Scénarios de guerre ... jamais appliqués!
Par Nabil Haitham
Les cercles diplomatiques ont été occupés ces derniers jours à surveiller le comportement israélien, suite à la récente attaque aérienne à l’intérieur des territoires syriens et à évoquer des scénarios pour la prochaine guerre au «front nord» avec le Liban sous prétexte de l’évolution des capacités militaires du «Hezbollah».
Selon la lecture diplomatique israélienne, l’escalade de la tension a clairement augmenté après la rencontre du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump à Washington.
Cette escalade a commencé par, la déploration de la solution à deux Etats, le renouvellement des menaces contre la bande de Gaza, puis la diffusion des scénarios de guerre possibles, et non traditionnels, contre le Hezbollah et la menace de détruire les institutions de l'État libanais et les installations vitales, et dernièrement à l'intensification des frappes aériennes à l'intérieur syrien, et la menace de mener un coup fatal aux défenses aériennes syriennes.
Selon la lecture diplomatique israélienne cette évolution est liée aux craintes israéliennes suite aux succès de l'armée syrienne et de ses alliés dans le domaine militaire. L'expression la plus sincère de ces préoccupations est la frappe aérienne, menée par des avions israéliens la semaine dernière sur les sites militaires syriens près de Palmyre.
Ce raid revêt d'une grande importance, depuis longtemps les raids israéliens en Syrie se limitaient sur des cibles spécifiques, liées notamment, à la soi-disant contrebande d'armes du Hezbollah, à la fois sur la route de Beyrouth - Damas ou dans les régions de Quneitra, près du plateau du Golan occupé, et au Qalamoun près de la frontière avec le Liban. Mais la dernière attaque a été menée dans la profondeur syrienne et plus particulièrement à Palmyre, où se trouvaient les troupes russes, combattant aux côtés de l’armée syrienne contre «Daesh».
Certains ont placé ce raid dans le cadre du soutien israélien aux groupes terroristes, mais selon la diplomatique cette attaque est un message israélien aux russes après la visite de Netanyahu à Moscou, pour les avertir du «danger» de la transformation de la Syrie en une base militaire pour l'Iran, selon Netanyahu. Malgré ceci, Moscou a confronté l’avertissement de Netanyahu avec nonchalance. A une époque où les responsables russes montrent une attitude chaleureuse envers l'Iran et le Hezbollah en tant que partis qui luttent contre le terrorisme en Syrie.
Toujours selon la lecture diplomatique la rencontre entre Trump et Netanyahou semble être une «injection de sédatif» à grande dose à ce dernier, c’est pourquoi il s’est permis de faire des menaces, et le dernier raid israélien vient dans ce contexte. Netanyahou avait souligné que l’attaque israélienne visait une cargaison d'arme «sophistiquée» destinée au Hezbollah, ajoutant que les frappes aériennes se poursuivront sans tenir compte des avertissements reçus par «Israël» de plusieurs parties internationales.
Dans le même cadre, plusieurs responsables militaires et politiques israéliens ont déclaré que le Hezbollah représente la principale menace existentielle pour l’entité sioniste.
Sur cette base, la lecture diplomatique a exprimé la crainte qu’ «Israël» déclenche une guerre dans la région, notamment après les développements majeurs sur la scène syrienne, notant que le raid contre Palmyre et l'escalade de la menace maritime contre le Liban peuvent être les premières étincelles de la guerre. Le journal israélien «Yediot Ahronot» a révélé que la direction politique en «Israël», se dirige à délibérer un projet de loi à la Knesset concernant la frontière économique maritime avec le Liban et l’annexion des zones contestées.
Malgré ces données la lecture politique diminue les probabilités d’une guerre contre le Liban, et cela pour une raison essentielle, est que l'expérience israélienne avec le Liban, ne lui permettra pas de mener une guerre rapide aux résultats garantis. Naturellement la frontière libanaise est dans un état d'alerte afin de faire face à tout incident, que ce soit par l'armée libanaise ou le Hezbollah. C’est dans ce cadre que le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a ajouté une nouvelle équation dans la confrontation avec l’entité sioniste qui est la mer contre la mer, le gaz contre le gaz et le pétrole contre le pétrole.
«Israël» est conscient de la solidité de cette équation, et plus encore l’entité reconnait les capacités croissantes du Hezbollah après la guerre de 2006. Tous les niveaux politiques, militaires et sécuritaires israéliens continuent d'examiner soigneusement le contenu du discours de Nasrallah lors de la commémoration du martyr des chefs de la résistance mi-Février dernier.
L’analyse diplomatique de la scène régionale admet que le Liban a une capacité dissuasive qui empêche l’entité sioniste de mener une guerre, cela signifie que l'escalade en Syrie peut être la seule option israélienne. Mais au-delà, une question se pose: cette implication publique sur la scène syrienne représente-t-elle un changement qualitatif dans les règles du combat?
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site