Le Hezbollah rejette les fabrications de Burgas et tient à la relation avec l’Union Européenne
Le Hezbollah d’une part et l’Union Européenne de l’autre agissent avec une grande responsabilité à l’égard du dossier de l’attentat de juillet, survenu à Burgas, en Bulgarie.
Le sens de la responsabilité réciproque marque la relation entre les deux parties. Ce sens de responsabilité duquel sont dépourvues plusieurs parties libanaises, «plus enthousiastes que les Européens, à inscrire le Hezbollah sur la liste de terrorisme, car certains veulent régler des comptes avec le parti, sur fond du dossier de Burgas», comme l’estiment des sources proches du Hezbollah.
Ce climat émane de deux approches différentes, lesquelles convergent à un seul objectif : la stabilité du Liban.
L’UE est soucieuse de cette stabilité, en dépit de la division entre ses membres sur plusieurs dossiers, dont entre autres, la question du Budget européen et celle du Hezbollah, qui, quoique inspiré par les émotions patriotiques dans sa lecture du dossier de Burgas, excelle dans la lecture des faits.
Les milieux européens indiquent dans leur approche du dossier, que les pays européens avaient toujours respectés et respecteront toujours la règle selon laquelle «l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire».
Ces mêmes sources rapportent, en outre, que l’UE reconnait que les deux ministres du Hezbollah dans le gouvernement de Najib Mikati (Mohammad Fneich et Hussein Hajj Hassan), sont des plus réussis parmi leurs confrères. En effet, ces deux ministres supervisent plusieurs projets de développements et d’ordre administratifs, financés par l’Union. Et par la suite, comment serait-il possible d’inscrire les noms de ces deux ministres sur la liste noire du terrorisme?
Par ailleurs, les preuves soumises par la Bulgarie semblent inconsistantes. Le ministre libanais des Affaires Etrangères, Adnane Mansour, avait reçu un rapport détaillé, qualifié de confidentiel, sur lesdites preuves (en langue bulgare). Cependant, des sources diplomatiques bien informées ont révélé au quotidien Assafir, que les pays européens «ne sont pas prêts, à pousser le Liban et leurs intérêts dans ce pays, vers l’inconnu, en raison d’une charge non justifiée par des preuves concrètes».
La source diplomatique ayant lu le rapport bulgare soumis au ministre Mansour, indique que «le dossier ne renferme aucune preuve irréfutable. Même les noms des trois suspects (Jack Philipe Martin, Ralph William Ricoh et Brian Jameson), cités dans des reportages occidentaux, notamment celui du Figaro, pourraient être fictifs, puisqu’il est apparu que leurs cartes d’identité sont falsifiées, alors que seul un fil les lient au Liban et par la suite au Hezbollah : les cartes d’identité et les passeports ont été falsifiés par une imprimerie libanaise! Par conséquent, les pays européens ne sont pas prêts à détruire un pays, pour des preuves de ce genre».
Dans le même contexte, l’UE poursuit la relation de facto avec le Hezbollah. Des personnes proches de ce parti affirment que ce dernier n’est guère concerné par l’affaire de Burgas, ni par l’enquête ni par les preuves. Selon ces mêmes sources, le dossier est entièrement fabriqué et s’inscrit dans le cadre d’une campagne visant à ternir l’image du Hezbollah, entamée à l’issue de la guerre de 2006, durant laquelle il a vaincu Israël et secoué son image militaire devant ses alliés occidentaux».
Le Hezbollah effectue toutefois une lecture politique de la campagne américano-sioniste, appelant à inscrire son aile militaire sur la liste du terrorisme de l’UE.
Les personnes interviewées proches du parti affirment que les objectifs de cette campagne sont clairs : L’UE demeure le seul canal pour l’échange des points de vue et la discussion de sujets locaux et régionaux. Les Israéliens et les Américains veulent l’obstruer».
Et de poursuivre : «Une telle mesure ne lèsera pas uniquement le Hezbollah. En effet, le parti n’a guère d’intérêts matériels directs en Europe, comme l’avait insinué le ministre israélien de la défense civile, Avi Dichter, durant sa récente visite en France. Mais les deux parties, (le Hezbollah et les Européens) seront affectées par la fermeture du canal du dialogue européen, surtout que le Hezbollah est un acteur essentiel sur la scène libanaise et un facteur influent sur sa stabilité interne. De ce fait, provoquer une rupture finale entre ce parti et l’Europe ne se concilie pas avec l’attachement européen à sauvegarder la stabilité sur la scène libanaise».
En somme, l’objectif israélien n’a pas été réalisé. Bien que la relation entre le Hezbollah et l’UE n’ait pas prospéré, elle n’a pas reculé non plus. La semaine dernière, une délégation du «Bureau de la supervision des Elections», au sein de l’Union, s’était rendue au Liban, où elle a rencontré un des responsables du Hezbollah. La délégation regroupait des diplomates du bureau de la Haute représentante de l’UE pour les Affaires Étrangères, Catherine Ashton.
Bref, le Hezbollah ne se considère point accusé dans le cadre de l’affaire de Burgas. Les responsables du parti ne dissimulent guère leur sourire devant l’évocation de deux branches, militaire et politique du parti. Selon eux, «le parti constitue un corps, sans aucune distinction entre un aile militaire et un autre politique», notant que cette approche est une invention britannique, inspirée de l’expérience avec l’Armée Républicaine irlandaise.
Quant aux récentes accusations concernant la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, notamment à Kosseir, les sources proches du Hezbollah répondent : «Ceux qui ont été tués dans la banlieue de Kosseir, sont des habitants des villages syriens, pris d’assaut par les rebelles armés. A ceux qui ignorent les faits, nous rappelons que plus de huit villages syriens sont habités par des Libanais, dont le député libanais Ghazi Zeiter, originaire du village syrien «Belouzeh». Mais le Hezbollah est engagé dans la politique de distanciation».
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org