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«Daech» et l’Islam politique

«Daech» et l’Islam politique
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Il est désormais inutile de faire une distinction entre la théorie et l'application pour distancier l'Islam de la défiguration exercée par certains musulmans. Faire l'éloge de l'Islam, comme religion de modération et de miséricorde, n'est plus suffisant pour réfuter les exactions perpétrées par les groupes takfiris, à l'instar de «Daech» et de ses homologues. En effet, les groupes takfiris ont réussi à donner l'exemple religieux dénaturé. Ce modèle a prévalu, aux yeux du monde, sur les autres emblèmes de l'islam. Désormais, le modèle en question constitue l'exemple de l'Islam politique contemporain, en dépit de l'attitude de la majorité des musulmans qui renient, désavouent et rejettent la conduite de «Daech».

Le phénomène de «Daech» requiert, incontestablement, des efforts islamiques, hors du domaine militaire, pour limiter les périls conceptuels sur l'Islam. De fait, les écueils de ce phénomène résident notamment dans sa capacité à promouvoir un islam extrémiste, basé sur le takfir et le meurtre. De fait, tout comme la pensée de «Daech» suscite le mépris et la condamnation de Musulmans, cette même pensée est susceptible d'être adoptée par d'autres Islamistes. Cette pensée occupe désormais, sur le plan de l'approbation ou du refus, une place prioritaire dans l'esprit des musulmans et dans leur vision religieuse. Certains de ces derniers sont fascinés par la pensée de «Daech», dans la mesure où ils sont prêts à soutenir cette organisation, s'il leur était impossible de rejoindre ses rangs. D'autres musulmans sont atteints de la phobie de «Daech», ce qui les pousse à être sceptiques quant à la modération et la miséricorde de l'Islam, arrivant dans certains cas à frôler la limite de l'apostasie du rejet de l'Islam et de sa doctrine.

Mais, il est remarquable dans les deux cas, rejet ou adhésion, qu'on se fonde sur un constat selon lequel les comportements «Daech» sont les plus proches à la mise en œuvre du texte religieux, et les plus similaires à ceux de la période de Sadr- el-Islam (l'apogée de l'Islam)!

De surcroit, le rôle éminent des Etats-Unis dans la confrontation avec «Daech», confère à ce dernier une légitimité supplémentaire chez plusieurs musulmans, puisqu'il suffit que Washington soit hostile à une partie musulmane, pour que cette dernière devienne un héros sollicité, prisé et méritoirede solidarité. Ce fait a eu lieu dans le passé vis-à-vis du mouvement Taliban, en dépit de sa tyrannie et de sa nature démagogique. Ce fait s'est aussi répété avec Saddam Hussein, malgré sa dictature et ses méfaits en Irak et dans la région, au moment où le facteur sectaire empêche l'Iran de jouir de cette même solidarité, malgré l'hostilité américaine à son égard, différemment de «Daech», qui a recouru aux slogans sectaires comme principal atout.

Le prêche, les conseils et le discours sur la modération et le centrisme de l'islam ne sont plus suffisants pour éliminer la pensée de «Daech». Il est aussi inutile de priver cette organisation de légitimité, par la citation des textes religieux, exhortant à la modération, à la miséricorde et à l'amour. L'action fondamentaliste et extrémiste, de «Daech» ne peut être révoquée que par une action religieuse modérée,absolument antagonique.

Evoquer la pureté du concept religieux, quel que soit son degré de nitescence, ne revêt aucune valeur, tant que les pro-Daech s'érigent comme maitres de la pratique et l'application. De fait, le dilemme que pose cette organisation, dépasse les données sectaires et politiques. En finir avec «Daech» et ses homologues nécessite une reconstruction et un remaniement culturels, dont sont dépourvues les sociétés islamiques.

Il est inévitable de reconnaitre que l'extension de «Daech» n'est que le produit de «l'arriération religieuse», la bonne compréhension de la religion et de son application étant un facteur essentiel dans le développement,ainsi que dans le sous-développement des musulmans.

Les dégâts causés par le mouvement de «Daech» dans l'Islam politique en général, notamment sunnite, sont illimités, dans la mesure où l'observateur du spectacle actuel estime que tout jumelage entre l'islamique et le politique, produit nécessairement des expériences insolites et entraine des répercussions psychologiques et mentales. Sur ce, l'expérience de «Daech» est évoquée plus que celle de tout autre mouvement politique islamique. Il serait peut-être indispensable, pour les mouvements islamiques, de procéder à une remise en question dont le résultat serait la pratique de la politique, sans pour autant œuvrer pour appliquer l'islam politique. De cette manière, on peut distancier l'Islam des fléaux des expériences déformées.

Article paru dans le quotidien libanais Assafir, traduit par l'équipe du site

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