La mort d’Ali Abdullah Saleh: Sanaa trace l’histoire ... et marque la fin du “petit caporal”
Le Yémen a tourné la page d’Ali Abdallah Saleh l’ex-président "historique" tué après avoir fui à la suite de l’échec de son coup d’état contre “les Alliés” d’Ansarullah. Beaucoup de questions et de scénarios ont émergé après le meurtre de «l’homme de toutes les époques», allant des réactions partisanes et tribales, à la situation politique et militaire, jusqu’à la lecture de Riyad et d'Abu Dhabi qui ont perdu une nouvelle bataille contre Ansarullah.
Des sources proches de Riyad et d'Abu Dhabi ont confirmé que "la situation était sous contrôle" et les contacts avec les "honorables du parti du Congrès populaire général" a épargné au pays un nouveau bain de sang et de chaos. Il reste que le «pays le plus pauvre du monde» continuera à faire face à une agression féroce, et le meurtre de Saleh ouvre la voie vers une situation plus grave sur le terrain loin de la solution politique.
Après près de quatre décennies de monopolisation du siège présidentiel au Yémen, la vie de l’ex-président Ali Abdallah Saleh qui a quitté le palais présidentiel en 2012 après 33 ans de règne, a pris fin. Malgré ceci l’homme n’a pas voulu céder et laisser le pouvoir et est resté ferme dans sa lutte à récupérer le pouvoir jusqu’au dernier souffle. Hier, le pays a tourné un chapitre important de son histoire, et la bataille avec les forces d'agression est entrée dans une nouvelle étape, plus décisive et plus claire, semblable à la nature géographique et à la nature du peuple du Yémen.
A l'intérieur du Yémen, il est clair que les règles du jeu ont changé et ne ressemblent plus à la «danse sur la tête de serpents», comme disait Saleh, mais se sont plutôt transformées en «tango», qui exige la présence de partenaire. Les sources proches d’Ansarullah ont signalé que cette formation politique œuvre pour une meilleure et plus claire communication avec le Parti du Congrès populaire loin du principe de quotas qui dominait auparavant», et la tendance vers «un véritable partenariat fondé sur l’unité nationale et le rejet de l'agression». « Le Congrès général (GPC) est notre partenaire dans le conseil politique face à l'agression, et le renforcement de la coopération est nécessaire », a déclaré le porte-parole du mouvement d’Ansar Allah, Mohamed Abdel Salam.
Pas de chute dans le timing saoudien
Le 26 février 2012, un jour avant la remise officielle de la démission de présidence par Saleh à son adjoint, Abed Rabbo Mansour Hadi, le site internet de la chaîne de télévision « Al Arabia » annonçait que Saleh partirait après la signature de l'Initiative du Golfe, et allait écrire ses mémoires sous le titre « mon histoire avec les serpents ». Le premier chapitre comprendra «son parcours politique jusqu'à son départ de la présidence » alors que la deuxième partie « restera ouverte jusqu'à ce qu'il sorte complètement de la scène politique».
Hier, le «petit caporal» est sorti de l'arène politique, après s’être déplacé dans ses couloirs, ses parcours et ses fronts pendant longtemps avec malice et ruse. Il a mis fin à son parcours politique, par une scène sanglante, un cadavre noyé dans son sang enroulé d’une couverture. Il n'a pas écrit ses mémoires, et ne s’attendait pas à une telle fin.
Le chef d’Ansarullah, Abdul-Malik al-Houthi a vu dans la mort de Saleh, l’échec «des forces de l'agression et du régime saoudien, et des Américains et des Britanniques». Lors d'une conférence de presse hier, il s’est adressé à eux, leur disant : «Votre agression qui a échoué n’aboutira à rien ».
Sayed Abdul-Malik a fait l'éloge, de l’attitude responsable des dirigeants du «Congrès» et de ses partisans, disant que «la bataille était avec une milice spécifique et son chef, et non pas avec le Parti du Congrès», ajoutant que «plusieurs membres honorables du parti du Congrès ont fait un effort pour avorter cette conspiration».
D’autre part, les médias et l'armée saoudienne-émirienne se sont mobilisés. Malgré l’échec du coup d’état de Saleh, les chaines et les sites pro-saoudiens ont continué à évoquer le «soulèvement arabisme», diffusant des nouvelles prétendant que «l'armée yéménite a ordonné ces forces de se diriger vers Sanaa», se rougissant de la déclaration du président déchu Abed Rabou Mansour Hadi annonçant «le début d'une opération militaire sous la bannière de l'arabisme… les forces militaires se dirigent vers la capitale pour reprendre Sanaa... ». Mais hier matin il était claire que Sanaa a fait chuté le président déchu Saleh.
La mort de Saleh hier après-midi, été surprenante, bien qu’il ait été pratiquement « fini » après l'échec de «l'agression » à utiliser la situation interne pour la troisième année consécutive, pour ses propres fins. Dans les détails, durant les dernières heures qui ont précédé l'assassinat de Saleh, une source d’Ansarullah, a signalé «l’effondrement des forces de la milice de la trahison le soir même», notant que «des centaines d'éléments se rendaient aux services de sécurité». Ansarullah avait rejeté toutes les médiations pour prolonger la vie de « l'allié» accusé de « trahison ». Saleh qui pensait que les Houthis allaient comme toujours pardonner sa trahison, a été surpris par la décision ferme d’Ansarullah à son égard, après que les informations confirmaient qu'il cherchait à «mettre fin à la présence des partisans d’Ansarullah dans la capitale» et non pas de créer un «équilibre».
Le deuxième choc de Saleh était qu’il fut abandonné par un grand nombre de tribus et même de membres du parti du “Congrès”, qui ne répondirent pas à ses appels et s'opposèrent à son coup d'état, se transformant alors en un autre « Hadi ».
Les sources ont ajouté, dans une interview au journal « AlAKhbar » que l’ex-président yéménite, après avoir confirmé sa défaite, a tenté d'échapper «par un convoi de neuf voitures blindées». Selon la source, Saleh a été tué sur la route, avec le secrétaire général du parti du Congrès, Aref al-Zuka, et plusieurs autres.
Influence «enfler»
Les événements d'hier ont dévoilé l'influence «enfler» de Saleh au Yémen. Le départ du « danseur sur les têtes des serpents » n’a pas brisé le calme de la capitale qui a négligé les derniers appels de Saleh et n’a pas remuer des manifestations pro-Saleh, rien n'a été entendu à part le bruit des avions de la coalition, qui après 50 raids n’ont pas réussi à sauver Saleh.
Une «déception» qui s’ajouté aux déceptions innombrables de la coalition saoudienne depuis le début des bombardements et l'imposition du blocus en 2015. Alors que Riyad affirme que Saleh ne l'intéressait pas et qu'il était un adversaire, la réalité prouve le contraire, en raison des options limitées des saoudiens sur le terrain et sur le plan politique. Au cours des deux derniers jours, l'Arabie Saoudite a soutenu l'ancien président au point que l’on croyait qu’il prendra la place de « Hadi » à la présidence. Après les pertes importantes sur le terrain, Riyad a dû recourir à «la politique», plaidant en faveur de Saleh « en tant que dernière carte de jeu ».
Ali Abdullah Saleh a été éloigné de la scène politique. Sanaa attend avec prudence les réactions internes et externes, bien que les sources affirment qu’Ansarullah ont pris « les devants», considérant que le parti du «Congrès» a perdu un individu clé mais ne s’est pas désagrégé.
L'ancien président a collecté à l'intérieur et à l'extérieur du Yémen un nombre important d’ennemi, à part son clan et de son entourage personne ne le pleura.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site