L’arme du dialogue
Depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011, les Libanais ne peuvent vivre dans le calme. Ils pourraient même ne jamais jouir de la stabilité avant la fin de cette crise et la mise en place d’un pouvoir stable, dans la capitale des Omeyyades. Bien que la politique de dissociation à l’égard de cette crise ait donné au gouvernement libanais une période de grâce, qui a suggéré que le problème syrien ne débordera pas vers le Liban et que ses répercussions lui seront épargnées, si les autorités politiques et religieuses libanaises ont su éviter les pièges afin de préserver la sécurité, l’unité et la stabilité. Mais des parties internes et étrangères se sont efforcées d’attiser le feu syrien, dont les étincelles ont récemment atteint la scène libanaise.
Ce fait a poussé le président de la République Michel Sleiman à s’empresser d’appeler à la reprise du dialogue national, fixant la date du 11 juin pour la première séance, à Baabda. Le président aurait souhaité que la conférence du dialogue soit tenue demain, vu la situation délicate qui prévaut au Liban et dans la région, à l’issue notamment des derniers événements de Tripoli, de Akkar et de Beyrouth, et du manque de sécurité ambulant d’une région à l’autre. Cependant, ce qui a accentué l’impasse et la dangerosité de la situation, fut le rapt des onze pèlerins libanais par les milices de l’opposition syrienne, sur le trajet de retour d’Iran. Un incident qui a provoqué une certaine mobilisation dans les rangs de la communauté à laquelle appartiennent les kidnappés. Une situation accompagnée de craintes et d’intimidation du risque du déclenchement d’une discorde confessionnelle, si un malheur frapperait les kidnappés.
L’initiative prise par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui a exprimé sa sympathie avec les kidnappés, sa disposition à intervenir auprès des ravisseurs afin de les libérer et l’envoie de son avion privé en Turquie pour les rapatrier, toutes ces initiatives ont réduit l’ampleur des tensions confessionnelles.
Pour ce, le président Sleiman a répondu au désir exprimé par le courant « Futur », de voir « une armée unique qui contrôle les armes », et a inscrit à l’ordre du jour du dialogue trois points relatifs aux armes et qui sont :
Le troisième point est incontestablement le plus important. Et le plus dangereux. Ces armes pointées dernièrement du doigt, notamment par l’ambassadeur de Syrie aux Nations Unies, Bachar Jaafari, dans la lettre qu’il a envoyée au secrétaire général de l’ONU. Cette lettre fait état de « grandes opérations de trafic d’armes à partir du Liban vers la Syrie, effectuées par « des groupes armés ». M. Jaafari a précisé que les armes arrivent au Liban par les voies maritimes ou aériennes, en provenance de pays déterminés, sous le prétexte de transporter des aides humanitaires aux déplacés syriens au Liban ».
De ce fait, il faut absolument accélérer la tenue du dialogue, ne pas hésiter à y participer et éviter les questions qui exacerbent les tensions sur la scène libanaise.
La Résistance a besoin de combattants, d’efforts d’équipements et d’armes. Elle a de même besoin d’organisations qui prennent soin des handicapés résultant des combats, qui entretiennent les familles des martyrs dans leur vie quotidienne et l’enseignement de leurs fils. Une mission que des états riches sont incapables d’assumer.
On espérait que de telles initiatives ouvriraient la voie au dialogue entre M. Hariri et le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, qui a salué le comportement de M. Hariri. Mais la position « rigide » déclarée par le bloc parlementaire Futur, à l’encontre du gouvernement, de la résistance et par extension du dialogue, a réinstauré la tension, notamment à la suite des complications dans l’affaire des kidnappés, et du rétrécissement du rôle de Hariri dans les contacts guidés par les turcs, pour assurer la libération des Libanais.
Et puisque la récente crise au Liban est l’une des manifestations de la crise en Syrie, ce pays se trouve particulièrement concerné par le trafic d’armes vers ses territoires, à travers les frontières du Liban nord, dont les régions de Tripoli et d'Akkar, se sont transformées en grand dépôts d’armes.
- Elaborer une stratégie de défense et profiter des armes de la Résistance : où, quand et pourquoi elles seront utilisées ?
- Exécuter les décisions des anciennes conférences de dialogue, concernant le retrait des armes palestiniennes qui se trouvent hors des camps palestiniens.
- Retirer les armes déployées dans les villes et les villages libanais.
Si l’on avait estimé que le démenti opposé par le président de la République et le Premier ministre libanais, aux propos de M.Jaafari sur le trafic d’armes vers la Syrie, avait pour objectif de convaincre les autorités syriennes que le Liban se soucie de la sécurité syrienne, le message envoyé par le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, à son homologue libanais, a prouvé le contraire. Les autorités syriennes n’ont pas été convaincues par l’infirmation déclarée par les deux présidents libanais. A noter dans ce contexte, que nul ne peut pressentir ce qui pourrait advenir aux frontières libano-syriennes, si l’armée syrienne décide de poursuivre les groupes armés au delà des frontières. Nul ne peut pressentir en outre ce qui pourrait survenir, en cas de complication de l’affaire des Kidnappés, ou si les négociations en cours pour les libérer échouaient.
Et puisqu’en ces moments la solidarité interlibanaise, l’unité, la stabilité et la coexistence sont requises, rien ne justifie de mettre l’huile sur le feu, en ce qui concerne la résistance et ses armes.
Si on doit discuter des moyens de profiter de la résistance et de ses armes, il est recommandé de convoquer le commandant en chef de l’armée à la conférence du dialogue, afin qu’il explique, pour la dernière fois, l’importance de la Résistance pour la défense de la patrie, au plan des armes et de l’organisation.
Il affirmera alors qu’il n’est point dans l’intérêt de l’armée et de l’Etat que la Résistance soit sous leur commandement, car ce fait exposera la patrie toute entière au danger de destruction, en cas d’accrochage avec l’ennemi.
Sachant finalement que la Résistance au Liban est « un don du ciel ».
Source: Assafir, traduit par: moqawama.org