Le compte à rebours pour la bataille d’Idleb a commencé
Par Samer R. Zoughaib
Le compte à rebours pour la bataille d’Idleb a commencé. L’armée syrienne a dépêché d’importants renforts dans cette province du nord-ouest, et des tentatives turques pour gagner du temps ont été rejetées par la Russie et la Syrie.
Tous les indices politiques et militaires montrent que la bataille d’Idleb est imminente. Le sort de cette province, en grande partie contrôlée par des groupes terroristes et extrémistes depuis 2015, est scellé. Elle reviendra dans le giron de l’Etat syrien, tout comme la Ghouta orientale, Daraa, Quneitra et les autres régions. La décision a été prise et il ne reste plus qu’à fixer l’heure H du début de l’offensive.
Le président Bachar al-Assad avait donné le ton en réaffirmant sa détermination à reprendre cette région qui échappe encore au contrôle de l’Etat et où sont massés plus de cinquante mille combattants extrémistes, déployés dans les villes et villages, au milieu de la population civile, estimée à un million et demi de personnes.
La multiplication des provocations des groupes extrémistes, conduits par Hayat Tahrir al-Cham (l’ex-Front al-Nosra, la branche syrienne d’ «al-Qaïda») et son allié le Parti islamique turkmène (qui comprend essentiellement des combattants Ouigours et des ressortissants des ex-républiques soviétiques) a accéléré la décision d’en finir une fois pour toute avec ce foyer extrémiste, où le chef terroriste Abou Mohammad al-Joulani aurait trouvé refuge. Depuis près de trois semaines, les insurgés lancent des drones armés contre la base aérienne russe de Hmeimim, qui abattus par la défense anti-aérienne. Ils multiplient aussi les tirs d’artillerie contre des villages de la province côtière limitrophe de Lattaquié.
Frappes préventives
Face à ces agressions, l’aviation russe a intensifié ses frappes préventives, pour affaiblir les groupes terroristes, qui ont installé leurs dépôts de munitions et leurs quartiers généraux dans des zones résidentielles civiles. Vendredi 10 août, des avions russes ont bombardé un dépôt de munitions dans la ville de Ouroum al-Koubra, à l’ouest d’Alep, et ont pris pour cible plusieurs positions des groupes armés.
Pendant ce temps, l’armée syrienne a pratiquement achevé les préparatifs de l’offensive. Les «Forces du Tigre» du général Souheil al-Hassan ont été déployées sur le front oriental d’Idleb. La 4ème division d’élite de la Garde républicaine, stationné à Daraa et Soueida, a fait mouvement vers le Nord, pour se positionner aux abords de la plaine stratégique d’Al-Ghab, située entre les provinces de Hama, Idleb et Lattaquié. Près de 50000 soldats de l’armée syrienne et des unités alliées sont mobilisés pour cette bataille qui s’annonce rude.
Les manœuvres turques déjouées
Face à la détermination de Damas et de Moscou, la Turquie, qui parraine plusieurs groupes extrémistes dans la région, dont Jabhat Tahrir Souriya, cherche à gagner du temps. Elle aurait demandé un délai d’un mois pendant lequel les groupes terroristes abandonneraient certaines de leurs positions sur la ligne de front, avec des promesses vagues de démanteler Hayat Tahrir al-Cham. Ces propositions ont été rejetées par les négociateurs russes qui ont exigé le désarmement total et inconditionnel des groupes terroristes et leur évacuation.
Selon des sources bien informées, la première étape de l’offensive sera lancée sur deux axes: la plaine d’al-Ghab, avec pour objectif final la ville de Jisr-al-Choughour, à la frontière syro-turque; à partir de l’aéroport d’Abou Zouhour, à l’est d’Idleb, vers le Nord.
Au terme de cette première étape, l’armée syrienne espère reprendre le tiers de la province d’Idleb, avant d’ouvrir à nouveau la porte aux négociations pour le retrait des groupes extrémistes vers la Turquie. Si les pourparlers échouent, la bataille se poursuivra pour libérer totalement cette province.
Damas, Moscou et leurs alliés sont déterminés à empêcher que rien ne brise la dynamique de reconquête par l’armée syrienne de tout le territoire national.
Source : Al-Ahed