La guerre froide de retour: L’Armée rouge en Syrie ?
La Russie envisage des changements fondamentaux dans sa doctrine militaire ; elle considèrera les Etats-Unis et l'Otan comme première éventuelle menace. Ce serait la règle générale ; cette dernière nécessite l'arrêt de la coopération en matière d'armement et de coordination militaire et sécuritaire avec les pays occidentaux. Les forces russes seront en mesure de combattre hors du territoire fédéral, contre les parties qui menacent les russophones, les intérêts de Moscou et contre les groupes terroristes.
Les Russes sont parvenus à une conviction : l'occident ne les veut pas comme partenaires. Ni indépendants. Cet occident planifie même pour empêcher la Russie de devenir un pôle international. L'OTAN a riposté en Ukraine au défi russe en Syrie, dans le contexte d'une agression orchestrée contre l'atmosphère géopolitique de la Russie ; les effectifs, les missiles et les arsenaux de l'OTAN sont désormais aux frontières ; comme si l'intention de ce dernier était d'imposer un siège militaire qui accompagne l'embargo économique. De ce fait, non seulement la guerre froide sera de retour, mais aussi une guerre «semi chaude». Les développements ne cesseront pas au stade de l'élaboration d'une nouvelle doctrine militaire, mais Moscou ne pourra pas ignorer la nécessité du retour à une conception économique quasi nouvelle, basée sur un modèle, non encore mis au point, de capitalisme de l'Etat-Nation et sur l'accélération du cadre économique international concurrent à l'occident, à savoir le Brics, en plus de partenariat avec d'autres pays, notamment l'Iran.
Les Russes soutiennent Téhéran dans le dossier nucléaire ; les deux pays ont conclu plusieurs accords dans différents domaines, dont l'édification de deux nouveaux réacteurs nucléaires. Les points de vue des deux pays convergent autour de toutes les affaires régionales et internationales. Mais Moscou n'est pas encore confiante quant aux choix stratégiques iraniens. Un courant en Iran préfère le rapprochement avec l'occident, face à un autre. Les Etats-Unis tenteront d'attirer l'Iran. De fait, une alliance russo-iranienne constituera une catastrophe pour l'occident dans une région qui s'étend d'Afghanistan vers le Liban. Ces deux alliés pourraient imposer leurs conditions comme en Syrie. A l'heure actuelle, le combat contre «Daech» et les organisations takfiries est en question : permettrait-t-on à Washington de rassembler ses alliés régionaux- y compris les islamistes «modérés» qui combattent le régime syrien-dans une coalition contre «Daech». Une coalition qui mélange les cartes et remanie le pouvoir américain dans la région ? L'Iran sera-t-il membre réel de cette coalition ? Ou pourrait-on prévoir une coalition russo-irano-syrienne, qui passe de la coordination politique et militaire à une action militaire commune ?
Obama œuvre dans le but de bâtir une coalition de lutte antiterroriste, regroupant des pays ayant fourni le soutien financier, logistique et militaire aux groupes terroristes...comme l'Arabie, Qatar, la Turquie, la Jordanie, en plus d'organisations terroristes actives en Syrie. En réalité, le plan américain vise à contrôler, par la force, et à rediriger le terrorisme pour l'engager, de nouveau, aux intérêts des Etats-Unis et de ses alliés, dans une guerre de longue durée qui permet aux Américains d'intervenir partout ; Moscou gardera-t-elle les bras croisés, surtout que la réorientation du terrorisme englobera aussi le territoire russe ?
La Russie accorde un intérêt spécial à l'Egypte, ancien allié et pays ayant joui d'une certaine marge de liberté d'action, hors du pouvoir américain. Mais le Caire est toujours dans une position ambigüe et inintelligible dans ses relations internationales. Imaginez-vous que l'Egypte n'est pas encore invitée à rejoindre la coalition américaine contre le terrorisme, au moment où l'Arabie compte en premier lieu sur la force égyptienne, pour assurer l'équilibre avec l'Iran et contrer le péril de «Daech».
En effet, cette organisation représente un véritable danger pour l'entité saoudienne ; «Daech» illustre la forme initiale du mouvement wahhabite, pure de toute modification ou pression royale : cette organisation est, d'une part, l'incarnation vivante de la culture profonde qui contrôle le royaume. Elle renferme, d'une autre part, un mélange de protestations populaires et tribales. La dynastie Al-Saoud sait, plus que tout autre, qu'un putsch opéré par «Daceh» est réalisable en Arabie : Riyad maintiendra-t-il sa confiance en la protection américaine ou convoquera-t-il l'armée égyptienne, hors de la coalition américaine et par un soutien russe en matière d'armement ?
Pourra-t-on permettre toujours des interventions du genre suivant: entente américano-iranienne, entente Russo-égyptienne, et coordination avec Damas contre «Daech», ou bien la guerre froide réaménagera la polarisation sur la base d'une confrontation ouverte entre deux grands axes en plein conflit ?
La nouvelle doctrine militaire russe tranchera à jamais l'affaire syrienne, comme étant une affaire de sécurité nationale pour Moscou. Il n'est plus possible, non seulement de tolérer la possibilité de la perte du seul allié constant dans la région, mais encore plus : il n'est plus possible d'autoriser la prolongation de la guerre syrienne ou le statuquo sur la scène syrienne, comme consistent les plans américains ; ce fait nécessite de passer de l'étape du soutien politique et de l'intensification de l'armement, à l'étape de la participation directe au conflit.
Les pilotes des chasseurs russes avaient combattu dans l'espace aérien du Caire et de Damas, contre l'offensive israélienne. Ils peuvent y être de retour pour combattre contre les terroristes. L'Armée rouge pourrait assumer aussi la responsabilité de défendre la côte syrienne, ce qui permettra aux forces syriennes de se concentrer sur des batailles décisives dans le nord et l'ile de l'Euphrate.
Le régime syrien a dépassé depuis longtemps la phase du danger ; mais la Syrie stable, unifiée, sécurisée et puissante, reconstruite par un soutien russe, chinois et iranien, est désormais une exigence stratégique urgente pour la nouvelle doctrine militaire russe.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Les Russes sont parvenus à une conviction : l'occident ne les veut pas comme partenaires. Ni indépendants. Cet occident planifie même pour empêcher la Russie de devenir un pôle international. L'OTAN a riposté en Ukraine au défi russe en Syrie, dans le contexte d'une agression orchestrée contre l'atmosphère géopolitique de la Russie ; les effectifs, les missiles et les arsenaux de l'OTAN sont désormais aux frontières ; comme si l'intention de ce dernier était d'imposer un siège militaire qui accompagne l'embargo économique. De ce fait, non seulement la guerre froide sera de retour, mais aussi une guerre «semi chaude». Les développements ne cesseront pas au stade de l'élaboration d'une nouvelle doctrine militaire, mais Moscou ne pourra pas ignorer la nécessité du retour à une conception économique quasi nouvelle, basée sur un modèle, non encore mis au point, de capitalisme de l'Etat-Nation et sur l'accélération du cadre économique international concurrent à l'occident, à savoir le Brics, en plus de partenariat avec d'autres pays, notamment l'Iran.
Les Russes soutiennent Téhéran dans le dossier nucléaire ; les deux pays ont conclu plusieurs accords dans différents domaines, dont l'édification de deux nouveaux réacteurs nucléaires. Les points de vue des deux pays convergent autour de toutes les affaires régionales et internationales. Mais Moscou n'est pas encore confiante quant aux choix stratégiques iraniens. Un courant en Iran préfère le rapprochement avec l'occident, face à un autre. Les Etats-Unis tenteront d'attirer l'Iran. De fait, une alliance russo-iranienne constituera une catastrophe pour l'occident dans une région qui s'étend d'Afghanistan vers le Liban. Ces deux alliés pourraient imposer leurs conditions comme en Syrie. A l'heure actuelle, le combat contre «Daech» et les organisations takfiries est en question : permettrait-t-on à Washington de rassembler ses alliés régionaux- y compris les islamistes «modérés» qui combattent le régime syrien-dans une coalition contre «Daech». Une coalition qui mélange les cartes et remanie le pouvoir américain dans la région ? L'Iran sera-t-il membre réel de cette coalition ? Ou pourrait-on prévoir une coalition russo-irano-syrienne, qui passe de la coordination politique et militaire à une action militaire commune ?
Obama œuvre dans le but de bâtir une coalition de lutte antiterroriste, regroupant des pays ayant fourni le soutien financier, logistique et militaire aux groupes terroristes...comme l'Arabie, Qatar, la Turquie, la Jordanie, en plus d'organisations terroristes actives en Syrie. En réalité, le plan américain vise à contrôler, par la force, et à rediriger le terrorisme pour l'engager, de nouveau, aux intérêts des Etats-Unis et de ses alliés, dans une guerre de longue durée qui permet aux Américains d'intervenir partout ; Moscou gardera-t-elle les bras croisés, surtout que la réorientation du terrorisme englobera aussi le territoire russe ?
La Russie accorde un intérêt spécial à l'Egypte, ancien allié et pays ayant joui d'une certaine marge de liberté d'action, hors du pouvoir américain. Mais le Caire est toujours dans une position ambigüe et inintelligible dans ses relations internationales. Imaginez-vous que l'Egypte n'est pas encore invitée à rejoindre la coalition américaine contre le terrorisme, au moment où l'Arabie compte en premier lieu sur la force égyptienne, pour assurer l'équilibre avec l'Iran et contrer le péril de «Daech».
En effet, cette organisation représente un véritable danger pour l'entité saoudienne ; «Daech» illustre la forme initiale du mouvement wahhabite, pure de toute modification ou pression royale : cette organisation est, d'une part, l'incarnation vivante de la culture profonde qui contrôle le royaume. Elle renferme, d'une autre part, un mélange de protestations populaires et tribales. La dynastie Al-Saoud sait, plus que tout autre, qu'un putsch opéré par «Daceh» est réalisable en Arabie : Riyad maintiendra-t-il sa confiance en la protection américaine ou convoquera-t-il l'armée égyptienne, hors de la coalition américaine et par un soutien russe en matière d'armement ?
Pourra-t-on permettre toujours des interventions du genre suivant: entente américano-iranienne, entente Russo-égyptienne, et coordination avec Damas contre «Daech», ou bien la guerre froide réaménagera la polarisation sur la base d'une confrontation ouverte entre deux grands axes en plein conflit ?
La nouvelle doctrine militaire russe tranchera à jamais l'affaire syrienne, comme étant une affaire de sécurité nationale pour Moscou. Il n'est plus possible, non seulement de tolérer la possibilité de la perte du seul allié constant dans la région, mais encore plus : il n'est plus possible d'autoriser la prolongation de la guerre syrienne ou le statuquo sur la scène syrienne, comme consistent les plans américains ; ce fait nécessite de passer de l'étape du soutien politique et de l'intensification de l'armement, à l'étape de la participation directe au conflit.
Les pilotes des chasseurs russes avaient combattu dans l'espace aérien du Caire et de Damas, contre l'offensive israélienne. Ils peuvent y être de retour pour combattre contre les terroristes. L'Armée rouge pourrait assumer aussi la responsabilité de défendre la côte syrienne, ce qui permettra aux forces syriennes de se concentrer sur des batailles décisives dans le nord et l'ile de l'Euphrate.
Le régime syrien a dépassé depuis longtemps la phase du danger ; mais la Syrie stable, unifiée, sécurisée et puissante, reconstruite par un soutien russe, chinois et iranien, est désormais une exigence stratégique urgente pour la nouvelle doctrine militaire russe.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site