L’étincelle de Mali contamine l’Algérie
L’organisation Al-Qaida se déploie dans sa guerre au Mali vers l’Algérie. Elle a pris en otage depuis deux jours, 41 personnes occidentales, six jours après le début de la campagne française contre ses alliés à Bamako et l’arrêt de l’avance de leurs forces vers la capitale malienne.
Les groupes « Ansar el-Dine », « Twahid et jihad » et l’organisation « Al-Qaida dans le Maghreb islamique », ont transposé la guerre contre les forces françaises, au désert d’Algérie.
Un nouveau groupuscule issu de la région In-Amenas d’Algérie, s’est infiltré dans l’installation pétrolière britannique « Britich Petrolium », pour y prendre en otage environ 40 employés, dont, sept Américains, 13 Norvégiens, cinq Japonais, et un nombre indéterminé de Français et de Britanniques.
Une confusion a eu lieu autour du nombre exact des otages. Les sources occidentales et le ministre algérien, citent plus de 20 otages, après la relâche des Algériens.
Alors que le porte-parole du groupuscule agresseur, a annoncé avoir détenu 41 occidentaux, comprenant sept Américains, deux Français, deux Britanniques et deux Japonais ».
Le PDG de la compagnie «CIS Catering», Regie Arnaud, a déclaré que 150 employés algériens de la compagnie, sont détenus dans le site.
«150 employés algériens ont été libérés, mais maintenus au sein de la compagnie, sans permission d’y sortir, contrairement aux otages étrangers, incarcérés dans le lieu.»
Les agresseurs étaient arrivés au siège de la compagnie pétrolière algérienne, à bord de trois voitures, en provenance des frontières de Mauritanie, à cent Km de In-Amenas.
Ils ont ouvert le feu sur un bus transportant des ouvriers algériens et occidentaux. Deux britanniques ont été tués, et six autres blessés, dont deux étrangers et quatre algériens.
Le groupuscule agresseur commandé par le «contingent des masqués», a revendiqué l’opération contre l’installation de In-Amenas.
Le «contingent» est présidé par l’islamiste djihadiste algérien Khaled Abou Abbas, nommé al-Moukhtar. Ce groupuscule relevait de l’organisation Al-Qaeda, avant que son émir ne déclare son indépendance pour se réfugier dans le nord de Mali, transformé en tribune pour ses opérations contre les intérêts occidentaux dans la région.
L’armée algérienne a encerclé la région, y décrétant l’état d’urgence. Il est probable que l’opération aboutisse à un carnage puisque cette armée n’a jamais, auparavant, accepté de mener des négociations avec les groupes islamistes, sous la pression de la détention d’otages.
Le groupe armé qui contrôle l’installation pétrolière, a réclamé la libération de cent détenus islamistes dans les prisons algériennes et de les transporter aux frontières du Mali.
Une demande que le ministre algérien de l’Intérieur a immédiatement refusée.
Les islamistes ont de même réclamé la cessation des opérations militaires au Mali, annonçant qu’ils ont semé des engins explosifs dans l’installation, menaçant de les faire exploser si les autorités algériennes ne répondent pas à leurs requêtes.
Sur la scène malienne, les opérations militaires se poursuivent d’une maison à l’autre, dans le village «Diabali». Ce village du désert qui fut le lieu du premier affrontement coûteux entre la force française blindée et les combattants de «Abou Zeid», un émir du groupe «Tawhid et Jihad». Ces combattants tentent de cerner les forces françaises à Bamako, par la voie de l’ouest, à partir de la Mauritanie.
L’accrochage de Diabali est le premier en son genre sur l’axe ouest entre un contingent de tanks français, en provenance de la Côte-d’Ivoire, sans qu’ils ne s’arrêtent à Bamako, situé à 400 km, où les contingents de tanks se rassemblent.
La force française s’est trouvée forcée, sous la pression de l’avancée du groupuscule « Abou Zeid », lequel menace Bamako, à poursuivre sa route vers Diabali, en vue de la reprendre.
L’état-major français a déclaré qu’il est passé de la protection de la capitale malienne Bamako, à la poursuite des groupes djihadistes.
Des unités de l’armée malienne ont échoué à expulser le groupe «Ansar el-Dine» de la ville «Kona ». Ce fait compliquerait les opérations de l’armée française et entraverait son avancée dans l’est du pays.
Au plan stratégique, l’armée française n’est plus en mesure de répéter l’opération de Lybie, en envoyant ses avions de chasse pour bombarder les cibles ennemies, durant six mois, avant de dépêcher les forces terrestres spéciales pour clôturer l’opération, sans perte humaine aucune.
Durant les dernières heures, il est apparu que les opérations terrestres sont nécessaires, contrairement aux déclarations françaises, et ce à cause du retrait des combattants de «Ansar el-Dine» et du «Tahwid et djihade» du centre des villes pilonnées par l’armée de l’air, et leur déploiement dans des sites à proximité des villes.
De ce fait, à la suite de la pulvérisation d’un grand nombre de casernes de ces deux groupes, l’état-major français a envoyé des contingents blindés vers l’axe est, pour poursuivre des groupes de combattants djihadistes dans la ville Gaw, et vers Tombouctou, au nord du pays.
Au plan politique, en dépit de leur glissement dans un conflit inattendu, il parait que les Français n’avaient pas une large marge de choix. Le président François Hollande ne pouvait guère reculer devant le défi de l’extension d’Al-Qaida dans les pays de la côte africaine et céder Bamako aux forces islamistes.
Depuis une semaine, les groupes djihadistes s’apprêtaient à contrôler le Mali et à y établir un nouveau Afghanistan africain, au milieu de pays stratégiques pour la France, vue la richesse de leurs ressources en pétrole et en uranium. Des richesses exploitées par des compagnies européennes, américaines et chinoises.
Le président français prétend le contraire. Selon ses propos, la décision qu’il a prise était nécessaire, mais non pour défendre des intérêts économiques ou politiques. «Sans l’intervention française, les terroristes auraient non seulement occupé le Mali, mais aussi la totalité de l’Afrique ouest».
Les Français sentent qu’ils combattent seuls pour sauver le Mali des djihadistes et du terrorisme, sans aucun appui de l’Union Européenne.
A l’exception de deux avions de transport militaire envoyés par la Grande –Bretagne, et des renseignements américains, l’UE a publié des communiqués d’appui, n’ayant point satisfait les Français.
Le commandement de l’état-major français avait recommandé à Hollande d’intervenir rapidement, pour éviter la bataille à l’intérieur de Bamako, où se concentre la population malienne et où se trouvent des milliers de déplacés venant du nord. Un fait qui complique le combat.
L’état-major avait proposé au président deux choix : une opération rapide visant à protéger Bamako et à interdire les djihadistes d’avancer, en attendant la formation d’une force africaine de 3000 hommes, laquelle sera assistée par l’armée française dans son offensive pour récupérer les zones du nord.
Le deuxième choix, consistait à lancer une large offensive immédiate et à pourchasser les djihadistes dans les villes qu’ils ont occupées, et la destruction de leurs bases au nord.
Le président a opté pour le deuxième choix, car la formation de la force africaine nécessitait des mois, ce qui fournirait aux djihadistes le temps pour avancer sur tous les fronts.
Les Français encourent un danger dans l’option de la guerre ouverte, seuls, sans soutien africain ou occidental. Ils pourraient glisser plusieurs mois dans une guerre contre un ennemi qui connait parfaitement le terrain.
Les groupes «Ansarel-Dine» et «le Mouvement national pour la libération de Azwad» (les Touaregs), sont dotés de grandes expertises en matière de combat, renforcés par une solidarité ferme entre les clans.
Ces groupes avaient longtemps combattu pour l’indépendance du nord. Un grande nombre de leurs combattants sont rentrés de Lybie après la révolution, armés d’arsenaux de l’armée libyenne, et ayant combattu plusieurs années dans ses rangs.
Ils sont soutenus par l’alliance des clans avec Al-Qaida.
Les deux groupes précités ont recruté plus de 1600 combattants, entrainés par les Etats-Unis, au sein de l’armée malienne, pour lutter contre Al-Qaida au nord. Mais ils ont choisi de rejoindre les Touaregs, avec le début de l’agression menée au nord par «Ansar el-Dine».
Des experts militaires français indiquent que la mission des forces françaises sera compliquée en face de ceux-là, ayant notamment été équipés et entrainés par les Etats-Unis, sur les stratégies des forces occidentales de combat dans le désert.
Les Français sont exposés à des dangers supplémentaires si l’opération dure encore. Le Mali pourrait se transformer en terre du djihad pour les groupes djihadistes africains. Ces groupes qui envoient à l’heure actuelle des combattants de Mauritanie, du Niger, du Nigeria, de l’Algérie, de Tunisie et du Maroc vers le Mali, est transformé en un rassemblement énorme des forces djihadistes, en face de l’armée française.
Source : Assafir, traduit par : moqawama.org