Assad : comment le Liban, encerclé par le feu, peut-il s’en distancier?
À l'ombre du statu quo relatif à la formation du gouvernement, les «symptômes» de la crise syrienne se sont aggravés. En effet, les tensions de sécurité se sont exacerbées dans les deux derniers jours, avec le pilonnage, sans précédent, de la ville de Hermel, par les rebelles syriens, au moment où la chute des roquettes aveugles se poursuivait sur les villages frontaliers de la Bekaa.
C'est dans ce contexte que s'est déroulé dimanche, le long entretien entre une délégation élargie de la Rencontre des partis et des personnalités nationales libanaises et le président syrien Bachar Assad, au palais Mouhajirine à Damas.
La distanciation
Selon les informations du quotidien Assafir, le président Assad a exprimé devant la délégation libanaise son indignation envers la politique libanaise, dite de distanciation à l'égard de la crise syrienne, estimant que nul encerclé par un feu qui le menace, ne peut s'en distancier.
Le président s'est interrogé : Je ne comprends pas ce que signifie exactement cette politique? Signifie-t-elle que le Liban ait été transporté en Afrique où il attendrait la fin de la crise syrienne, avant de revenir à son site naturel?
La désignation de Salam
Concernant la désignation du député Tammam Salam comme premier ministre, le président Assad a fait allusion à la question sans entrer dans les détails. Il a dit : parfois, il serait bénéfique de rétablir le rôle des anciennes familles politiques, dont les expériences leur permettraient d'effectuer une lecture plus claire des faits.
En ce qui a semblé être un message implicite adressé à l'Arabie Saoudite, Assad a affirmé que le Liban n'était pas une société d'actionnaires, dans lequel était nommé ou écarté un employé, à partir de l'extérieur.
La communauté sunnite
Assad a exposé son point de vue sur le rôle de la communauté sunnite en Syrie et au Liban. Il a souligné l'importance «de cette communauté aux orientations arabes, de laquelle nous tirons notre force, vu son rôle de référence au niveau national arabe et son impact à ce titre».
Le président a abordé le rôle de la communauté sunnite au Liban, rappelant qu'elle avait toujours été la soupape de sécurité pour l'arabité et l'équilibre, sans qu'elle ne recoure à la formation des milices. Un fait qui pose un paradoxe, puisqu'à l'issue de l'accord de Taëf, notamment de l'assassinat du premier ministre Rafic Hariri «ils ont voulu la transformer en milice au moment où le Liban ne pouvait être stable, que par la consécration de l'arabité et du nationalisme de cette chère communauté».
Il a affirmé, que contrairement à l'impression courante, la Syrie ne peut pas plonger dans le sectarisme. Selon ses propos, la société syrienne est désormais plus solidaire et attachée à sa doctrine nationale en face des défis de la crise. Il a souligné que l'armée syrienne est consistante envers toute tentative visant à semer la division sectaire dans ses rangs.
Aoun, Franjieh et Rahi
Le président syrien a compliment le général Michel Aoun, le député Sleiman Franjieh et le patriarche maronite Béchara Rahi. Il a noté que «ces leaders sont dotés d'un esprit national et d'une vision perçante».
«Le général Aoun fut un adversaire honorable et s'est réconcilié avec nous avec honneur. Un fait qui donne plus de crédibilité à ses positions à l'égard de la crise syrienne, puisqu'il n'était pas un de nos amis dans le passé. Son approche concernant la crise syrienne revêt une importance particulière. Quant au député Sleiman Franjieh, je ne peux le qualifier puisqu'il est mon ami, voire mon frère», a-t-il précisé.
Il a salué la contribution de MM. Aoun et Franjieh au renforcement de la dimension orientale des Chrétiens et à la consécration de leurs liens avec le tissu social de la région.
Il a dans le même contexte loué les positions du patriarche maronite lequel «illumine le chemin».
Il n'a pas omis d'évoquer le rôle des Arméniens du Liban et de la Syrie : «Si l'Islam nous liait aux Kurdes et l'identité Arabe nous liait aux Chrétiens, les Arméniens ont réussi à créer de nouveaux liens fermes avec les sociétés où ils résident et à se transformer en partie intégrante de leurs milieux».
Le président a rappelé que les Arméniens n'ont pas quitté le Liban lors de la guerre et persistent en Syrie en dépit de la crise.
Le président syrien a laissé entendre que l'ancien premier ministre libanais Saad Hariri est désormais en dehors de ses calculs. Il a rappelé avoir indiqué aux Qataris et aux Turcs lors des tractations concernant la crise gouvernementale au Liban, que Hariri n'était pas habilité à présider le gouvernement, mais que la décision revenait en fin de compte aux Libanais.
La situation sur le terrain
À propos de la situation sur le territoire syrien, Assad s'est dit confiant des développements. Il a expliqué que la stratégie du commandement syrien consiste à maintenir Damas et les grandes villes sous le contrôle de l'armée. «Dans certains faubourgs, nous nous retirons délibérément, par tactique, préférant mener une guerre d'usure plutôt que de la subir, sachant que nous sommes en mesure de reprendre le contrôle de toute région, lorsque nous le voulons».
Assad a affirmé que la soi-disant Armée syrienne Libre n'existe plus et que la bataille se déroule contre l'organisation Al-Qaïda. «Des combattants originaires de 23 pays combattent actuellement sur le territoire syrien».
«Plusieurs parties nous avaient appelé, en début de crise, à trancher rapidement la situation sur le terrain. Mais le responsable ne peut se comporter de tel avec son peuple. Et si nous avions répondu à ces appels, nous aurions perdu quelques-uns de nos amis, alors qu'à l'heure actuelle, nous avons gagné l'amitié de certains de nos adversaires».
Et de poursuivre : «Nous avons agi avec une grande sagesse, lors de l'entrée des rebelles au camp Yarmouk. Certains nous ont alors appelés à user de la force pour expulser les combattants des camps, mais nous nous sommes contentés à renforcer les mesures de sécurité autour du camp, afin d'y cerner les rebelles, sans effusion de sang. Après un certain temps, les habitants du camp ont commencé à protester contre la présence des terroristes».
Le rôle russe
Le président Assad a abordé le rôle de la Russie dans l'équation du conflit. Il a exprimé sa satisfaction de la position stratégique russe constante, appuyant l'Etat syrien. Selon lui, la Russie considère que la bataille de la défense de Damas est celle de la défense des intérêts de Moscou.
Estimant que les Russes sont actuellement plus puissants que ce qu'était l'Union Soviétique dans le passé, il a fait valoir les suppositions de certains, selon lesquelles, le parcours de la crise est tributaire des résultats du sommet prévu entre les deux présidents russe et américain. «De notre part nous affirmons que la résistance et la force de la Syrie auront un impact sur ce sommet, non le contraire. De ce fait, les deux présidents guettent les développements sur le territoire syrien, pour prendre une décision».
Assad a affirmé que la Syrie fera preuve de maximum de flexibilité, lorsqu'il serait nécessaire, donnant dans ce contexte l'exemple de son entretien, dans le passé, avec le député Walid Joumblat, en dépit du discours hostile de ce dernier, contre la Syrie. «En outre, lorsqu'il faut trancher dans la décision, nous sommes en mesure de le faire».
Les Arabes, les Américains et la Turquie
Le président Assad a attaqué la Ligue arabe, considérant qu'elle est dépourvue de tout horizon. Selon ses propos, cette organisation a été fondée pour servir les intérêts des Britanniques. Elle n'avait joué un rôle bénéfique sur la scène arabe que durant le mandat du président égyptien défunt Jamal Abdel Nasser.
En exposant les rôles des pays étrangers dans la crise syrienne, Assad dresse le spectacle suivant :
- Le Qatar s'ingère en Syrie d'une manière flagrante et y dépense des sommes énormes.
- L'Arabie Saoudite connait des différends dans son administration et au sein de la dynastie au pouvoir. Le président Assad ne prévoie pas un rôle important de l'Arabie, dans l'avenir de la crise syrienne
- Les Américains étaient pragmatiques dès le début et admettront en fin de compte la partie qui remportera la bataille.
- L'Europe est en pleine confusion
- Erdogan mise sur les Frères Musulmans
Le président a conclu devant ses visiteurs que la bataille sera de longue durée et que le seul choix était la victoire.
L'agence syrienne Sana avait indiqué que le président syrien avait confirmé devant la délégation libanaise, l'amélioration de la situation en Syrie, grâce à la résistance du peuple syrien et à son appui à son armée courageuse.
Selon l'agence, Assad avait affirmé que la Syrie confrontera fermement les groupes terroristes takfiristes, simultanément avec la poursuite de l'application, par le gouvernement, du programme politique en vue de régler la crise.
D'après Assad, la situation dans laquelle vit la scène arabe, durant cette période, confirme le besoin d'unification des rangs de la Ligue arabe. «La Syrie et le Liban avaient toujours joué un rôle pionnier dans la création de telles idées, notamment par les partis nationaux et nassériens, ce qui avait contribué à renforcer les sentiments nationaux arabes. De ces jours, nous avons besoin, plus que jamais, d'exploiter le rôle des deux pays, pour faire face aux tentatives de division et de discrimination auxquelles nous sommes confrontés».
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org
C'est dans ce contexte que s'est déroulé dimanche, le long entretien entre une délégation élargie de la Rencontre des partis et des personnalités nationales libanaises et le président syrien Bachar Assad, au palais Mouhajirine à Damas.
La distanciation
Selon les informations du quotidien Assafir, le président Assad a exprimé devant la délégation libanaise son indignation envers la politique libanaise, dite de distanciation à l'égard de la crise syrienne, estimant que nul encerclé par un feu qui le menace, ne peut s'en distancier.
Le président s'est interrogé : Je ne comprends pas ce que signifie exactement cette politique? Signifie-t-elle que le Liban ait été transporté en Afrique où il attendrait la fin de la crise syrienne, avant de revenir à son site naturel?
La désignation de Salam
Concernant la désignation du député Tammam Salam comme premier ministre, le président Assad a fait allusion à la question sans entrer dans les détails. Il a dit : parfois, il serait bénéfique de rétablir le rôle des anciennes familles politiques, dont les expériences leur permettraient d'effectuer une lecture plus claire des faits.
En ce qui a semblé être un message implicite adressé à l'Arabie Saoudite, Assad a affirmé que le Liban n'était pas une société d'actionnaires, dans lequel était nommé ou écarté un employé, à partir de l'extérieur.
La communauté sunnite
Assad a exposé son point de vue sur le rôle de la communauté sunnite en Syrie et au Liban. Il a souligné l'importance «de cette communauté aux orientations arabes, de laquelle nous tirons notre force, vu son rôle de référence au niveau national arabe et son impact à ce titre».
Le président a abordé le rôle de la communauté sunnite au Liban, rappelant qu'elle avait toujours été la soupape de sécurité pour l'arabité et l'équilibre, sans qu'elle ne recoure à la formation des milices. Un fait qui pose un paradoxe, puisqu'à l'issue de l'accord de Taëf, notamment de l'assassinat du premier ministre Rafic Hariri «ils ont voulu la transformer en milice au moment où le Liban ne pouvait être stable, que par la consécration de l'arabité et du nationalisme de cette chère communauté».
Il a affirmé, que contrairement à l'impression courante, la Syrie ne peut pas plonger dans le sectarisme. Selon ses propos, la société syrienne est désormais plus solidaire et attachée à sa doctrine nationale en face des défis de la crise. Il a souligné que l'armée syrienne est consistante envers toute tentative visant à semer la division sectaire dans ses rangs.
Aoun, Franjieh et Rahi
Le président syrien a compliment le général Michel Aoun, le député Sleiman Franjieh et le patriarche maronite Béchara Rahi. Il a noté que «ces leaders sont dotés d'un esprit national et d'une vision perçante».
«Le général Aoun fut un adversaire honorable et s'est réconcilié avec nous avec honneur. Un fait qui donne plus de crédibilité à ses positions à l'égard de la crise syrienne, puisqu'il n'était pas un de nos amis dans le passé. Son approche concernant la crise syrienne revêt une importance particulière. Quant au député Sleiman Franjieh, je ne peux le qualifier puisqu'il est mon ami, voire mon frère», a-t-il précisé.
Il a salué la contribution de MM. Aoun et Franjieh au renforcement de la dimension orientale des Chrétiens et à la consécration de leurs liens avec le tissu social de la région.
Il a dans le même contexte loué les positions du patriarche maronite lequel «illumine le chemin».
Il n'a pas omis d'évoquer le rôle des Arméniens du Liban et de la Syrie : «Si l'Islam nous liait aux Kurdes et l'identité Arabe nous liait aux Chrétiens, les Arméniens ont réussi à créer de nouveaux liens fermes avec les sociétés où ils résident et à se transformer en partie intégrante de leurs milieux».
Le président a rappelé que les Arméniens n'ont pas quitté le Liban lors de la guerre et persistent en Syrie en dépit de la crise.
Le président syrien a laissé entendre que l'ancien premier ministre libanais Saad Hariri est désormais en dehors de ses calculs. Il a rappelé avoir indiqué aux Qataris et aux Turcs lors des tractations concernant la crise gouvernementale au Liban, que Hariri n'était pas habilité à présider le gouvernement, mais que la décision revenait en fin de compte aux Libanais.
La situation sur le terrain
À propos de la situation sur le territoire syrien, Assad s'est dit confiant des développements. Il a expliqué que la stratégie du commandement syrien consiste à maintenir Damas et les grandes villes sous le contrôle de l'armée. «Dans certains faubourgs, nous nous retirons délibérément, par tactique, préférant mener une guerre d'usure plutôt que de la subir, sachant que nous sommes en mesure de reprendre le contrôle de toute région, lorsque nous le voulons».
Assad a affirmé que la soi-disant Armée syrienne Libre n'existe plus et que la bataille se déroule contre l'organisation Al-Qaïda. «Des combattants originaires de 23 pays combattent actuellement sur le territoire syrien».
«Plusieurs parties nous avaient appelé, en début de crise, à trancher rapidement la situation sur le terrain. Mais le responsable ne peut se comporter de tel avec son peuple. Et si nous avions répondu à ces appels, nous aurions perdu quelques-uns de nos amis, alors qu'à l'heure actuelle, nous avons gagné l'amitié de certains de nos adversaires».
Et de poursuivre : «Nous avons agi avec une grande sagesse, lors de l'entrée des rebelles au camp Yarmouk. Certains nous ont alors appelés à user de la force pour expulser les combattants des camps, mais nous nous sommes contentés à renforcer les mesures de sécurité autour du camp, afin d'y cerner les rebelles, sans effusion de sang. Après un certain temps, les habitants du camp ont commencé à protester contre la présence des terroristes».
Le rôle russe
Le président Assad a abordé le rôle de la Russie dans l'équation du conflit. Il a exprimé sa satisfaction de la position stratégique russe constante, appuyant l'Etat syrien. Selon lui, la Russie considère que la bataille de la défense de Damas est celle de la défense des intérêts de Moscou.
Estimant que les Russes sont actuellement plus puissants que ce qu'était l'Union Soviétique dans le passé, il a fait valoir les suppositions de certains, selon lesquelles, le parcours de la crise est tributaire des résultats du sommet prévu entre les deux présidents russe et américain. «De notre part nous affirmons que la résistance et la force de la Syrie auront un impact sur ce sommet, non le contraire. De ce fait, les deux présidents guettent les développements sur le territoire syrien, pour prendre une décision».
Assad a affirmé que la Syrie fera preuve de maximum de flexibilité, lorsqu'il serait nécessaire, donnant dans ce contexte l'exemple de son entretien, dans le passé, avec le député Walid Joumblat, en dépit du discours hostile de ce dernier, contre la Syrie. «En outre, lorsqu'il faut trancher dans la décision, nous sommes en mesure de le faire».
Les Arabes, les Américains et la Turquie
Le président Assad a attaqué la Ligue arabe, considérant qu'elle est dépourvue de tout horizon. Selon ses propos, cette organisation a été fondée pour servir les intérêts des Britanniques. Elle n'avait joué un rôle bénéfique sur la scène arabe que durant le mandat du président égyptien défunt Jamal Abdel Nasser.
En exposant les rôles des pays étrangers dans la crise syrienne, Assad dresse le spectacle suivant :
- Le Qatar s'ingère en Syrie d'une manière flagrante et y dépense des sommes énormes.
- L'Arabie Saoudite connait des différends dans son administration et au sein de la dynastie au pouvoir. Le président Assad ne prévoie pas un rôle important de l'Arabie, dans l'avenir de la crise syrienne
- Les Américains étaient pragmatiques dès le début et admettront en fin de compte la partie qui remportera la bataille.
- L'Europe est en pleine confusion
- Erdogan mise sur les Frères Musulmans
Le président a conclu devant ses visiteurs que la bataille sera de longue durée et que le seul choix était la victoire.
L'agence syrienne Sana avait indiqué que le président syrien avait confirmé devant la délégation libanaise, l'amélioration de la situation en Syrie, grâce à la résistance du peuple syrien et à son appui à son armée courageuse.
Selon l'agence, Assad avait affirmé que la Syrie confrontera fermement les groupes terroristes takfiristes, simultanément avec la poursuite de l'application, par le gouvernement, du programme politique en vue de régler la crise.
D'après Assad, la situation dans laquelle vit la scène arabe, durant cette période, confirme le besoin d'unification des rangs de la Ligue arabe. «La Syrie et le Liban avaient toujours joué un rôle pionnier dans la création de telles idées, notamment par les partis nationaux et nassériens, ce qui avait contribué à renforcer les sentiments nationaux arabes. De ces jours, nous avons besoin, plus que jamais, d'exploiter le rôle des deux pays, pour faire face aux tentatives de division et de discrimination auxquelles nous sommes confrontés».
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org