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Discours du sayyed Nasrallah à l’occasion de la guerre de juillet

Discours du sayyed Nasrallah à l’occasion de la guerre de juillet
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Au nom de Dieu

Notre rencontre et nos propos aujourd’hui sont axés sur la commémoration annuelle de la victoire divine et historique lors de la guerre de juillet 2006, qui est désormais connue sous le nom de la guerre des 33 jours. Le 14 août de chaque année, nous célébrons donc depuis 2006 ce qui est connu sous le nom de la guerre des 33 jours. Le 14 août de chaque année nous célébrons donc cette victoire et ses conséquences. Avant d’entrer dans les détails, je voudrais attirer l’attention sur le fait  que cette année, le souvenir de cette victoire coïncide avec le mois de Moharram et pratiquement avec le souvenir  du grand événement de Karbala. Dans ce contexte, je dois évoquer trois occasions religieuses qui se sont produites des jours comme ceux-là, avec la fin du mois de Moharram. La première c’est qu’en des jours comme ceux-là, en l’an 61 de l’Hégire, le convoi des Sabayas est arrivé de Karbala dans la Békaa, jusqu’à Baalbeck, portant les têtes des martyrs. Parmi les prisonniers, il y avait  l’imam Zein el Abidin, Ali Ben Hussein, l’imam Sajad, sayida Zeinab, les fils et les filles du prophète. L’Histoire a enregistré la position honorable des habitants de la ville de Baalbeck qui ont changé leur attitude dès qu’ils ont appris la réalité des prisonniers et qu’ils sont les fils et les filles du Prophète et qui se sont comportés de façon très digne et courageuse avec cet événement très triste.
La seconde occasion a eu lieu des jours comme ceux-là mais en l’an 95 de l’Hégire, lorsque l’imam Zein el Abidin est tombé en martyr empoisonné par le pouvoir ommeyade alors qu’il avait assumé la responsabilité du maintien de l’islam de sa préservation ainsi que celle de la oumma tout en ayant retenu le drame de Karbala dans toutes ses dimensions.

La troisième occasion a eu lieu pour certains en l’an 122 et pour d’autres en l’an 121 de l’Hégire et elle consiste dans la mort en martyr de l’imam Thaër Zayd ben Ali Zein al Abidin face à l’autorité ommeyade, alors qu’il s’opposait à la tyrannie des Omeyyades, renouvelant ainsi toutes les valeurs de Karbala et les souffrances de son grand-père l’imam Hussein. Il faut préciser que la deuxième et la troisième occasion ont en commun l’imam Zein el Abidin.

Sur un autre plan, il semble qu’il y ait actuellement une décision américaine de travailler sur le retour de «Daech» dans plusieurs scènes. Il est de notre devoir de présenter les condoléances selon la chronologie pour les martyrs de l’explosion du siège d’une association islamique au Pakistan, les martyrs sont au nombre de 64 et ils sont des frères sunnites. Il y a plus de 100 blessés. «Daech» a officiellement revendiqué cet acte terroriste suicide. Il y a quelques jours, «Daech» a aussi attaqué dans le désert syrien, faisant de nombreux martyrs de l’armée syrienne et des civils. Hier soir, «Daech» a lancé une attaque terroriste dans la mosquée Ahmed ben Moussa Al Kazem à Shiraz. Il y a eu aussi des morts et des blessés. A toutes ces familles je voudrais présenter mes condoléances et prier pour la guérison des blessés.

Concernant les fêtes, nous sommes face à deux occasions aujourd’hui et demain, la commémoration de la victoire dès le matin du 14 août et  la fête de la Vierge. Je souhaite à tous les Libanais, en particulier aux chrétiens de belles fêtes.

Pour en revenir à notre occasion, celle du 14 août 2006. Ce jour-là, le spectacle était grandiose. Dès l’aube, les gens ont pris d’assaut les routes pour rentrer dans leurs villes, villages et localités, au Sud, dans la Békaa et dans la banlieue sud, et même dans toutes les régions qu’ils avaient dû évacuer pendant les 33 jours de guerre. Les gens se sont précipités pour retrouver leurs maisons, sans tenir compte des menaces israéliennes qui se poursuivaient et des possibilités que le cessez-le feu ne tienne pas. Les gens n’ont pas attendu que les choses se précisent, ils n’ont même pas peur des bombes à fragmentation qui avaient été lancées à profusion dans nos champs et nos villages et nous continuons à en souffrir aujourd’hui, 17 ans après. Les gens n’ont même pas craint les destructions causées à leurs maisons ou à leurs localités ou encore à leurs biens. Ils ont voulu ce retour rapide et courageux qui confirme la victoire militaire dans la mesure où il met en échec les objectifs de l’agression et de la guerre contre le Liban et contre la résistance au Liban. Les images des convois continus de voitures sur les routes menant au Sud, à la Békaa, à la banlieue sud de Beyrouth, venant de Syrie et d’ailleurs, ont exprimé la solidité des convictions de notre peuple ainsi que son attachement à sa terre et son engagement décisif en faveur de la résistance, quelle que soit l’ampleur des sacrifices.

Les gens ont ainsi mis en échec les paris sur l’après 14 août, car beaucoup avaient misé sur le fait qu’en rentrant chez eux et en voyant l’ampleur des destructions, les gens auraient pu en vouloir à la résistance et lui faire assumer la responsabilité des dégâts occasionnés par l’agression. En tout cas, ils auraient pu ne plus être favorables à la résistance. Or ce qui s’est passé est exactement le contraire. C’est pourquoi nous considérons que l’élément le plus important du 14 août,  c’est cette foule courageuse et déterminée qui prend d’assaut les routes, cette foule confiante  dans la victoire de la résistance et dans la force du Liban. Je voudrais dans ce contexte, développer certains points liés à cette occasion avant de parler de la situation libanaise et des derniers développements.

Le premier point est que cette agression était réellement une guerre. Vous savez qu’au début les «Israéliens» avaient parlé d’une opération avant de l’appeler par la suite «la seconde guerre du Liban». Une guerre c’est différent d’une bataille. Une bataille est limitée dans le lieu et le temps. On parle de «jours de combats. Mais la guerre c’est une série de batailles ; dans cette guerre, nous avons vu réellement avec nos yeux, nos cerveaux, nos cœurs et nos sens la vérification des promesses divines aux moujahidins et aux croyants dans le Coran.

Notre slogan cette année est : La victoire des croyants a été une réalité pour nous. Nous avons vu cela et nous remercions Dieu pour cette victoire, pour Son aide et pour cette confirmation.

Le deuxième point est que nous devons remercier tous ceux qui ont contribué à réaliser ce miracle, cette épopée, cette légende pendant 33 jours, les gens, le peuple, l’environnement, les combattants, les résistants, les institutions militaires et sécuritaires, les blessés, les martyrs avec une mention spéciale pour ces derniers, ainsi que l’appui d’une grande partie de la position officielle, l’appui national et populaire, le soutien de l’Iran, de la Syrie et la sympathie des peuples du monde arabe et musulman qui se sont exprimés. Nous devons aussi remercier tous les Etats qui se sont tenus aux côtés de la résistance, ainsi que tous les martyrs, ceux de la résistance, ceux de l’armée, ceux des forces de sécurité, ceux des forces politiques, ceux organisations de la résistance, du peuple libanais, les martyrs syriens tombés dans certaines régions à cause des bombardements, les martyrs des massacres perpétrés dans certaines localités du sud de la Békaa et dans la banlieue sud, à Chyah par exemple, sans oublier le massacre de Cana. Nous rendons hommage aux martyrs de la résistance qui se sont battus et se sont sacrifiés, ainsi que les chefs  martyrs qu’ils soient tombés pendant cette guerre ou après l’avoir menée, comme le chef martyr Imad Moghnié (Radouane), le chef Moustafa Badreddine, le chef martyr hajj Hassan Lakkis, le chef martyr Khaled Bazzi, hajj Kassem, hajj Selmane, qui était responsable du front à Aïta Al Chaab et qui est tombé en martyr après. Nous devons aussi rendre hommage au chef martyr hajj Kassem Soulaymani, le chef de la force Al Qods au sein des Gardiens de la Révolution en Iran qui était avec nous tout au long de cette période, jour et nuit, partageant nos moments difficiles, relevant les défis et passant outre le danger pour nous appuyer et nous aider. Je voudrais rendre hommage à tous ceux-là et à leurs belles âmes.

Le troisième point : Je voudrais ajouter quelques étapes à cette guerre que nous avons qualifiée depuis le début de victoire historique, non seulement dans les faits et dans l’ampleur des moyens utilisés, mais aussi dans ses conséquences sur le futur et le fait qu’elle soit une étape importante dans l’histoire du conflit avec l’entité sioniste. Depuis 1948, cette victoire est unique, non seulement par l’ampleur des moyens utilisés, mais aussi à cause de la complicité internationale et régionale. Il s’agit réellement d’une victoire historique pour le passé et pour le futur, au moins à court et moyen terme.

Ce que je voudrais ajouter aujourd’hui c’est que cette victoire de juillet 2006 a jeté les fondements des nouvelles règles de la confrontation et l’équation de la dissuasion. L’ennemi a compris la réalité des capacités et des moyens, ainsi que les éléments de force du Liban, en tête la résistance. C’est ainsi que les conséquences ont pu être visibles dans ce qui s’est passé l’an dernier sur le plan des frontières maritimes, ainsi que la libération du principal espace maritime sauf le point B1 qui fait l’objet d’un conflit, en tout cas tel que le voit l’Etat libanais, la libération du bloc Cana, ( 9). Tout cela n’aurait pas pu être réalisé sans les résultats de la guerre de juillet 2006.

Cette réalisation est très importante. Dans quelques jours le bateau viendra pour entamer la prospection. Tous les Libanais attendent cela avec espoir et leurs yeux resteront fixés sur les résultats de cette prospection, pour aboutir à l’extraction, car cela constitue le seul espoir face au blocus réel imposé indirectement au Liban, à travers la Loi César sur la Syrie. Il n’y a certes pas de sanctions comme sur l’Iran ou la Russie, mais dans la réalité, les résultats sont terribles : ni aides, ni investissements, ni crédits accordés au Liban. C’est pourquoi les espoirs des Libanais sont attachés au champ de Cana et aux autres blocs. Aujourd’hui, après le tracé des frontières maritimes, le Liban peut lancer des adjudications à tous les autres blocs, car ce point en suspens a été réglé. Je voudrais rappeler donc cette grande réalisation qui n’aurait pas pu être possible sans la complémentarité entre l’Etat et la résistance. Il y avait une position stable de l’Etat, les trois présidents, le général Michel Aoun, le président Nabih Berry et le Premier ministre Négib Mikati ont coordonné et coopéré pleinement entre eux. Il y a eu aussi une coopération entre l’Etat et la résistance et ce résultat positif a été atteint. Le Liban a profité de tous ses éléments de force et ce fut une grande victoire  en dépit de certaines polémiques et surenchères internes. Mais cela ne change rien à la réalité avec mon respect pour toutes les remarques faites à ce sujet.

Cette coopération et cette complémentarité nous rappellent ce qui s’est passé pendant la guerre de juillet  entre la résistance et une partie importante de la position officielle, qui s’est concrétisée dans les positions du président Emile Lahoud et du président de la Chambre Nabih Berry. Si le gouvernement à cette époque était homogène et en harmonie avec la position officielle des deux responsables, nous aurions pu obtenir de meilleurs résultats. Je ne veux pas rouvrir ce dossier car tout le monde connaît la nature du conflit à cette époque.

Nous sommes aujourd’hui devant une nouvelle étape qui est le résultat des victoires de ce sang et des sacrifices faits à cette époque. J’ai toutefois deux remarques.

1-Depuis le début, tout le monde au Liban réclamait un Fonds souverain pour préserver les ressources pétrolières et gazières et pour qu’elles puissent profiter à tout le pays, car les champs ne sont pas exclusivement à une région plutôt qu’à une autre, à une confession plutôt qu’à une autre. Il faut que tous les Libanais et les générations futures puissent en profiter.

Tout au long des mois précédents, les commissions parlementaires et en particulier la commission des Finances et peut-être même celle de l’Administration et de la Justice, cela devient un détail, ont mené des débats détaillés et elles ont abouti à un projet de loi concernant ce Fonds. Ce projet figure à l’ordre du jour de la séance de jeudi. Nous espérons que les députés ne laisseront pas passer cette occasion en se lançant dans des polémiques internes et dans les conflits politiques. Le Fonds souverain est un besoin pressant pour tout le Liban. Il faut approcher ce sujet d’un angle national et souverain. Ce fonds est important pour préserver ces ressources et pour faire en sorte qu’elle profite à tous les Libanais, indépendamment des remarques et des débats. Si jeudi le quorum est assuré cela peut se passer.

2- La véritable garantie pour que le Liban puisse profiter de ses ressources, si Dieu permet que l’on trouve du pétrole et du gaz en quantités suffisantes pour être exploités, c’est le fait pour le Liban de préserver tous ses éléments de force, cette fameuse équation en or et en tête la résistance, sa force, ses capacités, son prestige et la peur qu’elle suscite chez l’ennemi qui craint ses réactions. Car nous sommes face à un ennemi qui ne respecte pas  les accords et les ententes, même s’il y a des garanties américaines. Regardez ce qui s’est passé avec les accords d’Oslo, signées officiellement et sur le même document, avec des garanties américaines, européennes et onusiennes. Où sont-elles ? Cet ennemi ne respecte aucun de ses engagements. Ce qui empêche aujourd’hui cet ennemi de s’emparer des ressources du Liban, dans les eaux maritimes, c’est sa conscience du fait que toute agression contre le Liban ou toute tentative de grignoter ses ressources entraineront une réaction forte qui lui fera regretter son acte. Il faut donc préserver cet élément de force car il constitue la garantie pour que la prospection et l’extraction se poursuivent. C’est cet élément de force qui permettra à l’Etat de vendre le pétrole et le gaz et d’alimenter ainsi le Fonds souverain qui aidera à régler les problèmes des Libanais.

Une autre constatation importante dans cet aperçu historique montre que depuis la guerre de juillet 2006, l’ennemi connaît une courbe descendante dans plus d’un domaine. Pour les nouvelles générations qui n’ont pas connu cette époque, il faudrait revenir à la commission Winograd qui avait été formée pour enquêter sur les causes des échecs  de cette guerre, sur les plans politique et militaire, qui avait abouti à des conclusions dont certaines ont été publiées et d’autres non. Même au sein de l’armée ennemie, des commissions ont été formées pour discuter des raisons des échecs tactiques, techniques, organisationnels, administratifs et opérationnels. Les résultats de ces enquêtes étaient dangereux et ont constitué un choc pour l’ennemi. Mais ce qui compte aujourd’hui c’est de savoir si après 17 ans, l’ennemi a réussi à traiter ces failles dans son entité et dans son armée, et même dans sa décision politique. A-t-il réussi à combler les lacunes au niveau de son peuple, de sa conscience, de son front interne ? La réponse est non. Au contraire. Les lacunes se sont accumulées. Il y a eu ainsi Gaza en 2008 et aujourd’hui nous sommes face à un développement important dans la confrontation  avec ce qui se passe en Cisjordanie. La résistance monte alors que le processus israélien est en pente descendante. Les exemples sont nombreux. Je vais me contenter de deux, faute de temps.  D’abord, la situation sur le front interne. Jusqu’avant la guerre de 2006, le front interne était préservé et restait en dehors des guerres israéliennes. Mais en juillet 2006, la résistance a introduit le front interne dans la guerre. Ce front est devenu un élément important de la guerre et un des éléments importants dans la conclusion d’un cessez-le feu, sans atteindre les objectifs voulus par l’ennemi. Avant la guerre de 2006, l’ennemi avait une idéologie sécuritaire élaborée par Ben Gourion. Cette idéologie était basée sur 3 éléments : Dissuasion, avertissement et résultat décisif. Ils l’appliquent à tous les pays arabes, dont le Liban, considérant qu’ils ont la force, l’avertissement, la dissuasion et la capacité à trancher. De 1948 à 2006, c’est ainsi qu’ils ont agi. A partir de 2006, ils ont ajouté un quatrième élément à cette idéologie qui porte sur la défense et la protection et cet élément concerne le front interne. A partir de 2006, l’ennemi a ajouté un élément à ses stratégies et à ses plans qui porte sur la défense négative, selon les expressions militaires. Dans la défense négative, il y a par exemple, la construction d’abris, les lieux sûrs, le sujet des incendies, des pompiers, des hôpitaux et le fait d’atteindre rapidement les gens... Par contre, la défense positive porte sur l’interception des missiles, qui sont entrés avec force dans l’équation, grâce à la guerre de juillet 2006.  L’utilisation des missiles s’est renforcée lors de la guerre de Gaza et l’ennemi s’est vu obligé de rechercher  des systèmes d’interception des missiles. Il a été vers le système des Patriots, Baraks et autres, comme le bouclier de fer. Malgré cela, depuis 2006, il mène régulièrement des manœuvres pour vérifier si le front interne est prêt. Pour connaître la réalité, il faut se référer aux déclarations des généraux, des responsables du front interne et il apparaît que ce front n’est pas prêt dans le cas d’une nouvelle guerre... J’ai lu récemment un article, indépendamment du sérieux de son auteur dans lequel il est dit qu’en cas de nouvelle guerre, près de 2millions et demi de colons israéliens n’auront pas de lieu où se rendre pour s’abriter. Lorsque des responsables et des généraux israéliens ont lancé des menaces contre le Liban, un tollé israélien s’est élevé. Pourquoi ? Parce que l’intérieur israélien n’est pas prêt. Des cris se sont élevés pour dire : qu’êtes-vous en train de faire ?  Vous faites peur aux touristes, vous nous gâchez nos vies. Vous voulez lancer une guerre alors que les abris ne sont pas prêts ? Tout cela 17 ans après la guerre de 2006 ! C’est un exemple. Mais le plus important dans le front interne, c’est la conscience et c’est la confiance perdue. Les habitants, les colons et les occupants de cette terre sacrifiée ne veulent pas assumer les conséquences de la guerre. Le second exemple concerne l’armée israélienne, même avant l’arrivée de l’actuel gouvernement avec ses contradictions et sa composition bizarre, l’armée israélienne est devenue sous le microscope depuis la guerre de juillet et la commission Winograd. Avant la guerre de 2006, il y a eu l’humiliant retrait de 2000. Mais à ce moment-là, ils avaient réussi à tromper l’opinion publique en disant qu’il s’agit de l’application de la résolution 425 etc. Par contre à partir de 2006, les responsables militaires ont été mis en cause, ainsi que les principaux responsables du pays. A partir de ce moment, l’armée a connu un processus d’affaiblissement et de faiblesse. Pourtant, ils ont formé des commissions, ils ont fait des études détaillées, ils ont procédé à des formations, ils ont eu recours aux moyens technologiques etc Mais après 17 ans de tentatives de renforcement, de réorganisation et de manœuvres ont-ils réussi ? bien sûr que non ! Il n’y a qu’à entendre les généraux à la retraite, les responsables de la Défense, les anciens chefs d’état-major qui parlent de la situation de l’armée israélienne, de l’affaiblissement de l’esprit combatif, de l’affaiblissement de la volonté de sacrifice et de l’absence de confiance entre les soldats et les officiers et avec le commandement militaire et politique. Regardez le niveau de garanties que réclament les soldats et les officiers lorsqu’ils doivent accomplir une mission. Regardez le nombre de soldats, d’avions, de drones, de véhicules, de canons engagés dans l’attaque de Jénine et vous comprendrez que les soldats préfèrent désormais s’engager dans des unités non combatives. Les «Israéliens» n’ont donc pas pu combler les lacunes apparues en 2006. En 17 ans, ils n’ont pas pu faire de réalisations terrestres. Les seules réalisations dont ils parlent désormais sont celles du feu, des bombardements aériens ; contre Gaza ou la Syrie. Mais cette armée qui se veut légendaire  ne peut rien faire sur le terrain. Lorsqu’ils ont tenté d’investir gaza, ils ont eu des morts et des blessés, ainsi que des prisonniers. C’est ce que subit aujourd’hui l’armée israélienne face aux résistants en Cisjordanie. Aujourd’hui, avec les divisions internes politiques au sein de l’entité, l’armée israélienne est dans un piteux état, le plus mauvais depuis sa formation. C’est ce que disent les anciens responsables et les généraux à la retraite. Le coup fatal, serait de l’avis de ces mêmes généraux et anciens responsables, si la Knesset adopte la nouvelle loi sur le service militaire que réclament certains partis religieux.

Je me contente de ces deux exemples et je reviens au point principal qui porte sur la courbe descendante chez l’ennemi. On peut voir comment l’ennemi est passé de l’attaque et à celui qui détient l’initiative à celui qui se tient désormais en général en position de défense. Même lorsqu’il attaque, il le fait désormais à partir d’une position de défense, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou en Syrie. Cela exige une explication plus longue, mais il faut du temps pour cela. C’est en tout cas la réalité. Aujourd’hui, la résistance au Liban, en Palestine et l’axe de la résistance  dans la région ont désormais l‘initiative dans une grande mesure. L’ennemi se tient désormais derrière les murs avec le Liban, avec Gaza et dans plusieurs secteurs de Cisjordanie. Les Israéliens se cachent derrière les murs. Il y a quelques semaines, nous avons lu que l’ennemi compte construire des murs avec la Jordanie, dans certains espaces, pour empêcher l’infiltration d’éléments jihadistes ou le transport d’armes pour les résistants en Cisjordanie.

Ce processus descendant nous mène vers le dernier point lié à l’occasion et qui porte sur la façon dont nous devons nous comporter avec aux menaces actuelles de l’ennemi.  Il y a quelques jours, le ministre ennemi de la guerre, à quelques centaines de mètres des frontières, a lancé des menaces contre le Liban. En général, les responsables israéliennes se tiennent devant les fils barbelés et les caméras les photographient dans ces lieux. Mais lui a préféré rester à des centaines de mètres pour lancer des menaces qui ne sont pas nouvelles, d’autres responsables les avaient lancées avant lui, de «ramener le Liban à l’âge de pierre». Je voudrais commenter cette menace. Nous ne nions pas la capacité d’Israël de ramener le Liban à l’âge de pierre. La puissance aérienne que les Israéliens ont, leurs missiles, leur artillerie peuvent le faire, surtout avec l’appui américain dont ils disposent. Ce n’est donc pas nouveau et cela remonte à des dizaines d’années. L’élément nouveau c’est ce que peuvent faire le Liban et la résistance. L’ennemi le sait, mais il passe outre sur le plan médiatique, dans le cadre des fanfaronnades qui n’ont aucune valeur réelle. La question importante est la suivante : que peut faire le Liban ? Je peux le dire preuve à l’appui  à l’ennemi : si vous allez vers la guerre contre le Liban, vous reviendrez à l’âge de pierre. Certains peuvent me demander si je n’exagère pas. Je leur donne deux mots pour montrer le sérieux de cette menace. Dans le passé, les généraux et anciens responsables le savent, j’avais montré une carte de la Palestine occupée dans toute sa superficie, avec les cibles stratégiques, les aéroports civils et militaires, les bases de l’armée de l’air, les centrales électriques, les stations d’eau, les centraux de télécommunications principaux, une série de lieux importants pour l’infrastructure. Je n’ai pas besoin de donner plus de détails, les raffineries de pétrole, les réservoirs d’essence, d’ammonium. On peut encore ajouter la centrale de Dimona. Tout cela sur une superficie restreinte. Nous ne parlons pas ici de la Russie ou même du Soudan, mais de la Palestine occupée. Les «Israéliens» peuvent calculer combien de missiles de haute précision il faut à la résistance pour détruire tout cela, malgré l’activation du bouclier de fer, des Patriots et de la baguette magique dont ils disposent. J’ai lu des commentaires d’anciens généraux qui ont mis l’accent sur le fait que les missiles de haute précision sont équivalents à une arme nucléaire. Ils ne l’ont pas dit pour vanter notre force mais pour appeler à régler ce problème.  Peut-être que c’est un peu exagéré mais il faut bien évaluer les risques. Et nous ne parlons que de l’infrastructure principale. Nous ne parlons pas d’autres questions que les «Israéliens» connaissent, ni de l’élargissement de la confrontation à l’ensemble de l’axe de la résistance. Vous pouvez donc ramener tel ou tel autre pays à l’âge de pierre, mais si la confrontation s’étend à l’axe de la résistance, il n’y aura plus rien qui s’appelle «Israël». Les dirigeants israéliens doivent savoir cela. Il ne s’agit plus pour eux de mener une guerre de points, mais bien un jeu d’existence et de survie. Ils doivent donc avoir les pieds sur terre et être réalistes. Ils le sont d’ailleurs dans une grande mesure en dépit de leurs fanfaronnades.

En ce qui nous concerne, toutes ces menaces ne nous font pas peur. Aujourd’hui, le Liban dispose d’une force essentielle en mesure de la protéger et de dissuader l’ennemi, d’assurer la sécurité face à l’ennemi. Je ne parle pas ici de la situation interne. L’équation en or  dont nous parlons constamment et qui protège le Liban. C’est elle qui a permis au Liban de retrouver ses ressources gazières et pétrolières, ainsi que son eau. C’est elle qui lui permettra  de reprendre les points frontaliers encore en suspens, les régions frontalières encore occupées  et qui constitue un bouclier véritable et fort pour le Liban et son peuple et le place  en tant que partie de l’axe de la résistance lors du grand défi.

En conclusion, si je veux tirer une conclusion de tout ce qui précède, depuis 2006 et jusqu’à aujourd’hui en 2023, l’entité ennemie est plus faible que jamais sur les plans politique, militaire, populaire, social, interne et moral.  De son côté, l’axe de la résistance de 2006 à 2023 est plus fort. C’est sur cela qu’il faut bâtir notre avenir, notre réalité dans la région et dans notre pays.

J’en arrive à la situation interne. J’ai à ce sujet deux points et une recommandation ainsi qu’une remarque humanitaire.

Le premier point est lié au dernier incident qui a eu lieu. La résistance a accumulé au cours des 17 dernières années, les éléments de force. Nous n’avons jamais cessé de le faire, ni avant 2000, ni à partir de 2000, ni en 2006 ni après. Nous ne le cachons pas. Par conséquent, il est normal  avec nos compétences, nos combattants et nos armes que nous ayons des armes, des munitions et des moyens, qui sont transportés d’un endroit à l’autre, dans le cadre d’un plan de confrontation qui pourrait se produire dans l’avenir.

Nous transportons ces armes, munitions et moyens dans des camions et d’autres façons. Bien sûr, il s’agit de camions civils. Je ne veux pas répondre à certaines sottises et je n’entrerais pas dans les détails. Quelqu’un a ainsi dit : Ouf, ils transportent  les armes et les munitions dans des camions civils ! Comment veut-il que nous le fassions ? Dans des camions militaires ? Pour qu’un tel camion passe par Zahlé et descende à Kahalé ?

En tout cas, ce qui s’est passé à Kahalé est normal, les camions passent par là et nous savons tous que ce tournant est assez dur. Il arrive que des camions se renversent sur ce tournant. Ce fut le cas de ce camion qui était suivi d’une voiture transportant les frères. Il est normal que lorsqu’un tel accident se produit des gens qui se trouvent sur les lieux s’approchent pour voir ce qui s’est passé. Ils sont généralement bien intentionnés et veulent aider, surtout qu’un camion s’est renversé.

Ça, c’est le début et c’est logique. Il est normal que les gens veuillent s’entraider.

Le camion est resté renversé pendant des heures. L’enquête devrait déterminer avec précision ce temps, trois heures ou plus. Les frères sont descendus de voiture et ont transporté le chauffeur du camion à l’hôpital. Ils ont aussi amené un véhicule pour relever le camion. Les gens s’étaient attroupés et tout allait bien. Jusqu’à ce qu’une chaîne de télévision connue a commencé à faire campagne. L’enquête devrait s’attarder sur ce point. La chaîne de télévision a commencé à matraquer que la camion appartient au Hezbollah et il transporte des armes et des munitions. Elle a commencé à inciter les gens et à les mobiliser contre le camion et contre le Hezbollah. Des jeunes ont commencé à réagir. Pourtant de notre côté, il n’y avait que 3 ou au maximum 5 jeunes, dont le martyr Ahmed Kassas qui avait transporté le chauffeur du camion à l’hôpital et demandé à un camion remorque de se rendre sur place pour relever le camion renversé. Il était donc revenu pour être aux côtés de ses compagnons.  Des gens sont venus avec des armes. Des pierres et des insultes ont été lancées. Tout cela est documenté et filmé. Bien sûr, nous n’avons pas filmé, mais des gens qui étaient sur place l’ont fait. Tout est clair dans les films tournés à ce moment-là.  Nos jeunes ont supporté et ont tenu bon, assumant leurs responsabilités, car ce qui est dans le camion relève de leur responsabilité. Ils ont été à la hauteur. Il y a eu des coups de feu, des r0069es et une force de l’armée est arrivée sur place. Le lieu est devenu sous l’autorité de l’armée. Nos jeunes ont reculé, avec le martyr Kassas.

Des contacts intensifiés ont eu lieu à ce moment-là. Qui a attaqué qui ?  L’enquête devrait le montrer. Certains ont dit que le Hezbollah s’est rendu à Kahalé et a attaqué la localité. Mais pendant 3 heures, les frères étaient ru place, attendant la remorque et pendant tout ce temps, il n’y a eu aucune attaque. Ils essayaient de régler le problème. Ce n’est que lorsque la chaîne de télévision perverse est arrivée sur les lieux et qu’elle a incité les gens que certains ont lancé des pierres et ont porté les armes.

Je ne veux pas entrer dans les détails, mais je voudrais soulever certains points.

Depuis le début, nous nous sommes comportés avec le souci d’absorber la situation et de ne pas aller vers l’escalade et la tension. En général, c’est ainsi que nous nous comportons et c’est notre ligne. Nous ne considérons pas qu’il y a un problème entre nous et les habitants de Kahalé, ni avec les familles de Kahalé. D’ailleurs combien sont les habitants de cette localité. 4, 5, 6 Ou 7 000 ? En tout cas plusieurs milliers. Combien y avait-il de gens sur la route à ce moment-là ? 50, 100, 75 ? Il faut revoir les vidéos.  Certains sont venus d’en dehors de Kahalé. Leurs noms sont connus. Il y a un problème avec ceux-là, pas avec les habitants de Kahalé. Le problème n’est donc pas entre la résistance et les habitants de Kahalé, mais avec ceux-là. Pour ceux qui veulent expliquer ce qui s’est passé et l’utiliser.

A ce moment-là et face au climat d’incitation lancé par des médias irresponsables qui est entré dans la campagne, nous étions face à un paysage très délicat. Certes, il y a eu des positions responsables, surtout dans les milieux chrétiens. En premier la position  paternelle, sage du président de la République et le lendemain celle de Mgr Abdel Sater ainsi que beaucoup d’autres positions dans les milieux chrétiens qui ont appelé au calme, qu’il s’agisse de personnalités politiques, d’hommes de religion , de forces politiques ou de simples citoyens.

Parmi les points positifs car nous ne voulons pas rester sur les points négatifs, est le fait qu’il y a des forces politiques qui ne sont pas nos alliées et qui sont même parfois des adversaires, ont appelé au calme. Elles ont senti le risque que comporte cette incitation et de cette mobilisation, après l’incident de Kahalé.

Certaines forces politiques ont défendu la résistance. Nous les remercions toutes, celles qui ont défendu la résistance et celles qui ont appelé au calme et à la raison. Mais il y a aussi des  forces politiques  qui ont voulu que les choses aillent le plus loin possible. Je reviendrai sur cela.

En ce qui nous concerne, cet incident est désormais entre les mains de la justice. Les vidéos tournées sur place sont aussi entre ses mains, ceux qui étaient sur place sont identifiés, leurs visages sont visibles. Nous avons informé les parties concernées de notre volonté de coopérer jusqu’au bout et nous attendons les résultats. Mais nous devons  faire tous attention et demander à la justice  de prendre en considération l’incitation médiatique. Sans ce qu’a fait la chaîne que j’ai déjà mentionnée, rien ne se serait passé sur le tournant de Kahalé. C’est cette institution médiatique qui assume en premier la responsabilité du sang versé et des risques causés au pays sur les conséquences potentielles de cet incident.

Il ne s’agit pas de rapporter des informations ou d’exprimer un point de vue. En tout cas, la justice doit traiter cette question. Il y a eu une incitation pour agresser, pour tuer. Nous attendrons en tout cas les résultats de l’enquête.

Aujourd’hui, alors que des jours se sont passés depuis l’incident, j’appelle au calme sur le plan des déclarations politiques, sur les réseaux sociaux, surtout nos frères et nos responsables. L’intérêt du Liban, son peuple et celui de résistance est dans le retour au calme, dans le traitement des incidents de ce genre qui se produisent, comme cela s’est passé lors du massacre de Tayyouné. Il faut traiter ces événements avec sagesse et un sens élevé des responsabilités.

Nous devons donc attendre la justice et voir ce qu’elle décidera.

Evidemment, j’adresse mes condoléances et mes bénédictions à la famille du martyr Ahmed Kassas, car il s’agit d’un martyr résistant, un moujahed qui a assumé les responsabilités jusqu’à la fin. Après avoir accompagné le blessé à l’hôpital, il aurait pu ne pas revenir à Kahalé et envoyer un camarade à sa place. Mais il a voulu rester sur le terrain et il est mort en martyr en défendant la résistance ses moyens et son état d’alerte. C’est ainsi que cette résistance a pu enregistrer des victoires. Je voudrais aussi rendre hommage à la vision et à la responsabilité de la famille du martyr. J’ai entendu les déclarations des membres de sa famille, ses frères, ses sœurs et autres qui expriment cette responsabilité et un grand sens national.

Il faut encore préciser que cet incident a montré une fois de plus que l’armée est l’institution  qui garantit la sécurité, la paix et la stabilité dans le pays.  Comme je l’ai dit à l’occasion de la fête de l’armée, l’armée est la garantie de la stabilité et de la sécurité, même si certains veulent qu’elle agisse selon leurs propres désirs. Je reviendrai sur ce point.

Ce soir, nous voulons calmer le jeu et je souhaite que tout le monde attende la justice, pour voir ce qui va se passer. L’affaire est entre les mains de la justice, de l’armée et des services de sécurité. Attendons voir comment les choses vont être traitées.

Mais le point essentiel dont nous devons profiter est le suivant :

Je dis aux Libanais et aux chrétiens en particulier : il y a des leaders politiques, des personnalités et des forces politiques, indépendamment de leur back ground, de leurs liens et du reste qui poussent le pays vers l’explosion, à travers leur comportement, leur position et leur attitude. A côté de ces forces et personnalités, il y a des médias précis et des armées électroniques qui œuvrent pour plonger le pays dans la guerre civile. Ce n’est pas une injustice de notre part. Nous en avons des preuves chaque jour. Il ne s’agit pas d’une question de divergence ou de conflit d’opinion. Cela arrive  et chacun argumente, marque des points sur l’autre, mais cela reste dans le cadre politique, dans le cadre des divergences, des débats et même des conflits politiques. Non, ce qui se passe depuis longtemps, ce sont des tentatives pour pousser le pays vers l’explosion, vers la guerre civile.

En 2006, une partie de ceux-là misait sur une victoire israélienne, sur le fait qu’«Israël» allait éliminer la résistance. Wikileaks l’a montré. Ceux-là donnaient des conseils aux Américains pour qu’ils les transmettent aux Israéliens. Ils leur disaient ce qu’ils devaient faire pour gagner et éliminer la résistance au Liban. Malgré cela, nous sommes passés outre, nous nous sommes dits, le Liban a gagné, nous allons vers la réédification, nous sommes un seul peuple, nous voulons vivre ensemble...

Mais ceux-là insistent pour prendre un autre chemin. Ils nous lancent des accusations avec ou sans occasion, sur des sujets dans lesquels nous n’avons rien à voir. Comme c’est le cas avec les incidents de Aïn el Héloué. Un quotidien qui est une copie de la chaîne de télévision dont j’ai parlé a dit aujourd’hui que le camion qui s’est renversé à Kahalé était destiné à Aïn el Héloué. Si nous voulons donner des munitions à Aïn el Héloué, les amenons-nous de la Békaa et de la Syrie, alors que tout le Sud est plein de munitions ? Ce sont des sottises.

Ce qui compte pour eux, c’est que le Hezbollah soit impliqué à Aïn el Héloué et au port. Nous avons déjà dit cela. Mais ces accusations permanentes et cette incitation continue, en faisant assumer tout au Hezbollah sans occasion, et faits où vont-elles mener ?

En définitive, ce n’est pas une seule rue qui est en train d’être mobilisée, mais deux. Ils doivent donc faire attention. Nous avons la capacité d’absorber notre rue et de limiter ses réactions. Mais notre rue ne nous obéit pas à cent pour cent. Elle écoute notre avis dans une grande échelle, mais on ne peut pas dire qu’elle nous répond totalement. Regardez ce qui se passe sur les réseaux sociaux, en dépit de nos recommandations. Personne ne peut contrôler à cent pour cent sa rue. En tout cas ce qui se passe, c’est la mobilisation de plus d’une rue, plus d’une région et plus d’une scène.

Plus tard qui pourra dire qu’il peut contrôler la situation ? Ce soir, j’accuse ceux-là, et j’ai des preuves publiques, à travers leurs déclarations et leurs communiqués, à travers les mots violents qu’ils utilisent, leurs visages et leurs souffles, de pousser le Liban vers la guerre civile.

Est-ce dans l’intérêt du peuple libanais d’aller vers une guerre civile ?

Est-ce dans l’intérêt des chrétiens en premier lieu d’aller vers une guerre civile ?

Il y a aujourd’hui des jeunes qui n’ont pas connu la guerre civile. Ils devraient voir les documentaires à ce sujet et leurs parents devraient leur raconter ce que c’était. Ce qu’étaient les destructions, les lignes de démarcation et l’émigration du pays... ce que signifie qu’un pays soit détruit.

Le président Michel Aoun l’a dit : le temple s’écroulera sur toutes les têtes.

Dans la guerre civile, nul ne peut rouler les épaules et dire qu’il va gagner et les autres vont perdre. Dans la guerre civile, tout le monde est perdant, même le fort est perdant et pas seulement le faible.

Sur quoi misez-vous pour tenter d’entraîner le pays dans une guerre civile ?  Si une telle guerre éclate au Liban, pensez-vous vraiment  que quelqu’un dans le monde interviendra pour l’arrêter ?  Voyez ce qui se passe dans notre région, dans toute la région. Ce qui se passe au Soudan, tout le monde le voit. Des millions de gens souffrent de malnutrition, de faim et de problèmes de santé. Beaucoup veulent partir. Pourtant, le Soudan est un pays riche, je ne parle pas du passé, mais bien du présent. Si à Dieu ne plaise, une guerre civile devait éclater au Liban, de nombreux Etats chercheront à l’envenimer, jetteront de l’huile sur le feu. «Israël» en premier. Car la guerre civile épuisera et affaiblira toutes les parties, elle tuera tout le monde, détruira les biens de tous et poussera un grand nombre à l’exode.  Sur qui misez-vous donc pour vouloir lancer une nouvelle guerre civile ? Qui va intervenir ?  Sur qui misez-vous pour vous aider dans une telle guerre ? Sur «Israël» ? Autrement dit comme cela s’est passé en 1982 ? Je voulais arriver à ce point quand j’ai commencé. «Israël» aujourd’hui n’est plus celui de 1982. Ce n’est plus l’«Israël» de Begin et de Sharon. «Israël» a utilisé certaines forces au Liban en 1982 parce qu’il avait un projet. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et les Israéliens ne vous rendront aucun service. Sur les Etats-Unis ? Qui sont sortis vaincus d’Afghanistan et d’ailleurs ?

Pour toutes ces raisons, mon appel aujourd’hui est un appel à la raison. Qui peut aider dans ce sens ? A mon avis, les gens, l’opinion publique, surtout chrétienne, les élites, les hommes de religion, les personnes sensées surtout dans les milieux chrétiens devraient s’adresser à ceux qui poussent vers une guerre civile, pour leur dire de retenir leurs chevaux.  Cette tendance vers laquelle ils poussent le Liban va le mener à sa destruction. Elle nous mènera tous vers la destruction et le temple s’effondrera sur toutes nos têtes. C’est valable pour tous ceux  qui chaque jour et chaque heure se livrent à la surenchère et multiplient les accusations, sans preuve ni indices, en comptant sur les instincts de la population. Où est la raison ? Où l’intérêt ? Mon véritable message ce soir est celui-là.

Il y a peut-être un autre objectif, si je ne veux pas limiter le leur à la volonté de déclencher une guerre civile. Ceux-là pourraient vouloir pousser l’opinion publique à aboutir à la conclusion suivante : la solution est dans la partition. Mais cette partition n’aura pas lieu. Les Libanais ne le permettront pas. Les Libanais de toutes les confessions ne le permettront pas. Mais même ceux qui y croient, devraient réfléchir  dans le calme et étudier véritablement la situation. La partition est-elle vraiment un choix ? Surtout pour les chrétiens qui ont vécu l’expérience d’une autogestion, civile et militaire dans le passé, lorsque le Liban était partagé de facto. Est-ce dans l’intérêt de toutes les confessions au Liban qu’il y ait une partition ? Quel sera le sort du pays et celui des Libanais si ce petit pays est partagé ?  La période actuelle exige de la raison, du calme et de l’éloignement des instincts. Il y a des gens qui veulent construire leur leadership, en utilisant les instincts et d’autres qui ont des agendas étrangers, ainsi que des liens étrangers. Mais indépendamment des intentions, cette tendance  aboutira à la destruction du pays et tous dans ce pays doivent assumer leurs responsabilités.

L’avant dernier point porte sur le dialogue entre nous et les frères et amis du CPL. Il a commencé il y a quelque temps et il prend une orientation positive. Certes, il a besoin d’un peu de temps, car il s’agit de débattre d’idées, de textes, de nombreuses pages. Mais le sujet est sérieux et il peut aboutir à des résultats positifs inchallah. Mais il faudra aussi procéder à des concertations car certaines idées  et projets ne peuvent pas se concrétiser si seulement le CPL et le Hezbollah sont d’accord sur eux. Il faudra donc des concertations et l’accord de forces politiques essentielles dans le pays. Mais nous et le CPL, nous essayons actuellement de profiter du temps. Nous savons qu’il n’y en a pas beaucoup et que nous devons profiter de chaque instant, travailler jour et nuit pour arriver au résultat possible et escompté.

Comme il se doit, dès les premiers instants qui ont suivi l’annonce de ce dialogue, des forces politiques ont immédiatement ouvert un front contre le CPL, car il existe des forces au Liban qui ne veulent d’aucun dialogue entre les Libanais. Elles veulent que les Libanais soient enfermés dans des barricades, soit enfermés dans des alignements verticaux et mobilisés les uns contre les autres, comme nous le disions il y a quelques instants. Nous autres, nous tenons au dialogue, aux retrouvailles entre les Libanais parce que nous sommes convaincus de ce pays et qu’il est pour tous les Libanais. Avant on disait : il y a une communauté leader, une communauté au pouvoir. Mais la composition et la nature démographique, la géographie et l’histoire, le passé, le présent et l’avenir dans ce pays montrent qu’il ne peut pas exister en dehors du partenariat. Toutes les autres alternatives ont été tentées, dans le sang, la sueur et en mettant en cause l’avenir de nos enfants, sans horizon. Certes, le partenariat n’est pas une entreprise facile. Mais il n’y a pas d’autre option. Il n’y a pas d’autre choix que celui que les gens dialoguent entre eux et marchent ensemble, même lentement. C’est mieux que toute autre option qui sera forcément mauvaise. Nous espérons en tout cas aboutir à un résultat.

Le dernier point est humanitaire. J’ai voulu en parler ce soir. Il y a quelques jours, un jeune Ali Hassan Charafeddine de 15 ou 16 ans, qui fait partie des scouts Al Mehdi, de ceux qui circulent, a eu un accident de voiture et il en est mort. Alors qu’il était encore à l’hôpital, certaines parties ont contacté son père et sa mère pour leur parler de la possibilité de faire un don des organes de leur fils. Elles leur ont dit que grâce aux organes de Ali, plusieurs personnes pourraient être sauvées... Les parents de Ali ont alors pris une position plus qu’honorable, humaine dans le sens le plus noble et ils ont accepté de faire don des organes de leur fils. Des interventions chirurgicales ont été effectuées, certaine sont réussi et des personnes ont pu ainsi être sauvées.

Je voudrais d’abord remercier cette famille noble, humaine et généreuse. Je leur présente aussi mes condoléances pour la perte de leur fils Ali et je souhaite que leur acte courageux soit pris en compte dans ce monde et dans l’autre.

Pour profiter de cette expérience, je voudrais signaler que les frères ont créé une association «Men Ahyaha» et ils ont fait campagne à l’intérieur pour que les gens écrivent dans leurs testaments qu’ils souhaitent que leurs organes soient donnés à ceux qui en ont besoin après leur mort. Pour information, jusqu’à présent 2570 personnes se sont inscrites dans cette association en se déclarant prêtes à donner leurs organes  après leur décès et leurs âges varient entre 20 et 40 ans.  Je voudrais saluer cette initiative dans ce qu’elle montre d’humanité, de niveau moral élevé et je réitère mes condoléances et mes prières pour Ali Hassan Charafeddine. En réalité, il s’agit là d’une culture de la vie et d’un don ultime. Nous sommes fiers de ces familles et de ces gens. Les martyrs donnent leur sang et leur vie pour que vive leur peuple, leur patrie et leur oumma, ainsi que pour préserver les symboles sacrés et ceux qui meurent dans des accidents, de mort naturelle, ou à la suite d’une maladie font don de leurs organes pour donner la vie aux autres. Ils n’hésitent pas à le faire et Dieu salue cette initiative  en disant : Celui qui fait vivre quelqu’un c’est comme s’il faisait vivre tout le monde...

Pour conclure, je réitère mes félicitations à tous les Libanais, aux peuples arabes et musulmans, à tous ceux qui appuient la résistance, à son public et à son axe dans le monde et la région en particulier, ce jour grandiose qui a été la conséquence d’une résistance héroïque, d’une volonté de sacrifice, d’une grande confiance et qui a ouvert l’ère des victoires. Je le répète : Nous sommes entrés dans l’ère des victoires et nous en avons fini avec les défaites. Nous continuons à vivre dans cette ère des victoires et la courbe de la résistance est ascendante. Certes, il y a des difficultés, des souffrances, des blocus, mais cela n’a rien à voir avec les conditions de la période passée. Il n’y a plus de projet de nouveau Moyen Orient, d’élimination de la cause palestinienne et de changement des rapports de force dans la région. Ou plutôt s’il y a encore des tentatives, elles ne parviennent pas à se concrétiser car nous sommes dans une courbe ascendante. Nous avançons avec de spas sûrs et confiants et nous nous dirigeons vers la victoire finale, qui n’est plus qu’une question de temps. Nous poursuivrons donc le chemin quelles que soient les difficultés, les défis et les coups.

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