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Voici les retombées du wahhabisme sur l’Europe

Voici les retombées du wahhabisme sur l’Europe
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Les Européens  ont perçu récemment que les attentats qui les ont frappés n’étaient  que le résultat de leur attitude  de fermer les yeux sur l’extension du wahhabisme dans leurs pays, par des mains saoudiennes, couvertes par l’approbation des gouvernements  de leurs pays, en contrepartie d’intérêts économiques  et financiers communs avec l’Arabie.

En effet, la famille El-Cheikh, (en référence au cheikh Mohammad Abdel Wahhab), exploite l’héritage de son ancêtre qui avait donné la légitimité religieuse au trône saoudien, au moment où les neveux du roi Saoud se sont engagés à défendre le wahhabisme dans les quatre coins du monde. Une mission  que les fils d’Abdel Aziz assument, par le recours à des outils modernes, comme l’édification  des écoles  et des centres de prédication  partout dans le monde.

«L’Arabie a dépensé  87 milliards de dollars durant les deux dernières décennies afin de propager le wahhabisme dans le monde», indique l’ancien ambassadeur américain en Costa-Rica, Curtain Winners, dans une étude académique  publiée par le magazine Middle East Moniters, citant l’expert dans les conflits religieux et le financement de l’extrémisme, Alexi Alexiev. Ce dernier se prononçait lors d’une séance d’écoute au Sénat, le 26 juin 2003. Ces chiffres coïncident  avec ceux évoqués par l’ancien conseiller du ministère des Finances aux Etats-Unis, en juin 2004, David Aufhesser. Ce dernier avait estimé le montant des dépenses saoudiennes dans le domaine de la propagation de la doctrine wahhabite dans le monde, à 75 milliards de dollars.

Dans ce contexte, l’analyste de la société Huss pour le commerce de l’énergie, Edward Mors, a indiqué que le roi Fahed Ben Abdel Aziz, avait réservé une part des Voici les retombées du wahhabisme sur l’Europe

recettes du pétrole, estimée à un milliard 800 million de dollars aux promoteurs du wahhabisme.

A l’heure actuelle, il n’y a pas d’estimation sur le montant des dépenses saoudiennes sur les activités religieuses. Mais ces dépenses se sont multipliées avec la flambée des prix du pétrole. Ainsi, les pays arabes et islamiques envahis par le pétrodollar wahhabite, notamment le Pakistan, ne furent pas les seuls à la liste des objectifs.

Une structure wahhabite complète en Europe

L’Europe, qui s’interroge à  l’heure actuelle sur les raisons du terrorisme, était au cœur des efforts saoudiens visant à élargir l’extension du wahhabisme, prenant en compte la croissance  de la communauté musulmane sur ce continent. De fait, les statistiques estiment le nombre des Musulmans en Europe à 44 millions  de personnes. 6% du nombre des habitants.

Ces efforts n’ont pas été démentis par le régime  saoudien. Ce dernier s’est dit plutôt fier de ses activités, menées sous le slogan de la diffusion de la culture islamique, de la langue arabe et du soutien des minorités musulmanes.

En passant en revue les tribunes des discours du royaume, on y remarque d’énormes  projets en faveur de l’établissement religieux et de ses figures.

Le journal Al-Chark Al-Awsat avait publié, dans un rapport, un certain nombre de projets financés par l’Arabie  sur les 5 continents et ce à l’apogée  des activités du wahhabisme.

Ce journal qui défend la dynastie Saoud, rapporte que l’Arabie a construit des centres religieux en Europe, dont la superficie de certains s’élève  à 3843 m2, et dont le cout de certains a atteint  les 5 millions de dollars. Parmi ces principaux  centres, un centre culturel islamique bâti à Malaga  en Espagne, un autre à Rome, un troisième en France, à Genève, à  Bruxelles (à noter que ce dernier est situé près de la ville belge de Molenbeek, connue comme l’un des lieux qui exporte les «jihadistes».

On ajoute à la liste les centres islamiques de Madrid, de Londres, de Lisbonne, de Vienne et d’Edinburg  en Scotland.

A ces centres le quotidien saoudien énumère  les mosquées  construites  par l’Arabie dans les villes européennes, parmi 1359 mosquées saoudiennes dans le monde. On cite à ce propos la mosquée de La Jolie en France, de Lyon, d’Edinburg, de Berne, de Bruxelles, de Madrid, de Brent en Angleterre et autres à Zagreb, Lisbonne et Vienne.

En effet, le panorama du système wahhabite bâti en Europe ne sera complet que par l’évocation  des académies installées par l’Arabie dans plusieurs pays, sous le slogan de vouloir lier les jeunes  des minorités musulmanes à leur religion par le biais des études théoriques et pratiques. On évoque à ce propos «l’Académie  du roi Fahed» à Londres, et celle de Bonn qui renferme des lycées et une mosquée pouvant contenir plus de 700 fidèles. On ajoute aussi l’Institut du monde arabe dans la capitale française. En plus, les universités occidentales, les plus anciennes n’ont pas été épargnées par le pétrodollar  wahhabite. De fait le royaume a bien réalisé l’importance de «montrer la vraie face de l’Islam» et de «corriger les concepts islamiques déformés».  C’est à  partir de ce constat qu’ont été créées «la chaise du roi Fahd  pour les études» (Cursus) dans l’Institut des études  orientales et africaines de l’université de Londres ou «la chaise du roi Abdel Aziz pour les études islamiques» dans l’université de Californie ou «la chaise du roi Fahd pour les études de la doctrine islamique», dans la faculté de Droit de l’université de Harvard.

Tout ce qui a été évoqué ci-dessus date des années 80 et 90, donc avant la date des évènements du 11 septembre. Durant cette période de l’histoire du royaume, le roi Fahd  était hanté par la lutte contre l’extension de la Révolution iranienne, surtout que l’impact de cette dernière était à son apogée sur la culture islamique. Les craintes en question, ajoutées aux tentations financières et pétrolières, ont poussé les pays occidentaux, notamment européens, à fermer les yeux sur l’extension wahhabite dans les pays à minorité de Musulmans.

Une connivence, dont le prix a été payé plus tard dans le sang

L’expert Alexis Alexiev a indiqué dans un témoignage devant le Congrès américain que les diplômes des écoles wahhabites étaient derrière les attentats terroristes comme ceux de Londres en 2005 et de l’assassinat de l’artiste hollandais, Theodore Van Gogh, en 2004.

En outre, plusieurs exemples prouvent le maintien de la méthode saoudienne, consistant à propager le wahhabisme, même à la suite des attentats du 11 septembre. Ces évènements qui ont poussé Riyad à tenter de contenir la colère  de Washington, par le lancement de campagnes médiatiques et sécuritaires plutôt dérisoires.

Plusieurs années sont passées. La Syrie se transforme en point d’attrait pour les «Jihadistes» venus des quatre coins du monde. Ainsi, les élèves des écoles et académies wahhabites en Europe se sont mobilisés pour prendre la Syrie comme destination. Les gouverneurs de l’Europe ont estimé que tourner les regards, voire faciliter une telle mobilisation pourrait réaliser leurs objectifs politiques et les délivrer de la nouvelle génération d’«Al-Qaïda».

Mais l’arroseur est arrosé. Quelques mois plus tard, les «Jihadistes» sont de retour en Europe pour entamer leurs attentats par une agression contre Charlie Hebdo. Un attentat suivi par d’autres encore plus sanguinaires à Paris, assimilés à un 11 septembre européen. Un fait qui a relancé la polémique sur les politiques européennes, notamment françaises, quant à  la pénétration du wahhabisme dans le tissu de l’Europe occidentale.

La première des décisions prises par Paris sur fond de la polémique en question, a été la fermeture de mosquées qualifiées de responsables de la propagation de la haine. Les prédicateurs ont été expulsés du territoire français. Cette décision n’a pas été sans précédent en Europe. Plusieurs autres pays avaient pris des mesures similaires, surtout en 2012. Les autorités suisses avaient interdit le prêcheur saoudien Mohammad Oreifi, en 2012, d’entrer en Suisse pour plusieurs raisons, dont l’exhortation à la haine. Plus tard, Oreifi a été  interdit d’entrer dans la zone Schengen, comprenant 19 pays.

Pour sa part, l’Allemagne a pris la décision de fermer l’Académie saoudienne à Bonn en septembre dernier, au moment où une polémique déchainée entre l’Angleterre et l’Irlande sur les écoles saoudiennes, a poussé le bureau culturel de Riyad à décider de remplacer le terme «école», inscrit sur les documents revenant aux élèves, par le terme «complexes de renforcement». Toutefois, cette mesure n’a pas réussi à couper la voie devant le flux du wahhabisme.

Pourtant, le Parlement autrichien a été le premier à approuver une loi qui interdit tout financement étranger des organisations islamiques, en février dernier, et ce dans le contexte des efforts de Vienne dans la lutte antiterroriste.

L’Espagne a refusé une demande qatarie de bâtir la plus grande mosquée en Europe, dans la ville de Barcelone. Une mosquée  qui était censée couter deux milliards d’Euros. Des medias espagnols avaient expliqué ce refus par la crainte de Barcelone et du gouvernement central de Madrid de la répétition de l’expérience saoudienne wahhabite sur son territoire.

C’est donc la terreur occidentale de la transformation du wahhabisme en péril pour la vie et la sécurité des Européens.

Le 13 octobre français sera-t-il la dernière chance pour une prise de conscience dans les pays européens ?

Le fruit du mariage saoudo-wahhabite

Depuis le pacte conclu entre Mohammad Ben Abdel Wahhab et la dynastie Al-Saoud, les premiers piliers de l’Etat de ces derniers ont été installés dans la péninsule arabe, par le biais de l’épée et des prêches. Les fils du roi Saoud ont étendu leur pouvoir derrière les murailles de Najd, sous le couvert des fatwas wahhabites qui accusent d’apostasie tout autre musulman, dit polythéiste et ignorant.

Par contre, les fils d’Abdul Wahhab ont  jugé la dynastie Saoud comme le meilleur moyen de propager sa doctrine, dont l’extension n’aurait été possible sans les chevaliers saoudiens. De fait, la majorité des oulémas de cette région du monde, y compris les religieux hanbalites, avaient catégoriquement rejeté les approches de Mohammad Ben Abdel Wahhab. Un rejet qui n’a pas réussi à empêcher le partenariat saoudo-wahhabite, à l’ombre de la satisfaction et du soutien britannique dont l’objectif consistait à saper l’Etat Ottoman et sa légitimité.

En dépit des défaites subies par le projet des deux parties, le jumelage entre elles, est né de nouveau au début du siècle dernier, ouvrant une nouvelle ère d’échange fonctionnel saoudo-wahhabite, tout en substituant les recettes du pétrole et le parrainage américain à la colonisation et au soutien britanniques.

Article paru dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

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