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L’accord nucléaire entre les ambitions de Trump et les initiatives européennes

 L’accord  nucléaire entre les ambitions de Trump et les initiatives européennes
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Par Antoine Charpentier

Depuis le retrait du président américain Donald Trump de l’accord 5+1 avec l’Iran le 08 mai 2018, le monde vit au bord du gouffre. Quant à l’Europe, elle se retrouve depuis entre le marteau américain et l’enclume iranienne. Les dirigeants européens avec à leur tête le président français Emmanuel Macron tentent depuis le retrait américain de jouer les intermédiaires, sans succès. Cependant, Donald Trump s’est retiré de l’accord nucléaire laissant aux européens l’ingrate tâche de négocier avec les dirigeants iraniens, ayant conscience que leur marge de manœuvre sera fortement réduite.

Il convient de préciser que les européens ont à leur tour fait plusieurs promesses à l’Iran, dont l’établissement du système Instex, afin d’avoir des échanges commerciaux mutuels, tout en s’affranchissant du dollar. Toutefois, ce système demeure toujours de l’encre sur le papier, puisque l’Europe ne parvient pas à s’affranchir des limites que la politique américaine lui impose. Ceci rend les démarches européennes en vue d’une solution entre l’Iran et les États-Unis infructueuses.

Les pourparlers qu’a entamés le président Macron depuis un certain temps ne donnent pas les effets escomptés. Il semble que le camp occidental maintient les pressions sur l’Iran, afin qu’il revienne sans condition à la table des négociations, se pliant à sa volonté. Outre le fait que le président Emmanuel Macron tente de se donner une posture internationale, ce qui est en quelque sorte normal pour un homme politique de son rang, souhaitant envoyer un message à l’intention de l’opinion publique française, les initiatives en question envers l’Iran ont comme but de permettre à l’Europe de retrouver sa place au Moyen-Orient perdue après la guerre en Syrie et au Yémen, ainsi que les différentes implications implicites et explicites de cette dernière. Néanmoins, l’Europe ne supportera pas l’effondrement de l’accord nucléaire puisqu’il est certain qu’en cas de guerre contre l’Iran, Trump utilisera l’OTAN, donc plusieurs armées européennes. Finalement, l’initiative européenne semble prendre un brin de sérieux, après que l’Iran ait mis progressivement à exécution son plan visant à suspendre ses engagements dans l’accord nucléaire, exhibant parallèlement sa puissance au Moyen-Orient.

Donald Trump visait par son retrait de l’accord nucléaire l’affaiblissement de l’axe auquel appartient l’Iran. Cet axe qui remporte de nos jours les victoires les unes après les autres, au Moyen-Orient, voire dans le monde. Cependant, Donald Trump s’est pris à son propre piège. Il a mal anticipé la réaction iranienne, les tournants de la guerre en Syrie et au Yémen, la ténacité de la résistance au Liban et en Palestine, les déficiences de son allié israélien, ainsi que l’habileté de la politique russe et la montée en puissance de la Chine. Tout cela a contribué à l’affaiblissement et à l’isolement des États-Unis sur le plan international. Quant au plan intérieur, l’opposition du Congrès et la multiplication des appels à la destitution du président Trump en dit beaucoup sur ce qu’il se passe au sein de la société étatsunienne.

Donald Trump, ainsi que certains dirigeants européens multiplient implicitement les incitations envers les dirigeants iraniens, afin que ces derniers fassent le premier pas. Il est bien connu maintenant que le locataire de la maison Blanche œuvre afin d’obtenir une rencontre avec les dirigeants iraniens, à l’instar de la rencontre avec le président de la Corée du Nord, dans le but d’exploiter médiatiquement le fait, en vue de sa prochaine campagne présidentielle. Actuellement l’obsession première du président Trump est de se faire réélire, et pour cela tous les coups sont possibles. Toutefois, l’Iran est loin d’adopter une attitude de vassal. Elle exige toujours le retrait de la totalité des sanctions avant toute éventualité de retour à la table des négociations.

Lors de la dernière Assemblée Générale des Nations-Unis le président Rohani a fait attendre le président Trump au téléphone, sans pour autant lui répondre, de peur que ce dernier exploite cette communication à son profit, le mettant et avec lui l’Iran devant le fait accompli, sans pour autant répondre à ses exigences. Il convient de préciser que cette initiative de faire dialoguer par téléphone les deux présidents américain et iranien a été prise par le président français. La démarche française était-elle vraiment une tentative de bonne volonté ou un piège tendu à l’Iran ? La réponse n’est pas encore perceptible. Les initiatives franco-européennes sont importantes, mais elles continuent toujours à exiger de l’Iran qui a respecté selon l’Agence Internationale Atomique ses engagements à propos de l’accord nucléaire, lâchant de leste aux États-Unis. Cependant, cette dernière tient l’Europe par l’importance échange commercial, lui imposant une hégémonie politique et culturelle sans nom. Ceci rend les démarches du président Macron sans espoir à l’avenir, ce n’est pas car ce dernier et avec lui l’Europe n’a pas l’intention de trouver des solutions au problème entre les États-Unis et l’Iran, mais la réalité impose sa loi, l’Europe actuelle est dans une posture de soumission littérale à l’hégémonie américaine.

Néanmoins, l’étau se resserre sérieusement sur Donald Trump que ça soit sur le plan national ou international à cause de ses choix politiques irréalistes. Il a loupé le coche, mettant les États-Unis ainsi que ses alliés dans une impasse sans précédent. Peut-être se pliera-t-il aux exigences de l’Iran avant l’ouverture officielle de la campagne présidentielle américaine, retirant les sanctions, assouplissant ses positions envers la Russie, atténuant sa guerre commerciale contre l’Europe, se mêlant moins aux affaires de l’Amérique latine, servant moins les intérêts de son ami israélien ? Supposons que Trump se mettra en quête de cette posture politique, cela suffira-t-il pour lui garantir un second mandat ? L’Europe supportera-t-elle encore plus de pression à l’approche des élections américaines ? Cette dernière penchera-t-elle plus vers l’est ?

Enfin, l’Europe prend les initiatives, le président français est à l’œuvre afin de rapprocher les points de vue, mais le résultat n’est pas à la hauteur. Donald Trump ne laissera pas l’Europe lui filer entre les doigts. Il a bien conscience que toute ouverture commerciale et politique de cette dernière vers l’est, lui fera perdre un gain politique et économique de taille, par conséquent l’Europe demeure actuellement pour les États-Unis le seul espace vital, où se déroulera la dernière de ses batailles.

 

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