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L’armée israélienne: un combattant du Hezbollah vaut un char

L’armée israélienne: un combattant du Hezbollah vaut un char
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Par Ali Haïdar *

13 ans après la guerre de 2006 qui avait pour objectif d’éliminer le Hezbollah et d’établir un nouveau Moyen-Orient, le chef d'état-major de l'armée israélienne, Aviv Kochavi, a tenu une réunion de l'état-major de l'armée le 16 janvier 2019, dans laquelle il a exposé des graphes dévoilant «le développement dangereux» du Hezbollah (ainsi que du Hamas dans la bande de Gaza), qui passe de «milice» à «une armée terroriste» (pas au sens organisationnel, mais au niveau des capacités). Le chef d'état-major a souligné que le «fossé qualitatif» entre cette «armée» et l'armée israélienne se rétrécissait et que le Hezbollah (et avec lui les factions de la résistance palestinienne) continuait à développer et à exploiter ses capacités cachées et dissimulées, de construire une force offensive, d'améliorer la quantité et la précision de ses roquettes, et d’introduire de moyens de combat relativement nouveaux tels que les drones.

Le contenu de ce rapport résume la réalité des résultats de la guerre de 2006 et révèle l’ampleur du changement opéré dans les équations du conflit, notamment le fait qu’elle a mis en place une force de résistance régionale aux caractéristiques plus évidentes aujourd’hui. Les propos de Kochavi confirment la lecture officielle de l’administration sécuritaire israélienne sur l’ampleur du défi que représente le Hezbollah face aux ambitions israéliennes au Liban et dans la région.

L'assimilation du Hezbollah à une «armée» n'est pas une simple description émise par un journaliste israélien à «Tel Aviv», ou l’estimation d'un expert (adopté ou pas par le parti), mais une déclaration faite par l'actuel chef d'état-major de l'armée. Ce qui révèle l'ampleur du défi que représente le Hezbollah dans la conscience des dirigeants israéliens en matière de sécurité, et derrière eux, l’administration politique en «Israël».

L’évaluation officielle de cette situation comprend deux dimensions : premièrement, elle révèle l’ampleur de la défaite subie par «Israël» au cours de la guerre de 2006 (parce que le résultat de la guerre ne se limitait pas à l’incapacité d’«Israël» à atteindre ses objectifs, mais au pouvoir du Hezbollah a imposé sa volonté et réalisé plusieurs de ses objectifs dans la phase suivante, en se basant sur la victoire remportée dans cette guerre).

 Deuxièmement, cela révèle la reconnaissance par l’administration israélienne de la menace stratégique que représente le Hezbollah. Tout cela explique les hésitations des hauts responsables israéliens à prendre la décision de mener une confrontation militaire directe contre le Hezbollah au cours des années qui ont suivi la guerre de juillet 2006.

Selon les déclarations de Winograd, quelques milliers de combattants au cours de la guerre de 2006 se sont transformés en une armée pouvant menacer la profondeur stratégique de l'entité israélienne, tout en gardant la capacité de défense et d’attaque.

Ce qui aggrave le problème pour «Israël», c'est que le Hezbollah, par la reconnaissance de Kochavi, réduit l'écart qualitatif face au développement de l'armée israélienne, ce qui accroît le niveau de danger dans la conscience des commandants militaires, et affaiblie la confiance des décideurs politiques en leurs choix et leurs capacités à atteindre les objectifs perçus par «Israël» dans toute éventuelle guerre.

Ce danger provient également du fait que le Hezbollah a été capable de remporter toutes ces victoires face à «Israël», même avant d'avoir ce niveau avancé de capacités militaires, même si «Israël» garde encore la supériorité en matière de capacités et de pouvoir destructif.

Un haut responsable dans l’armée israélienne a résumé, il y a quelques années lors d’une conférence, la course à la défense préventive du Hezbollah et celle de la préparation offensive de l'armée israélienne. Il a expliqué que la bonne nouvelle est que l'armée israélienne est capable, en quatre jours, de bombarder les cibles qu’elle a bombardées en 33 jours de guerres en 2006. Mais il ajoute que la mauvaise nouvelle est que le Hezbollah est également capable d’accomplir en 4 jours ce qu'il a accompli en 33 jours de guerre.

Le Hezbollah est capable d’accomplir en 4 jours ce qu'il a accompli en 33 jours de guerre

 Le point culminant de ce processus est que l’armée ennemie a compris que le Hezbollah n’est pas tombé dans le piège de la transformation en une armée régulière, mais a déployé ses moyens stratégiques conformément à la tactique de la guérilla, produisant une formule sans précédent pouvant faire face à une armée dotée des dernières capacités militaires et technologiques, privant «Israël» de la capacité de mettre un terme à la guerre et donnant au Hezbollah la capacité de survivre et de poursuivre les tirs de roquettes. Kochavi a également souligné que le parti «continuait d'exploiter sa supériorité relative à la dissimulation ... et sa supériorité souterraine», en référence à la supériorité de cette tactique permettant au Hezbollah de contenir les effets de la supériorité militaire, de l'intensité du feu, de la vitesse, la précision et la capacité destructive de l’ennemi.

Bien que les innovations du parti, dont sont témoins les dirigeants et les experts de l'ennemi, couvrent tous les domaines, le point le plus important aujourd’hui est le débat à tous les niveaux sur la question de savoir si l'armée israélienne était prête à mener une bataille terrestre en cas d’affrontement. Ce débat révèle l’écart existant au sein des institutions concernées au sujet du développement des capacités du parti à affronter les forces terrestres israéliennes. En conséquence, «Israël» assiste à un débat permanent sur la capacité de la force terrestre à prendre les choses en main si l’armée israélienne se décide à pénétrer le territoire libanais. Il est frappant de constater que ceux qui s'opposent à cette option reconnaissent ouvertement que le Hezbollah est capable de compter sur ses combattants pour affronter les blindés israéliens.

À cet égard, l’ancien commandant des forces aériennes israéliennes, le général Amir Ishel, a déclaré lors de la conférence à Herzliya, il y a quelques jours, qu’un combattant faisait ce que le char effectuait dans le passé. Il a souligné que même si une escouade militaire pénétrait profondément dans le territoire libanais, les combattants du Hezbollah sortiraient des tunnels pour l’encercler et ainsi de suite, imposant un état de fait sur le terrain, ce qui sera très compliqué!

* Article paru dans le quotidien libanais AlAkhbar, traduit par l'équipe du site

 

 

 

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