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Les revers américains au Liban…c’est ainsi que le Hezbollah devient plus fort

Les revers américains au Liban…c’est ainsi que le Hezbollah devient plus fort
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Par Mohamad Hosseïni - AlAhed

La politique adoptée par l'administration américaine au Liban renforcera la résistance et ses alliés et affaiblira le pouvoir de Washington et de ses alliés au Liban…C'est le constat déclaré par le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, dans son dernier discours. Ses propos n'ont pas évoqué uniquement les interventions politiques américaines directes au Liban, mais ont fait état de la politique du blocus et des sanctions imposés par les Etats-Unis au Liban dans le but de provoquer l'effondrement socio-économique et affecter ainsi le milieu de la résistance. Cependant, sayed Nasrallah a affirmé que les démarches américaines auront des résultats opposés, qui  n'affaiblissent point le Hezbollah, ni affectent l'environnement de la résistance dont l'attachement augmentera au Hezbollah… «Lorsque le pays sera poussé vers l'effondrement et la faim, les autres factions libanaises ne trouveront que la résistance comme refuge, ainsi que ses alliés locaux et régionaux».

Quels sont les facteurs qui rendent sayed Nasrallah tellement confiant de son constat, à l'ombre notamment de l'accroissement des pressions socio-économiques visant à étrangler le citoyen libanais? L'administration américaine a-t-elle réussi dans le recours à l'arme économique et financière pour réaliser ses objectifs au Liban?

Le secteur bancaire

Il est inutile d'analyser profondément l'équation économique sur laquelle le Liban a été fondé. Cette équation qui a assuré aux banques, spécifiquement à la Banque centrale, le plus large pouvoir sur le plan politique et économique.

En effet, le secteur bancaire constitue la colonne vertébrale de l'économie du pays et regroupe plus de 60 banques et mille branches déployées sur le territoire libanais. On estime la valeur des activités commerciales de ce secteur à environ 45 milliards de dollars par an. Ce secteur est doté de recettes ayant atteint les 216 milliards de dollars en fin de 2019, soit environ quatre fois le PIB de l'Etat libanais, alors que le volume des dettes dépasse les 90 milliards de dollars, soit 150% du PIB. Mais ce secteur s'est transformé plus tard, après le 17 novembre 2019, en une des plus grandes charges qui entravent le règlement de la crise et en un des échecs américains au Liban…

La nouvelle image du secteur bancaire

Nul ne méconnait l'importance du secteur bancaire pour l'administration américaine. Ce secteur lui permet de contrôler les finances et de collecter les données et les renseignements. Ainsi, tout mouvement entrepris par une institution financière libanaise se déroule sous la surveillance américaine directe. Cependant, la saisie par les banques libanaises des comptes de tout individu ou institution classés comme terroristes par Washington, sous le thème «de sécher les sources de financement du Hezbollah», a transformé le secteur bancaire d'un facteur de force et de supervision à un point mort, surtout que le Hezbollah ne possède pas des comptes financiers ni des transactions commerciales via les banques.

De surcroit, les mesures de contrôle et de surveillance des dépôts se sont répercutées sur les intérêts des libanais, ce qui a poussé les déposants à préserver leurs épargnes et à ne pas les pomper dans le cycle économique intérieur et extérieur.

Ainsi, le secteur bancaire n'est plus une source de confiance et de sécurité, surtout qu'il s'est avéré que ces banques sont impliquées dans la fuite d'énormes sommes à des banques étrangères, ce qui a approfondi la crise du prix de change du dollar face à la monnaie nationale. Par la suite, le secteur bancaire n'est plus marqué par la confiance et la crédibilité, ces deux qualités qu'on jugeait comme les deux piliers de la stabilité au Liban.

Les banques se sont transformées en caisses desquelles les déposants retirent leur argent selon des plafonds précis. Ces banques ne jouent plus le rôle du financeur du secteur privé ou de moteur des dépenses, qui redynamise l'activité économique. De même, la banque centrale et son gouverneur Riyad Salamé n'est plus le garant de cette stabilité, mais s'est transformé en ennemi du peuple et pilleur de leurs fonds.

L'armée libanaise

Les mesures de blocus ont provoqué un autre échec essentiel, illustré dans l'affaiblissement de la plus importante institution, à savoir, l'armée libanaise.

Washington avait toujours confirmé son attachement à la préservation de l'institution militaire, en dépit de la limitation de ses aides à l'armée, exploitant ces aides pour tracer un rôle précis à la troupe qui ne lui permet pas de constituer une force qui menace la sécurité de son allié «Israël».

Les tension provoquées par les Etats-Unis qui ont englobé tout le Liban, Etat, peuple et institutions, n'ont épargné aucune partie, arrivant à la chute de la Livre libanaise dans le piège du chantage financier et dans le jeu du dollars, vers une crise étouffante au niveau des salaires et des prestations accordées aux militaires qui souffrent, tout comme toute la population, ce qui s'est répercuté sur le moral des soldats. Ces derniers se sont plaints de leurs conditions de vie précaires, même au niveau des repas, en plus des effets sur la capacité de l'armée à agir sur le terrain, par manque de financement et de renforts logistiques.

L'Université américaine

Le troisième revers est illustré dans la chute des institutions relevant des Etats-Unis au Liban, avec en tête l'Université américaine qui s'était impliquée directement dans les mouvements de protestation populaire. Un fait accompagné de demandes ambiguës et suspicieuses, liant entre la question socio-économique et la question politique, en réponse à l'agenda des objectifs américains au Liban, dont provoquer la chute du système, du pouvoir et du Parlement en voie de reconstituer le pouvoir avec un tissu américain.

Dans ce contexte, fut remarquable l'intervention directe du président de l'Université américaine, Fadlo Khouri, dans les mouvements populaires, déclarant au grand jour le soutien de l'université à la tranche sociale des jeunes et participant aux manifestations populaires, en une intervention directe flagrante sans précédent.

Mais cette même université n'a eu que le choix de renvoyer des centaines d'employés sur fond de la crise financière. Ainsi, l'arroseur fut arrosé.

Le statut du Hezbollah

Le plus grand échec réside dans la politique, dans la mesure où Washington a échoué à réaliser tous ses objectifs. De fait, la récente escalade médiatique exercée par l'ambassadrice américaine, Dorothy Shea, ne fut qu'un indice sur le dérangement de l'administration américaine en raison de la chute de ses paries sur les parties libanaises dépendant d'elle et son échec à influencer les développements intérieurs, en plus de l'incapacité des entraves à affecter la performance gouvernementale en dépit de la crise du coronavirus qui constitue une épreuve pour le Liban sur le plan administratif, financier et sanitaire.

Par contre, les revers américains ont consolidé la place du Hezbollah dans le tissu national, pas seulement dans son propre milieu populaire. Un fait qui a consacré les affirmations de sayed Hassan Nasrallah.

Les prochains jours mettront l'accent sur cette situation, dans la mesure où Washington ne trouvera personne, ni sur quoi miser.

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