Discours du secrétaire général du Hezbollah à l’occasion du 30ième anniversaire du lancement de l’Institution islamique pour l’éducation et l’enseignement
Au nom de Dieu
Bienvenue à tous, de Qom la sainte, à Baalbeck, à Nabatiyé, à Tyr et dans la banlieue sud, je vous salue à tous.
Je souhaite à tous les éducateurs une bonne fête des enseignants et je salue la création des écoles al Mehdi, ainsi que le lancement de cette institution pour l’éducation et l’enseignement.
Je voudrais commencer par parler des institutions éducatives et je viendrais ensuite à l’occasion religieuse, qui concerne l’imam al Mahdi.
Mon devoir est de commencer par remercier tous ceux qui travaillent dans cette institution, qu’il s’agisse des présidents des conseils d’administration qui se sont succédé, des directeurs généraux et de tous ceux qui ont participé au fonctionnement de cette institution qui fête aujourd’hui sa trentième année. Comme toujours dans cette résistance et dans ce parcours, nous commençons par remercier Dieu pour avoir permis ces réalisations. Ensuite, nous tenons à dire qu’il s’agit d’un travail collectif. C’est le résultat des efforts de tous, de leurs sacrifices et de leurs souffrances. Dans la justice divine, rien ne se perd.
Il est de mon devoir de remercier tous ceux qui travaillent dans ces institutions, des présidents directeurs généraux, aux directeurs, aux membres des Conseils d’administration, aux directeurs des écoles, aux surveillants, aux enseignants, à ceux qui travaillent dans l’administration, à toutes les équipes humaines, pour le travail qu’ils ont accompli et accomplissent encore. Je voudrais leur exprimer mon respect pour leurs efforts, leurs veilles et leurs soucis de ces institutions. Tout ce qi a été accompli est le résultat de leur travail et dans ces institutions comme dans les autres, le principal souci est de servir les gens, servir Dieu et contribuer à bâtir une société basée sur les principes et les valeurs en prélude au jour attendu.
Dans cette cérémonie, nous devons évoquer tous nos frères et sœurs qui ont travaillé dans ces institutions, surtout ceux que nous avons perdus récemment à cause du corona ou d’autres maladies et en particulier, le cher frère cheikh Moustafa Kassir qui est décédé au sein de cette institution à la fleur de l’âge.
Il ne fait aucun doute, comme nous l’avons vu dans les reportages et les rapports publiés, ainsi que dans les déclarations du cher frère Hussein, c’est que ces institutions se sont développées normalement et progressivement, en dépit des circonstances difficiles, sans jamais s’arrêter. Nous parlons ici d’une période de 30 ans, au cours desquels il y a eu des guerres, des événements, des troubles sécuritaires, avant ou après 2000, il y a même eu au cours de la dernière décade des explosions, mais malgré cela, le travail de ces institutions ne s’est jamais arrêté. Il s’est même développé progressivement, sur le plan du nombre d’écoles, de cadres et d’élèves, mais aussi sur le plan de la qualité des programmes et au niveau de la présence au sein de la fédération des écoles privées.
Il y a 5 ans, il y a même eu une ouverture des institutions éducatives les unes sur les autres, sur l’ensemble du territoire libanais, indépendamment des conflits politiques. Le principe suivant a été adopté : même si nous sommes des adversaires en politique, nous pouvons collaborer sur le plan éducatif et cela sert toutes les générations.
Il y a eu aussi un grand développement sur le plan de la coopération avec l’extérieur et du transfert de l’expérience et du savoir à tous ceux qui le désirent. Tout cela grâce à Dieu Tout Puissant et à vos efforts.
Au cours des dernières années, les efforts ont été doublés, car lorsque le corona est arrivé, cela a créé des difficultés au niveau de la santé et de la présence sur place ou de l’enseignement par internet. Mais les institutions ont réussi à s’adapter et à se développer, à tous les niveaux, pour que l’enseignement puisse se poursuivre.
Ensuite, à l’ombre des circonstances sociales difficiles que traverse le Liban, surtout au cours des deux dernières années, plus précisément depuis octobre 2019, nous sommes entrés dans une étape complexe, cette année les circonstances étaient encore plus difficiles, malgré cela, vous avez tenu bon. Vous êtes restés dans vos administrations, dans vos classes et vous avez continué à enseigner. C’est tout-à-fait louable, surtout que l’institution islamique pour l’éducation et l’enseignement a revu les scolarités en tenant compte des circonstances difficiles des familles. Cela a d’ailleurs eu un impact normal sur ses ressources.
Au trentième anniversaire du lancement de cette institution, je voudrais confirmer ce qui suit :
-D’abord, nous confirmons l’appartenance de cette institution au Hezbollah. C’est connu. Il n’y a rien de caché. A côté de son drapeau, il y a donc celui du Hezbollah.
-Nous confirmons aussi notre foi dans cette institution et en vous, en tant qu’administration, enseignants, responsables et cadres.
Nous estimons que vous avez été à la hauteur des responsabilités et vous le serez toujours.
-Sur la base de cette foi, car elle est aussi un encouragement, nous affirmons que nous déploierons tous les efforts nécessaires pour préserver la structure de cette institution et son efficacité, en dépit des circonstances difficiles. Nous trouverons le moyen de les surmonter et faites confiance à Dieu.
-Nous appuierons cette institution non seulement pour qu’elle continue à fonctionner, mais aussi pour qu’elle se développe et élargisse son champ d’action verticalement et horizontalement, ainsi que géographiquement, sur tous les plans, car les espoirs placés en elles sont immenses, et elle est liée à notre projet spirituel et jihadiste.
Ce que vous faites, chers frères et sœurs, dans le cadre de l’enseignement est sérieux. Nous devons préserver ce niveau scientifique et éducatif, car c’est justement une menace qui pèse sur notre pays, celui du niveau de l’enseignement, dans les écoles et dans les universités. Il y a là un véritable défi lié au sérieux, au départ des compétences, à la corruption. Je ne souhaite pas entrer dans les causes, mais il y a un véritable danger pour le niveau éducatif.
Lorsque nous avons choisi le nom de cette institution islamique pour l’éducation et l’enseignement, nous avons sciemment mis l’éducation en premier ; C’était voulu et non un hasard.
Car dans l’essence de la mission de cette institution, il y a l’éducation d’abord, l’enseignement ensuite. Cela n’a pas besoin d’un débat. Aujourd’hui, surtout, nous avons plus que jamais besoin d’éducation. Il y a justement plus de menaces que pour les générations précédentes. Ce qui rend les défis plus importants et le niveau de responsabilité plus important.
Aujourd’hui, tout est ouvert aux nouvelles générations. Nous en parlons tout le temps dans nos rencontres. Avant, il y avait un minimum de contrôle dans les médias, écrits ou audiovisuels. Il y avait aussi une surveillance de la part des parents. Tout cela a reculé. Avant, les parents vérifiaient ce que leurs enfants regardent, lisent, apprennent, font entrer dans leurs maisons, qui sont leurs camarades, avec qui ils sortent, à quelle heure ils partent et quand ils reviennent... Tout cela c’est devenu du passé et c’est désormais contraire à la modernité dont ils parlent.
Aujourd’hui, il y a un téléphone de la taille d’une main, tous les enfants en possèdent désormais, les riches et les pauvres, surtout les pauvres. Il y a eu ensuite le corona et l’internet s’est développé. Aujourd’hui, dans chaque chambre, en pressant un bouton, l’enfant est connecté au monde. Il n’y a plus de contrôle et de frein. C’est un danger réel.
Parmi les dangers actuels, le fait de vouloir répandre ou de travailler à un changement culturel sous le titre des «valeurs occidentales et la culture occidentale». Celles-ci changent la nature des relations entre les enfants et leurs parents et elles ont une vision différente de la famille. Nous voyons les conséquences de ces valeurs et de cette culture sur les sociétés occidentales. Beaucoup de choses considérées comme interdites par les religions chrétienne et musulmane, ou considérées comme des fautes morales dans nos coutumes humaines en Orient, sont mises à rude épreuve. C’est comme si on cherchait à les effacer, pour les remplacer par un laxisme moral et familial. Le plus dangereux aujourd’hui, c’est le travail qui est fait sur les programmes éducatifs. Par exemple, j’ai déjà parlé d’une circulaire adressé par le Département d’Etat américain à toutes les ambassades américaines à l’étranger de travailler pour promouvoir l’homosexualité auprès des gouvernements où elles sont accréditées. La culture homosexuelle doit se répandre dans les écoles et les universités et devenir une culture, devenant ainsi une chose normale. Elle doit donc être défendue et ceux qui la rejettent doivent être condamnés. C'est cela, les Etats-Unis. Bien entendu cette politique a des objectifs précis, elle n’est pas seulement diabolique. Mais en tout cas ces dangers existent.
Parmi les dangers, il y a aussi la menace des drogues, dans les écoles. Des informations nous parviennent à ce sujet et nous coopérons avec les services de sécurité. Il y a parfois des gens mauvais et diaboliques qui viennent distribuer aux élèves et aux étudiants des pilules soi-disant inoffensives, qui seraient comme des bonbons ou des chewing gums et qui seraient destinées à s’amuser, alors qu’elles renferment des drogues ou des produits hallucinogènes. Le but est de les pousser à s’y habituer et à en devenir totalement dépendants. Ceux qui font cela sont des démons. Ceux qui propagent les drogues dans les sociétés sont pires que les corrupteurs, sur le plan religieux et juridique. En tout cas ces menaces existent.
Face à ces dangers, il y a deux formes de confrontation.
Il y a d’abord le traitement des résultats. Les enfants devenus dépendants des drogues doivent subir un traitement médical et psychologique.
Ensuite, il y a la poursuite et l’emprisonnement et le jugement de ceux qui propagent les drogues. De la sorte on ferme les portes à ce phénomène. Mais il y a aussi une autre confrontation qui se situe à un autre niveau et qui consiste dans le renforcement des convictions religieuses et des valeurs morales. Lorsque nous éduquons nos jeunes et nous les formons à faire preuve de discernement entre le Bien et le Mal. Cela peut leur donner une immunité spirituelle face au laxisme et face à la dégradation des mœurs. Il faut donc les former à rejeter l’usage de drogues, la facilité, le relâchement des mœurs, la violence. Tout cela peut être acquis à travers l’éducation. Regardez par exemple le niveau de violence dans certaines écoles aux Etats-Unis, on voit des élèves qui tuent leurs camarades ou leurs professeurs avant de se suicider... Tout cela est dû à l’éducation, à un mal-être dans les sociétés et le seul moyen de lutter contre ce phénomène c’est de renforcer l’immunité morale chez l’enfant. Au cours des trois ou quatre dernières années, tout le monde s’est intéressé à la santé et à l’immunité du corps contre les microbes et autres virus. Il faut aussi renforcer l’immunité morale, pour que l’enfant ou le jeune puisse résister aux tentations et garder l’esprit sain.
Cette immunité morale et spirituelle ne peut pas être donnée par l’enseignement mais par l’éducation. On peut avoir un savoir immense mais ne pas être immunisé contre les tentations ou ne pas avoir de valeurs morales. Les pêcheurs en eaux troubles cherchent à profiter de toutes les faiblesses, de toutes les failles chez les autres pour les entraîner sur la mauvaise voie. C’est pourquoi l’éducation est primordiale. C’est elle qui donne une immunité contre les tentations. Comment y parvenir ? Il faut être attentif aux autres et les suivre. Par exemple, dans les écoles religieuses, certains cheikhs se contentent de dire ce qu’ils savent et d’expliquer les enseignements divins, mais ils ne cherchent pas à savoir si les étudiants ont réellement capté l’essence des enseignements, si les sujets les ont intéressés, s’ils étaient attentifs etc. Mais d’autres ne se contentent pas d’être des enseignants, ils sont aussi des éducateurs, ils sont à l’écoute de leurs élèves, ils veillent à ce que ceux-ci puissent réellement absorber les enseignements et en profiter. Ils considèrent que cela fait partie de leurs responsabilités au même titre que le fait d’enseigner. C’est d’autant plus important que souvent l’enseignant devient un modèle à suivre pour ses élèves. Je me souviens ainsi que lorsque j’étais dans les classes primaires, à l’époque, les enseignants étaient majoritairement des hommes, alors qu’aujourd’hui, c’est le contraire. Nous autres, nous aimions porter les mêmes habits que nos enseignants, parler comme eux ou même nous coiffer comme eux. Nous étions ainsi mais je crois que cela ne change pas beaucoup. Les enseignants doivent donc être attentifs sur leur impact auprès de leurs élèves, surtout dans les classes primaires et complémentaires. Je reviens ainsi aux écoles Al Mehdi. Nous avons entendu les beaux chants et les poésies engagées qui renforcent l’esprit jihadiste. Ces écoles ont pour objectif d’éduquer des générations croyantes, jihadistes et résistantes. Nous ne cachons pas notre identité. Nous voulons former des générations qui aspirent à la justice, à l’amour, qui refusent l’injustice, l’oppression et les tyrans. C’est la responsabilité de cette institution en premier.
Je vais dire deux mots sur le secteur de l’éducation. Ce secteur fait face aujourd’hui à de grands défis, sérieux et graves, comme tous les autres secteurs d’ailleurs, notamment celui de la santé. Les circonstances économiques et sociales des dernières années ont naturellement eu un impact sur le secteur éducatif, sur les parents aussi. Par exemple de nombreux parents ne peuvent plus inscrire leurs enfants dans les écoles privées et ils se sont dirigés vers les écoles publiques. De même, cette situation a impacté les enseignants, au niveau de leurs salaires. , que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. Ils ont raison car les salaires, dans le privé et le public, en raison de la chute de la valeur de la livre par rapport au dollar et à la cherté de vie, sont devenus dérisoires. Dans ce contexte, les institutions éducatives se sont retrouvées face à un grave dilemme, si elles maintiennent les salaires tels quels, elles ont un problème avec les enseignants et si elles relèvent les scolarités, elles ont un problème avec les parents. La situation est encore plus difficile dans les écoles publiques. C’est pourquoi aujourd’hui, le problème n’est plus seulement sur le niveau éducatif il est devenu existentiel. Certaines universités ne se disent plus s’il faut relever les salaires, mais si elles doivent continuer à ouvrir leurs portes. Même chose pour certaines écoles... certaines écoles publiques vont-elles rester ouvertes ? ... Il y a donc une menace existentielle sur l’ensemble du secteur. Et cela exige une mobilisation nationale. Ce n’est pas seulement la responsabilité du gouvernement, ou du Parlement. Les responsabilités sont partagées. Je voudrais par exemple évoquer certains commerçants avides qui lèvent les prix sans tenir compte des circonstances que traversent le pays et les gens. Ils n’ont aucune compassion, aucune sensibilité et ils veulent continuer à assurer leurs bénéfices. Sont-ils vraiment des humains ? Je me le demande. Malheureusement au cours des dernières années, nous avons été contraints de suivre de près les prix des produits depuis leur fabrication ou leur importation jusqu’à la vente ; nous avons découvert qu’il y a un aspect immoral et inhumain. Il faut toujours rappeler à ces gens leur humanité, leur responsabilité. L’Etat assume une responsabilité mais il n’est pas le seul. Les autres ont aussi une responsabilité face au peuple... Il faut essayer de voir si les commerçants peuvent en cette période ne pas faire de bénéfices ou les réduire. Qu’ils considèrent cela comme une contribution sociale de leur part. Un des problèmes que nous affrontons c’est que malgré la crise actuelle, certaines écoles veulent continuer à faire de grands bénéfices. J’ai des chiffres à ce sujet. Je ne suis donc injuste avec personne. Cela pour les écoles privées. Pour les écoles publiques, vous connaissez notre position. Depuis 30 ans, nous sommes avec les écoles publiques, avec leur renforcement et leur développement. Même chose pour l’université publique. Mais ces institutions publiques ne peuvent pas absorber tous les élèves et les étudiants. Certes nul ne peut discuter leurs revendications qui sont justifiées. Mais il faut mesurer l’impact des grèves pour obtenir des réajustements salariaux. Le gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes a pris une décision à ce sujet. Même si elle était en deçà des revendications des enseignants, certains ont levé la grève et sont revenus à leur travail. Je voudrais ici m’adresser aux autres et leur demander, même si leurs revendications sont justifiées, de revenir sur la décision de grève, par souci des générations futures. Il faut aussi que le gouvernement exécute els promesses qu’il a faites. Nous lui demandons de le faire sans atermoyer, et de ne pas donner un prétexte pour le maintien de la grève. Je dis aussi aux enseignants : ce qu’a donné le gouvernement n’est certes pas suffisant. Mais nous vous demandons de faire l’équilibre entre plusieurs questions également justifiées. Entre le fait que des générations risquent de perdre une année d’enseignement et que le gouvernement possède des moyens limités. Je ne cherche pas ici à défendre le gouvernement, ni l’Etat. Mais nous savons que la situation financière est actuellement difficile. Nous savons aussi que s’ils décident de relever les salaires, ils devront aussi imposer de nouvelles taxes et impôts. Tous les prix devront alors augmenter. C’est pourquoi je les appelle à poursuivre l’année scolaire et à considérer qu’il s’agit d’une contribution humaine et morale, jihadiste et croyante de leur part. Aux croyants d’entre eux, je dis que cette bonne action trouvera son écho le Jour du Jugement dernier ; Selon tous les critères humains et moraux, il faut poursuivre l’année scolaire et ne pas revenir à la grève.
Tout ce que j’ai dit sur les écoles est valable pour les universités. Je reviens à l’occasion qui nous réunit aujourd’hui et je voudrais préciser que l’un des principaux messages de cette occasion, c’est l’espoir, l’espoir dans l’avenir, dans un lendemain meilleur, la culture c’est aussi l’ouverture des portes, c’est de ne pas se retrouver devant des murs fermés, d’ouvrir des perspectives de justice et de liberté alors que la vie actuelle est pleine de violences et de guerres. La culture c’est aussi la lutte contre le désespoir, la foi en Dieu ; Même si toutes les portes se ferment devant l’individu, il en restera toujours une ouverte, celle de Dieu. Dieu est Tout Puissant et même si la vie est un combat, il doit toujours y avoir de l’espoir. L’espoir existe dans toutes les religions. Regardez par exemple els Juifs. Ils croient qu’un Messie viendra un jour pour instaurer le royaume des anges sur terre. Il ne s’agit pas du Messie des Chrétiens. Ils en attendent un autre. Les chrétiens, de leur côté, croient que le Messie reviendra sur terre et les musulmans croient en deux choses d’abord que le petit-fils du prophète, issue de Fatmé, l’imam Mehdi arrivera sur terre et y fera régner la paix et la justice. Ils divergent sur sa naissance et la date de son arrivée, mais ils croient tous en lui. Nous croyons aussi au retour du Messie sur terre. Nous croyons d’ailleurs qu’il n’est pas mort. En tout cas, Dieu a promis à l’humanité l’arrivée de sauveurs. Certes, l’humanité est dans une situation telle qu’elle a besoin de sauveurs de cette trempe, mais il y a donc de l’espoir...
Aucune date n’est fixée, mais il faut se dire que cela peut arriver à tout moment. Car lorsqu’on dit que cela doit arriver dans cent ans, cela pousse au désespoir. Mais lorsque nous nous disons que le retour du Messie et l’apparition du Mehdi ne sont pas fixées, cela permet d’avoir de l’espoir au présent, jour et nuit. C’est ce que nous vivons.
L’espoir c’est ce dont nous avons le plus besoin actuellement. Revenons aux quarante dernières années. Vous vous souvenez qu’en 1982, lorsque les forces israéliennes ont envahi le Liban puis des forces multinationales sont arrivées. Une partie des Libanais se sont alliés à l’occupant. Cela signifie qu’à cette époque, le Liban était occupé par plus de 130 000 officiers et soldats étrangers, entre Israéliens et occidentaux, il traversait une grave crise politique et une partie de ses habitants coopérait avec l’occupant. A cette époque, ce qui a été fait, par les médias et en politique, c’était de pousser les gens au désespoir. On disait qu’il n’y avait aucune possibilité de libérer le territoire et que le Liban était entré dans l’ère israélienne. Une des plus graves conséquences de ce désespoir que l’on essayait de mettre dans les esprits, c’est d’arriver à la reddition, l’acceptation d’une réalité imposée par l’occupant, l’acceptation de ses conditions, accepter un avenir que l’occupant façonne loin des intérêts nationaux, de la dignité, de la liberté, de l’honneur et de la souveraineté. On voulait donc que les gens se laissent aller au désespoir. Mais la résistance avec ses différentes factions est arrivée. Elle est née de l’espoir de pouvoir vaincre l’ennemi. Elle est née de l’idée que nous n’accepterons pas l’ère israélienne. Nous pouvons faire en sorte que cette armée invaincue et dite invincible peut être défaite et contrainte à se retirer dans des circonstances humiliantes. Le résultat de l’espoir, c’est la résistance. Le résultat du désespoir, c’est la reddition. La résistance a réalisé des victoires rapides. De 1982 à 1985, il y a eu une grande victoire avec le retrait israélien de Beyrouth et de ses environs, du Mont-Liban, de Saïda, de Tyr, de Nabatiyé, de la Békaa Ouest et de Rachaya. Il n’y a pas eu à ce moment de grandes festivités pour célébrer cela à cause des combats internes. Les Israéliens ont transformé le mariage en funérailles. Ils ont aussi essayé de le faire en 2000. Mais la résistance grâce à sa discipline et à son sens moral a empêché l’ennemi de réaliser son objectif.
En 2000, la résistance a persévéré dans cet espoir. En 2006, elle a tenu bon à cause de ce même espoir. Lorsqu’en 2001, il y a eu les attaques du 11 septembre, on nous a dit que la région est entrée dans l’ère américaine, les Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan et l’Irak et ils ont menacé les autres pays de la région et les mêmes tribunes nous ont menacés, ils nous ont dit, à nous et à d’autres, désespérez ! Il n’y a aucune possibilité d’affronter les Etats-Unis ; Il n’y a aucune possibilité de chasser l’occupant américain d’Afghanistan, ou même d’Irak. Il n’y a aucune possibilité d’affronter le projet américain. Les Etats-Unis arrivent dans la région avec tous leurs moyens, leurs effectifs, leurs armes, leur argent, leur guerre dure et leur guerre douce. Les Etats-Unis vont se battre et ceux qui oseront les affronter disparaîtront. Quelques années ont passé et il est apparu que les Etats-Unis ont été vaincus, en Irak et en Afghanistan. Leur projet a été vaincu et «Le nouveau Moyen Orient» est tombé. Comment les gens de la région ont-ils pu se tenir debout de nouveau ? Grâce à l’espoir. . Les gens n’ont pas accepté de céder au désespoir. Il y a pour cela, plusieurs facteurs, dont la foi, les valeurs morales, culturelles, spirituelles et humaines. Il y a quelque chose qui est lié à notre existence dans la région, lié à cette terre à notre Histoire, nos habitudes et il y a bien sûr l’espoir !
Dans le passé, des méthodes ont été utilisées pour détruire l’espoir et convaincre les gens de la région qu’ils sont faibles et impuissants. Parmi ces méthodes, il y a la destruction des maisons, les massacres, l’exode général. C’est ce qui s’est passé au Liban en 1978 et 1982 et à d’autres périodes. Je voudrais évoquer ici un événement, lié à la circonstance, la tuerie de Bir el Abed qui a eu lieu en 1985. Nous nous en souvenons et les nouvelles générations devraient l’étudier attentivement car elle est pleine d’enseignements. La voiture piégée qui a explosé sur la route de Bir el Abed visait, tout le monde le sait, sayed Mohammed Hussein Fadlallah. Pourquoi était-il visé ? Je reviendrai sur ce point. Mais les Américains, la région et certains au Liban ont pris la décision. Je ne veux pas entrer dans les détails car je ne veux pas provoquer de nouveaux problèmes, il faut attendre et voir comment cette période va se passer. Mais on sait qui dans la région et au Liban a participé à cette action. Une partie de ceux qui se disent souverainistes, libres et nationalistes ont les mains couvertes de sang. Ils étaient impliqués et cela s’est passé alors qu’ils étaient là. Donc, la voiture piégée a été placée sur la route de Bir el Abed, près du domicile de sayed Mohammed, entre la moquée et la maison. La voiture a explosé. Mais tout le monde le sait, Dieu a protégé le sayed. En fait, il avait l’habitude de prier avec les hommes puis avec les femmes et d’ouvrir la voie au dialogue. Ce jour-là, une des sœurs présentes a retenu le sayed un peu plus longtemps que prévu, une partie de son convoi a démarré et l’explosion a eu lieu. Plus de 75 personnes sont mortes en martyrs et il y a eu plus de 270 blessés, dont la plupart atteints de blessures graves. Le plus grand nombre de martyrs étaient des femmes et des enfants, certains étaient même des embryons dans les ventres des femmes. Quand cela a –t-il eu lieu ? Lors de la Journée Internationale de la femme ! Les Etats-Unis qui veulent que cette Journée ait lieu et qui demandent comment chaque pays traite les femmes, dans la banlieue sud de Beyrouth, ils envoient une voiture piégée sachant qu’au moment qu’ils ont choisi, le convoi de sayed Mohammed Hussein Fadlallah s’ébranle et que la plupart des passants sont des femmes, car à ce moment précis, la prière du vendredi des femmes se termine et celles-ci sortent de la mosquée. Les Américains ne se soucient donc nullement des femmes ou des enfants. Il y a donc eu ce terrible massacre. L’objectif de cette attaque était de semer la terreur et le désespoir dans nos cœurs. D’abord en visant le sayed avec tout ce qu’il représente sur le plan de sa position avancée contre les projets américains et l’arrogance américaine, ainsi que contre le projet sioniste. Il poussait ainsi les jeunes à rallier la résistance et à lutter contre l’ennemi. Sa position était connue de tous, surtout à cette période. Il avait une présence remarquée et influente, car à ce moment, ceux qui luttaient n’étaient pas visibles et se cachaient. Son assassinat aurait donc été un coup fort et dur et sa présence représentait un espoir pour tous. Cela d’une part. D’autre part, ils voulaient nous dire que c’est là le prix de votre victoire en 1985. Vous êtes incapables de protéger vos femmes et vos enfants. C’était cela le message du massacre de Bir el Abed en 1985, de la part des Américains et de l’Etat qui a participé à ce massacre, ainsi que des partenaires locaux. Mais là aussi nous avons surmonté cette épreuve avec l’espoir. Cette douleur, cette tristesse se sont transformées en colère, en détermination, en volonté, car nous autres, nous ne nous rendons pas aussi facilement ni de cette manière. Nous ne nous effondrons pas de cette façon. Notre histoire le dit. Il y a quelques jours, lorsque nous avons parlé de nos blessés et de nos otages, nous avons évoqué l’imam Zein el Abidin et les circonstances terribles qu’il a vécues, les souffrances qu’il a personnellement vécues et celles de ses proches. Malgré tout ce qu’il a vécu, tout le monde se souvient de sa merveilleuse phrase qui est devenue pour nous, une ligne de conduite, un symbole et une devise : «Vous me menacez de mort? La mort est pour nous une habitude et le martyre, une dignité venue de Dieu !». Nous ne nous rendons pas par crainte d’être tués, la mort ne nous ébranle pas, ni la menace de la mort, ni le blocus. Même si vous tuez nos hommes, nos femmes, nos enfants, notre volonté ne sera pas ébranlée et notre détermination ne s’affaiblira pas. Nous n’éprouverons ni crainte, ni sentiment de faiblesse. Nous comptons sur Dieu et nous avons confiance dans notre peuple et dans ses capacités. Nous croyons dans les grandes qualités qui existent en lui et nous avons confiance dans nos jeunes et dans les nouvelles générations.
Je voudrais encore développer ce point. Face à la crise que nous traversons depuis 3 ans, la crise économique et sociale et maintenant la crise politique, je dis aux Libanais : Le message principal doit être de ne pas céder au désespoir. Nos ennemis veulent que nous cédions au désespoir, ils veulent que nous nous rendions. Malgré cela, j’entends encore des gens nier l’existence d’un blocus américain. Je me souviens même d’un intervieweur qui demandait à son invité : Les Etats-Unis sont-ils responsables de la corruption au Liban ? Moi, je dis, bien sûr qu’ils le sont. Certes, les responsables de la corruption au Liban sont d’abord des Libanais, mais les Etats-Unis sont des partenaires dans cette corruption. Personne ne doit cacher cela. Les Etats-Unis sont des partenaires dans la corruption et une partie des corrompus au Liban ou des politiques de corruption au Liban sont le fait des alliés des Etats-Unis ou elles sont réalisées à leur demande et avec leur protection. Laissons ce sujet de côté. Il ne faut pas pour autant ignorer l’interdiction de donner des aides au Liban, l’interdiction de faire des dépôts dans les banques libanaises. Il y a quelques jours, l’Arabie a envoyé un dépôt de 5 milliards de dollars à la Turquie, en dépit de la rivalité entre l’Arabie et M. Erdogan. Les Saoudiens ont déposé 5 milliards de dollars dans la Banque centrale turque. Est-ce vrai ou non ? Pourquoi les Etats-Unis n’empêchent-ils pas cela ? Même si l’Arabie ne veut pas faire des dépôts au Liban, je sais que d’autres Etats songeraient à le faire. Mais les Etats-Unis les en empêchent. Je le sais parfaitement : les Etats-Unis empêchent les dépôts et interdisent les aides, même les crédits sont interdits. Ils ont même retiré les dépôts du Liban. Il est interdit d’y investir. Comment cela s’appelle-t-il ? Tout cela dans le but de nous pousser au désespoir.
Je le disais depuis le début : n’attendez pas de nous que nous nous rendions, ni que nous nous inclinions et que nous cédions. Ni les assassinats, ni les massacres de nos femmes et de nos enfants ne nous ont poussés à la reddition et au désespoir, n’attendez donc pas de nous que nous cédions et que nous nous laissions aller au désespoir.
Au sujet de l’espoir, je dis que si nous coopérons tous ensemble, que si nous nous ouvrons les uns aux autres, il y a des possibilités de solution. Nous devons les rechercher. Il y a des idées dont nous parlons, il faut aller de l’avant. Il n’est pas permis qu’au Liban il y ait un discours politique qui dise : nous n’avons pas d’autre choix que celui de céder aux conditions internationales et régionales. J’ai déjà posé cette question et je le fais de nouveau maintenant : Ceux qui ont cédé s’en sont-ils tirés ? Ont-ils été sauvés de la noyade ou bien continuent-ils à s’enfoncer ? Je ne vais pas donner de n oms. Car je l’ai fait il y a quelque temps et il y a eu un problème. Vous savez tout cela ceux qui ont cédé aux conditions américaines et à celles de certains pays de la région ont –ils été sauvés ? Pas du tout. Nous ne céderons donc pas et nous pensons qu’il y a des solutions. L’espoir doit rester vivace, mais il faut qu’il y ait une coopération et un esprit de complémentarité, ainsi que du courage et de la volonté. Les lâches ne font pas de résistance, ils ne peuvent pas libérer leur terre, ni changer les réalités.
Avec cet esprit plein d’espoir, nous misons sur les nouvelles générations, formées dans ces écoles, dont celles d’Al Mahdi qui assument leurs responsabilités.
Je remercie de nouveau tous ceux qui travaillent dans ces institutions.