Opération «Bouclier du Nord», ou quand l’ennemi «israélien» se couvre de ridicule
Par Samer R. Zoughaib
Le mardi 4 décembre, «Israël» annonçait le lancement du «Bouclier du Nord», une opération censée localiser et détruire de présumés tunnels creusés par la Résistance entre le Liban et la Palestine occupée. Une semaine plus tard, l’armée «israélienne» se couvre de ridicule.
A ce stade, le «Bouclier du Nord» est un flop monumental sur tous les plans. Si le Premier ministre «israélien» a subitement ordonné cette opération pour détourner l’attention de ses ennuis avec la justice pour les soupçons de corruption qui pèsent sur lui et son épouse, il a lamentablement échoué. Les médias et l’opinion publique se posent des questions sur la pertinence de cette opération, son efficacité et son timing. Si le but était de rassurer les habitants des colonies du nord, le but est loin d’être atteint. Au contraire, l’armée «israélienne» s’est couverte de ridicule tout au long de la semaine écoulée, fournissant au Hezbollah des occasions en or de montrer son extrême habileté dans la guerre psychologique. En publiant des photos de soldats «israéliens» prise d’une courte distance et de dos, le média de guerre du Hezbollah a réussi un coup de maître. La Résistance a d’abord prouvé qu’elle était présente au cœur de l’action, là où d’énormes excavatrices et bulldozers «israéliens» sont à l’œuvre sous la protection de centaines de soldats protégés par des chars et des véhicules blindés. La Résistance est présente mais invisible. Elle surveille les moindres faits et gestes de l’ennemi, prend des photos et en publie certaines (les plus intéressantes sont sans doute gardées au secret). Le fait que les résistants soient proches sans être visibles rend les soldats «israéliens» presque hystériques. Les voilà qu’ils tirent en l’air à Kouroum Charqi, en pensant avoir aperçu trois combattants du Hezbollah. Ailleurs, ils se déploient en position de combat parce qu’ils croient avoir détecté des mouvements suspects dans le brouillard.
Et comme si tout cela n’était pas suffisant pour la ridiculiser, l’armée «israélienne» annonce la disparition de deux mitrailleuses Mag, qui appartenaient à un détachement militaire envoyé en renfort pour protéger les équipes affairées à chercher les fameux tunnels. Le fait que ces deux armes se soient volatilisées a jeté la peur dans le cœur des colons du nord. Surtout que des traces d’une moto sont apparues non loin des lieux. Les commentateurs de la presse «israélienne» pensent que «le ou les deux motards» se sont faufilés vers la position militaire, ont tranquillement démonté les mitrailleuses avant de les emporter. Ce n’est que deux heures plus tard que le détachement s’est rendu compte de la disparition des Mag. Une enquête a été ouverte mais en attendant la peur s’installe. Qui a volé ces armes? Comment ont-ils procédé? Ou les ont-ils emportées?
L’armée libanaise déterminée et vigilante
Si les «Israéliens» voulaient effrayer l’armée libanaise, l’objectif est, aussi, loin d’être atteint. Face aux parades agressives de l’ennemi, l’armée fait preuve d’une détermination et d’une vigilance à toute épreuve. Lorsque les chenilles d’un char Mirkava se sont aventurées de quelques mètres en territoire libanais, l’armée a déployé un canon de campagne. Etat d’alerte des deux côtés, intervention de la Finul: les «Israéliens» exigent le retrait du canon, les Libanais veulent le départ du char. Finalement, le retrait sera simultané. L’armée patrouille le long de la frontière, surveillant tout ce qui s’y passe. Les officiers topographes et géographes sont dépêchés sur le terrain pour vérifier que l’ennemi n’essaie pas de changer les balises sur la ligne bleue.
Les civils tournent les «Israéliens» en dérision
De l’autre côté de la frontière, des consignes ont été données aux colons pour rester près des abris le temps que l’opération «Bouclier du Nord» se termine. La vie tourne au ralenti, l’activité est réduite au strict minimum. Côté libanais, le calme et la quiétude règnent. Curieux, les habitants des villages frontaliers affluent près de la clôture pour observer les travaux. Ils raillent les soldats et se moquent d’eux. Des jeunes en motos cross se sont baladés le long de la frontière, s’arrêtant pour regarder ce qui se passait de l’autre côté. A Meis al-Jabal, des civils ont décidé d’organiser un pique-nique non loin des troupes ennemies. Les blagues fusaient entre deux nuages de fumées de narguilés. Telle est l’ambiance côté libanais, alors que chez les «Israéliens», la tension règne et la peur plane.
Pas de dividendes politiques
Echec, aussi, sur le plan politique pour «Israël». Si le but était d’essayer de monter les Libanais contre leur Résistance, on est loin de ce scénario. A part quelques voix isolées et connues pour leur hargne contre le Hezbollah, dans les milieux populaires et les cercles politiques, il n’est pas question de condamner la Résistance pour les beaux yeux des «Israéliens» parce qu’elle défend le Liban.
«Israël» a aussi du mal à rallier ladite communauté internationale à sa campagne diplomatique pour tenter de cueillir des dividendes politiques de toute cette affaire, en réclamant, par exemple, l’amendement de la résolution 1701, et en suggérant l’isolement du Hezbollah. Les tentatives de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Elizabeth Richard, sont restées dans effet auprès du président du Parlement Nabih Berry, qui évoqué avec elle, lundi, «les prétendus tunnels partant du Liban en direction de la Palestine occupée». Le chef du Législatif a regretté que «malgré ses demandes répétées pour obtenir la localisation exacte de ces tunnels, il n'a encore rien reçu». «Même lors de la réunion tripartite (de la semaine dernière entre des responsables militaires «israéliens» et libanais sous l'égide de la Finul) à Naqoura, le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, n'a pas pu obtenir ces coordonnées», a ajouté M. Berry.
Le président du Parlement a rappelé devant la diplomate américaine que «150 violations israéliennes du territoire libanais sont enregistrées chaque mois, la dernière en date étant le lancement d'un ballon gonflable au-dessus de la localité de Meis el-Jabal, à la frontière, il y a trois jours».
En 1982, «Israël» a pris comme prétexte que son ambassadeur à Londres a été blessé dans un attentat pour envahir le Liban et sa capitale lors d’une guerre qui a fait 30000 morts et qui a culminé avec les massacres de Sabra et de Chatila. Trente-six ans plus tard, il n’ose pas avancer d’un mètre en territoire libanais à la recherche de présumés tunnels creusés par la Résistance. Une Résistance qui semble être passée de la tradition défensive à la doctrine offensive. Les temps ont changé…
Source: french.alahednews