Mon arme, une plume et non le molotov
Ecrit par Ahmad Radi, écrivain et prisonnier d’opinion bahreïni
J’avais dernièrement publié un bref message sur les circonstances de ma détention et sur la torture que j’ai subie, révélant que ces comportements cruels visaient à étouffer les voix médiatiques indépendantes des autorités officielles et à entraver les efforts des activistes pour les Droits de l’homme et de tout citoyen croyant en les objectifs de la révolution bahreïnie. A savoir: instaurer la justice sociale par la mise en place d’un gouvernement national élu, d’une Constitution convenue par le peuple, d’un corps judiciaire indépendant, d’une distribution juste des richesses et de la justice à l’égard des victimes de la torture et des martyrs. Cette révolution en quête d’égalité, de l’arrêt de la nationalisation et de la lutte contre la corruption.
Je voudrais dans ce contexte remercier tous les médias, les voix libres et les plumes sincères qui ont appelé à ma remise en liberté et à enquêter sur ma plainte pour avoir subi la torture… Des comportements adoptés par le régime tels l’arrestation arbitraire, la torture physique et psychique, les conditions illégales des investigations et de détention, contre tous les citoyens détenus sur fond politique ou pour réprimer la liberté d’opinion et d’expression.
Etant journaliste, je crois toujours au droit de tout citoyen d’exprimer son opinion en toute liberté, conformément à une loi qui respecte les droits humains garantis par la sharia islamique et les chartes sur les Droits de l’Homme. Je crois de même en la nécessité de poursuivre les efforts de tous les citoyens (sunnites et chiites), pour édifier une patrie démocratique libre qui défend ses citoyens et respecte leurs revendications légitimes.
Je voudrais en outre faire parvenir un important message concernant la situation des détenus politiques dans la prison El-Haoud El-Jaouff. Une prison où se trouvent plus de 1000 détenus politiques qui souffrent de circonstances humanitaires extrêmement graves, dès le premier instant de l’arrestation, passant par l’interrogatoire où la torture est toujours adoptée, arrivant à l’incarcération.
La période de détention m’a permis de découvrir plusieurs transgressions et violations des Droits de l’homme, de la part des services de sécurité… Des informations que je publierai un jour… Actuellement, je peux dire que le détenu politique est emprisonné avec d’autres, (de nationalité étrangères) jugés dans des affaires pénales et dont certains sont atteints de maladies infectieuses ou ayant commis des crimes déshonorables !!
En prison, j’ai rencontré des mineurs (âgés de moins de 20 ans), détenus dans un état de santé critique, dû au manque de traitement médical urgent pour les blessures résultant des tirs, de la violence excessive ou des cas de torture brutale… Il existe de même des cas tragiques où les membres d’une même famille sont tous arrêtés, père et fils ou tous les frères d’une même famille sans prendre en compte leur jeune âge, ni la détention des personnes âgées et les menaces contre certains d’arrêter leurs épouses ! Sachant que la majorité des détenus sont arrêtés à la suite de raids sur leurs maisons ou qu’ils ont disparu sur des points de contrôle, où des charges pénales et politiques leur ont été imputées, sous la torture.
J’avais vu de mes propres yeux que les membres d’un service de sécurité, dont la majorité est formée d’étrangers et de mercenaires, pratiquent la violence armée, le terrorisme, la torture, et la discrimination confessionnelle, injustes contre l’opposition. Ils ont semé la haine et la rancune dans les cœurs des innocents en adoptant la politique de la punition collective contre les habitants des villages protestant contre les comportements illégaux et non contrôlés par la communauté internationale.
Pour ces raisons, j’appelle à partir de la prison, les associations de la société civile, les organisations indépendantes de Droit et les comités de l’ONU, à envoyer des délégations pour enquêter sur les violations des Droits de l’homme, réclamer d’établir la justice sociale et d’appliquer les recommandations émises par les commissions indépendantes. J’appelle de même à répandre les principes de liberté et de démocratie, assurer l’autodétermination au peuple en rendant justice aux victimes de la torture par la poursuite en justice des bourreaux du régime … Arrivant à la victoire de la volonté populaire, par l’instauration de la justice via un gouvernement légitime élu et une Constitution élaborée par les fils du pays. Une Constitution qui assure l’égalité de tous devant la loi.
Que ces objectifs soient réalisés par une volonté nationale, populaire indépendante ou par une volonté internationale et régionale selon les circonstances sécuritaires, politiques ou géographiques, la révolution continue de révéler au grand jour les crimes perpétrés par le régime, des crimes dont la brutalité a dépassé toutes les limites, et de refuser le soutien américain ou britannique, tout comme l’intervention des forces saoudiennes…jusqu’à la victoire.
J’écris ces lignes à partir de la prison El-Haoud el-Jaouf de Bahreïn, où je suis incarcéré pour une accusation pénale et non politique et des charges sans fondement, ayant signé un aveu sous la torture physique et psychique sans connaître sa teneur. Un aveu qui m’a été arraché par des agissements inhumains, de la part d’hommes de sécurité dirigés par le bourreau, l’officier jordanien Issa El-Majali. Le ministère de l’Intérieur avait violé les lois sur les Droits de l’Homme, dès le premier instant de l’attaque sur ma maison et mon arrestation, jusqu’à mon arrivée à l’immeuble des investigations et puis au parquet général et enfin à la célèbre prison El-Jaouf.
Traduit par: moqawama.org