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Lettre ouverte, par Robert Abdallah: Mon fils… du giron de son oncle à la matraque des gardes de l’ambassade

Lettre ouverte, par Robert Abdallah: Mon fils… du giron de son oncle à la matraque des gardes de l’ambassade
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Le jour de la publication de la décision judiciaire relative à la libération de mon frère, le militant Georges Ibrahim Abdallah, mes deux enfants se sont absentés de l’école.

Le bonheur les a empêchés de dormir cette nuit. Le lendemain, ils se sont encore absentés pour participer aux préparatifs des festivités de l’accueil de leur oncle.

Le lundi, lorsque la décision de l’expulsion devait être signée, Rawad est allé à l’école, comptantLettre ouverte, par Robert Abdallah: Mon fils… du giron de son oncle à la matraque des gardes de l’ambassade
sur ma promesse de l’accompagner de l’école pour accueillir Georges, dès la publication de la décision.

Il fixait la fenêtre de la classe, attendant mon arrivée et puis la rencontre avec son oncle héros, cette légende, ayant marqué son cœur et son esprit depuis sa tendre enfance.

L’image de Georges s’est forgée progressivement dans l’esprit de Rawad, âgé de 15 ans. A cinq ans, il a reçu la première lettre de son oncle. Georges avait tenu à pointiller les mots avec des crayons de couleur. Ces dessins s’arrêtèrent plus tard. Georges a changé de style, pour inculquer à son neveu des positions relatant  son incarcération, nourrissant l’esprit et la conscience de l’enfant.

Rawad m’a ardemment attendu à l’école, pour l’emmener à l’aéroport et accueillir son oncle. La nostalgie n’était pas sa seule motivation. Il espérait découvrir le genre de vie, vécue par les enfants et les adolescents, n’ayant pas de  proches incarcérés.

L’enfant rêvait d’un jour, où son père avait le temps de voir son bulletin scolaire, de l’accompagner dans une partie de chasse ou dans les activités similaires à celles de ses compagnons d’écoles ou du quartier.

Pour ma part, le refus du gouvernement français d’exécuter la décision judiciaire de libérer Georges, était moins dure que prévoir la réaction de mon fils, lorsque je devais lui annoncer que la cérémonie du retour a été reportée.

Il a accouru à la voiture, maudissant tout ce qui est écrit en langue française. Il voulait arriver au plus vite au siège de l’ambassade de France, pour y protester. Pour la première fois, j’ai vu la colère briller dans ses yeux, en face de l’ambassade. J’ai compris, pour la première fois, l’attitude « des enfants de la pierre ».

Comme un éclair, il s’est faufilé parmi les manifestants en colère, pour se planter devant les matraques des gardes de l’ambassade.

Je me suis pétrifié devant ce spectacle. Les questions se bousculaient dans mon esprit. L’image de Mohammad Dorra est apparue devant mes yeux. Dois-je freiner la précipitation de mon fils? Dois-je le laisser à son sort? Ai-je raté son éducation? Aurais-je du ternir l’image de son oncle pour que j’éteigne le feu de sa rancune à l’égard du Français?

Pire encore. Sa mère, qui regardait la manifestation à la télévision, m’a contacté. Elle me  dit : « ne t’en fais pas. J’ai assez avalé de tranquillisants ». Elle raccrocha pour ne pas accentuer ma confusion.

L’état de mon fils est similaire à celui de ses cousins et cousines. Le plus âgé, mon neveu Wael, estLettre ouverte, par Robert Abdallah: Mon fils… du giron de son oncle à la matraque des gardes de l’ambassade
désormais connu par les Libanais. Ils l’appellent « l’énorme », doté d’une voix puissante, retentissant  sans haut-parleur, durant les manifestations et les sit-in. Le plus petit, est un enfant innocent ayant dit ce jour que « la France est la plus grande menteuse ».

Je me demande, quel bénéfice tirait la France, de la prise en otage, de mon frère Georges.

Que signifie leur mensonge et celui de leur maitre, l’Américain, selon lequel « Georges représente un danger pour la paix internationale »? S’attendent-ils  à la naissance d’un enfant de la famille Abdallah, non hostile à la France et à tous ceux qui l’appuient?

Les Américains sont-ils conscients de la signification des déclarations  de leurs dirigeants, appelant à maintenir  Georges en prison jusqu'à sa mort?

Réalisent-ils vraiment l’ampleur des réactions à cette position?

Du point de vue des sentiments et des émotions, l’administration française a réussi, comme toujours à les exacerber. Elle a réussi à irriter les nerfs de certains membres de la famille, notamment des femmes et des enfants.

Mais les interrogations demeurent : Pourquoi la France fournit-elle à la famille toutes les circonstances et les justifications, pour procréer des militants révolutionnaires?

Et quelle mesquinerie commet son ambassadeur en disant : « attendons le jugement de la justice le 28 janvier ». Est-ce que la décision de la libération approuvée par la cour d’appel a-t-elle été prise par les tribunaux des iles Comores?

Nos fils, tout comme nous-mêmes, Votre excellence l’ambassadeur, ont étudié dans vos établissements scolaires, voire dans vos universités. Mais les héros de la Révolution française, laquelle vous exposez aux enchères devant vos maitres américains et israéliens, ont été diplômés dans les écoles et universités d’un pouvoir monarchique tyrannique. Malgré ce fait, ils se sont insurgés contre vos rois et les ont guillotinés.

Vous fermez la porte de fer de la prison de Georges Abdallah, et nous, nous fermerons les portes de votre ambassade par notre chair. Nous révèlerons au grand jour votre hypocrisie, devant le Palais des Pins, lorsque vous célébrerez votre résistance avant de la trahir, ou chaque fois que vous accueillerez une figure éminente pour vous targuer  de votre civilisation falsifiée.

Nous protesterons de même devant vos « centres culturels » vicieux. Votre culture « tendre », nous  la connaissons dans l’histoire et la géographie.

Nous savons parfaitement comment vous avez ancré la culture de la haine et de l’animosité entre les Libanais et comment vous avez orchestré des combats confessionnels durables.

Nous suivons les informations de vos crimes odieux tout au long du continent noir. Il se peut que la simultanéité entre vos campagnes militaires à l’heure actuelle dans certains pays africains, et le refus de votre ministre de l’Intérieur d’exécuter les décisions de la Justice de son pays, rende Georges Abdallah, plus que toujours, digne de l’appellation lancée par certains de ses partisans, à savoir, « Mandela des Arabes ».

Quant aux hauts responsables de notre très cher Etat (certains du mandat actuel et la majorité des anciens gouvernements), nous en sommes pétrifiés. L’un de nous avait souhaité, (en un moment de tort bien entendu), Si Georges aurait été un collaborateur, ou un voleur, un trafiquant ou un émir d’un groupuscule dans un quartier.

Je vous supplie de répondre à quelques une de mes questions. Si Georges Abdallah était de tel, aurait-il été détenu jusqu’à ce jour?

Est-il admis que des villes françaises décernent des décorations à Georges Abdallah pour ses sacrifices consentis en faveur de sa patrie, et  que vous, les dirigeants,  vous vous en désistez?

Est-il admis que des activistes français défendent Georges Abdallah et que vous demeurez passifs?

Avez-vous entendu l’avocat français de Georges, Jacques Vergès, qui vous a demandé si vous étiez les responsables d’un Etat sous le mandat ou d’un Etat indépendant? 

Source: Al-Akhbar, traduit par moqawama.org

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