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Accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour rétablir les relations diplomatiques... Timing et résultats

Accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour rétablir les relations diplomatiques... Timing et résultats
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Par AlAhed

Nombreuses sont les personnes qui ont été surprises par la déclaration de l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite sur la reprise des relations diplomatiques dans deux mois, au terme d’une rupture datant de 2016, suite à la décapitation de Cheikh Nimr al-Nimr.

La surprise est née de deux facteurs :

Les représentants des deux pays avaient tenu 5 entretiens dans la capitale irakienne durant le mandat du gouvernement Kadhemi, à partir d’avril 2021. Les nouvelles sur ces entretiens ont disparu durant un an, suivi d’une période de confusion, dans le contexte des négociations sur le nucléaire à Vienne, puis des tensions intérieures à Téhéran. Le commandement iranien a alors adressé des accusations précises à l’Arabie saoudite de financer des groupes armés et des médias ayant exacerbé la rébellion, aux côtés d’«Israël» et de pays occidentaux.

Même lorsque le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a annoncé depuis Beyrouth en janvier dernier que les négociations de son pays avec l'Arabie saoudite étaient «bonnes et progressaient», Riyad ne partagea pas cet optimisme.

A noter également que la nouvelle de l'accord est sortie de Téhéran avant que Riyad ne le confirme. Ce fait est en harmonie avec l'approche de l'Iran, qui a persévéré à répandre une atmosphère positive concernant les contacts avec l'Arabie saoudite, malgré les nombreux différends entre les deux pays.

Le deuxième facteur est que l'accord a été conclu à Pékin, qui l’a parrainé à un haut niveau. Ainsi, la Chine a enregistré une réussite diplomatique qui renforcerait l'équilibre au niveau régional, en plus de ses succès dans la conclusion d'un ample partenariat économique et technologique avec plusieurs pays, principalement l'Iran et l'Arabie saoudite.

Refus de l'Iran d’ajouter des questions régionales au JCPOA

La tendance à la normalisation des relations entre les deux pays a commencé à la suite du dialogue organisé par l'Irak et suivi par le Sultanat d'Oman à travers le transfert des messages.

Ce dialogue a accompagné l'orientation de l'administration américaine, dirigée par Joe Biden, vers le rétablissement de l'accord nucléaire avec l'Iran. L'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe ont toujours appelé à ajouter des questions régionales à l'accord et à inclure ces pays dans les pourparlers. Mais cela ne s'est pas concrétisé en raison du refus de l'Iran de lier la question nucléaire à toute autre question ou d'inclure de nouveaux acteurs pouvant ajouter des conditions qui compliqueraient le processus des négociations.

Cependant, la suspension des négociations nucléaires de Vienne, en raison d'un désaccord sur certains éléments complémentaires notamment l'exigence par l'Iran de garanties selon lesquelles les États-Unis ne quitteront pas l'accord à l'avenir, réclamant également un mécanisme pour la levée du blocus américano-occidental, a contribué à l'arrêt du dialogue irano-saoudien.

Par ailleurs, l'Arabie saoudite souhaitait un accord global avec l'Iran qui restreindrait la présence et le rôle de l'Iran dans la région, à un moment où l'Iran voulait le limiter au rétablissement de la représentation diplomatique et à la normalisation des relations entre les deux pays, laissant la discussion des dossiers régionaux à d'autres cadres, d'autant plus que l'Iran refuse décider des affaires nationales de ses alliés.

Récemment, les faits ont encore progressé pour plusieurs raisons :

-Le succès du gouvernement et du peuple iranien à déjouer le pari sur la déstabilisation en raison de la large campagne menée par les États-Unis et ses alliés pour contraindre les dirigeants de la République islamique à se soumettre.

-L'émergence d'un rapprochement entre la Chine et l'Arabie Saoudite, représenté par la visite du président chinois à Riyad et la signature d'accords de partenariat entre les deux parties, puis la visite du président iranien à Pékin et l'accord pour activer la stratégie de partenariat signée par le gouvernement précédent.

-La conviction de l'Arabie saoudite selon laquelle les États-Unis cherchent sérieusement à signer un accord nucléaire avec l'Iran.

-La naissance d’une divergence entre l'administration démocrate à Washington et les dirigeants saoudiens sur leurs rôles de soutien mutuel. Cela s'est récemment reflété dans la position de l'Arabie saoudite de ne pas répondre à la demande de Washington de condamner la Russie et d'augmenter la production de pétrole pour répondre à la demande aux États-Unis.

- L'Arabie saoudite s'attache de plus en plus à assurer l'environnement approprié pour la mise en œuvre de la Vision 2030, ce qui nécessite de transformer la trêve au Yémen en une stabilité permanente, puis - de son point de vue - d'impliquer l'Iran dans la pression sur "Ansarullah", à un moment où Téhéran considère qu'il est inévitable de reconnaître le rôle de ce mouvement dans l'avenir du Yémen, aux côtés d'autres composantes yéménites.

Des succès chinois

Au cours des dernières années, la Chine a développé de larges relations avec de nombreux pays de la région, malgré la campagne d'intimidation menée par Washington pour éloigner ces pays du rôle chinois sous prétexte de sécurité. Les succès chinois ne se limitent plus aux pays anti-américains comme l'Iran, mais s'étendent aux alliés traditionnels de Washington comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont noué d'importantes relations économiques, technologiques et d'armement avec Pékin. Ce fait a suscité l'ire de Washington. De fait, tourner vers l'est est devenu une réalité imposée d'une manière ou d'une autre, malgré le fait que les États-Unis aient formulé des plans pour établir un système régional qui associe les États du Golfe et «Israël».

La position émergente de la Chine lui a permis de jouer un rôle de conciliation acceptable entre ses deux partenaires importants. Elle estime que la garantie de ses intérêts dans la région dépend à large mesure des accords de stabilité entre les pays actifs.

La partie saoudienne a voulu «vendre» le papier d'entente au médiateur chinois et non aux Irakiens, car elle parie sur le développement des relations avec la Chine économiquement et militairement dans la phase de réduction de la présence américaine. Riyad a aussi envoyé un message de protestation aux États-Unis, lui montrant d'autres options qu'une dépendance absolue. Cette perspective ne nie pas le fait que l'Arabie saoudite négocie actuellement avec les États-Unis pour acquérir le statut d'allié majeur en dehors de l'OTAN, à l'instar d'autres petits États du Golfe comme le Qatar et Bahreïn.

En plus, la Chine a pu conserver ses relations avec ses deux principaux partenaires et s'est éloignée des paris saoudiens précédents de donner la priorité aux relations avec le Royaume au détriment de l'Iran, surtout après que l'Arabie saoudite a augmenté ses exportations de pétrole vers la Chine.

En effet, cette dernière a toujours montré qu'elle est une puissance internationale montante, désireuse d'acquérir une influence douce, sans pratiquer la politique dans son sens arrogant à l'occidentale. Elle a tenu à établir des relations avec tous les acteurs de la région, y compris l'Arabie saoudite, l’Iran, l'entité sioniste et la Turquie.

Bien que l'administration américaine perçoive avec inquiétude le rôle de la Chine au niveau international, la décision irano-saoudienne reçoit à la fois le soutien des États-Unis et de la Chine, car Washington a soutenu l'établissement d'un dialogue irano-saoudien au motif qu'il réduit les tensions régionales et permet à Washington de consacrer ses ressources militaires pour affronter la Russie et la Chine, sans oublier qu'elle a investi depuis longtemps dans l'intimidation des États arabes du Golfe. En mars 2016, l'ancien président américain Barack Obama a invité explicitement l'Arabie saoudite et l'Iran à établir «des relations de bon voisinage et une sorte de paix froide», afin d'empêcher ce qu'il considérait comme une «guerre par procuration». Cet appel a provoqué la colère des autorités saoudiennes, étant donné qu'elles sont principalement concernées par l'invitation.

Nombreuses réactions

L'accord irano-saoudien a suscité de nombreuses réactions, dont la plupart espèrent qu'il conduira à un rapprochement plus large qui contribuerait à résoudre plusieurs crises dans la région, notamment au Yémen, en Syrie et au Liban. Cependant, les différends qui ont gouverné les relations pendant quatre décennies et ont été imprégnées - du point de vue de Téhéran - de paris saoudiens sur l'intimidation de l'Occident pour affaiblir l'Iran et le déstabiliser, ont laissé des cicatrices qui ne peuvent pas être effacées facilement. D'autre part, la partie saoudienne souhaite que l'Iran s'engage à ne jouer aucun rôle régional concurrent au royaume, à s'abstenir de fournir un soutien aux forces de l'axe de résistance et à laisser Riyad exercer son rôle de premier plan pour influencer les politiques des autres pays. L'Iran considère cette approche comme injuste et irréaliste.

Par conséquent, la reprise des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite n'est pas considérée comme un point d'entrée rapide vers des relations chaleureuses ou vers un accord sur les questions régionales autour desquelles tourne un conflit multilatéral. Mais c'est une étape nécessaire pour la communication politique entre les deux parties au niveau officiel après une ère d'éloignement. Cela signifie qu'il n'y aura pas de réflexion immédiate sur les questions régionales litigieuses. Mais une porte peut être ouverte pour un échange de points de vue sur la manière de contenir les répercussions des litiges, de contrôler leur rythme, et peut-être de contribuer plus tard à trouver des compromis si des conditions propices sont disponibles. Téhéran souligne toujours qu'il ne remplace pas les alliés dans la détermination de leurs affaires et intérêts nationaux.

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