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Liban: Les Occidentaux interfèrent directement dans le processus électoral

Liban: Les Occidentaux interfèrent directement dans le processus électoral
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Par Samer Zoughaib

 

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, interfèrent directement dans le processus électoral au Liban dans l’espoir de modifier à leur avantage les équilibres politiques au sein de la prochaine Chambre. Mais leurs espoirs risquent d’être déçus.

Au mépris des conventions régissant les usages diplomatiques entre Etats souverains, les ambassadeurs des principaux pays occidentaux accrédités à Beyrouth s’ingèrent dans le processus électoral au Liban, prodiguant des conseils et distribuant des satisfécits, des blâmes ou des mises en garde. Les ministères des Affaires étrangères et les responsables politiques de leurs pays respectifs ne ratent pas une occasion de rappeler la nécessité de respecter le calendrier électoral et insistent sur le fait que les Libanais devraient pouvoir exprimer librement leurs choix dans les urnes.

L’attachement au processus démocratique, dont les élections constituent la pierre angulaire, est un faux argument utilisé par les Occidentaux pour justifier leur ingérence dans les affaires internes libanaises. On se souvient comment les Etats-Unis et d’autres pays avaient refusé d’admettre l’écrasante victoire du Mouvement de la résistance islamique palestinienne (Hamas) qui avait remporté haut la main, le 25 janvier 2006, les élections législatives dans les Territoires palestiniens occupés et à Gaza. Pourtant, le président américain de l’époque, George Bush, avait fait de la «propagation de la démocratie» une justification de sa politique étrangère. Au lieu d’accepter le choix exprimé par une majorité de Palestiniens dans les urnes, l’administration US s’est employée à isoler le Hamas politiquement et financièrement, entraînant dans son sillage les pays occidentaux qui tournent dans l’orbite américaine.

Les doubles standards des Occidentaux

Lorsque la «propagation de la démocratie» ne correspond pas aux objectifs américains ou ne sert pas les intérêts de l’Occident, on assiste alors à un retour à l’éternelle politique des doubles standards pratiquée par l’Occident. On l’a constatée en Palestine, au Venezuela, en Iran (l’un des pays qui connaît le plus grand nombre d’échéances électorales dans de nombreuses institutions) et ailleurs.

L’engouement des ambassadeurs occidentaux pour les élections libanaises ne participe pas d’un souci de voir le processus démocratique respecté mais d’un espoir que ce scrutin aboutisse à un repositionnement politique du Liban.

Les Etats-Unis et leurs alliés espèrent que les prochaines élections législatives verront l’émergence d’une nouvelle majorité parlementaire hostile à la Résistance et prête à mettre en œuvre les agendas de l’Occident. Le chef du parti Kataëb, Sami Gemayel, l’a dit clairement dans l’une de ses interviews : «Nous allons abattre la légitimité des armes du Hezbollah au Parlement».

Parfaitement consciente des intentions des différents acteurs, la Résistance estime que «les prochaines élections seront décisives», comme l’a dit le chef du Conseil exécutif du Hezbollah, sayyed Hachem Safieddine, lors d’une rencontre avec des membres de l’Association internationale des experts et des analystes politiques.

Le haut responsable du Hezbollah a déploré le fait que «le discours et les slogans électoraux sont plus inspirés par l’extérieur que par les aspirations réelles du peuple libanais».

Des slogans trompeurs et irréalistes

Effectivement, au lieu d’offrir des solutions aux graves problèmes économiques qui ont mis à genou le Liban et de proposer une sortie de crise qui permettrait à des millions de Libanais plongés dans la pauvreté de recouvrer une partie de leurs droits, et de retrouver un niveau de vie décent, de nombreux acteurs locaux ont choisi des slogans politiques trompeurs et irréalistes : «La libération du Liban de l’occupation iranienne», «le désarmement de la Résistance» etc…

Pourtant, la crise multiforme qui frappe le Liban depuis plus de deux ans devrait être suffisante pour que toute la classe politique s’attèle à l’élaboration d’un programme de sauvetage qui freinerait l’effondrement et remettrait le pays sur le chemin de la croissance.

Au lieu de cela, certains se sont engagés sur la voie de la démagogie, en occultant les vrais problèmes auxquels le peuple libanais est confronté, et en présentant une explication simpliste et erronée, selon laquelle le Hezbollah est responsable de tous les maux du Liban.

En plus d’être faux, ce discours est dangereux, dans le sens où il protège les vrais coupables du désastre actuels et dissimule les véritables problèmes.

Ceux qui portent ce discours ont choisi de mettre en œuvre l’agenda extérieur au détriment des aspirations légitimes des Libanais à bâtir une économie productive, qui permettrait au pays de protéger son indépendance politique.

Ils sont aidés et encouragés en cela par les ambassadeurs des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, qui sillonnent le Liban en long et en large pour mobiliser des candidats, créer des alliances, aplanir des divergences entre alliés.

Une partie de la «société civile» et une armée d’ONG sont des chevaux de bataille de l’Occident lors des prochaines élections législatives. Des représentants de ces organisations qui affirment œuvrer pour «le changement» rencontrent régulièrement des diplomates occidentaux et reçoivent une aide financière et matérielle généreuse pour se créer une clientèle électorale. Leurs méthodes ne diffèrent pas en cela de celles utilisées depuis des décennies par les représentants de la classe politique traditionnelle qu’ils prétendent combattre.

Des diplomates occidentaux s’emploient à créer des passerelles entre des forces politiques et des acteurs de la société civile pour favoriser la composition de listes susceptibles de rassembler un maximum de voix lors du scrutin. Selon des sources diverses, des dizaines de millions de dollars sont dépensés pour assurer la réussite de ces listes, profitant du dénuement total dans lequel se trouvent une grande partie de la population en raison de la crise.

Cependant, malgré tous les efforts déployés et les gigantesques moyens mis à la disposition des forces politiques-société civile-ONG, les sondages effectués par des chancelleries occidentales montrent que les intentions de vote ne sont pas à la hauteur de leurs espérances.

La Résistance et ses alliés disposent d’une base solide dans la plupart des régions et le pari de pousser une partie substantielle de l’électorat à revoir ses choix semble perdu. Ou du moins, le changement d’humeur d’une partie de l’électorat n’est pas suffisant pour initier un profond rééquilibrage des rapports de forces politiques.

Dans ce cas, l’Occident acceptera-t-il les résultats sortis des urnes ? Ou la démocratie n’est authentique que si elle amène au Parlement ceux qui sont prêts à exécuter ses agendas ?

 

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