L’humiliation de l’Arabie saoudite par Trump
Par Ali Mrad
Selon les chiffres de Saudi Aramco, le taux d'exportation du brut saoudien aux États-Unis par rapport à l'ensemble de sa production au cours des quatre dernières années est le suivant:
2014: 17,3%
2015: 16,6%
2016: 15,8%
2017: 14,1%
La baisse des importations du brut saoudien à Washington a commencé au cours de la dernière décennie; après des décennies de dépendance américaine au pétrole saoudien. Entre 1991 et 2003, l'Arabie saoudite a vendu son pétrole brut aux Américains à des prix réduits dans le cadre du programme de réduction Saudi Crude Discount Program.
À première vue, l’Arabie saoudite a obtenu le soutien des présidents Bush, Clinton et Bush Jr. pour des transactions d’armes sophistiquées et l’exemption des sanctions imposées à l'Arabie Saoudite par le Congrès. Mais en réalité ce deal n'était qu'un chantage: les Américains se dirigeaient vers l’autosuffisance en matière de pétrole: ils stockaient dans leurs réserves stratégiques le brut obtenu de Riyad (et de l’Iraq après l’invasion), l’interdiction de consommation a été levée avant qu'Obama ne quitte la Maison-Blanche.
Le pétrole brut de l'Arabie saoudite ne tente plus Washington, vu que les Américains ont réussi à surmonter leur dépendance du pétrole du Golfe, en augmentant leur production. À la lumière de cette réalité, Bin Salman et son équipe avaient compris qu’ils devaient faire plus de compromis loin du pétrole brut saoudien c'est pourquoi il s'est engagé à privatiser l’ensemble du pays pour l'intérêt des américains. C'est pourquoi il a inventé ce qu'il appelle "vision 2030", et a réussi à travers l'accord qu'il a conclu avec Donald Trump à être choisi à la place de son cousin, et a garanti sa place en tant que successeur de son père par la garantie de Washington.
Il est vrai que l'Arabie saoudite a divulgué à la presse que la vente de 5% des actions d'Aramco a été reporté, mais la vente est une réalité inévitable, même si elle est retardée, l'initiative de 5% des actions de la société peut s'accroître jusqu'à 49% (ou plus). La perte du trésor saoudien (Aramco) marquera le début de l'effondrement de la force financière de l'Arabie saoudite, qui deviendra dépendante des sociétés multinationales, en particulier américaines, cela affectera remarquablement ses politiques et ses capacités financières.
La prochaine campagne présidentielle de Trump en 2020, sera essentiellement basée sur l'économie américaine, un point décisif qui détermine l'esprit et le choix du peuple. En évoquant l'augmentation du nombre d'emplois, du capital américain, et l'évolution des investissements à de centaines de milliards… Trump mise sur les points forts. C'est pourquoi ce dernier évoque lors des festivals électoraux comment il a forcé le roi d'Arabie saoudite (qui l'aime et aime son argent) à lui verser des milliards. Le style argotique de Trump lui a permis de remporter les élections en 2016, à l'époque il avait menacé qu'il ferait payé à l'Arabie Saoudite le prix de sa protection. Aujourd'hui, il s'adresse aux électeurs en leur rappelant qu'il avait tenu à ses promesses, il continuera jusqu'en Novembre 2020 à expliquer à ses électeurs comment il a forcé Riyad à payer le prix de la protection américaine; Salman ne pourra même pas lui répondre vu tous les compromis qu'il a faits pour que son fils gagne le pouvoir.