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Le voisin d’abord: une exhortation morale ou une obligation stratégique

Le voisin d’abord: une exhortation morale ou une obligation  stratégique
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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a publié un article dans le quotidien libanais Assafir, en prélude à sa tournée auprès des capitales arabes.

«Selon nos traditions et la religion islamique qui nous rassemble tous, il existe un legs teinté de sagesse: Le voisin d’abord.
Cette recommandation d’ordre moral nous a été transmise tout au long de siècles et constitue actuellement une exigence indéniable ; en effet, le bien-être et la sécurité peuvent être uniquement assurés dans un milieu habilité à jouir de ces deux grandes bénédictions.
L’ultime priorité de l’Iran a été d’aspirer à de bonnes relations avec ses voisins. C’est ce qui a été clairement  annoncé, notammentLe voisin d’abord: une exhortation morale ou une obligation  stratégique
depuis la formation du nouveau gouvernement iranien.
D’ailleurs, ma tournée régionale dans trois pays voisins, le Koweït, Qatar et l’Irak, juste après la signature de l’accord nucléaire historique de Vienne entre l’Iran et le G5+1, cette tournée fut une confirmation de cette stratégie autour de laquelle se concentre la politique étrangère de l’Iran.
Notre région traverse à l’heure actuelle une période de turbulence. Elle fait face à des périls qui menacent les bases ainsi que la culture de la société. Il est vrai que l’Iran compte sur un peuple caractérisé par la flexibilité et la capacité à résister face à la tendance autoritaire, qu’il vit, grâce à Dieu, en toute stabilité et sécurité, et qu’il a élargi l’horizon des échanges constructifs. Cependant, il ne peut adopter une attitude indifférente devant l’énorme destruction qui sévit dans son entourage, surtout que selon l’expérience, le chaos et les tensions ne connaissent point de frontière. Il est donc impossible de garantir la sécurité d’un pays dans un environnement secoué par les tensions, dans ce monde en voie de mondialisation.
L’accord de Vienne était un début indispensable pour la région. De fait cet accord qui ne constitue aucun tort pour nos voisins, est aussi bénéfique pour la région toute entière, puisqu’il a mis fin à des tensions datant depuis 12 ans. Des tensions qui ont menacé la région alors qu’il est temps de se concentrer sur des activités plus importantes, dont la recherche de mécanismes qui aideraient tous les pays de la région à éradiquer les causes et les facteurs des tensions, ainsi que ceux de l’absence de la confiance.
La mise en place d’un forum pour le dialogue régional dans notre région et puis entre tous les pays islamiques du Moyen Orient est devenue un besoin urgent auquel on aurait dû recourir auparavant. En effet, le dialogue régional doit avoir des objectifs communs et se dérouler selon des règles générales reconnues par les pays de la région. Les règles les plus importantes seraient de tel:
-Le respect de la souveraineté et de l’unité territoriale de tous les pays ainsi que de leur indépendance politique. La non-violation des frontières et l’abstention de toute ingérence dans les affaires intérieures de l’autre pays. Le règlement pacifique des différends. L’interdiction des menaces et de l’usage de la force. Enfin, tenter d’instaurer la paix, la stabilité, le développement et le bonheur dans la région.
Nous devons tous reconnaitre une vérité: l’ère des stratagèmes  futiles est révolue. Nous sommes tous des gagnants ou des perdants. En effet, la sécurité durable n’est guère assurée par le sabotage de la sécurité des autres. Tout peuple n’est en mesure de garantir ses intérêts sans prendre en compte ceux des autres. C’est notre sort, l’acceptons-nous ou pas. { Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force et soyez patients, Dieu est avec les patients } (Al-Anfal. Verset 46).
Bien sur cette coopération inévitable ne sera pas du genre amer comme le fait de traiter avec les ennemis. Ce sera plutôt un processus agréable visant à instaurer les réformes et l’affection entre des frères et des membres d’une même  famille mais qui s’étaient éloignés les uns des autres il y a une certaine période. { Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse miséricorde verset } (Al-Hajarat. Verset 10).
De fait, l’importance  de l’adoption de ces mécanismes dans notre région, puis dans le Moyen Orient revêt une importance particulière. On ne peut nier le besoin de faire une évaluation intelligente  des complications en cours dans la région dans le but de suivre des politiques permanentes pour régler les crises. De fait, la lutte antiterroriste constitue une de ces complications. Nul n’est en mesure de lutter contre les groupes extrémistes comme celui nommé «Etat Islamique», -qui n’est ni état, ni islamique- en Irak, au moment où cette organisation se déploie au Yémen  et en Syrie.
Si l’on choisit de discuter de l’une des tragédies de la région pour entamer des pourparlers sérieux, le Yémen serait un bon exemple. En effet, l’Iran avait proposé une solution acceptable pour régler cette crise douloureuse. Le plan quadripartite que l’Iran avait proposé appelle à un cessez-le-feu immédiat, à l’envoi des aides humanitaires aux civils yéménites, et puis à paver la voie au dialogue entre les groupes yéménites sur leur territoire et en fin de compte à les orienter pour former un gouvernement d’union nationale.
Deux ans déjà, on avait proposé un plan similaire en Syrie au terme de concertations avec ce pays et certains pays du voisinage et avec tous les acteurs concernés, dans le but de rétablir la paix et la sécurité en Syrie. On pourrait réinscrire  ce plan sur l’ordre du jour, en plus des efforts déployés pour régler la crise yéménite et ce en coopération avec les autres pays islamiques et sous l’égide des Nations Unies.
Parallèlement, on pourrait profiter des pourparlers stratégiques pour faire des démarches précises dans le but de parvenir à une entente autour du règlement de plusieurs affaires, dont l’extrémisme et le terrorisme, l’interdiction des guerres confessionnelles ou sectaires et afin de diversifier la coopération sur plusieurs plans, scientifiques, industriels, développementaux et de ce fait consolider les relations entre les pays islamiques de la région.
La coopération nucléaire pour des fins pacifiques pourrait constituer un modèle important pour ce genre de coopération. L’Iran a le droit, ainsi que tous les pays islamiques du Moyen Orient, de bénéficier des avantages de la technologie nucléaire pacifique, conformément aux résolutions internationales. Ainsi tous les pays de la région doivent coopérer afin d’atteindre ces objectifs. Parmi les questions qui pourraient être objet de ce genre de coopération on en cite:
-Tirer avantage des possibilités de l’enrichissement par la fondation d’un centre régional pour la génération du combustible nucléaire, par la coopération entre les pays islamiques de la région sur le plan technique et politique et la multiplication des efforts internationaux pour établir une zone exemptes d'armes de destruction massive dans le Moyen Orient.

En conclusion, nous, les pays de cette région et du Moyen Orient, sommes proches grâce à plusieurs points communs, du point de vue religieux, culturel, politique et géographique, et nous possédons tous les outils pour établir une coopération constructive et avantageuse pour nos populations et celles du monde. Les défis en cours dans notre région, sont assez périlleux. Un fait qui doit nous éloigner des polémiques confessionnelles ou des différends personnels. Nous devons avoir le courage et la perspicacité pour initier la coopération et régler les sources des crises de notre région, au lieu de compter sur ceux qui étaient à la base de la création de ces problèmes».

Article paru dans le quotidien libanais Assafir, traduit par l'équipe du site

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