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Discours du secrétaire général à l’occasion de la 1ère nuit de l’Achoura

Discours du secrétaire général à l’occasion de la 1ère nuit de l’Achoura
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Au sujet de la situation dans la région et au Liban, je vais parler rapidement en guise d’introduction à ce que je dirais dans les prochaines soirées, notamment au sujet de la détermination des responsabilités, au sujet des positions et des problèmes à régler.

Je commence par la Palestine, au cœur du conflit, de la bataille et de la cause. L’année de l’Hégire se termine sur de graves développements en Palestine qui ont commencé depuis quelques semaines. Nous assistons à un vaste mouvement de protestation populaire à al-Qods occupée et autour de la Mosquée al Aqsa, ainsi qu’en Cisjordanie, à Gaza et dans les terres occupées en 1948. Ce qui ressemble à une troisième intifada.

Jusqu’à présent, les Palestiniens n’ont pas qualifié leur mouvement de troisième intifada. Et nul ne doit les devancer dans la qualification de leur réalité. Le peuple palestinien a montré au cours des dernières semaines, un grand courage, une grande détermination et beaucoup de défi, comme ils ont l’habitude de le faire. Ils ont aussi montré, comme d’habitude, une grande disposition au sacrifice. En voyant le nombre des martyrs et des blessés, ainsi que les maisons détruites, les mesures de l’occupant, on ne peut qu’admirer la ténacité et le courage des Palestiniens. En face d’eux, l’ennemi fait preuve  d’une grande confusion et d’inquiétude, au niveau du gouvernement et des colons. De même, certains Etats qui se sentent concernés par la question palestinienne ont exprimé leur inquiétude.

Les Américains et les israéliens sionistes supposaient, à travers leur lecture des développements dans la région,  que celle-ci était plongée dans ses propres conflits. En étudiant chaque année ce qu’ils appellent «l’environnement stratégique de l’Etat d’Israël» ( pour nous l’entité israélienne et son entourage régional), les Israéliens étaient persuadés que les pays de la région étaient trop occupés par leurs problèmes internes. Par conséquent, le peuple palestinien qui vit à l’intérieur de la Palestine sait qu’il se trouve dans une impasse totale. Les Américains et les Israéliens sionistes étaient donc convaincus que les Palestiniens de l’intérieur traversaient une période de désespoir, face à un horizon totalement bouché sans la moindre lueur d’espoir.  Selon eux, ce peuple était donc incapable de réagir. Ils ont donc multiplié les provocations à la Mosquée Al Aqsa dans un objectif minimal  de la diviser et maximal de la  détruire                                                            

En réalité, le seul à pouvoir répondre à ces provocations dans la logique et sur le terrain était le peuple palestinien. Il est le plus compétent, le plus capable d’affronter ces provocations  et de protéger la mosquée Al Aqsa. C’est ce qui s’est passé dès les premiers jours, à travers la résistance à l’intérieur de la Mosquée des hommes et des femmes courageux et déterminés. Ils ont réussi à empêcher les colons d’envahir la Mosquée.

Mais les événements ont évolué  vers des affrontements violents et sanglants qui ont sans nul doute surpris l’ennemi et l’ont inquiété. Les Américains qui considéraient que le dossier palestinien est en veilleuse et que nul n’est prêt à le relancer ont été aussi surpris.

Je voudrais ici signaler que le peuple palestinien prend toujours le monde de court par sa capacité à se renouveler, à surmonter les pires difficultés et à réagir. Il parvient toujours à surmonter tous les facteurs de désespoir et à créer l’événement, réussissant à l’imposer au monde. Il parvient aussi à trouver de nouvelles méthodes de résistance qui plongent l’entité policière la plus forte et la plus armée, dans l’embarras et la confusion.

Aujourd’hui, en ces soirées de Karbala, je voudrais dire que la situation en Palestine est le plus bel exemple et le plus clair de la lutte entre le Bien et le Mal. Nous sommes face à une cause évidente, sans la moindre controverse, ni sur le plan religieux, ni sur le plan moral, humain, intellectuel, légal et même juridique. Un des plus concluants exemples de la lutte entre le Mal et le Bien est aujourd’hui donné par les événements de Palestine. Et ce qui suivra sera certainement la victoire du sang sur l’épée, comme ce fut le cas dans le passé.

Il faut prévoir que cette situation se prolongera. C’est pourquoi je voudrais affirmer quelques points :

1-Nous au Hezbollah nous appuyons totalement la résistance du peuple palestinien  opprimé, spolié de ses droits et injustement traité et nous nous tenons toujours à ses côtés.

2-Nous appelons tout le monde à suivre ce qui se passe et à appuyer le peuple palestinien par tous les moyens possibles et disponibles.

3-Nous appelons tout le monde à traiter les événements de Palestine avec responsabilité.

Jusqu’à présent, chaque fois qu’il y avait une intifada en Palestine, ou un soulèvement populaire, les réactions dans le monde arabe et dans la communauté internationale variaient entre les critiques ou la surenchère. Mais dans les deux cas, il s’agit d’une attitude fausse. L’attitude critique c’était par exemple que des personnalités utilisent les nombreuses tribunes du monde arabe pour décourager les Palestiniens et leur dire que ce qu’ils font ne sert à rien, qu’ils perdent en vain leurs proches, leurs maisons et leurs biens et qu’au final rien ne va changer. C’était d’ailleurs l’attitude que devait affronter la résistance. Tous les mouvements de résistance trouvent toujours des parties pour mettre en doute l’utilité et l’efficacité de leur action. Ce fut surtout le cas pour les mouvements de résistance dans le monde arabe, tout cela pour servir les intérêts des Etats-Unis et d’Israël. Ils cherchaient donc à briser le moral de ces mouvements populaires, pour les affaiblir et les détruire, comme cela s’est passé à d’autres périodes. L’attitude de la surenchère consiste à  demander aux Palestiniens de fixer un plafond plus élevé pour leurs réclamations ou de les orienter dans un sens ou un autre dans une pratique de donner des leçons connues dans le monde arabe.

Je voudrais dire, à partir de notre propre expérience et en raison de notre soutien total aux Palestiniens, que nous devons tous être aux côtés des Palestiniens. Ils sont les chefs de leur terrain. Ils y sont présents et le connaissent mieux que personne. C’est donc à eux de choisir les méthodes, de fixer le plafond et de décider des orientations de leur soulèvement. Nous devons tous être à leurs côtés et les appuyer autant que nous le pouvons.

Pour conclure ce point, je dirais, que toutes les expériences précédentes montrent que le peuple palestinien n’a d’autre choix que celui de faire ce qu’il fait. Il n’a d’autre choix que celui de la résistance, de l’intifada et du soulèvement, pour imposer sa volonté à ceux qui occupent sa terre et ses conditions au monde. Le peuple palestinien n’attend plus et toutes les expériences passées lui ont appris  qu’il ne doit pas attendre. Ce n’est d’ailleurs plus le cas du seul peuple palestinien.

Aujourd’hui, tous les peuples de la région, chaque peuple dans chaque pays, est devenu obligé d’assumer ses responsabilités à cause des circonstances, que celles-ci soient spirituelles, intellectuelles ou religieuses ( J’en parlerai plus longuement au cours des prochaines soirées). Chaque peuple doit donc désormais assumer ses responsabilités et construire son avenir par sa volonté, avec ses femmes, ses enfants et ses larmes, sans plus rien n'attendre de qui que ce soit dans le monde.

L’année s’en va sur la tragédie de Mina à la Mecque. Ce sont là les deux événements qui ont marqué cette fin d’année, même s’il y a en a d’autres très importants.

Dans cette tragédie, il n’y a pas encore eu de publication du nombre exact des victimes, même si on sait que les victimes iraniennes de ce pèlerinage sont les plus nombreuses. L’Arabie saoudite continue de parler de 700 morts ou un peu plus. Pourtant, selon les documents et les photos entre les mains des gens il y aurait plus de 1200 ou 1300 victimes. Certains parlent même de 4000 ou de 5000 victimes, sans parler des blessés.  Jusqu’à présent, il y a encore des personnes disparues. Nous ne parlons pas d’un coin perdu dans le désert, mais de La Mecque ! Il y a encore des disparus dont on ne sait pas s’ils sont morts, s’ils sont dans les hôpitaux, dans les prisons s’ils sont enterrés ou non. C’est le sort de nombreux pèlerins venus des quatre coins du monde islamique. Pour le Liban, le sort de l’uléma sayed Haïdar al Hasni, l’imam de la localité de Markaba. Nous renouvelons notre demande au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères de s’occuper de cette affaire et de lui accorder l’importance qu’elle mérite et une attention exceptionnelle pour pouvoir connaître le sort de cet uléma respectable.

Au sujet de cette tragédie, je voudrais évoquer deux parties :

Le premier volet repose sur des questions : qu’est ce qui s’est passé, quelles en sont les causes ? On ne vous parle de rien. Nous avons réclamé une enquête en vain. Au minimum, il y a eu un échec dans la gestion du pèlerinage. Cela, c’est indiscutable. D’autant que ces tragédies se répètent. Les pays qui ont eu des victimes dans cette tragédie ont réclamé une enquête à laquelle ils participeraient. On leur a opposé un refus total. Les responsables saoudiens refusent totalement la moindre participation externe à l’enquête. . Mais ont-ils eux-mêmes fait une enquête sur ce sujet ?  Quels en sont les résultats ?Rien n’a été divulgué jusqu’à présent. Il s’agit pourtant d’une revendication juste. C’est le droit élémentaire des pays islamiques qui ont eu des victimes dans cette tragédie de vouloir une enquête, pour connaître le sort de leurs ressortissants.

Dans le second volet,  je parle de ce qui s’est passé après la tragédie. Indépendamment donc des causes et de la manière dont a eu lieu la bousculade, une fois qu’elle s’est produite, les témoins racontent que les gens sont restés près de trois heures sur place, par une chaleur avoisinant les 50 degrés, sans que nul ne s’occupe d’eux. Un des survivants a dit : Ah si au moins un hélicoptère avait survolé le lieu en l’arrosant d’eau ! Des centaines de victimes auraient peut-être survécu si elles avaient été secourues ou si elles avaient eu moins chaud. Il faut donc une enquête sur ce sujet précis. Je vais attendre un peu avant de développer ce point.

Il n’y a donc pas de participation à l’enquête sur les causes de la bousculade et aucune autre participation à l’enquête sur ce qui s’est passé après la bousculade. Donc, il n’y a peut-être pas d’enquête, ni la moindre clarté. Des milliers de pèlerins ont été tués ou blessés et nul ne sait comment ni pourquoi cela s’est passé.

Le silence du monde islamique est aussi désolant, les gouvernements et les Etats islamiques se sont tus en général. En tout cas, très peu ont réclamé des éclaircissements. La seule voix qui s’est élevée est celle de l’imam Ali Khamenei qui a demandé clairement des comptes.

Par contre, le reste du monde musulman est resté silencieux. Même les Etats qui avaient envoyé des pèlerins et qui ne savent pas encore s’ils sont morts ou vivants, s’ils ont été enterrés et où, n’ont rien dit. Même plus, leurs dirigeants ont remercié le royaume saoudien et sa gestion de la saison du Hajj. Y a-t-il pire qu’une telle attitude ? La saison du Hajj s’est terminée et il n’y a pas eu la moindre excuse de la part d’un dirigeant saoudien à l’égard des musulmans, Etats et peuples. Au contraire, le roi a adressé ses remerciements  à son héritier pour la réussite de la saison du Hajj et pour la quiétude assurée aux pèlerins ! N’est-ce pas là une tragédie affligeante et triste, une véritable catastrophe dans tous les sens du terme ?

C’est une catastrophe et même la pire. Mais nul n’a le droit d’en parler. Nul n’a le droit de pleurer. Exactement que cela s’était passé à Karbala après le dixième jour. Il est interdit de pleurer, de se plaindre, de parler…Il est interdit de s’opposer de poser une question, de réclamer une enquête. Sinon on est accusé de politiser l’affaire ! Politiser ? Des milliers sont morts et ont été blessés ou sont disparus et si les gens réclament une enquête, ils sont accusés d’être politisés !  Ils sont accusés de vouloir exploiter cette tragédie pour des fins politiques !  Ya –t-il une accusation plus injuste et plus arrogante ? Si un intellectuel, un journaliste ou même une personnalité critiquent cette attitude, une campagne est aussitôt lancée contre eux et ils sont accusés de tous les maux.

C’est ce qui se passe. C’est pourquoi beaucoup de personnes dans le monde arabe se rappellent désormais ce qui s’est passé l’an 60 après l’Hégire… Beaucoup sont d’accord avec le fait de réclamer une enquête et des éclaircissements mais n’osent pas le dire. Pourquoi ? A cause de l’hégémonie saoudienne sur les médias, qu’il s’agisse de la presse écrite ou des médias audiovisuels.

Je me contenterai de dire que cette tragédie  a eu lieu pendant le mois saint et dans un lieu saint et ses victimes sont des pèlerins. Cela exprime  le summum de la négligence et du mépris des dirigeants saoudiens envers les valeurs religieuses et humaines. Elle montre aussi l’étendue de leur arrogance et leur capacité à acheter les consciences, ainsi que leur mépris pour les sentiments des musulmans, pour leur sang et pour leurs cerveaux.

Mettons le Yémen de côté. Cette fois, il ne s’agit pas d’un sujet politique. Ce sont les pèlerins et les symboles sacrés de l’islam qui ont été bafoués.

Je fais partie de ceux qui croient que ces âmes nobles  qui ont été sacrifiées à Mina par  négligence et  mépris des autres, accélèreront la chute de cette injustice historique qui pèse sur la oumma, dans ses Lieux Saints et qui est représentée par ces dirigeants.

Cette tragédie ne peut pas être oubliée, ni négligée. Elle doit rester une tristesse et une amertume dans les consciences et dans les esprits des musulmans.

En quelques lignes, je voudrais encore parler de la situation régionale.

1-L’agression saoudienne et américaine se poursuit contre le Yémen. Tout est permis, le blocus est total, les caranges se multiplient, les solutions politiques sont rejetées. En face de tout cela, il y a une résistance héroïque, des têtes hautes et une détermination à se battre jusqu’au bout.

2-En Syrie : la guerre universelle contre la Syrie se poursuit. Mais l’élément nouveau est l’intervention russe dont nous avons déjà parlé et qui fera l’objet de discours ultérieurs.

3-L’oppression et l’humiliation du peuple de Bahrein se poursuit. Ce peuple est empêché d’avoir ses droits les plus élémentaires, humains et politiques. L’horizon politique est bouché par  les Etats-Unis et l’Arabie saoudite en particulier.

4-Les Irakiens poursuivent leur guerre contre Daceh et le terrorisme, dans les provinces de Salaheddine et d’Anbar. Il s’agit d’une bataille considérée comme existentielle pour les Irakiens.

5 La tension et les troubles augmentent dans la région, dans plusieurs Etats, de la Libye à l’Egypte, en passant par la Tunisie, l’Afghanistan et jusqu’à la Turquie.

6-Les agressions barbares et terroristes se poursuivent. Les hommes, les pierres et les biens n’y échappent pas. Les attentats suicides frappent les mosquées à Sanaa, à Bagdad et partout. Ils touchent même une manifestation kurde de l’opposition à Ankara.

En résumé, notre région entame cette nouvelle année de l’Hégire avec un titre qui prédomine, celui de la guerre, des conflits, des affrontements, des menaces et des dangers qui viennent de partout. Cette situation exige des positions responsables et des sacrifices que j’évoquerai dans les détails au cours des prochaines soirées.

Au Liban, l’année de l’Hégire s’achève  alors que toutes les tentatives de trouver des solutions qui redonneraient de la vie au gouvernement ont échoué. Ces échecs sont dus à des raisons personnelles pour vexer l’adversaire et l’humilier. Ce qui signifie que nous nous dirigeons vers une situation plus complexe. Ceux qui ont fait échouer les tentatives de solutions découvriront qu’ils se sont trompés ; Au Liban, il y a donc une paralysie totale. Aux problèmes déjà existants, dont celui des militaires pris en otages, il faut désormais ajouter la crise des déchets qui nous accompagne en cette nouvelle année. Mais dans tout ce paysage sombre, il y a au Liban deux éléments positifs :  La stabilité sécuritaire et le dialogue interne. IL y a  donc des éléments positifs sur lesquels il faut miser.

Ceci est donc le résumé de la situation régionale et au Liban en ce début d’année. Nous sommes au cœur des événements et nous avons des défis à relever. Nous avons notre lecture des faits et notre vision de nos responsabilités. Nous avons aussi notre présence réelle sur le terrain et nous continuerons à développer ces points au cours des prochaines soirées.

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