Déroulement de l’opération «promesse tenue»
Par Ibrahim Al–Amin*
Près de 6 ans plus tard, le scénario des fermes de Shebaa de l’an 2000 s’est répété ... mais cette fois-ci avec un grand succès ! Le 12 juillet, l'état d’alerte à la frontière était différent. Le Hezbollah a remarqué qu'«Israël» a intensifié ses procédures et parlait de «l'intention du Hezbollah de faire quelque chose». De son côté la résistance avait tout préparé : véhicules de transport, salle d'opérations centrales, cellule... et des congélateurs pour les éventuels cadavres.
Dans la Salle d’Opérations Centrales, hajj (A.M) était assis près du commandant des forces terrestres, hajj (M), et le commandant du secteur 1, hajj (c) et d'autres aussi de l'unité des renseignements terrestres de la résistance. Devant eux, une table en bois sur laquelle il y avait quelques tasses de thé et des fruits. Hajj (M) n’arrêtait pas de plaisanter. Il se rappelait comment il a pu échapper pour la 110 ème fois à la surveillance de l’ennemi dans la zone frontalière. Bien que la tâche qui lui a été confiée cette fois-ci exige une action accrue.
«Sayed Hassan s'est de nouveau engagé auprès de son public qu'une opération de capture aura lieu. Cela nécessite un travail supplémentaire pour atteindre le but et obtenir le résultat souhaité : capturer des soldats qui intéressent Israël (qu’ils ne soient pas d'origine arabe) et qu’ils soient vivants.» Déclara hajj (A.M).
Depuis un certain temps, les préparatifs d'un tel travail n'aboutissaient à rien. Parfois, la cible bougeait dans un milieu qui nécessitait des arrangements opérationnels complexes. Et parfois aussi, les menaces explicites de la résistance mettaient les soldats israéliens dans un état d’alerte permanent. Mais cela n'a pas empêché la résistance d’examiner de très près les procédures pour pouvoir remarquer les lacunes pouvant être exploitées. La résistance suit le principe suivant : toute action ou plan appliqué par l’ennemi comporte nécessairement des lacunes, ce qui compte c’est de pouvoir les dévoiler avec précision sans commettre d’erreur ni dans l’évaluation ni dans le timing.
Dans l'esprit des dirigeants, il y a une révision continue des expériences passées. La dernière grande mission était dans la ville d’Al-Ghajar. Une équipe a été formée pour mettre en œuvre un nouveau type d'opération. Prendre d’assaut des points de positionnement de l’ennemi, sous le couvert de bombardement intensif en provenance de tous les points d'action de l’ennemi. Des centaines de combattants étaient prêts à effectuer la plus grande incursion. Des voitures civiles camouflées ont été équipées près de l'endroit sans que personne ne le remarque. La résistance a imposé un mouvement de routine où des résistants et des voitures font des mouvements de routine, afin que la scène semble habituelle : des résistants surveillent la scène, se chuchotent puis disparaissent.
Le jour où l'attaque a été menée, la résistance n'a eu besoin que de quelques minutes pour paralyser le mouvement des israéliens dans tous les points de positionnent dans la région et dans les collines environnantes. Les bombardements étaient très violents et intenses. Les lance-roquettes anti-char ont brûlé les véhicules militaires israéliens, comme dans un jeu de vidéo, selon Sayed Nasrallah. Les résistants ont ensuite envahi la place par des véhicules à transmission intégrale et des mobylettes. Pour la première fois dans l'histoire de la résistance, l'un des combattants portait une nouvelle arme, le B-29, la nouvelle génération d'armes russes conventionnelles B7. Les armes automatiques n'arrêtent pas de tirer en direction de la cible et des embuscades. Mais il s’est avéré qu’il y avait une lacune dans le processus de surveillance, qui a causé le déclenchement d’une confrontation directe inattendue, en quelques minutes quatre combattants sont tombés en martyre.
Selon les nouvelles du commandement central l’opération a échoué. Il fallait retirer rapidement les combattants du champ de bataille, tandis que d’autres groupes se préparaient à répondre à l'ennemi qui était resté en état d'alerte. À ce moment-là, les Israéliens inspectaient leurs soldats, alors que les avions de secours avaient tardé pour arriver sur place. Lorsque le commandement du Nord, a reçu le bilan des confrontations, annonçant qu'aucun soldat n’a été capturé, les dirigeants israéliens se sont sentis soulagés, et décidèrent de mener une riposte limitée. Quelques heures passèrent et la région se noya à nouveau dans le calme. A partir de ce moment-là, la résistance a commencé à analyser et évaluer l’opération afin d’en tirer des leçons. Sayed Nasrallah, qui a toujours été confronté à de telles situations, a pris les choses à sa manière, «louant Dieu, lui demandant la réussite dans la mission prochaine». Alors que les dirigeants concernés sont restés sur les nerfs pendant plusieurs jours, et une nouvelle mission commençait à se préparer.
Après le 25 mai 2000, les combattants de la résistance ont commencé à surveiller la frontière. Les lacunes étaient bien visibles dans le mouvement des soldats ennemis. Les mesures de précaution ne suffisaient pas à combler les lacunes, et les avertissements de la résistance en ce qui concerne le kidnapping des soldats étaient très fréquents. Après quelques mois d'observation, le point de départ de la célèbre opération a été identifié à la porte de Shebaa près du bassin d'Al-Naqar. C'était une opération classique. Un véhicule hostile a été ciblé par un gros engin explosif. L’explosion a détruit un véhicule non blindé, ce qui n’était pas prévu. Les soldats ont été tués et leurs corps rapidement enlevés et emmenés dans un véhicule à traction intégrale. En moins d'une demi-heure, la mission était achevée.
Moins de six ans se sont écoulés depuis la dernière opération, après l'opération al-Ghajar, la vigilance de l'ennemi a atteint des niveaux sans précédent. Les combattants devaient épuiser les soldats ennemis sans s'arrêter. Le brouillage organisé sur les fils électriques a forcé les patrouilles ennemies à ne pas arrêter leurs inspections. Il était nécessaire de surveiller les mouvements de l’ennemi : le type de véhicules utilisés, le nombre de soldats dans chacun d'eux, le mouvement de routine et les actions soudaines, la marge de manœuvre des soldats et le mécanisme de communication entre eux et leur leadership, le niveau de préparation, et leur mode d’action à la frontière. De nombreux tests ont été effectués. Lorsque la direction de la résistance a jugé nécessaire d'élargir la zone d'action, la nature a été un catalyseur dans le secteur ouest du front. Il a fallu du temps à la direction de la résistance pour s'assurer qu'il y avait une occasion sérieuse de mener une opération éclair. L'image était claire que le travail serait très similaire à la célèbre opération de Shebaa. Ce qui est demandé c’est une opération à dimension sécuritaire et non pas une opération militaire de grande envergure. Ce qui signifie que l'unité de surveillance doit fournir suffisamment d'informations pour éviter toute surprise. Le fait que l'objectif était de capturer des soldats vivants, cela a imposé un mécanisme d'action militaire. Les combattants ne devaient pas s’empêcher de tirer sur les soldats israéliens, mais ils devaient tuer certains et garder d’autres en vie. Ainsi, il était nécessaire de bien étudier et faire une révision théorique de l’opération avant de la mettre en œuvre : la destruction d'un véhicule sans tuer ceux qui sont à bord, détruisant les véhicules de soutien et tuant tous ceux qui se déplacent pour les secourir.
Le travail demandait, une observation et une surveillance attentive de plusieurs semaines. Un jour, un officier israélien de haut rang, Audi Adam, a traversé la région, mais il n'était pas seul, il était accompagné de sa famille. Ce n'était pas le genre de cible demandée. Les combattants qui s’étaient formés pour mener l'attaque, avaient préparé les armes, les plans et les outils nécessaires. Ils avaient passé de longues nuits à surveiller de près avant que le timing de l'attaque ne soit choisi. Les données de renseignement de la résistance ont indiqué que le moment du remplacement des brigades déployées était proche. Le lieu choisi par la résistance est devenu un point vulnérable. Les mouvements des soldats et de leur commandement sont plus détendus. Mais une information surprenante est parvenue à la direction de la résistance que le bataillon druze prendrait la relève dans les 48 heures. Cela signifie que l'opération pouvait réussir, mais les soldats supposés être capturés seront d'origine arabe, et la résistance cherchait autre chose. Ce qui a appelé l'alerte maximale des soldats israéliens à la frontière, le 12 juillet. Le Hezbollah a remarqué que les soldats de l’ennemi commençaient à vérifier plus de choses et à surveiller de plus près. Chaque fois que la résistance avait l'intention de mener une action, elle devait informer tous les postes d'observation et les centres connus qu’ils devaient être évacués, ce qui attirait l’attention de l’ennemi. La résistance est devenue plus imposante et son mouvement ne peut plus être complètement dissimulé. Les Israéliens ont beaucoup parlé «des avertissements ou des signaux montrant l'intention du Hezbollah de faire quelque chose». Certains croyaient et croient encore qu'«Israël» s’était basée sur des données de renseignement internes faisant croire à l’existence des failles ou des contrebandes de renseignements. Mais le commandement du nord observait simplement le mouvement de la résistance, et agissait en fonction, sur la base que quelque chose se préparait.
Ce jour-là, la décision n'était pas au même niveau : les unités de la résistance déployées le long de la frontière n'ont pas reçu d'alerte préalable ni d'ordres opérationnels concernant ce qui pourrait être réalisé par des groupes spéciaux près d'Aïta al-Shaab ou de Zarit, bien que les groupes en place agissent sur la base qu’ils étaient au cœur de la bataille :
Dans le lieu d'opération, cinq groupes de combattants étaient répartis : l’un était responsable de l'attaque directe aux roquettes, le deuxième devait garantir la couverture de feu par des légères et moyennes mitrailleuses, tandis que le troisième devait bombardé des points militaires sensibles liés directement à l’opération, le quatrième avait pour mission de franchir la frontière après la destruction de la porte de fer par un engin explosif afin de faciliter l'entrée du cinquième groupe à bord d'une voiture civile pour le transfert des soldats capturés, et neutraliser le mouvement des soldats et s'accaparer des véhicules militaires.
Dans un endroit, difficile de préciser s’il est loin ou proche, d’autres groupes sont également prêts. Des véhicules civils, des ambulances, et une équipe médicale prête à secourir les éventuels blessés parmi les israéliens ou les combattants, et une salle d’opération spéciale équipée de tout le matériel chirurgical nécessaire et des réfrigérateurs spéciaux pour garder les corps des soldats tués, et des cellules conçues à recevoir des soldats capturés vivants.
Quand la patrouille s’est approchée du point d'attaque, elle devait, selon le plan, être entourée par le feu provenant des points lointains, loin du champ de vision de l’ennemi israélien. L’opération ne tolérait aucune erreur, aucun retard. Quand la surveillance a confirmé qu'il y avait bien deux voitures sur les lieux et qu’il y avait à bord de chacune plus de six soldats, le commandement sur le terrain a informé le commandement central. La réponse n'a pas tardé à venir donnant l’ordre au déclenchement de l’opération. Le signal ne comprenait pas seulement les groupes qui ont effectué l'attaque, mais aussi d'autres unités, situées à la frontière et dans les zones internes.
«La cible a atteint le point mort», comme le décrit la résistance. Le signal a été donné et l'attaque a commencé. La voiture arrière a été touchée par un bombardement direct et a été complètement détruite, les soldats à bord ont été tous tués ou blessés. En moins de 3 minutes la voiture Humer s’est transformée en voiture à jeu complétement détruite. La première voiture était également touchée. Mais les tirs ont pris une forme différente. Les combattants avaient été formés de la façon de frapper un véhicule blindé sans le brûler complètement, et comment tirer sur les soldats lourdement armés sans leur causer des blessures mortelles.
La cible principale était le Hummer située en avant, le plan visait à capturer les soldats à bord. Donc, les combattants tenaient à ce que leurs missiles lancés ne soient pas meurtriers. L'armée israélienne a conclu plus tard que le plan de la résistance visait à cibler le Hummer d'une manière qui confinait les soldats à l'intérieur.
Les militants ont tiré trois RPG sur le Hummer, qui a explosé du côté où étaient assis Goldwasser et Reguev, les blessant. A ce moment, deux autres soldats, Muaada et Fineberg, ont pu échapper du véhicule, se sont dirigés vers un champ et se sont cachés.
Selon le plan, les soldats devaient soit fuir la voiture, prenant un endroit approprié pour la confrontation ou rester à l'intérieur du véhicule en attendant les secours. L'armement de l'unité d'intrusion consistait en des machines pointues destinées à ouvrir des portes fermées. Les quatre soldats du premier Hummer n'ont pas eu l'occasion de respirer. Deux soldats sont sortis de la voiture vers un champ voisin, à la recherche d'un endroit sûr et n'ont montré aucun mouvement loin de la performance des soldats ordinaires dans une bataille. Quelque chose est arrivée en moins d'une minute. Les deux autres soldats à bord ont été blessés, un groupe de combattants de la résistance se sont approchés du véhicule qui brulait et ont capturé les deux soldats, Goldwasser et Regev, tandis que l’autre groupe de combattants faisait exploser la barrière de la frontière à proximité, à travers laquelle une voiture civile est rapidement passée, puis a disparu dans la «zone de sécurité» où l'ennemi ne pouvait plus accéder. Alors que les groupes de résistance se retiraient à une vitesse étonnante, laissant des morts, des blessés et des voitures complètement brulées, des préparatifs se faisaient au-delà de la frontière. Peu de temps après, les deux prisonniers sont arrivés à la destination prévue, un lieu inconnu jusqu'au jour de l'opération d’échange.
Sayed a reçu le "cadeau" et a regardé l’opération filmée
Sayed Hassan Nasrallah n’a jamais dévoilé ce qu'il faisait pendant l'opération. Mais son assistant n'a pas quitté le téléphone un instant. Il ne savait pas ce que voulait sayed Nasrallah de lui ce jour-là, quand il insistait à ne négliger aucun contact de la part de la direction militaire. Au moment des opérations, il faut réduire ce type de communication, en dépit de tous les fils de sécurité spéciaux qui nécessitent un effort quotidien, l'ennemi essaie toujours de surveiller tous les types de communication, la question se pose catégoriquement : comment sayed Nasrallah peut-il parler d'un lieu inconnu de Beyrouth avec un point de contrôle frontalier situé à un mètre de la Palestine occupée, et qu’il soit rassuré que personne ne l’écoute ?
Les préparatifs de l’opération ont duré environ quatre mois. Sayed Nasrallah était extrêmement confiant que la mission réussirait dans un endroit sur la ligne de front. Moins d'une heure après le début de l’opération, Sayed a reçu le dernier appel lui disant : le cadeau est arrivé ! Il n'a pas été possible de comprendre le contenu du reste de la conversation, parce que Nasrallah a lancé une rafale rapide de questions : y-a-t-il des martyrs ou des blessés, les soldats capturés sont-ils en vie. Les choses sont passées comme prévu ? Quelles sont les estimations de la direction militaire sur le terrain ? Quelle est la réaction de l'ennemi ? Quelles sont les estimations ? Que disent les médias de l'ennemi public ou privé ? Quelle est la situation à la frontière maintenant ?
Certes, sayed Nasrallah n'était pas dans son bureau à ce moment-là. Quelques heures plus tard, aucun des chefs de la résistance n’était resté au bureau ou chez lui, tandis que les unités de combat se préparaient à se diriger vers le sud pour une éventuelle expansion de la riposte de l'ennemi. Les instructions du commandement stipulaient à ne pas s’entraîner dans une confrontation globale, en attendant la décision de «Tel Aviv».
Plus tard, un groupe de chef de la résistance est arrivé au bureau de sayed Nasrallah. La salle a été préparée à la hâte et tout le monde a regardé la vidéo de l’opération. Les détails étaient complets, et quelques minutes plus tard la cassette était cachée et jusqu'à ce moment, personne ne l'a vue même pas celui qui l’a filmée.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar le jeudi 12 juillet 2007, traduit par l’équipe du site