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Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de la Journée du martyr du Hezbollah

Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion de la Journée du martyr du Hezbollah
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Au nom de Dieu

Aux âmes de tous les martyrs nous dédions cette prière.

Je vous remercie tous d’être présents à Deir Kanoun al Nahr le village du Premier martyr Ahmed Kassir, à Nabatiyé, à Baalbeck, au Hermel à Kesouran (Al Maysira) et ici dans la banlieue sud de Beyrouth.

Comme chaque année, nous célébrons aujourd’hui la Journée du martyr. Pour ceux qui nous suivent sur les chaînes de télévision, je rappelle que cette date est liée au 11/11/1982, lorsque quelques mois après l’invasion israélienne du Liban, un jeune a inauguré l’ère des résistants kamikazes, Ahmed Kassir, l’émir des martyrs, qui n’avait pas encore 20 ans a, attaqué le siège du gouverneur militaire israélien à Tyr provoquant sa destruction totale et faisant plus de cent morts entre soldats et officiers israéliens. C’est d’ailleurs le plus fort coup militaire infligé à l’ennemi de la part de la résistance depuis la naissance de son entité.

Depuis chaque année je répète que l’attaque d’Ahmed Kassir est la plus forte dans l’histoire de la résistance. Dans l’espoir qu’une opération encore plus forte soit réalisée prochainement à l’intérieur de la Palestine, dans sa profondeur ou dans n’importe quelle scène de confrontation avec l’ennemi israélien.

Depuis le début, le Hezbollah a choisi ce jour béni dans l’histoire de la résistance, au Liban et en général, et plus précisément dans l’histoire de la résistance islamique et de la résistance dans la région face au projet sioniste, pour en faire celui de ses martyrs. Nous considérons ce jour comme celui de chacun de nos martyrs, hommes ou femmes, tombés dans notre parcours. C’est aussi la journée de nos chefs et de nos ulémas, qu’il s’agisse du cheikh des martyrs de la résistance islamique sayed Abbas Moussawi d’Om Yasser et de leur fils Hussein, au cheikh des martyrs de la résistance cheikh Ragheb Harb, à nos grands chefs moujahidins, hajj Imad Moghnié, sayed Zoulfikar et d’autres. Je ne vais pas citer de noms, ils sont tellement nombreux que je risque d’en oublier, tous nos martyrs qui ont payé avec leurs corps et leurs vies, le prix de leurs attaques contre les convois ennemis et tous nos martyrs qui sont tombés sur tous les champs de bataille, pour protéger ce pays, cette oumma et cette cause. En cette journée, nous les évoquons tous chaque année. C’est pourquoi chaque famille de martyr considère cette journée comme celle de leur fils ou fille tombés dans le cadre de cette résistance. Tous éprouvent en cette journée le même sentiment.

 

Dans notre culture et dans notre parcours, la place du martyr est très élevée. Nous les vénérons et la cérémonie organisée aujourd’hui est l’une des expressions de cette vénération. Nous respectons la mémoire de nos martyrs et c’est dû à notre foi et à notre engagement religieux. C’est en effet Dieu lui-même qui les a honorés dans Son Livre sacré, dans les discours du Prophète et dans tout ce que nous entendons tout au long de l’année. Les martyrs ont donc une place spéciale auprès de Dieu et ils sont la lumière qui éclaire ce monde. Leur place est donc parmi nous pas seulement en raison des liens affectifs qui nous lient à eux, mais c’est aussi parce qu’ils sont présents dans notre religion et dans notre foi.

Nous vénérons les martyrs depuis le début, même ceux qui sont tombés avant l’islam. L’islam est arrivé ensuite et les a honorés en les offrant comme modèle pour les musulmans afin qu’ils soient patients et qu’ils acceptent les souffrances qui leur sont infligées. C’est ainsi le cas des disciples du Christ, au moins dans les premières étapes, certains ont été torturés, crucifiés, amputés… Ils ont souffert et donné leurs vies pour leur foi et pour leurs croyances. Certains ont même été contraints à choisir entre le feu ou le reniement de leur foi et ils ont choisi de mourir dans le feu. Aujourd’hui, les souffrances et les tortures sont peut-être différentes, elles prennent l’aspect de crises sociales aigües, de guerres médiatiques et autres, mais elles ont toujours le même objectif, pousser au reniement de la foi et des principes. Il est important de noter à cet égard que le sang qui a été la première fois versé pour l’Islam est celui de la martyre Soumaya Oum Ammar et celui de son mari, Yasser Abou Ammar tombés dans le cadre de la révolte en faveur de l’unité de l’islam à La Mecque et cela montre que depuis le début, les parents et leurs enfants jouent un rôle prépondérant dans le sacrifice de la vie pour l’islam et pour les principes. Tous les martyrs de l’islam ont toujours été honorés. Il y a eu aussi les martyrs tombés à Karbala. Nous en parlons longuement lors des soirées de Achoura. Les martyrs ont donc une place particulière très importante à nos yeux.

Nous voyons aussi dans les martyrs un grand trésor, en plus de leurs réalisations sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants. Un trésor et une bénédiction pour nos maisons, nos villages, nos quartiers, nos familles, nos tribus…Ils suscitent en nous un amour infini, un esprit qui ne meurt jamais, une soif et une passion qui ne faiblissent pas. Ne les réduisez pas à un âge ou à une période, ils sont l’Histoire, la lumière et la voie. Lisez et apprenez les testaments qu’ils nous laissent. Le parcours de chacun d’eux est un modèle à suivre.

Dans le même sillage, nous vénérons aussi les familles des martyrs, ces familles qui souffrent, font preuve de patience et de foi et suivent le même chemin que celui de leur cher disparu. Ces familles sont fières et croyantes et c’est un bonheur pour nos frères qui vont les visiter de les rencontrer. Comme le leur a dit l’imam Khomeiny : Vous êtes l’œil de la oumma et sa lanterne. Nous voyons en vous le chemin et votre lumière éclaire l’obscurité. Grâce à vous, nous avançons de pied ferme dans le bon chemin. Nous puisons en vous la force de continuer, avec courage et confiance. Vous donnez l’amour, le sang et le don de soi…

L’une des principales responsabilités que nous devons assumer envers les familles des martyrs et les blessés c’est de reconnaître ce que nous leur devons. L’ignorer mène vers l’échec et l’égarement. Nous sommes une oumma qui reconnaît ce qu’elle doit aux martyrs. Je ne parle pas ici des seuls martyrs du Hezbollah. Mais de tous ceux qui sont tombés dans la confrontation avec l’ennemi israélien et avec les plans d’hégémonie américains dans toute la région, les martyrs du Liban, de Palestine, de Syrie, d’Iran, d’Irak, du Yémen, de Bahrein, d’Egypte, de Jordanie, ceux qui sont tombés au cours des dernières décennies. Nous reconnaissons ce que nous leur devons et ce que leur doit l’ensemble de la oumma et les peuples de la région.

A partir de là, j’entame le côté politique de mon discours.

Lorsque nous parlons des réalisations des martyrs, il ne s’agit pas de questions virtuelles mais d’éléments concrets. Dans la polémique qui divise actuellement les Libanais, nous disons depuis 2005, quelles sont vos réalisations ? Qu’avez-vous fait d’autre que crier, menacer, traiter de traîtres, insulter et susciter le désordre et le chaos, notamment dans les médias et les réseaux sociaux. Montrez-nous vos réalisations. Nous autres, lorsque nous parlons de nos martyrs, nous parlons de réalisations historiques qui ne sont pas limitées dans le temps et l’espace. Elles sont le fruit du sang versé par nos martyrs, ceux d’Amal et ceux de la résistance nationale libanaise qui ont combattu en 1982, avant et après. L’une des principales réalisations, c’est la libération de la terre, après des combats acharnés et de grands sacrifices. Qui aurait cru en effet que cet ennemi puissant épaulé par des forces multinationales et même par des forces internes pourrait un jour se replier comme il l’a fait, se cacher derrière les montagnes et dans la bande frontalière, avant de se retirer sans tambour ni trompette, de céder à l’équation de la dissuasion et de commencer à craindre le Liban ? Nous avons aussi fait face au projet américain qui s’est traduit par le terrorisme takfiriste et nous l’avons vaincu. Au cours des dernières semaines, nous avons entendu qu’il y a des échanges téléphoniques entre certains émirs et monarques arabes et le président Bachar Assad. Il y a même eu la visite du ministre émirati des Affaires étrangères en Syrie. Bien entendu, des analyses ont été faites, mais la réalité est que ces échanges et cette visite montrent la reconnaissance arabe de la victoire de la Syrie. Le projet qui a coûté des milliards de dollars pour faire chuter ce régime a échoué. Maintenant, chacun peut interpréter cette visite comme il veut. En tout cas, nous c’est comme cela que nous l’interprétons, à travers les sacrifices des martyrs qui ont combattu contre les terroristes takfiristes, les blessés et les moujahdins résistants.

Toujours dans le cadre des réalisations de nos martyrs, il y a le fait d’empêcher le déclenchement d’une guerre civile que certains planifiaient, le fait aussi d’empêcher une hégémonie américaine totale sur le Liban pour qu’il n’y ait pas dans ce pays un Etat souverain, indépendant et doté d’une certaine liberté.

Le plus important aujourd’hui dans la confrontation avec l’ennemi israélien c’est que celui-ci vit dans l’angoisse. Au temps du printemps arabe, «Israël» avait commencé à parler d’un environnement stratégique favorable. Vous vous en souvenez. Mais maintenant, cette entité recommence à vivre dans l’angoisse et le doute. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir les manœuvres militaires qu’ils font et qui durent des semaines voire des mois. Auparavant, ils en organisaient une tous les ans, maintenant ils en font tous les quelques mois et toujours au Nord de la Palestine. Pourquoi dans cette région, alors qu’auparavant ils disaient qu’au Liban, il n’y a que des troupes musicales…Ils en parlaient en 1967. Aujourd’hui, ils craignent le Liban, non pas une katioucha ou l’explosion d’une mine. Non, ils craignent une invasion à partir du Liban du Nord chez eux dans le cadre de «la bataille de la Galilée». Ce concept est désormais présent en force dans la culture et l’inconscient israélien et même dans les calculs militaires de leurs commandements politiques et militaires. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils construisent des murs, ils essaient de changer la géographie, ils déploient sur place des unités et organisent des manœuvres tous les trimestres dans la région du Nord. Dans le cadre de leurs manœuvres, ils font face au scénario selon lequel la résistance au Liban va envahir la Galilée. S’il ne s’agissait que de propos médiatiques, l’ennemi n’aurait pas eu besoin d’élaborer tous ces plans, ni de prendre toutes ces mesures et de faire toutes ces dépenses. C’est la preuve que l’ennemi israélien a une grande confiance dans la résistance au Liban. Il la croit et croit en ses promesses et en ses capacités et ses moyens. Il croit dans la force et le courage des hommes de la résistance et de ses cerveaux stratégiques et il se comporte en conséquence, sans faire la moindre concession et avec une grande vigilance.

Cette peur à l’égard du Liban et de la force qui, selon eux, devrait entrer en Galilée et dans tout le Nord, si tout cela devait avoir lieu et le fait de le craindre ont des conséquences dangereuses sur l’existence de l’entité israélienne. Il ne s’agit pas d’une question de milliers ou de centaines de kilomètres que la résistance pourrait libérer, mais des répercussions de cet événement sur l’entité. Ils voient cette question sous cet angle stratégique, non sous l’angle d’une question régionale aux conséquences limitées. Ils craignent aussi les missiles, surtout ceux de haute précision, en provenance du Liban. C’est pourquoi ils craignent toute guerre avec le Liban. Par contre au Liban, la plupart des gens, exceptée une petite partie d’entre eux, a oublié la guerre contre «Israël». Les gens au Liban vivent dans l’angoisse de trouver des carburants, dans l’angoisse du prix de l’essence et du mazout, dans l’angoisse du chômage et du taux du dollar. C’est l’angoisse que vivent les Libanais. Alors que dans l’entité, les gens vivent dans la crainte d’une guerre avec le Liban et ils font mille calculs dans ce but.

Cela, grâce au sang des martyrs, ceux du Liban et au niveau de la région. Ils vivent dans une crainte existentielle, surtout depuis la bataille de «l’épée de Jérusalem» et le sursaut du peuple palestinien à Jérusalem, en Cisjordanie, à Gaza et à l’intérieur des territoires de 1948. Suivez ce qui se passe et consacrez un peu de votre temps à lire les déclarations des responsables israéliens, actuels et anciens, de Bennet à Lapid en passant par Netanyahu, les militaires et les politiques. Lisez ce qui se dit sur la réalité de la société israélienne qui vit au bord du gouffre pour des raisons que je n’ai pas le temps d’évoquer aujourd’hui. Ils ont peur de la force de cet axe, qui a réussi à surmonter toutes les guerres menées contre lui au cours des dix dernières années et qui ne cesse de se renforcer.

Le plus drôle c’est que certains, au Liban, font des analyses selon lesquelles l’axe de la résistance serait en train de s’affaiblir dans la région, alors que leur axe se renforce. Pourtant toutes les données disent exactement le contraire. Je ne sais pas ce que ceux-là lisent et comment ils interprètent les faits et avec quel regard et quelles analyses ils font…

Nous sommes donc devant un nouveau titre qui mérite d’être approfondi. C’est la première fois que l’entité vit une telle crise dans la forme et en profondeur. Les Israéliens vivent dans l’angoisse existentielle. D’ailleurs, au sein des élites et chez beaucoup de gens, des questions profondes se posent  sur la légitimité de leur présence et sur les possibilités réelles pour eux, de rester dans cette région…

Face à tous ces changements et aux défis régionaux et internes, ils essaient d’ouvrir une fenêtre pour respirer à travers elle, par le biais de la normalisation et l’ouverture de nouvelles relations avec certains Etats arabes. Mais les Israéliens savent très bien au fond d’eux que tous ces Etats avec lesquels ils établissent des relations ne sont pas en mesure de protéger leur occupation, ni leurs murs face aux hommes de la résistance au Liban, en Palestine et dans toute la région. Ils savent cela, mais ils essaient de s’occuper avec les mouvements de normalisation auxquels nous assistons dans notre région.

En ce jour, nous devons mieux comprendre ce qui se passe en Palestine occupée. Cette violence inexpliquée et qui va crescendo à l’encontre des prisonniers  face aux fils de Jérusalem, de cheikh Jarrah, du quartier Selwane et d’autres…dans les territoires de 48, en Cisjordanie… Le renforcement du blocus imposé à Gaza n’est pas non plus un signe de force. Au contraire, tous ces agissements sont le signe de la peur et même de la panique chez l’ennemi. Celui qui a recours à une telle violence ne montre pas ainsi sa force, mais au contraire sa faiblesse et sa peur. Tout cela c’est grâce aux martyrs.

Je passe maintenant à l’autre titre qui est le plus essentiel ce soir dans mon discours. Dans quelques mois, le Hezbollah fêtera ses 40 ans d’âge et si Dieu le veut, si nous sommes encore en vie, nous célèbrerons cet anniversaire qui nous est cher. Au cours de ces 40 dernières années, les Etats-Unis qui voulaient imposer leur hégémonie sur toute la région avaient un problème au Liban. Nous ne prétendons pas avoir réussi à libérer totalement le Liban de l’influence et de l’hégémonie américaines. Cette influence et cette hégémonie existent encore à certains niveaux au Liban que ce soit sur le plan officiel, dans les institutions et sur le plan populaire. Jusqu’à présent, nous avons réussi à empêcher que l’emprise américaine soit totale, grâce notamment aux sacrifices de nos martyrs. Le Liban peut donc aujourd’hui se tenir debout. Tout ce dont il a besoin c’est la volonté politique pour refuser les injonctions américaines dans le dossier du tracé des frontières maritimes. Nous parlons ici d’une question de souveraineté car lorsqu’il s’agit de la souveraineté chaque grain de sable est important, chaque pouce en terre et en mer est important. Il faut ajouter à cela le fait que la zone controversée contient de grandes ressources pétrolières et gazières dont le Liban a besoin.

Pouvons-nous être coulants avec notre souveraineté ? Pouvons-nous brader nos ressources ? Jusqu’à cet instant, l’Etat libanais a refusé les injonctions américaines. Les Américains veulent que le Liban accepte même moins que ce qu’ils appellent la ligne 23. Ils ne veulent même pas parler de la ligne 29 et ils se moquent du Liban en parlant d’un compromis au sujet d’une ligne Hoff…C’est-à-dire moins que les droits minimaux du Liban. Le Liban a jusqu’à présent tenu bon face aux pressions américaines continues, non seulement depuis deux ou trois ans, mais depuis dix ans, ces pressions baissaient ou augmentaient, selon les circonstances. Elles étaient maximales sous la présidence de Trump et son gendre Kushner s’occupait personnellement de ce dossier.

Comment le Liban a-t-il pu résister aux pressions américaines  dans le dossier du tracé des frontières? Parce qu’il s’appuie sur le sang des martyrs et sur la force des vivants et celle de la résistance qui est en mesure de dissuader l’ennemi et derrière lui, de protéger chaque grain de sable et cube d’eau de ses richesses. Cela signifie que le Liban n’est pas totalement sous l’influence et l’hégémonie américaines. Il y a toutefois de nombreux exemples qui montrent que le Liban ploie aussi sous cette influence. C’est donc cela la bataille qui se joue actuellement et que nous menons jusqu’à aujourd’hui. C’est la véritable bataille pour la souveraineté.

Chers frères et sœurs, je vous le dis franchement : nous, au Hezbollah, nous aspirons à l’émergence d’un Etat central juste où tous les citoyens sont égaux, dans toutes les régions, quelles que soient leurs allégeances et leurs appartenances. Nous aspirons à l’émergence d’un Etat véritablement souverain, véritablement indépendant et véritablement libre. Le signe le plus évident de la souveraineté et de l’indépendance c’est le refus des injonctions étrangères.

L’Etat qui accepte les injonctions étrangères ment donc lorsqu’il prétend être souverain, indépendant et libre. C’est simple et clair et cela n’exige pas de longues phrases. C’est le minimum. A partir de là, j’arrive au nouveau sujet, celui de la crise qu’a provoquée l’Arabie saoudite avec le Liban.

D’ailleurs, appeler cela «la crise libano-saoudienne» n’est pas précis.  Certes, je ne cherche pas aujourd’hui l’escalade. Je le précise car j’ai entendu beaucoup de commentaires sur la nécessité d’attendre ce que va dire le sayed…Je ne cherche donc pas à compliquer la situation. Au contraire, je souhaite que les choses se calment et que la situation s’apaise. Mais nous devons quand même montrer les faits réels car nous sommes face à une question d’opinion publique. Nous sommes aussi devant une injustice. La personne victime d’une injustice ne doit pas se taire si elle peut montrer ses droits et ce qu’elle a subi.

Je n’ai certes pas le temps de développer ce dossier dans tous ses aspects. Vous connaissez déjà les faits. Il y a quelques jours, on a sorti une précédente déclaration du ministre de l’Information Georges Cordahi sur la guerre au Yémen. Il a tenu des propos calmes et objectifs. Il n’a attaqué personne et n’a pas utilisé des termes violents. De plus au moment où il a accordé cet entretien, il n’était pas encore ministre. Quelques semaines après le déroulement de cet entretien, il a été ressorti et les Saoudiens se sont réveillés et ils en ont fait toute une histoire. C’est ainsi qu’a commencé ce qu’on appelle aujourd’hui la crise, et qui est une crise sciemment provoquée. Cette crise bat encore son plein. Pourquoi les Saoudiens ont-ils décidé d’ouvrir cette crise maintenant ? Il existe plusieurs possibilités à ce sujet. L’une d’elles c’est que les Saoudiens n’avaient réellement pas eu vent de cet entretien auparavant. Ils l’ont découvert récemment et les propos du ministre les ont fâchés et ils ont réclamé sa démission. L’affaire pourrait s’être déroulée ainsi. Beaucoup ne croient pas à cette possibilité, mais les choses peuvent s’être déroulées ainsi. Car nous sommes dans le monde arabe où il n’y a pas nécessairement des chambres stratégiques qui dressent des plans… De nombreuses positions sont ainsi adoptées sur le moment-même, en guise de réaction à une situation donnée. C’est d’autant plus possible que les positions sont prises individuellement et sont souvent le fruit d’un emportement momentané. Si c’est le cas, nous pouvons dire que la réaction saoudienne aux propos de Georges Cordahi est totalement démesurée et incompréhensible. Pourquoi toute cette fureur ? Des propos similaires, notamment sur l’absurdité de cette guerre et la nécessité d’y mettre un terme ont été tenus par plusieurs responsables dans le monde arabe, aux Etats-Unis, dans l’administration Biden, ils ont aussi été tenus par le secrétaire général des Nations Unies et d’autres. Ils n’ont pourtant pas suscité une telle réaction chez les Saoudiens, ni même une réaction tout court. Pourquoi la colère s’est donc dirigée contre le seul Georges Cordahi ? C’est inexplicable. Les Libanais doivent se demander pourquoi cette réaction ? C’est le premier point. Le second c’est qu’il y a actuellement des problèmes bien plus importants. Par exemple, l’Arabie qui se prétend la terre du Prophète et celle du Coran et de Dieu Tout-Puissant, ainsi que la gardienne de l’islam ne devrait-elle pas réagir à toutes les insultes qui sont actuellement adressées au Prophète et à l’islam, dans plusieurs pays par des personnalités, des présidents, des gouvernements, des associations ? L’Arabie n’a pas fait de réaction à ce sujet. Elle n’a pas retiré son ambassadeur, ni renvoyé celui du pays d’où sont sorties les insultes. Elle n’a pas non plus suspendu les exportations en provenance de ce pays. Ce qu’ils ont considéré comme une insulte de la part du ministre Cordahi est-elle plus importante que le fait de s’en prendre au Prophète ou au Livre sacré, au cours des dernières années ? S’il s’agit vraiment d’une question d’honneur et de dignité, comme le disent certains, les atteintes au Prophète n’en sont-elles pas une non plus ? Un autre point que je voudrais soulever. L’Arabie se présente comme l’amie du Liban et du peuple libanais. Je peux comprendre qu’elle ait un problème avec le Hezbollah, mais celui-ci n’est qu’une partie du peuple libanais. Est-ce donc ainsi que l’ami se comporte ? Si les Saoudiens ont un problème avec le ministre de l’Information, pourquoi ne pas le garder limité à ce ministre ? Pourquoi prendre des mesures aussi radicales et générales à l’encontre de tous les Libanais ? Pourquoi insulter tous les Libanais et les punir ? Est-ce ainsi que les amis se comportent ? J’adresse cette question aux amis de l’Arabie. Je voudrais parler calmement car nous avons besoin de cela au Liban.

Mais je voudrais donner un exemple. La Syrie que nous considérons comme une amie du Liban. Depuis 2005, son président est régulièrement insulté, ainsi que son gouvernement, de la part de présidents, de ministres, de députés, de partis, de médias, des combattants ont même été envoyés pour se battre contre l’Etat syrien, des armes ont été aussi envoyées, par bateau ou par voie terrestre, les frontières ont été ouvertes dans ce but. Est-ce vrai ou non ? Pourtant, lorsque nous avons voulu commencer à traiter le problème de l’électricité au Liban, que nous considérons tous comme prioritaire, en essayant d’amener du gaz d’Egypte et du courant de Jordanie, nous savons qu’ils doivent forcément passer par la Syrie. Lorsque les Etats-Unis ont accepté que le Liban apporte de l’électricité et du gaz d’Egypte et de Jordanie, qui doivent passer par la Syrie, les Syriens n’ont pas dit : c’est l’occasion de nous venger des Libanais.

Or, nous savons tous combien le dossier de l’électricité est important pour nos vies, nos hôpitaux, nos usines, nos boulangeries, nos écoles etc. Les Syriens n’ont donc pas profité de l’occasion pour exiger en contrepartie du passage du gaz et du courant sur leur territoire, des excuses de la part d’untel ou de tel autre. Ils n’ont pas demandé que telle ou telle autre télé soit suspendue. Ils n’ont pas rappelé que les Libanais ont ouvert une guerre contre eux. Au contraire, ils ont accueilli favorablement cette initiative.

Même chose pour l’Iran qui est chaque jour insultée et critiquée. Pourtant, la République islamique a toujours dit qu’elle se tient aux côtés du Liban. A-t-elle jamais dit aux Libanais : je vous ai aidés en 1982. Sans moi votre pays serait encore sous occupation et j’ai contribué à la reconstruction. Récemment j’ai aidé à l’envoi de mazout etc. En dépit de toutes les insultes qui leur sont adressées, les Iraniens n’ont jamais cessé de tendre la main aux Libanais, ils n’ont pas rappelé leur ambassadeur ni renvoyé le nôtre. C’est comme cela que se comporte l’ami. Une fois de plus je pose la question aux amis de l’Arabie au Liban. S’il a un problème avec les propos d’un ministre, ou avec un parti, il boycotte tout le pays, l’encercle, menace les Libanais, ouvre une guerre diplomatique dans la région contre le Liban ? Est-ce vraiment un ami ? Je me contenterai de cela sur cette possibilité.

Je voudrais encore dire que le ministre Cordahi a décidé de ne pas démissionner. Nous appuyons cette décision. Selon nos informations, nul au sein du pouvoir, n’a l’intention de le démettre. Mais pour nous, il a pris la bonne décision. Pourquoi ? Parce que la faiblesse ne mène nulle part. Il y a déjà eu un précédent avec le ministre Charbel Wehbé. Indépendamment du fait qu’il a eu tort ou raison, il aurait pu se contenter de présenter des excuses. Ila préféré démissionner et un autre ministre a été nommé à sa place. Or comment a répondu l’Arabie à cette démarche positive ? Par un surplus de négativisme, de boycott et de négligence de la part de l’ambassade du royaume à l’égard des responsables libanais. Aujourd’hui, comment un autre Etat peut obliger un ministre à démissionner et réclamer, s’il ne le fait pas, la démission de tout le gouvernement ? Est-ce là un Etat souverain ? Est-ce un Etat indépendant ? Est-ce un Etat digne ? Honorable ? De plus comme l’ont dit certains, la crise sera-t-elle résolue avec la démission du ministre Cordahi ? Nous avons déjà dit oui avec le ministre Wehbé. Ils demandent plus avec le ministre Cordahi et demain, ils demanderont encore plus. Les demandes saoudiennes et derrière elles celle d’autres, ne finissent pas à l’égard du Liban… C’est pourquoi ceux qui demandent au ministre Cordahi de privilégier l’intérêt du Liban devraient se demander où est réellement l’intérêt du Liban ? Est-il dans l’intérêt du Liban d’obéir à toutes les injonctions externes ? Si les demandes étrangères sont dans l’intérêt du Liban, peut-être. Mais si elles impliquent un surplus d’humiliation du Liban, un piétinement de sa dignité et de sa souveraineté, il faudrait y réfléchir…

Voilà pour la première éventualité. La seconde est de considérer que les dirigeants saoudiens veulent réellement la démission ou la révocation de Cordahi, car ils sont sûrs de l’obtenir et ils pourront ainsi enregistrer une victoire diplomatique et morale en humiliant le Liban. L’affaire se terminerait ainsi. Mais lorsque le ministre a refusé de démissionner et que nul ne veut le révoquer, les Saoudiens se sont retrouvés dans une grande confrontation, ils ont donc fait une fuite en avant en provoquant cette crise et en disant que le problème est avec le Hezbollah. C’est une possibilité. La troisième possibilité c’est que depuis le début, il ne s’agissait pas pour les Saoudiens de l’affaire de Cordahi ni de ses propos. Les Saoudiens cherchent un prétexte pour ouvrir une crise avec le Liban. Ces deux possibilités aboutissent au même résultat. Cette crise provoquée par l’Arabie avec le Liban  et les pressions qui l’accompagnent sont le début de la bataille contre la résistance. Soyons francs. Il ne s’agit pas d’une bataille contre le Hezbollah en tant que tel ou en tant que parti politique. Il s’agit d’une bataille contre lui en tant que résistance, d’une bataille contre le projet de la résistance au Liban. Depuis des années, plus précisément depuis 2006, non 2005, l’Arabie est présente dans cette confrontation. Nous connaissons le rôle de l’Arabie pendant la guerre de 2006 et l’incitation qu’elle a faite auprès des Israéliens pour qu’ils la poursuivent jusqu’au bout. Ce sont des faits confirmés. Les responsables américains en ont d’ailleurs parlé dans leurs mémoires. Mais la guerre de 2006 s’est terminée dans des circonstances qui ne sont pas celles souhaitées par les Saoudiens et par d’autres dans le monde arabe. Ils ont donc continué à vouloir provoquer des confrontations avec le Hezbollah. Leur problème avec leurs alliés au Liban, c’est qu’ils veulent que ceux-ci déclenchent une guerre civile contre le Hezbollah. Dans l’intérêt de qui ? De l’Arabie ? Non, dans celui des Israéliens et du projet américano-israélien dans la région pour lequel les Saoudiens ont accompli des services dans plus d’un pays et dans plus d’une région. C’est la réalité. Pourquoi ont-ils coupé les fonds qu’ils donnaient à leurs alliés au Liban depuis quelques années ? Pourquoi traitent-ils certains de leurs alliés avec un tel dédain et une volonté de les humilier ? Je ne vais pas donner des détails, que les Libanais connaissent d’ailleurs tous. Pourquoi n’ont-ils pas donné des aides à leurs alliés et à leurs partisans au cours des dernières années ? L’Arabie peut noyer le Liban d’essence, de mazout, de fuel, de dollars de projet de bienfaisance, de la part du royaume du Bien comme certains disent. Mais elle ne l’a pas fait. Pourquoi ? Parce qu’elle veut une contrepartie. Cette contrepartie c’est la guerre civile. Les Libanais sont divisés en deux parties : une qui ne veut réellement pas d’une guerre civile et une autre qui la souhaite mais ne peut pas la mener. C’est cela le problème de l’Arabie avec ses alliés. Elle en a donc assez d’eux et de leur incapacité. Elle a donc eu recours à cette crise préméditée. Cette crise n’est donc qu’un épisode de la bataille qui se déroule depuis la guerre de juillet 2006. Elle prend différentes formes et plusieurs aspects. Il s’agit tantôt d’une agression israélienne et tantôt  d’une incitation confessionnelle à la discorde, tantôt encore d’une poussée vers la guerre civile, comme le faisait Sabhane en 2017, lorsque le Président du Conseil de l’époque Saad Hariri a été retenu à Riyad. Aujourd’hui, c’est donc un nouvel aspect de cette bataille. Sous quel prétexte ? Après le déclenchement de la crise, il y a eu un communiqué puis une déclaration du ministre des Affaires étrangères saoudien. Il a dit que son problème est avec le Hezbollah. Quel est-il exactement ? Selon lui, le Hezbollah impose son hégémonie sur l’Etat libanais et c’est pourquoi les Saoudiens ont un problème avec ce pays. A travers ces mesures, ils veulent libérer le Liban du joug du Hezbollah. Bien entendu les instruments politiques et médiatiques libanais, saoudiens et des Etats du Golfe travaillent sur ce sujet et continuent dans ce sens. L’autre problème des Saoudiens avec le Liban, c’est le Yémen.

Pour revenir à l’hégémonie du Hezbollah sur le Liban, si nous voulons être justes, nous devons reconnaître que nous vivons dans ce pays mais que dire que nous imposons notre joug sur le pays est totalement dénué de contenu. Tout le monde sait donc que dire cela est faux, que ce soit un Libanais, un saoudien ou un Américain qui le dise. Tout le monde sait que le Hezbollah n’impose pas son autorité sur l’Etat libanais. Je vais donner quelques exemples, même si en les citant et en parlant de ce sujet, j’ai honte et je sens que c’est une perte de temps car l’idée me paraît trop futile pour être commentée. L’idée qui est encore plus futile que celle-là c’est celle de l’occupation iranienne.

Pour revenir sur l’hégémonie du Hezbollah, nous ne nions pas le fait d’être une partie libanaise influente. Nous sommes présents au Parlement, au gouvernement et nous avons des relations avec des blocs parlementaires, des partis, des présidents. Nous avons donc de l’influence. Dans le passé, j’étais modeste et je disais que nous sommes un des plus importants partis du Liban. Aujourd’hui, je vais dire que nous sommes le plus important parti libanais sur le plan de la structure interne et du nombre de partisans. Mais cela ne signifie pas que nous contrôlons le pays. Nous avons de l’influence. D’autres aussi. Je l’ai déjà dit et je le répète. D’autres ont une plus grande influence que la nôtre  sur l’Etat, la justice, l’armée libanaise, les FSI et l’administration. Je ne dis pas que notre influence est égale à la leur. Non, la leur est plus importante. Beaucoup d’indices le prouvent. Je vais me contenter d’en citer quelques uns. Par exemple au sujet de l’enquête sur la tragédie du port. Nous en avons longuement parlé. Je ne vais pas y revenir. J’en ai donc parlé 5 fois, J’ai avancé des arguments constitutionnels et juridiques. J’ai parlé de politisation et de décisions arbitraires et discriminatoires. Nous avons eu recours à des moyens judiciaires légaux. Finalement nous avons organisé une manifestation réduite et nos martyrs sont tombés dans ce contexte. Comment dans ce cas contrôlons-nous l’Etat et le pays ? Nous avons eu recours aux moyens légaux et nous n’avons pas pu obtenir le dessaisissement d’un juge d’instruction que nous considérons politisé et en train de prendre des décisions discriminatoires. Comment dans ce cas peut-on dire que nous contrôlons le pays ? Est-ce ainsi que l’on contrôle un pays ? Un autre exemple : lorsque nous avons décidé d’amener du mazout d’Iran ( je consacrerai un discours sur ce sujet avec l’approche de l’hiver), le gouvernement libanais nous a suppliés discrètement de ne pas amener les bateaux à Zahrani  ou à Tripoli, nous demandant de les amener dans un port syrien. C’est ce que nous avons fait. Les bateaux sont arrivés au port de Banias et nous avons transporté le mazout sur plus de 250 kms. Comment ferons-nous demain avec l’arrivée de l’hiver et la neige ? Est-ce ainsi que l’on impose son hégémonie sur un pays ?

Depuis 2006, au moins, nous réclamons la reprise des relations normales avec la Syrie, la coordination avec ce pays dans l’intérêt du Liban. Il s’agit de l’intérêt de l’agriculture, de l’industrie et du commerce libanais. L’ouverture sur la Syrie est dans l’intérêt absolu du Liban. Nous en avons parlé à maintes reprises, au point d’en devenir lassants. Nul n’a répondu à notre demande. Ni au sein de l’actuel gouvernement, ni au sein du précédent ou même encore avant. Comment dans ce cas peut-on dire que nous imposons notre volonté au Liban ? Nous sommes convaincus que l’intérêt du Liban est dans la préservation de ses relations avec l’Occident, tout en se dirigeant vers l’Est. Acceptez donc les projets chinois ou russes ou encore iraniens, ces derniers sont proposés avec la monnaie nationale. L’Etat libanais refuse. Les Russes disent vouloir construire des raffineries, l’Etat libanais refuse. L’Iran propose du pétrole. L’Etat libanais refuse. Les Iraniens proposent de construire des centrales électriques. L’Etat libanais refuse. Avec cela on dit que nous imposons notre hégémonie sur le Liban ? C’est le plus grand mensonge au Liban et dans la région. L’Iran qui occupe le Liban ne peut pas y introduire un bateau pour les centrales électriques. Out cela n’a vraiment aucun sens, quelle que soit la partie ou la personne qui le dit.

Donc, l’argument saoudien selon lequel le problème avec le Liban est dû à l’hégémonie du Hezbollah sur ce pays n’a pas de fondement.

Deux mots encore sur le Yémen. S’il s’agit de notre position médiatique, je rappelle que depuis le premier jour de cette guerre, il y a plus de 7 ans, nous avions exprimé notre condamnation de cette agression injuste. Vous nous avez d’ailleurs punis pour cela. La Chaîne Al Manar a été retirée du Nilesat et d’Arabsat. Nous avons aussi été punis en tant que parti. Nous avons accepté ces punitions et nous les avons considérées comme un sacrifice en faveur de notre solidarité avec le peuple injustement traité du Yémen. Nous avons estimé que ces punitions étaient notre tribut au peuple du Yémen. C’est notre position depuis 7 ans. Les derniers mois, nous parlions d’ailleurs peu du Yémen, car au Liban, nous étions trop pris par les problèmes du mazout, de l’essence, du dollar etc. Si nous parlions du Yémen, les gens auraient dit : écoutez donc de quoi parle le sayed et ce que nous vivons… Donc, ces derniers temps, nos attaques contre la guerre saoudienne au Yémen étaient plus limitées que par le passé. Alors pourquoi les Saoudiens ont-ils décidé de réagir maintenant ? Il s’agit d’une question médiatique. En fait, il s’agit de Maereb. Ils veulent provoquer un problème pour camoufler la défaite qu’ils sont en train de subir à Maereb. Après Sept ans et des milliards de dollars dépensés dans cette guerre, le résultat pour les Saoudiens est un échec total. Pour vous en convaincre, je vais citer ce qu’a dit, il y a deux jours, quelqu’un que les Saoudiens et leurs alliés au Liban connaissent très bien. Il s’agit de David Schenker. Il a déclaré que la chute de Maereb  est une défaite pour Riyad et Washington. Elle signifie que l’autre camp a remporté la guerre du Yémen. C’est Schenker qui dit cela, non un partisan de l’axe de la résistance. Les répercussions de la chute de Maereb aux mains des Ansarallah seront grandes au Yémen et dans la région et l’Arabie en est consciente. Dans ce contexte, on peut croire que la crise provoquée avec le Liban est destinée à pousser les Libanais et le gouvernement à faire pression sur le Hezbollah pour qu’il fasse à son tour pression sur Ansarallah.  Pour qu’ils arrêtent les combats au Yémen. Si les Saoudiens pensent réellement ainsi, cela signifie qu’ils utilisent leur raison et qu’il ne s’agit pas d’une réaction impulsive. Mais en même temps, ce n’est pas logique. A ce sujet, je voudrais revenir sur ce qui a été dit et qui a été repris par certains de nos alliés qui ont estimé qu’il s’agit d’une fierté pour le Hezbollah. En un sens c’est une fierté, sauf que ce n’est pas vrai. Nous n’avons donc pas besoin de fiertés virtuelles. Nous en avons suffisamment dans la réalité. Par exemple, nos martyrs, notre passé, nos ulémas, comme le disait le sayed martyr Abbas Moussawi. Il a donc été dit que dans le cadre des négociations irano-saoudiennes,  à Bagdad, lorsque les Saoudiens ont évoqué la guerre au Yémen, les Iraniens auraient répondu qu’il faudrait en parler avec  le Hezbollah, il peut traiter cette question. Certains ont même dit que les Iraniens ont conseillé aux Saoudiens de parler avec sayed Nasrallah.  C’est faux. Cela ne s’est pas passé comme cela à Bagdad. Au cours des quatre rencontres entre les Iraniens et les Saoudiens, il n’a pas été question du Liban, ni du Hezbollah, ni au sujet du Yémen ni dans tout autre sujet. Oui, les Saoudiens ont demandé l’intervention de l’Iran pour arrêter la guerre du Yémen et les Iraniens ont répondu qu’il faut en parler avec les Yéménites. Sayed Abdel Malak  Al Houthi, Ansarallah, leurs représentants à l’intérieur et à l’extérieur du Yémen. Discutez avec eux et nous suivrons les résultats de ces discussions. Nous sommes mêmes prêts à aider si le besoin s’en fait sentir. Mais nous ne représentons pas les Yéménites et nous n’avons aucun mandat pour cela. Nous n’avons aucune disposition à négocier à la place des Yéménites, ni de tous les autres d’ailleurs, ni les Libanais, ni les Syriens, ni les Bahreinis, ni les Irakiens, ni les Palestiniens, ni les Afghans…Personne n’a donc parlé du Hezbollah. Gardez cela en tête. Je démens donc formellement les informations à ce sujet et je sais de quoi je parle puisque j’ai pu voir les procès-verbaux des réunions entre les Iraniens et les Saoudiens. Par contre, les Saoudiens peuvent avoir des doutes sur ce sujet. Ils s’imaginent peut-être que celui qui dirige les fronts au Yémen c’est le Hezbollah, des commandants du Hezbollah. Ils en ont parlé à plusieurs reprises. Ils pensent peut-être que les victoires des Ansarallah au Yémen et les défaites qui leur sont infligées là-bas sont dues au Hezbollah. Ce sont de pures illusions. Les victoires au Yémen sont réalisées par les chefs yéménites. Elles sont le fruit de leurs plans, de leurs cerveaux, de leur détermination, de la volonté et du courage des Yéménites. C’est ce qui se passe au Yémen. Et tous ceux qui veulent nous en faire assumer la responsabilité sont suspects. Le problème est en réalité dans l’arrogance des Saoudiens vis-à-vis des peuples de la région. Ils se croient supérieurs et refusent d’être battus par les Yéménites par exemple. On a beau leur dire que les Yéménites sont en train de fabriquer des drones, des missiles balistiques, ils ne le croient pas. Mais c’est la vérité. Les Yéménites sont très intelligents. Nous les connaissons sur le terrain et nous ne nions pas cela. Mais le prétexte invoqué par les saoudiens pour punir le Liban est injustifié. Le Yémen ne peut pas être le prétexte trouvé pour punir le Liban. Vous voulez punir le Hezbollah ? Soit, faites-le. D’ailleurs vous le faites depuis 2006. Mais pourquoi vous en prenez-vous à l’Etat et au peuple libanais ? Regardez les Américains, ils ont suivi un parcours de ce genre et puis ils ont découvert  qu’ils sont en train de faire du tort au peuple libanais, à leurs alliés et à leurs amis. Ils ont commencé à revoir certaines mesures. Plus tard nous saurons s’ils ont vraiment changé de méthode ou non. En tout cas, je voudrais dire aux Saoudiens, si vous voulez réellement en finir avec le dossier du Yémen, ce n’est pas en faisant pression sur le Liban et sur le Hezbollah que vous y parviendrez. Il n’y a qu’un seul moyen pour y arriver : que vous acceptiez un cessez-le feu assorti d’une levée du blocus et du début de négociations politiques. Sans cela, ni les Etats-Unis, ni le Conseil de sécurité, ni la Ligue arabe, ni la rupture de relations diplomatiques, ni la provocation de crises  avec des Etats comme le Liban et d’autres n’y changeront rien. C’est le seul chemin, il n’y en a pas d’autre. Concernant le Liban, nous devons faire preuve de patience, rester calmes et préserver notre souveraineté et notre dignité nationale. Essayons donc de calmer le climat, pour que les parties concernées puissent pousser la situation vers l’apaisement. Nous ne voulons pas provoquer de bataille ni de conflit ni avec les Saoudiens, ni avec aucun des Etats du Golfe, ni avec qui que ce soit d’autre. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette crise. S’il s’agit d’une réaction impulsive pour détruire le Liban parce qu’on n’a pas pu le contrôler, à ce moment-là, ce sera une autre affaire et ce sera aux Libanais de prendre leur décision.

En cette journée du Martyr, nous avons à l’esprit nos martyrs tombés à Tayyouné, ceux tombés à Khaldé. Au sujet de Khaldé, nous avons dès le premier jour appelé à la retenue, à l’apaisement et au recours à l’Etat, à l’armée libanaise et à la justice. Cette voie est bonne et saine. Aujourd’hui, l’acte d’accusation a été publié et après cela, nous irons vers le procès et nous attendrons le jugement. En même temps, nous sommes ouverts à la réconciliation à Khaldé et aux solutions. Car nous voulons que cette région soit apaisée et se stabilise. Si nous suivons le chemin déjà commencé, si nous faisons preuve de patience et nous surmontons nos blessures, nous éviterons la guerre civile  en faisant preuve de responsabilité et de vision. C’est la voie qu’il faut suivre. Ceux qui ont tué nos frères et ceux qui nous sont chers à Khaldé auront leur châtiment et le problème restera limité dans ce contexte. Nous sommes ouverts à d’autres solutions.

Au sujet de Tayyouné, nous nous sommes entendus avec les frères d’Amal à nous en remettre à la justice militaire et à l’armée libanaise pour l’enquête dans ce cadre. Je ne veux pas entrer maintenant dans de nouveaux détails. Nous verrons ce qui en sortira. Avec les familles des martyrs, nous suivons ce dossier et nous le ferons jusqu’au bout. Lorsque nous parlons du massacre de Tayyouné, nous considérons que celui qui l’a commis c’est le parti des Forces Libanaises et il a agi avec préméditation. Il a dressé les plans, amené les éléments de l’extérieur de Aïn el Remaneh, procédé à l’examen préliminaire des lieux et nous laissons le reste à la justice.  Tout ce qui a été dit sur un compromis entre le dossier du port et celui de Tayyouné est faux. Personne, parmi nous, ne peut accepter un tel compromis. Les deux dossiers sont très importants et le sang qui a coulé au port et à Tayyouné est un sang pur et noble. Pour nous les familles des martyrs du port et de Tayyouné sont les mêmes. Il est donc impossible pour nous, de sacrifier les uns pour servir d’autres. Pas du tout. C’est hors de question. Ce qui est demandé dans l’affaire du port, c’est d’arriver à la vérité. Nous pouvons ne pas être d’accord sur la méthode suivie. Même chose dans le dossier de Tayyouné. Nous voulons arriver à la vérité et à la justice. Comme nous vous l’avions promis, nous poursuivrons le chemin dans ces deux dossiers. Nul ne doit croire que nous pourrions accepter de mettre en veilleuse l’un des deux. Si quelqu’un pense comme cela, il se trompe. Pour nous, c’est un engagement religieux, national, moral, humain et une question de foi.

En ce jour dédié à nos martyrs, nous réitérons notre engagement  envers eux à poursuivre le chemin qu’ils ont tracé. Nous poursuivrons le combat  et nous atteindrons les objectifs qu’ils avaient fixés et nous demandons à Dieu de nous accorder comme il l’a fait avec les martyrs, cette grande distinction…

Que la bénédiction de Dieu soit avec vous tous.    

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