Tensions entre la France et l’Algérie… ébauche d’une tentative de recolonisation
Par Akil Cheikh Hussein
Plusieurs faits se sont accumulés ces derniers temps pour témoigner d’une escalade de tensions entre la France, ancienne puissance colonialiste et l’Algérie, l’une de ses plus importantes anciennes colonies. Les terroristes de Daech et de la Qaeda déblayeront les chemins de l’invasion.
On compte parmi les faits en question, le mécontentement algérien à l’encontre de la publication par Le Monde, quotidien français proche du gouvernement, d’une photo du président Bouteflika le liant à tort au scandale des « Panama Papers ».
Provocations
Pas moins violente est la réaction algérienne aux propos de l’ambassadeur français à Alger qui a reconnu que son pays adopte une politique de ségrégation dont profitent dans les domaines de visas d’entrée en France, aux dépens des Arabes, les Kabyles sympathisants du « Mouvement pour l’indépendance de la Kabylie » accusé de collaborer avec les Français en vue d’une reconquête de l’Algérie.
Du même calibre, la réaction algérienne n’est pas moins violente à une discours récent de François Hollande dans lequel il a évoqué les présumés massacres perpétrés au lendemain de la signature des accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie, massacres considérés comme sans fondement par les Algériens.
Toujours dans le même sillage provocateur, l’ex-président français, Nicolas Sarkosy, avait réitéré, en juillet 2015, après un long silence, son appel de 2008 à créer l’Union pour la Méditerranée. Cette organisation qui devrait, selon lui, rassembler les pays de l’Union européenne et les pays riverains de la méditerranée, se présentait comme un espace de dialogue au service de la coopération, du développement et de la lutte contre le terrorisme… Mais, les dessous de ces clichés se résument en un seul mot : Recolonisation.
En fait, des analystes n’ont pas hésité de qualifier ce projet d’ « invasion » française. Tous les pays de cette union sont dans la mesure du possible concernés. Ou du moins quelques-uns, comme par exemple, ceux de l’Afrique du Nord, et plus particulièrement l’Algérie. Car du temps du colonialisme classique, entre 1830 et 1962, elle s’appelait l’Algérie française. Mais son indépendance n’a pas été reconnue par les OAS et les Harkis. C’est la raison pour laquelle l’idée d’une reconquête de l’Algérie continue de gagner du terrain dans la conscience et l’inconscient non seulement des franges les plus extrémistes de l’extrême droite, mais également chez d’autres parties de droite, et même chez les socialistes qui, par la personne de François Hollande, occupent actuellement le sommet du pouvoir en France.
Nouvel empire français
En théoricien, Sarkozy pensait que l’avenir de l’Algérie doit être traité dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Ce qui revient à dire, que l’Algérie est invitée à faire partie de ce nouvel empire français que Sarkozy et Hollande semblent sérieusement rêver de ressusciter sur les décombres de l’empire étasunien qu’ils croient en déclin irréversible.
A la tête des socialistes et de tous les autres nostalgiques de l’Algérie française, Hollande embauche la mise en application de la théorie de son prédécesseur … A partir du Mali, de la Lybie, deux pays qui sont en proie aux guerres dites contre le terrorisme, du Maroc, partie prenante dans le conflit sahraoui et, dans un avenir proche, des côtes algériennes qui, durant des siècles, étaient bombardées et pillées par les flottes françaises et européennes qui , à l’époque, luttaient, faute du fameux terrorisme de nos jours, contre la piraterie !
C’est ainsi que l’intervention militaire imminente des puissances occidentales contre les terroristes en action en Lybie et au Mali semble être une opération de diversion destinée à « couvrir la fuite » des terroristes en fin de mission dans ces deux pays vers le territoire algérien pour y commencer leur nouvelle mission qui n’est rien d’autre que la création des conditions de l’intervention militaire occidentale, principalement française, en Algérie.
L’opération barkhane a déjà placé l’Algérie (ainsi qu’une dizaine de pays du Sahel et de l’Afrique du Nord) au milieu de la guerre française au Mali contre le prétendu ennemi terroriste. Les confrontations armées dans le Sud algérien entre les Sunnites arabes et les Touareg, mais également entre les Sunnites et les Amazighs ne sont que des étincelles qui risquent d’incendier la totalité d’une Algérie qui sort à peine d’une guerre civile qui a duré une dizaine d’années et qui est susceptible d’éclater à nouveau pour contribuer à la création des conditions de la reconquête dont rêvent les Français nostalgiques de l’Algérie française.
Source : French.alahednews