Message au commandement de l’armée: le cran ou le départ
Ibrahim El-Amine
Remarque nécessaire:
Prière au général Jean Kahwaji, de ne pas lire cet article en tant que candidat à la présidentielle. Ainsi que les membres de son équipe civile, notamment les conseillers de tous les mandats, ceux qui aspirent à jouer des rôles et certains «militaires bavards!»
Les militaires au Liban n’éprouvent pas le besoin des poèmes et des chansons. Bien sûr, ils n’ont pas besoin de communiqués et de discours. Et s’ils décident d’assumer leur devoir, ils n’ont même pas besoin de décision politique. Mais le cas échéant, les poèmes, les chansons, les communiqués et les discours deviennent des nécessités pour remédier à l’absence de la décision politique. Et puisque les chefs de l’armée n’envisagent pas des démarches inhabituelles qui dépassent la discipline traditionnelle, et qui ne frôlent pas les limites du putsch, il est difficile de prévoir de meilleures conditions.
Avant quelques années, des miliciens appartenant à une branche de l’organisation Al-Qaïda, ont agressé les barrages de l’armée libanaise dans le nord. Ils y ont commis un massacre, suivi de la bataille de Nahr el-Bared.
Dans les dernières années, les soldats ont été exposés à Tripoli, à Saïda et dans la Bekaa, à des embuscades. Des militaires y ont péri. Chaque fois, l’affaire était clôturée sans que ne soient révélés les dessous des échecs sécuritaires ou militaires.
Récemment, l’armée a affronté plusieurs offensives contre ses forces, aux périphéries de Ersal et sur les routes menant aux jurds, arrivant en fin de compte à l’enlèvement, par des rebelles syriens, de dizaines de militaires, conduits à l’extérieur de la localité selon un accord tacite. Plus tard, plusieurs soldats ont été libérés, un d’eux décapité au moment où les terroristes menacent d’égorger d’autres, si leurs homologues détenus dans la prison de Roumieh ne sont pas libérés.
Nous voici en face du dilemme: négocier ou pas. Et nul ne connait encore qui assume la responsabilité des erreurs sécuritaires et militaires.
Le commandement de l’armée se justifie. Le pouvoir politique ne lui assure pas la couverture politique suffisante. Il ne lui fournit pas les ressources humaines et matérielles qui lui permettent de mener une confrontation globale avec les miliciens. Le commandement de l’armée avance d’autres arguments: il est soumis au pouvoir politique. Si ce dernier décide de négocier, comme il a eu lieu, le commandement de l’armée accepte et s’y conforme, même si cette option provoquera plus tard l’enlèvement de militaires et de civils.
Et puisque le gouvernement veut les négociations, directes ou indirectes, l’armée n’a rien à faire. Le commandement poursuit ses plaintes: manque d’effectifs, d’équipements, de ressources financières et absence de la décision politique pour accélérer les aides venant des frères et des alliés.
Célébrons ensemble puisque les Etats-Unis nous ont envoyé des équipements qui ne suffisent même pas aux escortes.
Par contre, environ 40 familles, aspirent seulement au retour de leurs fils sains et saufs. Certaines de ces familles, veulent juste savoir le sort de leurs fils. Sont-ils en vie ou martyrs. Ces familles ne s’intéressent plus à la dignité. Elles ne s’intéressent pas aux négociations. Ils ne s’attachentguère à la libération de personnes accusées de meurtres ou d’autres crimes. Ces familles veulent le retour de leurs fils. Un point à la ligne.
Mais les faits stagneront-ils à ce stade?
En premier lieu, à l’ombre de cette classe de responsables, les doléances des proches des otages sont justifiées. Celui qui estime le contraire, qu’il envoie son fils ou un membre de sa famille dans une tournée touristique dans les jurds de Ersal, non dans une mission militaire.
Mais en second lieu, l’armée a-t-elle discutée, une seule fois, la condition de la direction des renseignements? Est-elle à la hauteur de la responsabilité? Ses expertises, son potentiel, sa méthode de travail et ses programmes d’entrainement sont-ils efficaces dans le contexte des mutations des dernières années sur la scène libanaise et régionale? Ou doit-on nous suffire à ce qui parvient à cette direction de dons en matière de renseignements, made in Lebanon, régionaux ou internationaux?
Y-a-t-il un responsable de l’armée qui nous convainc que la coordination est en bonne voie avec les autres services de sécurité, dont la branche des renseignements des FSI «puissante et productive», la Sûreté Générale «persévérante afin de réussir» et avec d’autres, de manière à empêcher les scandales et à protéger les forces déployées sur le terrain?
A-t-on modifié les programmes d’entrainement des unités militaires pour leur permettre d’affronter les capacités des groupes ennemis, de s’adapter aux conditions géographiques et d’assurer les moyens logistiques, de manière à empêcher le pétrin des batailles perdues ou à réussir des batailles préventives?
Malheureusement, nous n’attendons guère de réponses ou de clarifications.
A l’heure actuelle, des officiers hauts gradés réalisent qu’une action est exigée sur le terrain, sans attendre la décision politique. Ils savent qu’affronter le péril ne nécessite guère une position unanime, irréalisable, tant que Fouad Siniora et les forces islamistes conçoivent l’armée comme «un bataillon de Wilayat al-Fakih», et tant que le camp du 14 Mars, ne connait que Michel Aoun comme commandant de la troupe. Quelle unanimité cherche le commandement de l’armée?
Ce dernier est devant deux choix: élaborer un plan, sur la base des capacités disponibles. Un plan qui nous prémunit du mal, des compromis et des accords humiliants, ou bien qu’il impose aux politiciens, et aux citoyens, des décisions jugées effectives par les gens, quel qu’en soit le prix…Sinon, il lui serait meilleur de dégager!
Artcile paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Remarque nécessaire:
Prière au général Jean Kahwaji, de ne pas lire cet article en tant que candidat à la présidentielle. Ainsi que les membres de son équipe civile, notamment les conseillers de tous les mandats, ceux qui aspirent à jouer des rôles et certains «militaires bavards!»
Les militaires au Liban n’éprouvent pas le besoin des poèmes et des chansons. Bien sûr, ils n’ont pas besoin de communiqués et de discours. Et s’ils décident d’assumer leur devoir, ils n’ont même pas besoin de décision politique. Mais le cas échéant, les poèmes, les chansons, les communiqués et les discours deviennent des nécessités pour remédier à l’absence de la décision politique. Et puisque les chefs de l’armée n’envisagent pas des démarches inhabituelles qui dépassent la discipline traditionnelle, et qui ne frôlent pas les limites du putsch, il est difficile de prévoir de meilleures conditions.
Avant quelques années, des miliciens appartenant à une branche de l’organisation Al-Qaïda, ont agressé les barrages de l’armée libanaise dans le nord. Ils y ont commis un massacre, suivi de la bataille de Nahr el-Bared.
Dans les dernières années, les soldats ont été exposés à Tripoli, à Saïda et dans la Bekaa, à des embuscades. Des militaires y ont péri. Chaque fois, l’affaire était clôturée sans que ne soient révélés les dessous des échecs sécuritaires ou militaires.
Récemment, l’armée a affronté plusieurs offensives contre ses forces, aux périphéries de Ersal et sur les routes menant aux jurds, arrivant en fin de compte à l’enlèvement, par des rebelles syriens, de dizaines de militaires, conduits à l’extérieur de la localité selon un accord tacite. Plus tard, plusieurs soldats ont été libérés, un d’eux décapité au moment où les terroristes menacent d’égorger d’autres, si leurs homologues détenus dans la prison de Roumieh ne sont pas libérés.
Nous voici en face du dilemme: négocier ou pas. Et nul ne connait encore qui assume la responsabilité des erreurs sécuritaires et militaires.
Le commandement de l’armée se justifie. Le pouvoir politique ne lui assure pas la couverture politique suffisante. Il ne lui fournit pas les ressources humaines et matérielles qui lui permettent de mener une confrontation globale avec les miliciens. Le commandement de l’armée avance d’autres arguments: il est soumis au pouvoir politique. Si ce dernier décide de négocier, comme il a eu lieu, le commandement de l’armée accepte et s’y conforme, même si cette option provoquera plus tard l’enlèvement de militaires et de civils.
Et puisque le gouvernement veut les négociations, directes ou indirectes, l’armée n’a rien à faire. Le commandement poursuit ses plaintes: manque d’effectifs, d’équipements, de ressources financières et absence de la décision politique pour accélérer les aides venant des frères et des alliés.
Célébrons ensemble puisque les Etats-Unis nous ont envoyé des équipements qui ne suffisent même pas aux escortes.
Par contre, environ 40 familles, aspirent seulement au retour de leurs fils sains et saufs. Certaines de ces familles, veulent juste savoir le sort de leurs fils. Sont-ils en vie ou martyrs. Ces familles ne s’intéressent plus à la dignité. Elles ne s’intéressent pas aux négociations. Ils ne s’attachentguère à la libération de personnes accusées de meurtres ou d’autres crimes. Ces familles veulent le retour de leurs fils. Un point à la ligne.
Mais les faits stagneront-ils à ce stade?
En premier lieu, à l’ombre de cette classe de responsables, les doléances des proches des otages sont justifiées. Celui qui estime le contraire, qu’il envoie son fils ou un membre de sa famille dans une tournée touristique dans les jurds de Ersal, non dans une mission militaire.
Mais en second lieu, l’armée a-t-elle discutée, une seule fois, la condition de la direction des renseignements? Est-elle à la hauteur de la responsabilité? Ses expertises, son potentiel, sa méthode de travail et ses programmes d’entrainement sont-ils efficaces dans le contexte des mutations des dernières années sur la scène libanaise et régionale? Ou doit-on nous suffire à ce qui parvient à cette direction de dons en matière de renseignements, made in Lebanon, régionaux ou internationaux?
Y-a-t-il un responsable de l’armée qui nous convainc que la coordination est en bonne voie avec les autres services de sécurité, dont la branche des renseignements des FSI «puissante et productive», la Sûreté Générale «persévérante afin de réussir» et avec d’autres, de manière à empêcher les scandales et à protéger les forces déployées sur le terrain?
A-t-on modifié les programmes d’entrainement des unités militaires pour leur permettre d’affronter les capacités des groupes ennemis, de s’adapter aux conditions géographiques et d’assurer les moyens logistiques, de manière à empêcher le pétrin des batailles perdues ou à réussir des batailles préventives?
Malheureusement, nous n’attendons guère de réponses ou de clarifications.
A l’heure actuelle, des officiers hauts gradés réalisent qu’une action est exigée sur le terrain, sans attendre la décision politique. Ils savent qu’affronter le péril ne nécessite guère une position unanime, irréalisable, tant que Fouad Siniora et les forces islamistes conçoivent l’armée comme «un bataillon de Wilayat al-Fakih», et tant que le camp du 14 Mars, ne connait que Michel Aoun comme commandant de la troupe. Quelle unanimité cherche le commandement de l’armée?
Ce dernier est devant deux choix: élaborer un plan, sur la base des capacités disponibles. Un plan qui nous prémunit du mal, des compromis et des accords humiliants, ou bien qu’il impose aux politiciens, et aux citoyens, des décisions jugées effectives par les gens, quel qu’en soit le prix…Sinon, il lui serait meilleur de dégager!
Artcile paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site