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Le «fou» qui occupe le palais d’Al-Yamamah: Seul, sans aucun partenaire!

Le «fou» qui occupe le palais d’Al-Yamamah: Seul, sans aucun partenaire!
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Dans le royaume des Saouds, et il y a presque trois ans, la date de la nomination de Salman bin Abdul Aziz, roi de l’Arabie Saoudite, les saoudiens ont pris l'habitude des arrêtés royaux « percutants ». Avec le temps, plus rien ne les étonnaient ni les émerveillaient. Cependant, Mohammed Bin Salman réussit à prouver sa capacité à « éblouir » le peuple. Au palais Al-Yamamah à Riyad, un « fou » occupe le monde depuis samedi dernier. La population à l'intérieur de l'Arabie Saoudite, tout comme le reste de la région, restent attentifs en attendant les décisions rapides et soudaines du petit prince.

Le «fou» qui occupe le palais d’Al-Yamamah: Seul, sans aucun partenaire!

La vague de décision émise hier, a emporté avec elle toutes les « grandes têtes » du royaume vers un sort inconnu. Des hauts gradés dans le monde de la politique et de la finance, sont tombés aux mains du Prince héritier. Ces décisions se divisent en deux: une partie, qui était déjà prévue n’a surpris personne, alors que la seconde partie celle faite soudainement par Bin Salman qui s’est nommé chef du comité pour la lutte contre la corruption. Un comité créé quelques heures seulement avant les derniers évènements ayant secoué le royaume.
 
Mutaib ... le dernier pion du jeu d'échec

La décision de renverser le chef de la garde nationale, Mutaib bin Abdullah, le fils de l'ancien roi Abdullah bin Abdul Aziz, a été retardée mais fut finalement prise, ce dernier pion a été écarté de l’échiquier saoudien dominé dorénavant par le clan « Salman ». Avec le renversement de Mutaib par un décret royal le clan « Salman » a franchi une nouvelle étape en mettant la main sur toutes les clés du royaume, afin de garantir une transition sûre et tranquille du pouvoir saoudien, notamment après l’écartement des descendants du fondateur Abdul-Aziz. Le plan a commencé par l’écartement du prince héritier Muqrin bin Abdul Aziz, puis les réformes royales, puis le coup d'Etat contre le prince héritier Mohammed bin Nayef, tout en bannissant des concurrents et éliminant d’autres. D’abord le clan « Sudairy » a pris le pouvoir et petit à petit c’est le clan « Salman » (au sein du clan « Sudairy ») qui a écarté les concurrents et s'est accaparé totalement du royaume.
 
En plus de ces changements, des décisions ont été prises pour établir des centres de décision parallèles aux institutions traditionnelles du gouvernement afin d’affaiblir les institutions et supprimer leur influence et ainsi de leur retirer tous leurs pouvoirs, avant de les éliminer définitivement par un coup d'état. Dans le cas de Mutaib bin Abdullah, un organisme appelé «le service de sécurité de l'Etat» a été formé par Mohammed bin Salman il y a quelques semaines, cet organisme est devenu la référence des divers organismes de sécurité au sein du royaume, y compris la «Garde nationale». Cela a été conçu comme le dernier avertissement contre Mutaib qui allait bientôt recevoir le coup fatal. Il convient de noter que Mutaib, qui a été remplacé par le prince Khalid bin Ayaf, ne figure pas sur la liste des princes arrêtés, bien que son sort tout comme le sort de Mohammed bin Nayef, restent encore inconnus.
 
L’arrestation d’Al-Walid: le rôle de l'aile économique

Contrairement à la décision de renverser Mutaib, l'arrestation du milliardaire le Prince Al-Walid bin Talal était surprenante et même choquante, notamment que cette décision a été prise par le comité pour la lutte contre la corruption. Avec cette décision, bin Salman a commencé un nouveau chapitre dans sa confrontation contre les personnes influentes dans le Royaume, cherchant à dire que personne n'est exclu de cette campagne.

Jusqu'à récemment, le régime saoudien avait laissé passer toutes les manigances d’Al-Walid et son père Talal bin Abdul Aziz, dont la marge restait intacte, à la suite d'un accord implicite depuis la réconciliation avec le chef « des Princes libres », qui a abouti à l’équation suivante: l’argent en échange du pouvoir. Cependant, il y a peu de temps, les objectifs de Muhammad Bin Salman ont évolué, visant de nouveaux cercles au sein de la famille Al-Saoud, non seulement les concurrents, mais aussi les « concurrents potentiels », en dépassant l'aile religieuse du royaum notamment Al-Sheikh, et l’arrestation des intellectuels et des hommes religieux. Avec l'arrestation de Ben Laden, l'un des piliers de l'économie saoudienne, «Ben Laden Contracting», et le Prince Al-Walid bin Talal (Président de Kingdom Holding Investment Company), l'aile économique et l'aile médiatique et l’aile religieuse du Royaume rejoignent la liste noire du petit prince. Ben Laden et bin Talal forment la partie intégrante de l’aile économique du royaume.

Dans le contexte général, ces décisions révèlent une hystérie dans laquelle vit Bin Salman, poussé par une grande méfiance et une grande crainte de tout concurrent ou source de force, qui pourrait partager avec lui la gouvernance de la Péninsule arabique, notamment ceux aux loyautés douteuses et à la soumission non garantie. Quant à la compagnie de « Ben Laden », il était clair depuis les premiers mois que Bin  Salman voulait prendre le contrôle de l'entreprise et récupérer tous ses projets au profit de ses propres sociétés, notamment les projets d'expansion des mosquées de La Mecque et de Médine que « Ben Laden » avaient l’habitude de prendre.

Quant à Al-Walid bin Talal, «l'émir des libéraux» il porte un lourd héritage de son père, en tant que candidat permanent de «l'opposition». A cet héritage s’ajoute un pouvoir financier et une manigance permanente en marge du régime qui ne dissimule pas une ambition politique. Cette ambition a atteint son apogée lors de la création de la chaine « Al-Arab » qui n'a pas vu le jour sous la pression du régime. Le directeur saoudien de la chaine présumée Jamal Khashokgi a quitté le royaume il y a quelques jours, après avoir prononcé un discours "répréhensible" contre le pouvoir actuel.

Qu'est-ce qui se cache derrière le dernier «ouragan» de bin Salman? Il n’y a aucun doute, que la corruption ne fait pas partie des raisons sérieuses ayant conduit la situation à ce niveau. Ceux qui connaissent les affaires saoudiennes, savent bien que la corruption ne se limite pas aux ministres, aux princes et aux hommes d'affaires, et qu'une campagne anti-corruption dans un pays comme l'Arabie saoudite n’est qu’une histoire «surréaliste», vu la nature du régime, s’enrichit au profit du peuple depuis des décennies. Bin Salman est lui-même le «juge» dans les affaires de corruption (le président du comité), et les procès des saoudiens arrêtés ces derniers jours, seront nécessairement mis en scène par Bandar bin Sultan  avec le consensus du roi et son prince héritier afin de gagner la confiance du public.

En outre, le scénario de coup d’état comploté contre bin Salman, n’a aucun indicateur réel, et n’est rien qu'une fiction produite pour atténuer le scandale de des arrestations.

Il n’y a aucun doute, que la campagne sans précédent dans l'histoire du Royaume vient dans le contexte de battre toutes les ailes et tous les faucons aux allégeances douteuses afin de nuire à leur influence, leur autorité et leur pouvoir, qu’ils soient financier, politique, religieux ou médiatique, afin que l’ensemble de tous ces pouvoirs se rassemblent aux mains de Bin Salman pour appliquer ses projets. Toute source de pouvoir et d'influence qui n'est pas soumise au roi, n'a pas de place dans le « quatrième royaume saoudien ». Il faut souligner la décision ultérieure de Riyad qui consiste à confisquer « les fonds des détenus et tous les biens et les propriétés inclus dans l’enquête de corruption».
 
Qu’y a-t-il dans l'esprit de Bin Salman?

Mohammed bin Salman mise sur l'accumulation de deux années de travail pour établir son autorité absolue dans le royaume saoudien, afin de contrecarrer les tentatives des adversaires. Bin Salman a également levé la bannière de l’«anti-corruption», afin qu’il arrive à concilier le peuple, par sa stratégie habituelle «populiste» en aveuglant le peuple par toutes les arrestations des hommes corrompus. Mais, dans toutes les décisions et les attitudes, bin Salman essaye d’éloigner les problèmes de son entourage. Selon le petit prince l'extrémisme est une création des « frères musulmans » et de l'Iran, la corruption, les torrents de Jeddah, et l’épidémie Corona sont à cause de Khaled Tuwaijri et le règne du roi Abdallah, et l'échec de la guerre au Yémen est à cause de l'Iran et du Hezbollah, et le retrait de Mohammed bin Nayef est à cause de sa toxicomanie ... en plus de tout ce qui précède, bin Salman n’a rien accompli outre l'augmentation des impôts avec la diminution du pouvoir d'achat des citoyens et, sa course au trône. Après chaque décision, la peur grandit chez les habitants du palais d'Al-Yamamah. La peur grandit et l'anxiété et la suspicion grandissent en Arabie saoudite. Mais Bin Salman poursuit avec une détermination remarquable, jour après jour, son plan d’autorité absolu dans la péninsule arabique. Avec toute cette détermination, le prince héritier veut à tout prix construire une image «sainte» d'un «nouveau prince saoudien» qui ne fait que du bien. Un prince qui « souffre » des maux autour de lui et s'efforce à les combattre. Sans qu’il puisse être jugé !

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

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