous azimuts imposées à la Russie auront «un impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d'autres pays». Les experts d’hésitent plus à utiliser les mots «faim» et «famine» dans leurs commentaires.

Au-delà des dimensions politique, économique et sociale, le conflit en cours a déjà fait d’immenses dégâts sur le double plan moral et éthique.

L’Occident, qui s’est auto-érigé en donneur de leçons sur la démocratie à l’Humanité entière, est en train de détruire sans sourciller la grille des «valeurs universelles» qu’il prétend promouvoir depuis des décennies. Des valeurs qui lui ont servi à revendiquer une suprématie morale sur le reste de l’Humanité et qu’il a utilisées comme levier pour étendre son hégémonie globale.

La diversité des sources bafouée

L’un des piliers de la démocratie est la liberté d’expression. Et la condition nécessaire pour exercer cette liberté est la diversité des sources. En interdisant les chaînes russes Russia Today (RT) et Sputnik, les pays occidentaux ont balayé sans état d’âme l’une des valeurs qu’ils prétendent défendre et qui leur a servi, pendant des décennies, à évaluer le niveau de liberté pratiquée dans d’autres pays, en établissant des classements et autres certificats de bonne conduite.

Le prétexte avancé par l’Occident pour justifier cette mesure restrictive des libertés est la nécessité de lutter contre «la propagande russe». Cette attitude équivaut à infantiliser les opinions publiques occidentales en estimant qu’elles n’ont pas la maturité nécessaire pour avoir accès à des sources diversifiées afin de forger leur propre avis sur ce qui se passe autour d’elle.

L’interdiction des médias russes est en réalité une censure qui ne dit pas son nom. Tout simplement, les gouvernements des pays européens et les Etats-Unis veulent servir à leurs populations une seule version construite autour d’un narratif préétabli destiné à diaboliser la Russie. S’ils étaient réellement confiants dans la justesse de leurs positions et le caractère persuasif et convaincant de leurs politiques, ces gouvernements ne craindraient pas la circulation d’autres narratifs.

Ce même procédé a mis en pratique lors de la guerre en Syrie, où la seule version admise était –et reste- celle qui s’aligne sur les positions politiques des gouvernements occidentaux. Les voix discordantes ont été muselées et interdites de plateaux ou de tribunes.

La censure ne touche pas uniquement les médias russes mais également des journalistes et des experts qui conservent un esprit critique malgré la chape de plomb installée par les gouvernements. C’est le cas par exemple en France d’Anne-Laure Bonnel, qui couvre le conflit à partir de la région du Donbass. La journaliste accuse des médias français d’avoir censuré son travail qui n’a pourtant rien de militant. Elle se contente de rapporter honnêtement une information sur le bombardement par l’armée ukrainienne de sa propre population russophone depuis huit ans. Une information que les gouvernements occidentaux ne souhaitent pas faire parvenir à leurs peuples.

C’est également le cas du grand reporter Régis Le Sommier, ancien rédacteur en chef adjoint de la revue Paris-Match, qui voit les plateaux auxquels ils étaient habitués se fermer devant lui.

La propagande pro-ukrainienne est admise et encouragée

L’interdiction des chaînes russes est une décision politique qui est en contradiction avec les lois françaises et européennes garantissant la liberté d’expression et la diversité des sources. Elle a aussi un impact humain et social puisque plus d’une centaine de journalistes français pour la plupart se retrouvent du jour au lendemain sans travail et sans ressources.

Aujourd’hui, les médias français et occidentaux ainsi que les réseaux sociaux sont envahis par la propagande pro-ukrainienne qui circule sans réserve et sans retenue dans le cadre d’un vaste processus de lavage de cerveaux destiné à étouffer l’esprit critique au sein de l’opinion publique occidentale.

Certaines voix contestataires en Europe et aux Etats-Unis s’élèvent pour dénoncer ces atteintes aux principes basiques de la liberté d’expression. Elles semblent découvrir aujourd’hui les défaillances et les mensonges de leurs gouvernements. Pourtant, ce n’est pas la première fois que les pays occidentaux se rendent coupables de ces manquements aux valeurs qu’ils prétendent promouvoir. Cela fait déjà de nombreuses années que les médias de la Résistance au Liban, la chaîne Al-Manar et la radio Al-Nour, ont été interdites par le régulateur européen.

La bataille pour la liberté d’expression est indivisible.

Comments

//