La créativité provocatrice à la frontière avec la Palestine : L’objectif de la caméra terrorise «Israël»... Et si c’était un sniper
Par Al-Akhbar, traduit par AlAhed
Une vidéo de 27 secondes filmée par le correspondant d’Al-Manar, Ali Choueib, a été suffisante pour susciter la crainte des Israéliens du pire, si le Hezbollah décide de lancer un affrontement ou de riposter aux agressions israéliennes.
Un des internautes a répondu sur un des sites israéliens ayant publié la vidéo en disant : «Nous payons 70 milliards de «shekels» par an (20 milliards de dollars) à l'armée israélienne, et nous voilà en train d’avoir une armée comme celle-ci ».
Sans les commentaires désobligeants et «terrifiés» des Israéliens, la vidéo serait passé inaperçue, tout comme d'autres photos et vidéos prises de temps à autre, de hauts dirigeants ennemis à la frontière. L’impact de la séquence aurait été limité aux personnes directement concernées de l'autre côté de la frontière : la direction de l'armée israélienne et ses services de renseignement.
Pourtant, la vidéo s'est imposée après sa publication. Ce qui a provoqué les Israéliens, c'est que l'affaire concerne une délégation militaire de haut rang, dirigée cette fois par le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, le commandant de la région nord, Uri Gordin, et d'autres.
Le clip vidéo ayant pour héros le chef d'état-major de l'armée - s'inscrit dans le cadre de la bataille de la sensibilisation- et montre le niveau de suivi, par le Hezbollah, de la situation à la frontière dans la mesure où un tel mouvement est censé être confidentiel pour les observateurs de l'autre côté de la frontière, et être précédé et accompagné de mesures de protection et de surveillance, d'une manière qui ne permet pas de surprises.
Quant à la publication du clip par le Hezbollah, elle livre des messages qui ne sont pas seulement liés à la bataille de sensibilisation, mais font plutôt partie des démarches faites durant une phase saturée d’échange de messages entre les deux parties, bien que cette étape soit très dangereuse dans sa signification.
L'ampleur et la fréquence du suivi assuré par le Hezbollah à la frontière peuvent être estimées par rapport à l'ampleur et à la fréquence des visites et des tournées des commandements militaires et non militaires, israéliens et non israéliens, le long ou à proximité de la frontière. Les commentateurs en «Israël» ne se sont pas trompés en demandant : et si c'était une décision du Hezbollah de cibler les dirigeants militaires israéliens, et si l'objectif du tireur d'élite remplaçait l'objectif de la caméra qui a filmé le clip ?
Malgré tout ce qui a été mentionné dans la version officielle selon laquelle rien ne s'est passé ou n'allait se passer, il est probable que le passage et le déplacement non sécurisés des dirigeants militaires aux frontières feront couler beaucoup d’encre, aux côtés des enquêtes et de leçons apprises. Les mesures de protection pour des tournées similaires à l'avenir seront la preuve des résultats.
Des sources militaires israéliennes : une hausse du niveau de l’intrépidité du Hezbollah
La séquence vidéo et ses répercussions sur «Israël», ses médias, et ses «analystes», sont liées cette fois à la présence du chef d'état-major. La plupart des actions et des réponses du Hezbollah sont peut-être moins excitantes que le passage dans la forme, et peut-être aussi dans le contenu de ce qui est annoncé, mais le résultat est significatif pour «Israël».
Les décideurs à «Tel Aviv» examinent les causes et les effets, tout en reconnaissant que la cause principale en est le recul de la force de dissuasion face à l’«audace» du Hezbollah.
Dans les réponses israéliennes, on trouve une prudence mesurée. Le ministre de la Sécurité, Yoav Galant, s'était vanté ces derniers jours que son armée avait mis au point des «moyens créatifs» pour repousser les membres du Hezbollah et les empêcher d'endommager la barrière frontalière «sans verser du sang».
Les actions dont «Israël» se plaint - dont certaines sont rapidement annoncées et d'autres dont la divulgation est retardée, comprennent un nombre important de «provocations» qui ne sortent jamais au grand jour. Ces provocations sont menées par les deux parties, marquant la période en cours de «créativité provocatrice», ce qui nécessite des ripostes.
Néanmoins, de telles actions et réponses restent à des niveaux faibles dans les indicateurs d'affrontement, bien qu'elles n'en soient pas du tout dépourvues : un fumigène çà et là, des pétards et des flèches de feu qui traversent les frontières, une altercation verbale avec des insultes et des menaces, un claquement de poings ou des tirs en l'air intimidants, assortis de coups de feu similaires, l'enlèvement, le vandalisme, le retrait de caméras et d'appareils d'espionnage et de surveillance... Et les «mouvements» ne se limitent pas seulement à l'armée israélienne ou à la résistance, mais s’étendent également aux civils du côté libanais, qui y participent, tandis que les colons sont totalement absents de la scène en raison de la peur, qui n'a pas d'égal au Liban.
Cependant, c'est la volonté d'apaisement qui contrôle la décision de «Tel-Aviv». Si les équations étaient différentes, et que la capacité de nuire était faible depuis le Liban, l'approche israélienne aurait été différente, et le calme et la «prudence» n'auraient pas leur place sur la table de la décision israélienne. Au contraire, l'ennemi agirait comme par le passé, avec ou sans provocation.
Des sources militaires israéliennes ont souligné, dans une interview au Yedioth Ahronoth, qu'il y a «une augmentation du niveau d'audace de l'organisation (du Hezbollah), qui cherche de plus en plus de provocations contre l'armée israélienne sur la ligne frontalière». Ces sources ont ajouté que «malgré les provocations du Hezbollah, les dirigeants politiques ont ordonné à l'armée israélienne de s'abstenir de riposter.»