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La partie politique du discours de sayed Hassan Nasrallah à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète

La partie politique du discours de sayed Hassan Nasrallah à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète
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Le premier sujet politique que je voudrais aborder et qui est prioritaire pour nous, en tant que disciples du Prophète, c’est la Palestine. Elle constitue le point de rencontre qui fait l’unanimité au sein de cette oumma. Il n’y a donc aucun conflit sur ce sujet. Sunnites et chiites, tous les musulmans sont d’accord sur ce dossier. Je voudrais simplement rappeler les responsabilités. En Palestine, il y a un peuple opprimé et injustement traité qui est soumis à un blocus et souffre du poids de crises multiples, dont celle des détenus pris en otages et leurs familles, le peuple éparpillé et exilé au sein de sa terre et en dehors d’elle, car il existe des réfugiés en Palestine et en dehors d’elle. En Palestine, il y a donc une terre occupée, des symboles sacrés bafoués, chrétiens et musulmans. Aucune personne libre dans ce monde, même si elle n’est pas musulmane ne peut pas dire qu’elle ne se sent pas concernée par ce dossier. Moi je me sens concerné  par le Liban, la Syrie, l’Irak, Al Hijaz, le Yémen … qui disent que chacun doit se sentir concerné par son pays uniquement. Mais en Palestine, il ne s’agit pas d’une intervention dans les affaires internes d’autres pays. Il s’agit d’une terre occupée, d’un peuple opprimé et de symboles sacrés bafoués. Plus même, il y a un ennemi qui constitue une menace pour les pays voisins, pour les peuples de la région et pour la oumma. On ne peut donc pas dire que nous ne nous sentons pas concernés ou que nous nous tenons à l’écart de cette cause. Les valeurs prônées par le Prophète nous poussent à assumer nos responsabilités à l’égard de la Palestine. Celui qui ne peut pas se battre, peut donner de l’argent. La résistance en Palestine a besoin d’argent. La présence du peuple palestinien sur sa terre à l’ombre de la crise sociale et économique, du blocus et des appâts offerts pour lui acheter sa terre (auxquels contribuent hélas des commerçants dans des pays arabes qui dupent les Palestiniens pour les pousser à vendre)… tout cela fait que la Palestine a besoin de tout l’argent possible et celui qui en a doit l’offrir à cette cause. Cela fait partie de la bataille. Maintenant, ceux qui n’ont pas d’argent peuvent aussi contribuer en exprimant leur position, au lieu de tourner le dos à la Palestine, comme c’est le cas dans plusieurs pays arabes, où certains commencent à parler du droit des Israéliens sur la terre palestinienne et à considérer la société israélienne comme une oasis de paix. C’est très triste et très malheureux. C’est pourquoi il est important de prendre position.  Il faut le faire. Il fallait déjà le faire lorsqu’il n’y avait que la radio et la télévision. Mais désormais, il y a aussi les réseaux sociaux. Chacun peut donc influer et donner son  Pour ceux qui se trouvent dans des pays où ils ne peuvent pas s’exprimer, soit, au moins que dans leur cœur ils condamnent cette occupation et cette injustice. Aujourd’hui, les Etats-Unis et certains régimes arabes veulent mettre un terme à ces condamnations silencieuses, ils veulent arracher cette condamnation des cœurs et des esprits pour aller vers la normalisation des relations. Pour eux, nous devons donc tous aimer «Israël». Ils ne veulent pas seulement que nous l’acceptions, mais que nous lui ouvrions nos bras et que nous lui donnions les droits qu’il réclame. N’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui dans notre monde arabe et musulmans et dans certains Etats ?

C’est pourquoi aujourd’hui chacun de nous peut mener la guerre contre la normalisation, à travers le boycott et en exprimant son opinion. Regardons par exemple ce que font les oulémas, la normalisation d de Bahreïn qui publient en leurs noms propres des communiqués pour condamner la normalisation des autorités du pays avec l’ennemi israélien ainsi que le processus d’ouverture d’ambassades. Ils ont été opprimés, frappés, emprisonnés et malgré tout, ils ont continué. Même chose au Yémen, où le peuple yéménite continue de vouloir célébrer la naissance du Prophète, malgré la guerre. Le chef d’Ansarullah a exprimé une fois de plus, sa volonté de faire partie de l’équation régionale qui protège la Palestine, Jérusalem et les symboles sacrés. Il reste engagé et se sent responsable et impliqué dans cette cause. C’est cela l’âme du monde arabe et islamique. La tenue de la conférence de normalisation à Erbil était destinée à tâter le pouls. S’il n’y avait pas eu un tollé à ce sujet, la normalisation en Irak aurait pu avoir lieu. Mais les autorités religieuses, sunnites et chiites, du pays, ainsi que celles d’autres religions et les partis politiques, les tribus, du Sud à Anbar, tous ont pris une position ferme et dure, en plus de la position officielle et judiciaire excellente, tout cela a coupé court à la discorde qui se préparait. C’est pourquoi en tâtant le pouls à travers la conférence d’Erbil, la réponse est arrivée claire, de la part du peuple irakien, des autorités religieuses, des parties officielles et politiques. Cette bataille doit donc être menée et chacun doit assumer la responsabilité de ses positions aux côtés de la Palestine. Tout comme la République islamique d’Iran le fait, ainsi que la Syrie. Il s’agit donc d’un devoir élémentaire que nous devons accepter et avec lequel nous devons vivre.

Un autre dossier que je voudrais aussi évoquer rapidement, c’est celui du Yémen. Depuis le début, nous avons pris position à ce sujet en disant qu’il y a un peuple agressé et injustement traité. Nous en sommes aujourd’hui à la septième année de l’agression et on considérait que nous avions tort d’appuyer le peuple agressé et opprimé. Pourtant, ceux qui appuient l’agression sont dans leur tort et tous les peuples de la région et du monde doivent se tenir aux côtés du peuple agressé depuis sept ans. La communauté internationale et l’ONU ne reconnaissent-elles pas le droit des peuples ? Nous avons vu il y a quelques jours des manifestations populaires énormes dans les grandes villes et les provinces yéménites en faveur d’Ansarullah et à l’occasion de la naissance du Prophète. Ne s’agit-il pas de l’expression de la volonté populaire et ne devrait-on pas la respecter ? Au lieu d’appuyer l’agresseur ? Ne vaudrait-il pas mieux faire pression  sur les Etats-Unis, sur l’Arabie et sur d’autres pour qu’ils arrêtent leurs agressions contre le Yémen ? Ceux qui disent que Ansarullah ne veulent pas arrêter la guerre se trompent. Ceux-ci veulent arrêter la guerre, mais vraiment, c’est-à-dire arrêter les combats, conclure un cessez-le feu et lever le blocus, car le cessez-le feu seul ne suffit pas, il équivaut à la continuation de la guerre. Dans ce cas, il faut au moins une empathie avec les agressés, même si elle reste dans les cœurs. Elle fait partie des devoirs moraux.

Le troisième sujet est celui de «Daech» et ce que cette organisation a provoqué chez les musulmans, dans la oumma et son impact sur l’humanité entière et sur le Prophète. Il est en effet malheureux de constater que cette organisation a tué les innocents dans les mosquées et les églises, les femmes, les enfants et les civils dans des attaques suicides et beaucoup dans ce monde se taisent. Les Américains disent qu’ils ont créé Daech et malgré cela, certains ne veulent pas entendre ces déclarations. Les Américains disent qu’ils utilisent «Daech» pour déchirer les musulmans, détruire les armées et les Etats, diviser les peuples et malgré cela, certains ne veulent pas entendre cela. Les Américains disent chaque jour cela, qu’ils soient des responsables actuels ou précédents. Aujourd’hui, il est impératif que les musulmans, ulémas, élites, mouvements islamiques et tous les musulmans en général se tiennent contre cette organisation et contre ses pratiques barbares, pour défendre les principes du Prophète. Cette organisation donne la pire image du Prophète. Nous devons lutter contre elle surtout que les attaques ont repris de plus belle dans les mosquées, notamment en Afghanistan, à Kundouz, puis la semaine suivante à Kandahar… Quelle est donc cette logique ? Tuer des centaines de fidèles en train de prier dans une mosquée ? Quelle est cette barbarie ? Et malgré cela, beaucoup de gens se taisent. C’est étrange et c’est en contradiction avec les préceptes de l’islam, avec son esprit et avec les enseignements du Prophète.

Avant d’aborder les questions libanaises, je voudrais encore parler de l’unité islamique.

Ce dossier a été étudié avant la Révolution islamique mais il a pris une nouvelle dynamique depuis cet événement. Lorsque l’imam Khomeiny et après lui l’ayatollah Khamenei parlent de l’unité islamique, ainsi d’ailleurs que tous les ulémas qu’ils soient sunnite sou chiites qui évoquent ce sujet, ils ne parlent à aucun moment de la nécessité de fusionner ou de s’annuler. Il ne s’agit donc nullement de fondre les chiites dans les sunnites ou le contraire. Mais plutôt de se rapprocher, de joindre les efforts et d’être solidaires, d’éviter les conflits et le négativisme. C’est important de le répéter car depuis 40 ans, lorsque certains parlaient de cela, il se trouvait des gens pour dire que ce sont des idées irréalistes ; Je dis aujourd’hui, si on veut la fusion, oui c’est irréaliste. Il ne s’agit nullement de transformer les sunnites en chiites ou les chiites en sunnites. Il s’agit plutôt d’axer sur les points communs entre les musulmans, qui sont d’ailleurs nombreux. Sur la base de ces points communs, il faut donc que les musulmans se retrouvent, coopèrent, se rapprochent, se pardonnent. Ils ne doivent pas être un seul corps, chacun doit conserver ses particularités et sa personnalité propre. C’est cette idée qu’il faut confirmer et œuvrer pour qu’elle se réalise. Chaque fois que les musulmans se sont rapprochés et ont coopéré entre eux, ils sont sortis victorieux. La résistance palestinienne est victorieuse lorsqu’elle s’unifie à l’intérieur de la Palestine et en dehors d’elle, avec l’ensemble de l’axe. Aujourd’hui, l’axe de la résistance qui comporte des sunnites et des chiites est un élément de force essentiel pour la Palestine. De même, lorsque les sunnites et les chiites ont combattu, côte à côte «Daech» dans les pays arabes et musulmans, ils ont gagné. Lorsque nous coopérons ensemble, nous sommes victorieux. Et lorsque nous sommes en conflit entre nous, nous échouons. Notre ennemi qui veut imposer son hégémonie sur notre région et maintenir son occupation en Palestine, cherche à ce que nous soyons tout le temps en conflit entre nous, divisés et adversaires. Il cherche à transformer chaque conflit politique entre nous en divergence confessionnelle et religieuse. Chaque conflit personnel est ainsi amplifié et de l’essence est jetée sur le feu (même si l’essence est chère aujourd’hui) pour allumer un incendie.

C’est une grande responsabilité- peut-être la plus grande- qui pèse actuellement sur nos ulémas, nos leaders, nos élites et sur les musulmans en général. Nous devons éteindre le feu de la discorde et éliminer tout ce qui pourrait entraîner des déchirements entre nous. Nous devons surmonter l’ignorance qui existe et parfois la rancœur, parfois à cause de l’éloignement et de l’absence de culture et parfois suite aux infiltrations américaines et britanniques au niveau des services de renseignements dans les milieux chiites et autres. Ils jouent avec nous en tant que musulmans pour nous diviser. Ils l’ont fait par le passé et nous devons de notre côté tout faire pour qu’ils ne réussissent pas.  

Deux mots rapidement sur les questions internes libanaises.

D’abord, au sujet du massacre qui a eu lieu à Tayyouné, j’en ai longuement parlé lundi. Je voudrais juste affirmer que nous suivons tous l’enquête. D’après mes informations, il s’agit d’une enquête sérieuse, précise, détaillée et aussi courageuse. Nous devons attendre qu’elle soit terminée. Il faut aussi que les condamnations politiques, populaires et médiatiques de ceux qui ont agressé, tué et failli entraîner le pays dans une confrontation interne, voire dans une guerre civile, doivent se poursuivre. En tout cas, l’enquête devrait montrer tout cela. Je voudrais aussi rendre hommage à la patience et au sens des responsabilités ainsi qu’à l’éveil  et à la sagesse des familles des martyrs tombés sur place, les nôtres et ceux du mouvement Amal. Nous suivrons ce dossier jusqu’au bout.

Le second dossier c’est celui du tracé des frontières maritimes et la zone économique exclusive ainsi que les parties controversées. Ce dossier a bougé récemment. Pour nous, en tant que Hezbollah, nous avons déjà dit que nous ne comptons pas intervenir. Nous ne comptons pas donner un avis au sujet de la ligne 23 ou de la ligne 29 ou si nous acceptons  moins que la ligne 23. Nous avons déclaré à plus d’une occasion que nous n’intervenons pas dans ce dossier. Nous laissons cela à l’Etat. C’est à lui de prendre position. Je voudrais juste ajouter au sujet de ce que les Israéliens ont divulgué récemment lorsqu’ils ont annoncé qu’ils ont chargé une compagnie de commencer le forage et la prospection dans une des zones controversées, que nous patientons en attendant de collecter toutes les informations nécessaires et les confirmer. Je voudrais juste rappeler ce soir clairement que ce que j’avais dit lundi au sujet de la force et des capacités de la résistance est valable pour défendre et protéger les ressources du Liban en pétrole et en gaz ainsi que la terre du Liban face aux ambitions israéliennes.

Si l’ennemi croit pouvoir faire ce qu’il veut dans les zones controversées, avant que le conflit ne soit réglé, il se trompe et c’est suspect. Je ne vais pas prendre position pour ne pas compliquer les négociations en cours. Mais j’affirme que la résistance au Liban agira le moment voulu lorsqu’elle verra que le gaz et le pétrole du Liban dans la zone controversée sont en danger. Nous agirons sur cette base lorsqu’il le faudra et nous sommes en mesure de le faire.

Concernant le Fonds monétaire international, nous n’avons aucun problème avec le principe de la négociation avec lui. Nous espérons que le Liban aura une délégation unifiée réellement non deux ou trois ou quatre délégations. Nous souhaitons donc que cette délégation se comporte comme une délégation unifiée en adoptant les mêmes chiffres, en ayant une vision unifiée et en étant d’accord sur ce qui peut être accepté et ce qui peut être refusé. Nous souhaitons aussi que le Liban négocie de façon responsable en étant uniquement soucieux de l’intérêt national. Non en ayant une attitude de reddition ou en acceptant les instructions qui pourraient ne pas être conformes à l’intérêt du Liban et de son peuple ni aux circonstances qu’il traverse, notamment sur le plan des problèmes sociaux quotidiens.

Un dernier mot sur les conditions de la vie quotidienne, après la hausse des prix de l’essence et son impact sur les fonctionnaires, les enseignants, les travailleurs dans les usines, les déplacements etc.

Si aujourd’hui, nous disons au gouvernement de reprendre le système de subvention sur les carburants, personne ne nous écoutera, car la levée des subventions était justement ce qui était voulu.

Ils nous diront aussi : nous n’avons pas d’argent à la Banque centrale. Ensuite, ils diront : c’est une des conditions du FMI à laquelle nous sommes obligés de nous conformer.

On peut toutefois faire quelque chose pour alléger les souffrances des gens.

  1. Le rappel de la nécessité de lancer la carte d’approvisionnement dans les plus brefs délais. D’autant que c’était là l’idée : lever les subventions et donner la carte. Or les subventions ont été levées et la carte attend toujours.
  2. Il faut donc dynamiser la carte d’approvisionnement.
  3. Donner l’aval à la revendication des fonctionnaires de relever la prime pour les déplacements afin qu’il puisse se rendre à son travail et qu’il lui reste un peu d’argent pour acheter du pain.
  4. C’est le plus important : relancer les transports en commun. Cela peut se faire en pratique dans un délai de quelques semaines si l’affaire est effectuée avec sérieux. Le ministère des Transports Publics peut assumer cette responsabilité. Il a besoin de la protection et de l’aval du gouvernement, du président du Conseil et au-delà du chef de l’Etat. Il y a un crédit de la Banque mondiale gelé depuis longtemps. Il peut être réactivé et donc relancer ce projet qui est de nature à alléger les souffrances des citoyens.

On ne peut donc pas dire que l’Etat, le gouvernement et les ministères concernés ne peuvent rien faire. Il n’y a pas d’argent, ni de possibilité d’appui de la part du FMI et les gens doivent continuer à souffrir.

A nos yeux, il est possible de prendre une série de mesures qui pourraient aider les citoyens. Je voudrais encore dire aux gens aisés, même ceux qui paient la Zoukat qu’ils sont aussi responsables  face à ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Nous rappelons aux commerçants qu’ils doivent craindre Dieu et par conséquent, ne pas faire le monopole des produits pour relever les prix, ne pas rechercher les bénéfices énormes. Nous devons tous assumer nos responsabilités et coopérer ensemble. Il y a toujours des options mais elles exigent de la volonté, une décision et du courage au niveau officiel et à celui du peuple.

En conclusion, je réitère mes vœux à cette occasion particulièrement importante et précieuse.

Au sein de la résistance, nous poursuivrons nos efforts et nous continuerons à assumer les responsabilités vis-à-vis des enseignements du prophète. Nous patienterons et soignerons nos blessures tout en faisant tout notre possible pour éviter les affrontements internes, pour préserver la paix civile, la paix interne, la coexistence et la coopération afin de sauver notre pays des crises dans lesquelles il se débat.   

 

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