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Le recours à «Israël» servira-t-il ben Salman?

Le recours à «Israël» servira-t-il ben Salman?
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Seule «Israël» parmi tous les pays occidentaux est restée silencieuse vis-à-vis du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul. Son silence montrait clairement le choix adopté, celui d’éviter de prendre position et de faire partie de l’un des deux camps, pour éviter les conséquences de la prise de position.

Après les conséquences internationales survenue suite au meurtre du journaliste Khashoggi qui ont fait écho à «Tel Aviv», les dirigeants politiques avaient initialement deux choix : soit se tenir publiquement au côté du prince héritier Mohammed ben Salman que tout le monde le porte responsable du crime atroce commis. Ou adopter une position compatible qui suit l’ambiance général du monde occidental, mais qui s’oppose au rapprochement entre Riyad et «Tel Aviv» et donc qui nuit à l'intérêt d'«Israël» en affaiblissant son allié le plus proche, Mohamad ben Salman, au moment où «Israël» est face à des menaces croissantes de l'axe de la résistance.

À partir de là, il est normal que «Tel-Aviv» veille à éviter toute impasse dans cette relation, qui est sur une trajectoire ascendante selon Benjamin Netanyahu, bien que tous ce que nous voyons et entendons en public de réunions et de positions n'est qu’un échantillon de ce qui se passe réellement dans les coulisses. Ce qui montre que ce silence vis-à-vis de la question de Khashoggi est une décision prise au préalable et un silence intentionné, c’est la réaction du ministre de la guerre Avigdor Lieberman, face à la question d’un journaliste sur la position de l’entité face à cette affaire, il a répondu : «Israël a de nombreux problèmes, nous laissons cette affaire à la communauté internationale».

Mais ce qui n’a pas été dit par «Tel Aviv -directement et explicitement – a été divulgué par le président américain Donald Trump, qui a expliqué le contexte de son engagement envers les dirigeants saoudiens actuels, dans une interview au Wall Street Journal. «Si l’implication du prince Mohamad Ben Salman dans l’affaire de Khashoggi est prouvée, ce serait un coup dur pour les relations entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis. Cela aurait un impact négatif sur le Moyen-Orient», a-t-il déclaré. «L'Arabie saoudite est un très bon allié en ce qui concerne Israël et l'Iran ... L'Arabie Saoudite nous a beaucoup aidés avec Israël et ils financent beaucoup de choses», a-t-il ajouté.

Il n’y a aucun doute que la position de Trump ne venait pas d'un vide, mais d'une personne bien familière sur les détails de la relation, même si dans le fond la position n'était pas étonnante, elle divulgue par ailleurs le contexte des relations israélo-saoudiennes. Au vu des différentes phases historiques de l’entité israélienne, il est à noter qu’elles sont souvent en harmonie avec le régime saoudien. Bien que les circonstances politiques n’aient pas ouvert la voie à un rapprochement public et officiel entre les deux parties, cela n’a pas empêché leur union dans le même camp dans le contexte international et régional, leurs priorités se rejoignant à plusieurs positions.    

Il est devenu évident que «Tel Aviv» et Riyad ont davantage besoin de convergence et de coordination.

En jetant un coup d’œil sur les positions de Riyad et de «Tel-Aviv» on peut remarquer clairement que leurs priorités se croisent à plusieurs niveaux jusqu’à la convergence : faire face à l’Iran et l’axe de la résistance figurent au premier rang de leurs priorités et tous deux utilisent dans ce but leurs capacités militaires, politiques, de renseignement, financières et médiatiques. Dans le même contexte, nous constatons que le vocabulaire de la propagande officielle et médiatique est presque le même, tant en termes de vocabulaire sectaire ou de classification des forces régionales.

À la lumière de la politique progressive de la normalisation des relations avec l’entité sioniste adoptée par le régime saoudien, la dernière réunion publique entre le chef d'état-major de l'armée ennemie, Gadi Eizenkot, et son homologue saoudien, Fayyad al-Ruwaili, tenue en marge de la Conférence des dirigeants de l'armée américaine n'était pas surprenante. Mais ce qui était à noter, c’est que la réunion était publique au niveau des chefs d’état-major venant dans un contexte régional critique où se traçait les camps mêlés au conflit. Selon la télévision israélienne, les deux chefs ont abouti à une vision commune des «menaces iraniennes» et sur la manière de les gérer et d’y faire face.

Quant à l'avenir des relations publiques, entre Riyad et «Tel-Aviv», elles ont deux dimensions : le contexte régional et le prince Mohammed ben Salman. En ce qui concerne la première dimension, il est devenu évident après l'échec des paris de «Tel Aviv» et de Riyad, depuis l'occupation américaine de l’Irak en 2003, jusqu’à l'agression contre le Yémen, passant par la guerre en Syrie, qu'ils avaient besoin davantage de convergence, de coordination et de soutien mutuel, jusqu’à arriver à l’alliance stratégique publique qui s’avance progressivement et graduellement, bien que l’impasse politique liée au processus du règlement palestinien («le deal du siècle») l’a un peu freiné.

Ce n’est pas un secret que l’accession au trône de Mohammed ben Salman a donné un élan sans précédent à l’ensemble des relations israélo-saoudiennes. Mais on ne s'attend pas à ce qu'«Israël» explique officiellement le rôle direct joué par ben Salman à cet égard. Ce qui n’a pas été dit par les israéliens a été évoqué par le président américain Trump et par de nombreux experts et commentateurs.

Certains ont exprimé leur déception face au prince héritier, bien que «Tel Aviv» en avait grand espoir, et l'avait considéré comme le «prince réformiste», l'ami d’«Israël» qui avait reconnu «le droit des Juifs d’avoir un état» et s'était engagé à poursuivre le «deal du siècle» aux dépens des intérêts palestiniens. Alors que d’autres craignent qu'«Israël» ne reste seul contre l'Iran, en cas où les effets de l’affaire Khasheggi n’évoluent de plus en plus.

L'analyste politique Ibn Ksibet a reporté la position d’un haut responsable de la sécurité israélienne qui a déclaré qu’ «Israël a affaire à deux émirs relativement jeunes (en référence à ben Salman et au prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed). Ben Salman montre une audace inhabituelle, peut-être trop aventurier, prenant des décisions considérées comme folles il y a un an ou deux et renversant la diplomatie saoudienne à des niveaux totalement différents. La fin de cette expérience est excitante». Dan Shapiro, ancien ambassadeur américain à Tel Aviv, a déclaré que «l'implication de ben Salman dans la mort de Khashoggi est un désastre pour Israël», avertissant qu'il avait placé l'Arabie saoudite dans une position de méfiance sous son autorité et ébranlé tout consensus international éventuel pour augmenter la pression sur l'Iran.

Avec l’ignorance stratégique de ben Salman, comme l’a décrit Shapiro, on se demande s'il compte franchir des étapes dramatiques envers «Israël» s'il ressent de plus en plus de pression sur l’affaire Khashoggi afin de regagner le soutien occidental. De tel pas vont-ils l’aider ? Et quel rôle l’entité israélienne peut-elle jouer pour sortir le Prince de cette situation difficile… ce rôle sera-t-il implicite ou explicite ?

Article paru dans le quotidien Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

 

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