Le «complot du siècle»: comment Trump veut liquider la cause palestinienne
Par Samer R. Zoughaib
La décision des Etats-Unis de mettre fin à leur financement de l'Agence des nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est un pas supplémentaire vers la mise en œuvre l’«accord du siècle», de Donald Trump.
Le plan du président américain, censé trouver une «solution» au conflit israélo-arabe, est en réalité le «complot du siècle», qui a pour objectif de liquider la question palestinienne, une des causes les plus justes et les plus nobles de l’histoire de l’humanité.
La décision de Washington est la dernière en date d’une série de mesures destinées à préparer le terrain au but final. La première a été le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, en mai dernier. La deuxième a consisté à priver l’Autorité palestinienne d’une grande partie des fonds US, dans le cadre de pressions visant à faire plier Mahmoud Abbas, qui a rejeté l’«accord du siècle» et qui refuse de recevoir des émissaires américains.
Enterrer le droit au retour
La fin du financement de l’UNRWA a pour objectif direct d’enterrer définitivement le droit sacré au retour des réfugiés palestiniens, chassés de leur terre en 1948, et dont les descendants vivent depuis dans des camps au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Cisjordanie et à Gaza. C’est un coup dur pour l’UNRWA, qui est la seule agence de l'Onu qui soit consacrée à un groupe spécifique de réfugiés. En effet, les Etats-Unis sont traditionnellement le premier contributeur, avec 350 millions de dollars versés en 2017, pour un budget total de 1,2 milliards de dollars. Ils sont suivis par l’Arabie saoudite, avec 150 millions de dollars.
Les explications avancées par Washington pour justifier sa décision ne sont qu’un faux prétexte. Selon l’administration américaine, l’UNRWA est trop flexible dans ses critères d’éligibilité, ce contribue à grossir le nombre de réfugiés, estimés aujourd’hui à près de 5 millions. Cependant, les paramètres appliqués par l’Agence pour déterminer qui a droit au statut de réfugiés sont conformes aux principes des Nations unies et sont mis en œuvre pour d’autres populations déplacées. En essayant de mettre en faillite l’UNRWA, les Etats-Unis veulent placer les pays-hôtes devant le fait accompli, afin qu’ils intègrent les réfugiés palestiniens dans leurs sociétés, mettant ainsi un terme au droit au retour, qui constitue la pierre angulaire de la lutte nationale palestinienne, au même titre que l’arabité et l’indivisibilité d’al-Qods.
Le journaliste «israélien» Jack Khoury a d’ailleurs écrit, dimanche 2 septembre dans Haaretz, que «la décision américaine de mettre fin au financement de l’UNRWA montre que l’administration du président Donald Trump met effectivement en œuvre son plan concernant le conflit israélo-arabe pour détruire le mouvement national palestinien». Le journaliste ajoute que «l’accord du siècle» est «en harmonie totale avec le plan du Premier ministre israélien et le commandement palestinien pense que la décision de Washington a été coordonnée avec Benyamin Netanyahu».
Jack Khoury rappelle que «le plan de Netanyahu repose sur le refus de tout règlement politique basé sur la solution à deux Etats et le retrait de la table des négociations des questions essentielles, dont le statut de Jérusalem et le droit au retour».
Les propos du journaliste sont confirmées par les révélations faites dimanche par le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a affirmé que les Américains lui ont proposé une «solution» basée sur une confédération jordano-palestinienne.
«Israël», un simulacre de démocratie
La coordination entre «Israël» et les Etats-Unis ne fait plus aucun doute, surtout si l’on voit le timing du vote par la Knesset, le 19 juillet dernier, de la loi sur l’«Etat-nation juif», qui transforme les Arabes des territoires de 1948 en citoyens de seconde catégorie, privés des mêmes droits que les juifs. Une preuve supplémentaire, s’il en faut, que l’entité sioniste est un simulacre de démocratie.
Le ministère libanais des Affaires étrangères a aussi mis en garde, dimanche, dans un communiqué, contre les «intentions préméditées qui se cachent derrière la décision (américaine concernant l’UNRWA), qui font partie d'une série de décisions visant à mettre fin au droit sacré au retour des Palestiniens présents au Liban et dans les autre pays-hôtes». Citant notamment le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, la diplomatie libanaise a estimé que «ces décisions visent à faire échouer la solution à deux Etats et à pousser au départ de tous les Arabes vivant en Palestine occupée».
Le communiqué du ministère des AE appelle, dans ce contexte, à une réunion urgente de la Ligue arabe et des pays donateurs de l'UNRWA afin de «trouver des solutions permettant de faire face aux conséquences négatives de cette décision», suggérant l'organisation de cette réunion «en marge de l'Assemblée générale de l'Onu», qui doit avoir lieu dans le courant du mois de septembre.
Américains et «Israéliens» peuvent se prévaloir de la complicité de nombreux pays arabes pour la mise en œuvre du complot de liquidation de la cause palestinienne. En tête de ces pays vient l’Arabie saoudite, qui multiplie les contacts avec l’entité sioniste en prévision d’une normalisation des relations.
Pour optimiser les chances de réussite du «complot du siècle», il est primordial d’essayer de neutraliser les forces de la résistance, comme le Hezbollah et Hamas, et les Etats qui les soutiennent, notamment l’Iran et la Syrie. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les pressions multiformes économiques, politiques et diplomatiques, adoptées contre le Hezbollah et la République islamique d’Iran.
Cependant, le bon sens veut que ce que les Etats-Unis, «Israël» et leurs complices arabes n’ont pas pu arracher malgré des guerres meurtrières, comme celle de 2006 au Liban contre la Résistance, ou celle qui dure depuis 2011 contre la Syrie, ils ne parviendront certainement pas à l’obtenir à travers des sanctions économiques et autres intimidations.
Source : French.alahednews