A la suite de l’attaque d’Aramco, le Yémen transforme l’Arabie en importateur de pétrole
Par AlAhed
Les récentes attaques contre les installations pétrolières d'Aramco dans les champs de Abqaiq et de Khreis, ont été un tournant dans la guerre injuste imposée au Yémen depuis cinq ans. Ce tournant n'est pas dû seulement à l'ampleur des dégâts dans les deux installations prises pour cible, mais aussi à leurs répercussions sur les marchés du brut et des produits pétroliers. Ces effets qui grandissent sur la scène mondiale, affectant l'économie saoudienne qui vacille déjà et que le rétablissement ne peut être diligent, selon les experts politiques et économiques.
En effet, l'Arabie saoudite et malgré la reprise des allégations visant à préserver sa réputation et la véritable valeur d'Aramco, compte beaucoup sur les réactions américaines et internationales, pour prouver, de nouveau, qu'elle est à peine un Etat indépendant et pas une force régionale influente.
Le ministre saoudien de l'Energie, Abdel Aziz Ben Salman, a tenté de rassurer les marchés mondiaux en disant que le royaume récupèrera les pertes de la production pétrolière en fin de septembre, pour que les acheminements de pétrole reviennent au niveau précédent, avant l'attaque contre les deux installations d'Aramco.
Ces affirmations et selon plusieurs experts ne sont point réalistes. Les retombées des attaques contre les deux champs d’Abqaiq et de Khreis sont très grandes, dans la mesure où la production quotidienne de pétrole saoudien a baissé de 7,5 millions de barils. Un chiffre d'une grande importance pour la demande mondiale et l'économie de l'Arabie saoudite, qui place cette derrière en course avec le temps pour réparer les dégâts dans les installations pétrolières avant la fin de septembre.
De surcroit le champ d’Abqaiq est doté d'une importance internationale, puisqu'il lie le royaume à Bahreïn, par le pipeline du brut, installé en 1945 et dont la capacité quotidienne atteint les 350 mille barils par jour.
Ainsi, la transparence dans l'attitude saoudienne est totalement absente. Les informations sur la capacité d'Aramco à réparer les dégâts dans trois semaines, contredisent d'autres informations publiées par des médias internationaux, qui affirment que les dégâts sont énormes et nécessitent des mois de réparation. Par la suite les prix du pétrole pourraient hausser en tout moment à des niveaux record, surtout que l'Arabie saoudite n'a point avancé une évaluation adéquate ou un plan clair pour traiter la crise, sachant que l'excédent saoudien en pétrole ne répond pas aux besoins des marchés que pour trois semaines.
Des observateurs expliquent que le rétablissement des actions saoudiennes et la baisse des prix du pétrole à la suite de la grande augmentation des transactions au plus haut niveau depuis les années 90, sont dus à trois facteurs. Le premier, la capacité de l'Arabie à compenser ses pertes en matière de production, par le retrait, voire l'épuisement des stocks stratégiques. Un fait qui ne peut durer parce que le royaume a besoin d'environ 120 million de barils durant trois semaines seulement, ce qui affaiblira sa position dans l'avenir face à toute crise pétrolières. Par la suite, le royaume sera contraint à se transformer en grand acheteur des produits raffinés, pour couvrir ses engagements.
Le deuxième facteur qui a provoqué la baisse des prix est relatif aux grandes quantités de pétrole dans les marchés et à l'offre, à l'ombre de la hausse des stocks de brut , du recul de la demande et du ralentissement de la demande dans les marchés, comme avaient averti les agences internationales d'énergie dans les semaines précédant l'attaque, lorsque certains pays exportateurs de pétrole se sont mis d'accord sur la baisse de la production, à un niveau plus bas qu'était convenu afin de préserver les niveaux adéquats des prix.
Le troisième facteur réside notamment dans le feu vert donné par le président américain pour couvrir le manque dans les marchés internationaux, à partir des stocks stratégiques des Etats-Unis. Un fait qui a été déterminant pour la baisse des prix.
Les choix posés pour affronter les périls menaçant le nerf de l'économie saoudienne seront nuls, sauf si la cessation de l'offensive contre le Yémen sera un prélude obligatoire pour la stabilité de la région du monde.
En effet, les répercussions de cette guerre se multiplient et ne cesseront pas prochainement, prenant en compte que les installations et les champs pétroliers sont exposés au pilonnage et à la destruction en tout instant, surtout que ceux qui ont réussi à frapper Abqaiq, pourraient frapper Al-Ghwar, ce plus large champ pétrolier saoudien.
Le champ de Khreis est le deuxième plus grand en Arabie saoudite. Il contient la plus grande usine de production d'huile dans le monde, et sa capacité de production atteint 1,45 millions de barils par jour.
Le Wall Street Journal a réitéré à son tour que le royaume cherchait à importer du pétrole pour maintenir le taux de ses exportations.
Un rapport publié par le quotidien a indiqué qu'à la suite des attaques contre ses installations, l'Arabie saoudite a communiqué avec les producteurs étrangers pour obtenir le brut et d'autres produits pétroliers, afin d'augmenter le flux de ses exportations commerciales et combler les lacunes dans son approvisionnement de pétrole.
Deux personnes bien informées ont expliqué au Wall Street journal que l'Arabie saoudite a demandé à la compagnie nationale irakienne de pétrole, plus de 20 millions de barils de brut, pour approvisionner les raffineries locales et du royaume.
D'autres experts ont indiqué que les taux des exportations d'Aramco en septembre ne sont pas clairs, notant que la compagnie saoudienne s'emploie cette semaine à importer 300 mille barils supplémentaires de produits pétroliers par jour.
Le journal américain a noté mardi dernier dans un autre rapport que l'Arabie saoudite a été contrainte de modifier le taux de brut fourni à ses clients. Aramco a ainsi informé les raffineries indiennes qu'elle n'est pas en mesure de livrer le brut arabe léger et de haute qualité, notant qu'elle exportera le brut lourd, de faible qualité. Aramco avait d'ailleurs remplacé cinq cargaisons de pétrole arabe léger, y compris deux pétroliers en direction de la Chine, par le pétrole lourd, exporté à partir de la station de Ras Tannoura, dans la zone de l'est, durant cette semaine.
Dans le même contexte, la compagnie de pétrole russe Rosneft, producteur de pétrole, a annoncé que son chef, Igor Setchine, a discuté avec le gouvernement indien de l'éventuelle augmentation des acheminements de pétrole russe, avec la baisse des opérations dans les deux raffineries Sasserf et petrorabeg, dans l'est de l'Arabie à un taux de 40%.
Pour sa part, le Fonds monétaire international a affirmé que la croissance de l'économie saoudienne pour 2019 enregistrera une baisse de 2,2%, en comparaison avec 2018. Un fait qui sera tributaire du volume de la production du pétrole, en relation avec les parts d'OPEP. Prenant en compte les propositions initiales d'Aramco, le régime saoudien n'a que le choix d'ajourner pour obtenir la confiance des inventeurs de nouveau.
Au milieu des évolutions accélérées, Riyad se tient les bras croisés, dans l'attente de la position américaine. Cependant Trump, auquel revient de décider de la riposte aux attaques contre Aramco, y trouvera une chance pour élargir ses opérations d'extorsion et de chantage, dans lesquelles il excelle.
L'importance des deux champs d’Abqaiq et de Khreis n'est pas limitée à l'Arabie saoudite, mais s'étend pour englober la région et le monde entier, puisque le champ d’Abqaiq comprend les plus grandes installations de traitement de l'huile en Arabie saoudite, où sont traités 70% de la production d'Aramco de brut, soit 6% de la totalité de la consommation mondiale en énergie.
On estime la totalité des stocks dans ce site à environ 22,5 milliards de barils. La production est concentrée sur 400 mille barils par jours, en plus de 210 millions de pieds cube de Gaz par jour, et de la production de 200 mille barils de gaz naturel liquéfié.
Abqaiq est donc doté d'une importance internationale, dans la mesure où il lie l'Arabie saoudite à Bahreïn, par l'intermédiaire des pipelines de brut installées en 1945 et dont la capacité atteint 350 mille barils par jour. A noter dans ce contexte que les opérations dans ce champ ont été suspendues en raison de la deuxième frappe de «l'équilibre de la dissuasion».
Concernant le champ de Khreis, il est considéré comme le deuxième plus grand en Arabie saoudite et contient la plus grande usine de production d'huile dans le monde. Sa capacité de production s'élève à 1,45 millions de barils de pétrole par jour. Ce champ est situé à environ 250km du sud-ouest d'Al-Dhahrane et à 150km du nord-est de Riyad, à proximité du champ Al-Ghwar, le plus large sur la scène mondiale.