La Résistance au Liban, une histoire de volonté et de crédibilité
Samer R. Zoughaib
Face à l’érosion de la dissuasion «israélienne», qui se traduit par l’incapacité à démanteler les deux tentes de Chebaa, la Résistance a imposé des règles d’engagement forgées dans la volonté et la crédibilité.
Dès sa fondation sur la terre de Palestine avec l’aide de l’Occident et la complicité de certains régimes arabe, l’entité «israélienne» a réussi à maintenir pendant des décennies une supériorité militaire qui lui a permis d’occuper de nouvelles terres et d’imposer des armistices et des redditions aux pays arabes sous l’appellation «accords de paix».
La supériorité «israélienne» reposait sur une multitude de facteurs, les plus importants étant les fournitures sans retenues d’armes modernes par les pays occidentaux, les transferts de technologies à usage militaire, y compris le savoir-faire nucléaire pour fabriquer des bombes atomiques, une force aérienne équipée d’avions dernier cri, la mise des forces armées à l’abri des divergences politiques.
«Israël» a couplé ces facteurs à une doctrine militaire basée sur la guerre-éclair, avec une utilisation massive et excessive de la puissance de feu contre les civils pour démoraliser ses adversaires, ce qui lui a permis de vaincre ses ennemis même lorsqu’ils étaient coalisés, comme cela s’est produit en 1967, 1973 et 1982.
Les choses ont progressivement changé ces quatre dernières décennies et c’est au Liban que ces changements ont éclos et se sont confirmés. Cette armée qualifiée d’«invincible» a essuyé des revers successifs (en 1982 retrait de Beyrouth sous les coups de la résistance, 1993 et 1996) face à la Résistance du peuple libanais avant qu’elle ne soit contrainte de procéder, en l’an 2000, à un retrait humiliant, sans contrepartie politique, sous les coups de la Résistance islamique.
En 2006, cette armée qui se berçait encore des illusions du passé, a utilisé toute sa puissance de feu, détruisant systématiquement des villages du Liban-Sud et la banlieue sud de Beyrouth, déplaçant plus d’un million de personnes dans l’espoir de pouvoir réhabiliter sa doctrine et redorer son blason.
Sa défaite n’a fait qu’accélérer l’érosion inéluctable de sa supériorité, qui a perdu ces derniers mois l’un de ses principaux facteurs, celui de la cohésion de la société «israélienne» autour de son armée. Aujourd’hui, les forces armées «israéliennes» sont profondément divisées autour de questions de politiques internes, ce qui porte atteinte à son moral, à son efficacité, sa réactivité et sa motivation, selon les commentaires de nombreux experts et observateurs «israéliens» et occidentaux pro-sionistes.
L’armée «invincible» impuissante face à deux tentes
L’érosion de la dissuasion israélienne a atteint un tel degré que cette armée «invincible» n’a ni le courage ni la détermination nécessaires pour démanteler deux tentes placées par les hommes de la Résistance, l’un dans la partie occupée des fermes de Chebaa et l’autre dans la partie libérée.
Il n’y a pire échec que celui d’être incapable de mettre à exécution ses menaces. C’est exactement ce qui s’est produit dans ce qu’on peut désormais appeler l’«affaire des deux tentes». Une armée, qui a mis à genou presque tous ses voisins, qui a occupé de vastes territoires leur appartenant, imposant des paix humiliantes à ses ennemis, est incapable, aujourd’hui, de faire enlever deux tentes en toile !
Les menaces relayées par les médias «israéliens» ont ensuite été transmises via des canaux diplomatiques (Finul, France, Etats-Unis) aux autorités libanaises mais la réponse de la Résistance est restée la même : «Toute action de l’ennemi entraînera une riposte adéquate».
L’«affaire des deux tentes» confirme, pour ceux qui en doutaient encore, la perte par «Israël» de sa supériorité militaire et consacre la dissuasion imposée par la Résistance à travers des règles d’engagement que l’ennemi n’ose plus transgresser sous peine d’une riposte aux conséquences insupportables pour lui.
La dissuasion imposée par la Résistance est le résultat d’un long processus dont la dimension militaire n’est qu’un des aspects. S’il ne s’agissait que d’une question de quantités et de qualité d’armements, certains pays arabes qui ont dépensé des centaines de milliards de dollars pour garnir leurs arsenaux et leurs entrepôts aurait dû être vainqueurs des guerres qu’ils ont livrées. Et pourtant, ils les ont toutes perdues !
C’est, avant tout, une question de détermination et un exercice de volonté. La Résistance, du haut à la base de la pyramide, a insufflé une volonté de fer dans le cœur et l’esprit de ses hommes, greffée sur des années d’expérience. Cette volonté est construite sur une confiance dans la justesse de la cause, une capacité de sacrifice inégalée et une détermination sans limite à mettre tous les moyens et le savoir-faire au service de la cause.
Au fil des ans, cette volonté inébranlable a permis d’imaginer, de créer et d’améliorer des équations qui se sont traduites par de nouvelles règles d’engagement. A chaque fois que l’ennemi tentait de transgresser ces règles dans l’espoir de les modifier à son avantage, il était rappelé à l’ordre à travers une riposte adéquate.
L’aviation «israélienne» neutralisée
Cette volonté s’accompagne aussi d’une grande crédibilité forgée au fil des ans sur le champ de bataille. Les amis et les ennemis savent que les paroles de la Résistance sont toujours accompagnées d’actes. Il n’y a plus de place à l’exagération, à la vantardise, aux mensonges. Ce que la Résistance dit elle le fait. Quand elle s’engage, elle exécute. Lorsqu’elle promet, elle honore.
L’ennemi sait pertinemment que le recours à la politique de la terre brûlée entraînera une riposte adéquate contre les villes «israéliennes». La maîtrise des missiles de longue portée et de haute précision a permis de neutraliser l’aviation israélienne. Celle-ci ne constitue plus une plus-value décisive, un «Game changer», selon l’expression américaine.
La Résistance est passée maître dans la guerre électronique, la cyber-confrontation, l’utilisation des drones de surveillance et d’attaque. Elle a acquis face aux takfiristes en Syrie, une grande expérience dans les actions militaires offensives après avoir maîtrisé la guerre défensive pratiquée face à l’occupant «israélien» au Liban pendant plus de 25 ans.
La Résistance se sait assez forte pour dire à l’ennemi que lors de la prochaine guerre, elle libèrera, s’il le faut, une partie de la Galilée.
C’est à la Résistance que l’on doit le fait que le Liban n’a jamais été aussi bien protégé des agressions, des attaques et des massacres comme ceux qu’«Israël» a perpétré, impunément, entre 1948 et l’an 2000.
C’est l’atout le plus précieux dont disposent aujourd’hui les Libanais et certaines forces politiques locales liées à des agendas occidentaux ou autres exigent que le Liban s’en sépare… sans aucune contrepartie.
C’est mal connaître la Résistance et tous ceux qui se tiennent à ses côtés !