Discours du secrétaire général du Hezbollah lors de la cérémonie consacrée à l’uléma Afif Nabulsi
Au nom de Dieu
Je voudrais commencer par les prières en hommage à l’âme de notre cher disparu.
Je voudrais ensuite réitérer mes condoléances et celles de tous nos frères et sœurs au sein du Hezbollah à la famille du disparu, séparément. Je voudrais dire aux membres de sa famille que nous sommes tous les fils de l’ayatollah cheikh Afif Nabulsi et nous partageons leur douleur et nous tenons comme eux à préserver son legs et ses recommandations. Mon discours sera divisé en deux parties, une consacrée à l’uléma disparu, à son parcours et à son jihad et l’autre, consacrée à certains dossiers.
Ce qui est apparu dans le documentaire et les mots superbes de l’uléma m’aideront beaucoup dans ce que je voudrais dire à son sujet.
Lorsque nous parlons de quelqu’un, il y a en général deux approches, la première est personnelle et elle porte sur ses qualités, en tant qu’uléma, que penseur, que moujahed, que père, qu’éducateur, que poète et qu’écrivain...
La seconde s’inscrit dans le cadre d’un parcours plus global, partie intégrante d’un mouvement humain qui montre ainsi mieux que la première approche ses qualités. A mon avis, elle est plus importante.
Dans la première approche, les mots sont clairs, mais dans la seconde, il faut aussi rappeler tout un contexte. Cela peut prendre du temps et je vais essayer de résumer autant que possible. Mais j’invite quand même ceux qui s’y intéressent à étudier ce contexte et à tirer les leçons qui s’imposent.
Dans les années 70 ou plutôt dans les années 60, notre environnement musulman et en particulier chiite était face à d’énormes défis, dangereux même, sur tous les plans, politiques, existentiels, sociaux, au niveau de la présence. Il y avait une situation de privation et de misère, d’exclusion, face à de l’arrogance. Nous ne voulons pas ouvrir maintenant de vieux dossiers. Mais comme nous essayons de présenter tout un contexte, un des grands défis était au niveau religieux, l’appartenance à l’islam, la foi et l’engagement envers l’islam. Surtout qu’à cette époque, les jeunes étaient confrontés à de nombreuses idées et idéologies occidentales portant sur l’islam et dont certaines lui étaient hostiles. Ces idéologies avaient réussi à captiver de nombreux jeunes et à les entraîner loin, alors qu’il n’y avait pas de véritables structures capables de les protéger contre ces idées . Dans les années 60, nous avions de grands ulémas mais qui bougeaient sur le plan personnel. Il n’y avait pas alors d’institutions et de structures solides et efficaces. Certaines structures laïques ont été formées mais elles se sont rapidement affaiblies.
Mais dans les années 60, Dieu a donné à notre société et à ce pays , et en particulier aux chiites des ulémas qui ont jeté les fondements de l’étape à venir.
Le début a eu lieu avec l’imam Moussa Sadr, disparu et que Dieu le rende sain et sauf. Quelques années plus tard, sayed Mohammed Hussein Fadlallah est revenu de Najaf au Liban, cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine est apparu et d’autres aussi. En général, nous mettons l’accent sur ces trois personnalités. Nous sommes entrés dans une nouvelle période.
Nous pouvons appeler cette période, celle de l’action islamique, de l’activité islamique, car ensuite il a été question de la situation et du phénomène islamique, avant que la résistance n’apparaisse plus tard dans les années 80 et 90.
Je vais parler un peu des années 60 et 70 avant de revenir à cheikh Afif Nabulsi.
Dans les années 70, une génération de jeunes ulémas qui s’étaient rendus à Najaf en Irak est apparue Le grand maître de l’époque était l’imam martyr sayed Mohammed Baker al Sadr. Il a eu un grand impact sur la formation de cette génération de jeunes ulémas qui sont revenus au Liban dans les années 70. Certains sont revenus normalement pour accomplir leur mission au Liban, d’autres ont été écartés de Najaf comme cheikh Afif et certains de ses frères qui sont d’ailleurs encore en vie.
Grâce à Dieu, cette génération d’ulémas a réussi à poursuivre ses enseignements avec une nouvelle génération de jeunes croyants qui sont devenus des ulémas, des professeurs d’universités etc.
Avec cette nouvelle mentalité, des institutions ont été créées, culturelles, éducatives, de leadership, professionnelles, dans des structures laïques, de scouts...jusqu’à arriver aux structures politiques et jihadistes dans la seconde moitié des années 70.
Il faut mettre tout cela à l’actif des ulémas de l’époque qui étaient alors jeunes. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs encore en vie, mais ils sont devenus grisonnants...
Il faut donc reconnaître à ces grands ulémas, ainsi qu’aux jeunes d’avoir réussi à créer ce point qauquel je voudrais aboutir, celui de l’infrastructure adéquate, une base spirituelle et morale suffisante pour préparer la période à venir et comment affronter ce qu’a vécu le Liban avec l’invasion de 1982 ;
Cette invasion qui avait pour objectif d’avaler le Liban pour toujours, nous nous souvenons tous des mots utilisés à l’époque. On disait : Le Liban est entré dans l’ère israélienne et il n’en sortira pas avant des siècles. L’uléma cheikh Afif Nabulsi fait partie des jeunes de cette époque.
Nous avons vu dans le documentaire, ce jeune uléma qui portait l’islam, cette religion et cette pensée avec les jeunes de sa génération a offert un modèle différent. Nous savons qu’à l’époque, il y avait un modèle d’ulémas traditionnels. Certes, il y avait toujours des exceptions, mais cette tendance était prédominante. Ceux qui voulaient voir els ulémas devaient se rendre chez eux à la maison, sinon, il y avait juste la prière du vendredi.
Avec cette nouvelle génération et certaines personnes en particulier, nous nous sommes retrouvés devant un nouveau schéma, les jeunes ulémas se rendaient de maison en maison, aucun d’eux ne restait chez lui. Ils se déplaçaient d’une husseyniyé à l’autre, de village en village, de mosquée en mosquée, d’une école religieuse ou secondaire à l’autre...Leur jeunesse, ils l’ont passée ainsi à s’occuper des gens. C’est le cas de nos martyrs, sayed Abbas, cheikh Ragheb et d’autres.
Ils ont tous offert un nouveau modèle. Ils n’ont pas attendu que les jeunes viennent vers eux. Ils ont, eux, été les voir. Ils ont été aux universités, aux écoles secondaires. Ils ont relevé le défi de présenter l’islam comme une religion pour la vie, dans tous ses aspects. C’est connu je n’ai pas besoin de donner plus de détails
Cheikh Afif faisait partie de ces ulémas pleins d’énergie et de dévouement, infatigables ; nous sommes tous témoins de cela.
Jeune, cheikh Afif s’est attaché à l’imam Sadr et il est devenu un de ses adeptes. Il s’est rallié à l’école religieuse de Tyr, dans laquelle notre martyr sayed Abbas Moussawi a aussi étudié. Il a ensuite rejoint l’imam martyr sayed Mohammed Baker Sadr. Permettez-moi de dire ici que celui qui commence avec l’imam Moussa Sadr et arrive ensuite au martyr sayed Mohammed Baker al Sadr finira avec l’imam Khomeiny car l’imam Sadr n’enoie pas n’importe qui chez sayed Mohammed Baker al Sadr. C’est un parcours normal. C’est celui qu’a suivi cheikh Afif Nabulsi et sayed Abbas. Je parle d’eux deux car vous avez vu qu’ils sont ensemble dans toutes les marches, épaule contre épaule, au premier rang.
Cette période, celle des années 60 et 70 s’est terminée avec la victoire de la Révolution islamique en Iran. C’est pourquoi il y a eu une grande réactivité au Liban avec cette révolution. Une des raisons de cette réactivité c’est justement le travail accompli par les grands ulémas et par les jeunes ulémas. Si nous revenions à l’année 1979, nous verrons que la scène qui a plus réagi avec la Révolution islamique en Iran, c’est la scène libanaise, naturellement, cette réaction ne s’est pas limitée à la scène chiite, elle a eu lieu sur la scène musulmane en général, sur la scène nationale, sur la scène palestinienne qui était réellement présente au Liban. Mais je veux parler plus de la scène chiite.
La période des années 80 et 90, dont les bases ont été édifiées dans les années 60 et 70, est celle de la résistance et de la confrontation avec l’invasion israélienne. La résistance a été lancée sous différentes formes. Mais il ne fait aucun doute que la génération des ulémas formée dans les années 60 et 70 a joué un rôle prépondérant. Il y a eu ainsi Amal ( Les unités de la résistance libanaise) ainsi que le Hezbollah dans sa première forme. Tout cela n’est pas né soudain, même s’il a constitué une véritable surprise pour les envahisseurs et ceux qui avaient planifié cette invasion du Liban, qui aurait pu atteindre ses objectifs car elle jouissait d’une large couverture, américaine, israélienne et même de la part des Arabes dits modérés, qui suivaient cette invasion et la couvraient. On a même dit à l’époque que les avions israéliens étaient approvisionnés en fuel par le biais d’Etats arabes.
Ce qui a changé toute cette équation et qui a pris de court les Américains, les Israéliens et ceux qui avaient planifié cette bataille, c’est la résistance qui a été lancée, permettez-moi de le dire, à partir de la scène chiite au Liban, en raison des difficultés vécues pendant des décennies. Certains ont d’ailleurs cru qu’en raison de ces mêmes difficultés, des risques sécuritaires et militaires, la communauté chiite serait du côté de l’occupant et qu’elle serait prête à coopérer avec lui et à l’accepter. Ce sont évidemment de faux calculs, très, très faux et cela montre leur sottise et leur ignorance des réalités. La résistance, dans toutes ses formes, a donc constitué un facteur de surprise et nous avons vu par la suite, ses différentes actes, son évolution, son développement, ses victoires et ses réalisations, qui sont tous les fruits de grands sacrifices.
Depuis le premier jour, dans la nouvelle étape, cheikh Afif Nabulsi était présent en force, dans la préparation, la création et les activités ; je reviens au documentaire. Il était présent dans les manifestations, les réunions, les rencontres, la mobilisation, l’éducation et même dans l’organisation du Hezbollah. C’est probablement dit pour la première fois. Les frères se souviennent qu’en 1984, 1985 et 1986 il faisait partie des arrangements internes au niveau des structures. A l’époque, il n’y avait pas de Bureau Exécutif, ni de secrétaire général et de secrétariat général. Il y avait juste une structure consultative qui menait le parti, des commissions dans les régions, une formation sécuritaire et militaire principalement ainsi que certains bureaux centraux. Dans les commissions dans les régions, il y avait une position qui s’appelait : responsable des relations avec les ulémas. Nous l’appelions le lien avec les ulémas. Dans l’une des structures régionales, je crois qu’il s’agissait du Sud, le responsable de la région était alors le martyr sayed Abbas. Cheikh Afif était membre de la formation du Sud, membre de la formation et responsable de la relation avec les ulémas. Mais plus tard, lorsque la formation s’est complétée, il a été question de renforcer le caractère laïc, indépendamment de la formation. Il est apparu que nous avions besoin d’ulémas qui agissent en toute indépendance mais dans le cadre de la ligne générale. En même temps, nous avons besoin de structures laïques. Les ulémas doivent remplir la scène en créant des écoles religieuses et des institutions, avec une grande liberté d’action en direction des gens d’une part mais aussi en adoptant des positions de l’autre. Il a donc été décidé à cette époque que cheikh Afif, ainsi que d’autres ulémas dont certains sont encore en vie, aillent dans ce sens. C’est vrai qu’ils ne faisaient plus partie de la formation, en tant que telle, mais ils sont restés dans les cœurs et leur cœur ainsi que leur cerveau et leur esprit sont restés à l’intérieur du Hezbollah. Je dis cela parce que certains demandent parfois : celui-là est au Hezbollah ou bien il est un simple partisan ? Ils sont donc au cœur du parti, de sa présence, de son essence et de son noyau.
Depuis le lancement de la résistance, cheikh Afif n’a jamais été avare en quoique ce soit, ni sur le plan personnel, ni sur le plan du domicile, de la famille, des membres de sa famille, tous sont au service de la résistance. Le reste de sa jeunesse, toute sa vie, il les a dédiés à la résistance, sa présence, ses discours, ses positions tout est pour la résistance. Il a pris des risques, il a écrit des poèmes et même dans ses dernières années, il était présent sur les fronts. Il ne lui était pas demandé de porter les armes, sa seule présence, ses prières, son appui moral tout cela avait une grande valeur dans notre parcours qui s’appuie essentiellement sur les positions religieuses, sur le niveau moral et spirituel, avant la formation et les moyens. Même les derniers temps, lorsque nous nous rencontrions avant sa dernière maladie et malgré son avancée dans l’âge, il disait : je suis prêt à travailler au sein de la formation, dans n’importe quelle commission du Hezbollah, si vous estimez que cela peut avoir un intérêt. Nous discutions beaucoup cette question. Ce qui montre bien que son cœur, son cerveau et son esprit sont restés jusqu’au bout avec la résistance.
Lors de l’agression de juillet 2006, sa position était claire et décisive. Tout ce qui était lié à lui a été détruit, sa maison, le complexe qu’il a construit à Saïda et il a subi de lourdes conséquences, comme beaucoup de gens d’ailleurs, mais tout cela n’a fait qu’augmenter sa force et sa détermination, ainsi que sa foi dans cette voie.
Lors des événements en Syrie, en Irak, au Yémen, à Bahrein et dans la région, sa position était aussi claire, franche et transparente. Il n’a jamais cherché à ménager qui que ce soit ni il a eu peur de qui que ce soit. Il n’a jamais fait de calculs personnels pour prendre telle ou telle autre position. Sa position avait la force du sang des martyrs, ceux qui ont fait face au complot dans la région, au grand projet de discorde dans la région, voulue par les Américains pour la changer et lui imposer son hégémonie, tout en confirmant l’existence de l’entité appelée « Israël ».
Il avait foi dans l’unité islamique et cela s’est traduit par son large éventail de relations sincères et fraternelles avec de nombreux ulémas sunnites, à Saïda, Beyrouth et dans tout le Liban.
Il avait aussi foi dans la coexistence islamo-chrétienne et cela s’est traduit par ses amitiés, ses liens, ses rencontres et ses positions. Il y a là un aspect personnel que je laisserai pour la fin.
Cette appartenance, cette conscience, cette pensée et c et engagement expriment la réalité de cette ligne qui a eu pour nom dans les années 80 et 90 jusqu’à aujourd’hui, celui de la Ligne de l’imam Khomeiny, sa pensée et ses méthodes.
Ce qui marquait cheikh Nabulsi, comme chacun de nous dans ce parcours, c’est la conscience et la compréhension des événements du Liban et de la région. Sa connaissance aussi de l’ennemi principal et celle du projet en cours, ainsi que ceux qui se tiennent derrière lui. Il ne voulait pas entrer dans les ruelles et les détails. Comme le disent les ulémas : Allons vers l’essentiel et ne nous perdons pas dans les détails.
Pour revenir à l’essentiel, il faut parler de la position de l’administration américaine, le projet américain et la politique américaine au Liban et dans la région. . pour que nous ne nous perdions pas dans les détails, nous pensons que le principal problème dans la région consiste dans l’intervention américaine flagrante dans tous les détails et en face de cette intervention, il y a la culture de l’acceptation et de la résignation à cette volonté américaine qui existe dans plusieurs endroits. Si vous voulez des indices, il y en a plein et vous les connaissez mieux que moi. Je vais me contenter d’en évoquer un seul. Par ces temps de chaleur, de quoi le citoyen a-t-il le plus besoin ? De courant électrique, vrai ou faux ? Vrai ! Or au Liban, nous avons un véritable problème d’électricité. Y a –t-il des possibilités de solution ? Oui. Je ne vais pas tout faire assumer aux Américains, mais il est certain que ces derniers ont empêché certaines solutions. Jusqu’à aujourd’hui, nous attendons la concrétisation de la promesse américaine faite il y a deux ou trois ans. Cette promesse avait été lancée en ce mois, celui de Mouharram. L’ambassade américaine avait publié un communiqué nous promettant d’amener du gaz d’Egypte et de l’électricité de Jordanie. Pourquoi ne sont-ils pas encore arrivés au cours de ces 3 ans ? Tout simplement parce que les Américains ne le veulent pas. Les Egyptiens ont intérêt à vendre du gaz au Liban et les Jordaniens ont intérêt à nous vendre du courant, car dans les deux cas, il ne s’agit pas de dons. Les Américains ont empêché cela sous prétexte de la Loi César en Syrie qui empêche l’acheminement du gaz et du courant venant d’Egypte et de Jordanie. Le Hezbollah a alors amené un grand don d’Iran mais l’administration américaine a empêché le gouvernement libanais d’accepter ce don. Si ce don avait été accepté, le Liban aurait au moins accueilli les fortes chaleurs en ayant des heures de courant...
Si les Libanais laissent exploser leur colère contre un directeur général par ci ou un ministre par là, ou encore un responsable, ils se noient en réalité dans les détails. Ils devraient laisser éclater leur colère contre le Grand Satan qui impose sa volonté et empêche le peuple libanais à avoir du courant électrique dans les pires moments. Regardez aussi ce qui se passe en Syrie, le peuple souffre et en particulier du manque de courant . Quelle est la raison ? La Loi césar. La Syrie ? après la guerre, s’il n’y avait pas la Loi César, n’aurait pas eu besoin d’aides américaines, occidentales ou arabes. Sans cette loi, la Syrie aurait pu connaître un grand essor et se relever de la guerre en quelques années. Certains cherchent à faire assumer la responsabilité de la situation au régime, au gouvernement et à l’Etat, mais la raison est ailleurs. Elle est en partie dans le blocus imposé au pays. Mais même le blocus, il est possible de le contourner. Il faut plutôt que l’Etat libère les champs de pétrole et de gaz à l’Est de l’Euphrate de l’occupation américaine. Qu’est ce qui empêche de le faire ? Je ne parle pas de toute la région à l’Est de l’Euphrate, seulement des principaux champs de pétrole et de gaz. Qu’est-ce qui empêche cela ? Kassad ? Les Turcs ? Les Kurdes ? Non ce qui empêche véritablement c’est l’occupation américaine de la région. Elle empêche le gouvernement syrien d’arriver jusqu’au pétrole et au gaz là bas. Plus que cela, cette occupation pille toutes les ressources ! Imaginez un peu si le gouvernement syrien avait accès à ces ressources , au gaz à l’Est de l’Euphrate, le peuple syrien souffrirait-il d’une telle crise de courant électrique, qui est encore plus aigüe que celle que connaît le Liban ?
Allons un peu plus vers l’Est, en Irak où la température atteint parfois les 50 degrés. On y voit des scènes et des images incroyables. Nous avons vu ainsi un homme faire frire des œufs sur le moteur de sa voiture en raison de la forte chaleur. L’Irak a énormément besoin d’électricité. Pour pouvoir en produire, l’Irak achète du gaz d’Iran. Or il est interdit à l’Irak de payer le prix du gaz à l’Iran. Qui le lui interdit ? Les Américains. Car depuis l’invasion américaine de l’Irak, un mécanisme a été mis en place à l’ONU , je ne vais pas entrer dans les détails aujourd’hui, car cela exige des explications, qui impose un contrôle américain sur les fonds du pétrole irakiens et sur d’autres recettes. Autrement dit, lorsque l’Irak veut dépenser, il a besoin de l’autorisation des Américains. C’est une catastrophe en Irak. Les Américains ne décident de refuser de payer à l’Iran le prix du gaz qu’au printemps et en été. Aujourd’hui, le gouvernement irakien doit à l’Iran entre 10 et 11 milliards de dollars. Malgré cela, les Iraniens n’ont pas suspendu l’approvisionnement en gaz, pour que les gens aient de l’électricité. Même aujourd’hui, ils ont réduit la quantité de gaz envoyée, en raison de la pression en Iran, mais ils n’ont pas cessé d’envoyer du gaz. Mais regardez combien les Américains sont diaboliques : ils empêchent le gouvernement irakien de payer ce qu’ils doivent au gouvernement iranien, pour pousser les Iraniens à suspendre la livraison de gaz à l’Irak et pour dire aux Irakiens : regardez comment les Iraniens vous laissent mourir de chaleur . Y a-t-il plus diabolique que cela ?
Au Yémen, aujourd’hui, le principal obstacle qui entrave la fin de l’agression et la guerre et qui empêche la fin des souffrances du peuple, ce sont les Américains. Tout le monde le sait.
Je termine par ce point : Tout ce que traverse notre région, depuis l’émergence de cette entité et en particulier ces derniers temps, ce que vit le peuple palestinien chaque jour, tout cela, c’est la responsabilité des Américains et leur désir.
La principale question dans cette ligne, dans cette conscience et dans cette pensée, c’est que si nous cédons à la volonté de l’administration américaine, voilà ce qui nous arrivera. Au sein de la résistance face à l’occupation armée, les résistants ont obtenu des victoires parce qu’ils sont sortis de la volonté de l’occupant. Ils ont chassé l’occupant du Liban, de Gaza en Palestine, d’Irak. Aujourd’hui, cet occupant revient sous prétexte de Daech, de la communauté internationale et de la volonté d’aider le gouvernement irakien. Mais les forces occupantes ont été vaincues par la résistance irakienne.
Donc, dans la guerre irano-irakienne, au Yémen et dans d’autres lieux, lorsque les gens sont sortis de la volonté américaine et du projet américain, ils ont obtenu des victoires, ils ont été libérés, ils ont repris leur terre, leur pétrole, leur gaz, leurs frontières. Dans les autres projets, dans la dimension économique, culturelle et sociale, nombreux sont ceux qui sont encore hésitants , certains s’inclinent et d’autres ne savent pas quoi faire, d’autres encore hésitent à affronter l’hégémonie et l’intervention américaines. C’est pourquoi la leçon avec laquelle je voudrais conclure cette cérémonie en hommage à notre cheikh Afif Nabusli , c’est cette pensée, au Liban et dans la région et en Palestine. Une partie du peuple palestinien a attendu les Américains à partir d’Oslo. Cette partie a attendu la concrétisation des promesses américaines et celle de leurs garanties. Quel a été le résultat ? Oslo n’existe plus, la possibilité de la solution des deux Etats s’affaiblit. Ceux qui attendent les Américains en politique, dans l’économie, dans la culture, dans les valeurs ( ils véhiculent actuellement des valeurs déviées), ceux qui les attendent pour fabriquer leur avenir doivent savoir qu’ils créent ainsi l’enfer dans ce monde et dans l’autre. L’appel est donc de se dégager de la volonté américaine, de refuser les interventions américaines. Cette intervention existe au Liban. Au Liban, dans une partie on parle de liberté, de souveraineté et d’indépendance et dans une autre partie, l’équation a été instaurée par les martyrs, les résistants, les partisans de la moumanaa, car certains croient que le mot de moumanaa est insultant . Au contraire, nous en sommes fiers. Lorsqu’on nous qualifie de courant de la moumanaa, cela signifie que nous sommes libres, nobles. Dans les autres parties, les Etats-Unis interviennent dans tout. Je n’ai pas le temps maintenant d’entrer dans les détails. Je ne veux pas faire du tort à certains ministres et à certains ministères. Mais nous savons, nous entendons et nous voyons, maintenant que nous sommes à l’intérieur. Je sais qu’un certain ministre hésite lorsqu’on lui parle d’un projet en particulier, je ne vais pas en dire plus pour l’instant parce qu’il se reconnaîtra, qu’il est dans l’intérêt du Liban, il peut aider en Syrie et apporter des fonds au Trésor, mais il hésite quand même. Aujourd’hui, les ministres veulent adopter un budget et il y a de grands conflits sur le fait de savoir si les salaires des fonctionnaires sont assurés ou non. Ils peuvent l’être ce mois et ne plus l’être le mois prochain...
Mes sœurs et frères, savez-vous qu’il y a beaucoup de sources et de programmes qui pourraient amener des fonds au Trésor. Pourquoi ne les adoptent-ils pas ? Lorsqu’on demande, on nous répond : l’ambassade nous a contactés et nous a dit que cela ne doit pas arriver...Si vous le souhaitez, nous pourrons plus tard parler des détails, avec la permission des ministres. Mais c’est une réalité. Et dans le cadre de cette réalité, les Américains nous entraînent vers une cata, sur le plan économique, sur le plan financier, sur le plan de la vie quotidienne. Non seulement ils interdisent les aides et les crédits au Liban, mais ils empêchent ceux qui souhaiteraient y investir. Si quelqu’un cherche à le faire, ils menacent aussitôt les Libanais et le gouvernement libanais. Plus que cela, certains projets peuvent être réalisés par le gouvernement libanais et ils peuvent rapporter des recettes au Trésor, mais les Américains disent non et les Libanais se plient. Dans ce contexte, que devient la solution ? Il s’agit d’augmenter les taxes et les impôts... Il n’y a rien d’autre et sans ces augmentations, il n’y aura pas de salaires, d’hôpitaux, d’écoles l’an prochain.
Si aujourd’hui, nous voulons chercher des possibilités de solution, il faut sortir de cette hégémonie. L’intérêt du Liban doit prévaloir au gouvernement et chez les responsables libanais, ainsi que chez le peuple, loin de toute complaisance et volonté de plaire à l’ambassade américaine et aux Américains en général.
Il y a encore un point que j’estime de mon devoir d’évoquer avant de conclure. C’est la commémoration annuelle de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août. Il s’agit d’un souvenir douloureux et triste. Nous réitérons nos condoléances aux familles des martyrs et nos souhaits de rétablissement aux blessés qui continuent de souffrir. Nous réitérons nos consolations à tous ceux qui ont souffert des suites de cette explosion, que ce soit à travers les êtres qui leur sont chers , ou dans leurs propres corps ou encore dans leurs biens. Je voudrais rappeler que nous attendons tous la vérité. Ce qui fait perdre celle-ci c’est la politisation de cet événement tragique, depuis le premier jour. C’est ce qui a fait perdre la vérité. Que personne ne se dirige ailleurs et ne lance des accusations erronées. C’est ce qui se passe actuellement à Aïn el Héloué, en plus petit. Lors de l’explosion, nous nous en souvenons tous, les gens étaient encore en train de dégager les corps, on ne comprenait pas encore ce qui s’était passé, de nombreuses régions croyaient qu’il y avait eu un séisme. Ce n’est qu’après qu’ils ont su qu’il y avait eu une explosion au port, certaines chaînes de télévision sournoises et méchantes – malheureusement, nous sommes contraints d’utiliser ces termes pour dire les choses telles qu’elles sont-, donc on ne savait encore rien et malgré cela il a été dit que le Hezbollah a fait exploser le port ; Les chambres noires ont commencé leur travail, il y a eu des articles, des déclarations de politiciens, une grande bataille a commencé pour faire assumer au Hezbollah la responsabilité de l’explosion du port. Cela continue jusqu’à aujourd’hui. ON publie aujourd’hui des photos de nos frères pour dire que ce sont eux qui ont amené le nitrate. Evidemment, tout cela c’est des mensonges. Nous avons répondu à ces accusations avec logique, sagesse et preuves. Mais je voudrais rappeler une chose : lorsque l’explosion du port a été utilisée dès les premiers instants pour accuser le Hezbollah, cela signifie que ceux qui ont lancé les accusations ont voulu faire entrer cette explosion dans les conflits régionaux, locaux et internationaux. Les familles des martyrs doivent connaître les véritables raisons qui ont noyé la vérité. CE sont ceux qui ont lancé les accusations qui sont responsables de la perte de la vérité. Car ils ont entraîné cette tragédie vers un lieu très complexe, en la liant aux conflits en cours dans la région. Ils l’ont ensuite utilisée pour régler des comptes avec les autres. Nous avons certes reçu des messages sur l’innocence du Hezbollah, notamment que l’enquête montre qu’il n’a rien à voir avec cette explosion, mais ce qui était demandé c’était d’utiliser ce crime pour accuser un camp politique déterminé, avec ses personnalités et ses symboles. L’exploitation politique de cette tragédie est donc passée du Hezbollah à tout un camp politique au Liban. Les signes qui confirment cela sont nombreux.
En cette commémoration, je dis aujourd’hui que lorsque la justice libanaise, les forces politiques et l’Etat libanais iront vers l’abandon de la politisation et du ciblage politique, nous serons devant une enquête et une justice véritables qui mènent à la vérité. C’est ce qui doit se passer. Il ne faut pas que tout ce sang soit perdu et les responsabilités doivent être définies. Les responsables de cette négligence, de cette tragédie et de ce crime doivent être désignés et sanctionnés. Il ne faut pas que la vérité soit perdue, ainsi que la justice à cause de l’exploitation politique.
La même chose se passe actuellement à Aïn el Héloué. Des événements se produisent là bas. Le Hezbollah, contrairement à ce que commencent à dire certains n’a pas une version des faits qui lui est propre. Nous ne sommes d’ailleurs pas concernés pour en avoir une précise. Celui qui raconte les faits, c’est le ministère de l’Intérieur, le commandement de l’armée, le commandement des FSI, la présidence du Conseil ; Ce sont les parties concernées qui doivent raconter ce qui s’est passé, surtout que le camp est situé en territoire libanais, régi par les institutions libanaises. Je n’ai donc pas d eversion précise à donner. Même les Palestiniens lorsqu’on leur demande répondent qu’il faut mener une enquête etc.
Il y a donc deux parties qui se battent , d’un côté le Fateh et de l’autre des groupes , certains les appellent les islamistes et d’autres les extrémistes, d’autres encore les appellent les radicaux, Jund al Cham et même les restes de Esbet al Ansar. Depuis les premiers jours, certaines télévisions et celle-ci en particulier qui avait commencé par accuser le Hezbollah de l’explosion du 4 août, ont lancé une campagne contre le Hezbollah. Qui est responsable de la bataille de Aîn el Héloué ? Qui a provoqué les combats dans ce camp ? Qui monte les gens les uns contre les autres à Aïn el Héloué ? Le Hezbollah§ Y a –t-il plus moche que cela ? Y a –t-il plus stupide que cela ? Il ne s’agit pas d’un article écrit, mais de chaînes qui parlent en permanence de cet événement. C’est ce qui m’a rappelé l’explosion du port. Des chefs de partis, notamment un assis aux côtés de l’ambassadrice des Etats-Unis et dès qu’elle sort, il lance une déclaration pour dire : Je fais assumer au Hezbollah l’entière responsabilité des combats de Aïn el Héloué. Qu’est-ce qu’a à voir le Hezbollah avec ces combats ? En vain, on essaye de dire ! C’est ce que nous appelions la politique idiote, c’est maintenant la presse idiote, excusez-moi de le dire. Ce sont les médias de la désinformation, de la déviation, de l’exploitation des drames, de l’exode, des destructions et de la mort, du sang et des larmes, une exploitation insupportable, vilaine et malgré cela ceux qui la font ne se lassent pas de mentir avec arrogance et de déformer les faits. C’est hélas ce que nous voyons dans le pays.
J’ai voulu évoquer ce point pour dire que nous ne sommes pas responsables. Certes, je ne cherche pas à défendre et à expliquer, je me contente de dire que nous ne sommes pas responsables de la bataille à Aïn el Héloué. Nous n’avons rien à y voir, ni de près ni de loin. Nous sommes d’ailleurs contre cette bataille et contre toute bataille de ce genre, lors de leur déclenchement et lorsqu’elles se prolongent. Nous travaillons avec toutes les autorités libanaises et palestiniennes pour y mettre un terme. Ces affrontements nous font de la peine sur le plan affectif, surtout lorsque nous voyons des femmes et des enfants, des familles contraintes à fuir leurs maisons détruites, errer dans les rues. En plus, il s’agit d’un camp, non d’une ville... Les gens voient leurs vies soudain bouleversées. Tout cela nous fait de la peine et cela nous fait aussi du tort à nous et au projet de la résistance dans la région. Cela nuit à notre ligne et à nos aspirations pour l’avenir, cela nuit à nos espoirs... C’est pourquoi nous appelons à ce que les combats s’arrêtent et nous travaillons avec les parties sincères dans ce sens.
Un dernier point encore et j’estime que c’est mon devoir moral d’en parler, porte sur l’incendie qui a eu lieu hier sur la route de l’aéroport. . Ses effets continuent encore aujourd’hui. Il faut ainsi rendre hommage au courage et au dévouement des secouristes de la Défense civile, ceux qui relèvent de l’Etat et ceux qui relèvent de la fédération des municipalités de la banlieue sud ainsi que ceux qui relèvent de la responsabilité de certaines forces politiques dans la région. Nous devons parler en particulier du jeune courageux et dynamique Mohammed Jihad Baydi qui est mort en pleine mission et qui a le rang du martyr. Tous ceux qui l’ont vu rendent hommage à son courage, son sens du sacrifice. Comme je l’ai appris des frères, l’incendie a été déclaré au troisième sous sol, mais s’il n’avait pas été maîtrisé, il aurait pu provoquer une catastrophe dans l’immeuble et dans le quartier. Ce jeune et tous les autres ont agi exactement comme le soldat au front défend son pays, son quartier, ses gens et sa maison. C’est le même esprit et le même courage, la même initiative et le même héroïsme, ainsi que les mêmes sacrifices. Je demande à Dieu de le recevoir et je présente à sa famille mes sincères condoléances. J’ai écouté hier les propos de son père, si sereins devant la volonté de Dieu. Cette famille doit être considérée comme celle d’un martyr.
Nous devons tous regarder avec respect et admiration ceux qui travaillent dans les secours. Nous devons réclamer leurs droits, vous savez qu’il y en a qui travaillent depuis 15 ans dans ce domaine et attendent toujours d’être cadrés... Ils l’ont peut-être été mais après des années de sacrifices.
En conclusion, j’ai encore deux phrases : D’abord au cher cheikh Afif Nabulsi, je voudrais lui dire que même si je multiplie les remerciements, je ne pourrais pas le remercier comme il faut non seulement pour son appui à notre parcours et à la résistance dont il fait partie mais aussi sur le plan personnel, pour l’affection, le respect et l’estime dont il m’a honorées pour les espoirs qu’il a placés en moi et qu’il n’exprimait pas seulement dans les rencontres internes, mais qui étaient aussi évoquées dans des articles, notamment dans les périodes sensibles et difficiles, dans les positions difficiles et dans les guerres ou les interventions en Syrie, par exemple, lorsque certaines visions devenaient floues... Cet amour et ce respect, ce pari et cet appui, je le remercie pour tout cela et je demande à Dieu d’être à la hauteur de l’attente de cheikh Afif Nabulsi
La dernière phrase est pour lui : ses frères, ses fils et ses filles au sein du Hezbollah , tout comme les membres de sa famille porteront ce testament , tout comme ils l’ont fait avec les volontés de leurs martyrs, de leurs grands et de tous ceux qui leur sont chers. Nous poursuivrons tous sur cette voie et inchallah vous verrez cheikh cheikh cette résistance aller de victoire en victoire, aller vers encore plus de dignité, de liberté et de libération à l’égard des Satans arrogants. Inchallah cheikh cheikh, vos fils et ceux qui vous sont chers iront prier à Jérusalem en votre mémoire, cette ville de Jérusalem a sujet de laquelle l’imam Moussa Sadr avait dit, dans les jours difficiles : elle a peu d’appui et beaucoup d’ennemis, dont le complot, la lâcheté, la défaite et la discorde. « L’honneur de Jérusalem exige qu’elle soit libérée par les croyants ». Ces croyants, vos fils et ceux qui vous aiment libèreront Jérusalem et prieront dans la mosquée Al Aqsa à votre place.