«Israël» adopte le discours de l’intimidation et ne trouve pas de solution : Nous sommes incapables de dissuader l’Iran
Avec le retour de Benjamin Netanyahu au poste de premier ministre de l'entité ennemie, la rhétorique de l’intimidation adoptée par «Israël» contre le programme nucléaire iranien s’est amplifiée à nouveau. L'intimidation étant une caractéristique constante des pratiques de Netanyahu, elle a augmenté en raison des défis internes qui ont touché quelques lignes rouges le poussant à avertir du chaos, surtout que les protestations se sont étendues aux forces réservistes.
Mais il y a une raison fondamentale qui l'oblige à intensifier sa rhétorique : la croissance des capacités militaires de l'Iran et le développement de son programme nucléaire à des niveaux sans précédent qui se rapprochent de l'interdit israélien. En effet, la distance temporelle entre la production des matériaux nécessaires pour fabriquer des armes nucléaires, qui était de 12 ans en vertu de l'accord nucléaire signé en 2015, s’est réduite à 12 jours, selon le troisième plus haut responsable du Pentagone, le sous-secrétaire américain à la Défense Colin Kahl.
Par contre, on constate un grand écart entre le niveau de la rhétorique d’intimidation israélienne et les capacités réelles de «Tel-Aviv». Ce fait a été révélé lors de deux étapes : la première est qu'«Israël» s'est abstenu jusqu’à présent de lancer une attaque militaire directe contre le programme nucléaire iranien, ce qui contredit sa doctrine militaire. Il s’est contenté de mener des opérations de sécurité dont l'impact est limité.
Quant à la deuxième étape, elle a été représentée dans ce qui a été révélé par de nombreux responsables israéliens, dont deux Premiers ministres qui ont succédé à Netanyahu au pouvoir, et qui ont été informés des faits. Après avoir pris ses fonctions de Premier ministre (juin 2021), Naftali Bennett a admis que l'armée n'était pas prête pour des options opérationnelles face à l'ampleur de la menace iranienne nucléaire et militaire. Pour sa part, Yaïr Lapid a appelé Netanyahu à cesser de mentir sur les préparatifs d’une offensive contre l'Iran, avertissant qu'en cas de nécessité, il expliquerait toutes les lacunes dont l'actuel Premier ministre était responsable jusqu'à son remplacement (en 2021). Il a proposé à Netanyahu de parler moins et d’agir plus.
Ce qui exacerbe la dimension critique de la position israélienne, c'est que la situation actuelle implique des défis et des risques plus graves que ceux qu'«Israël» a connu au cours des dernières décennies, selon l'actuel chef de la division de la planification de l'armée israélienne, le général Jacob Bengo. Dans une étude publiée par le magazine de l'armée, Bengo a évoqué une profonde érosion des privilèges dont jouissait «Israël», que ce soit sur le plan régional, international ou interne.
Il a averti que la maturité de ces trois conjonctures et leur interaction génère le problème stratégique actuel.
Il a expliqué que la combinaison entre la menace externe du «Grand Iran», soutenu par la Russie, et le déclin du soutien américain dans un contexte de crise interne, coutera à «Israël» le prix fort.
De surcroit, l'augmentation significative des capacités militaires israéliennes ne réduit pas l'ampleur de la menace iranienne, dans la mesure où elle constitue un contrepoids à celle-ci, selon Bengo. Il a ajouté que la faisabilité militaire du partenariat régional n'est encore qu’une éventualité. À la lumière de ces faits, le responsable israélien a souligné la nécessité de bâtir la force, de mobiliser les partenaires et d’appliquer les politiques bien définies, appelant les institutions concernées à prendre des décisions pour préparer «Israël» et son armée afin de faire face à l'incertitude sur l'environnement stratégique naissant.
Bengo ne cache pas son pessimisme. Il souligne que l'érosion de la force du soutien stratégique américain, de la solidarité nationale et de la force interne rend difficile pour «Israël» de traiter avec une superpuissance comme l'Iran. Cela signifie que ce dernier constituera une menace profonde pour l'immunité et la prospérité d'«Israël», et même une menace existentielle au cas où il se transformerait en un État nucléaire.
Au niveau des armes conventionnelles, il a noté que l'Iran a développé des capacités indépendantes, a amélioré les systèmes de missiles sol-sol, a acquis des capacités de défense aérienne et un système de drones destructeur. Par conséquent, la possibilité d'une confrontation directe augmente considérablement, selon Bengo. Il a souligné l’erreur de ne pas se préparer en proportion avec la force de l’Iran et les capacités de ses alliés, ce qui a créé le concept des arènes multiples.
Le responsable israélien a précisé que la menace posée par Téhéran est répartie sur trois niveaux : stratégique, géographique et opérationnel. Il a souligné la nécessité, pour «Tel-Aviv», de prendre en compte le scénario d'une bataille continue et multidimensionnelle entre «Israël» et «le Grand Iran», dans les années à venir.
Cependant, Bengo évite de dire que la réalité actuelle, avec ses dimensions stratégiques et opérationnelles, n'est pas venue du vide. Elle est plutôt le résultat d'une bataille qui a duré près de deux décennies, durant lesquelles la stratégie israélo-américaine contre l'Iran n'a pas atteint ses objectifs, comme le reconnaissent de hauts responsables militaires et politiques. L'Iran a résisté à cette stratégie, tandis que l'erreur des estimations de ses adversaires a été révélée et leurs paris ont été voués à l’échec.
Si les attentes d’«Israël» sont sombres, elles sont par conséquent plus positives pour l'Iran et ses alliés. Cet avenir annonce des perspectives prometteuses.
Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site